Mémoires d’une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante/08/Les révélations sur le satanisme

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LES RÉVÉLATIONS SUR LE SATANISME




L’Ami du Clergé, de Langres, est sans doute une des plus savantes revues ecclésiastiques qui se publient en France, peut-être dans le monde entier. Jamais on n’y trouve rien de hasardé. Chaque article est pesé, mûri, appuyé sur la pure doctrine catholique sans mélange de libéralisme ou d’autres erreurs modernes. L’Ami aborde volontiers les sujets d’actualité, les questions brûlantes, et il les traite toujours avec une clarté et une prudence admirables, évitant, avec un égal soin, les exagérations et les amoindrissements de la verité. Dans le monde religieux, cette revue fait autorité, et c’est à bon droit, car elle a pour directeur M. l’abbé A. Denis, chanoine de la cathédrale de Langres, et pour rédacteur en chef M. l’abbé F. Perriot, ancien supérieur du Grand-Séminaire de Langres, deux hommes vraiment remarquables.

Or, dans son numéro du 9 janvier, l’Ami du Clergé répond à une série de questions que lui pose un de ses correspondants au sujet des « extravagantes révélations » de Mlle Vaughan et des « étranges récits » du Dr Bataille.

Le correspondant, évidemment, est un sceptique qui, « sans nier absolument l’action possible du diable dans le monde », ne « peut s’empêcher de voir dans la plupart de ces soi-disant révélations autre chose qu’une fumisterie ».

Voici la réponse qu’il reçoit de l’Ami. Elle n’est probablement pas ce qu’il attendait :

« R. — Notre confrère a bien raison de ne pas « nier absolument l’action possible du diable dans le monde. » Cette possibilité n’est malheureusement que trop réelle et manifestée par trop de réalités. Il ne nie probablement pas non plus la réalité de cette action dans le monde ; autrement, il serait en contradiction avec l’Évangile, avec la Tradition, avec une série trop fournie de faits incontestables, et avec la prière qu’il récite tous les jours après la messe par ordre de Léon XIII.

« Que cette action s’exerce, entre autres moyens, par la Franc-Maçonnerie, c’est ce que nul homme sensé ne niera. Que les francs-maçons, dans certaines assemblées occultes, rendent un culte au démon, c’est ce qu’affirment une masse de témoins dont on ne saurait mettre en doute la sincérité, et ce qu’attestent des publications émanées des francs-maçons eux-mêmes. Le culte de Satan se pratique dans les antres maçonniques. C’est ce culte qui est désigné sous les noms d’occultisme, de palladisme, de satanisme, de luciférianisme.

« Toutes les histoires racontées par le docteur Bataille sont-elles vraies ? Il y a lieu de penser que certains récits, beaucoup peut-être, sont arrangés et groupés autour d’une seule personnalité, bien qu’ils appartiennent à plusieurs. Un critique, fort au courant des choses de la franc-maçonnerie, qui a attaqué à plusieurs reprises le docteur Bataille, M. Georges Bois, lui reproche moins d’avoir raconté des choses fausses que d’avoir pris ses matériaux dans des publications déjà connues et d’y avoir mélangé des erreurs de détails ; mais il confirme l’ensemble de ces révélations.

« Quant à Miss Diana Vaughan, elle a certainement connu les mystères des arrière-loges ; elle peut témoigner en connaissance de cause de ce qui s’y passe. Avant de repousser son témoignage, il faudrait prouver qu’elle ment. Tant que la preuve n’en est pas faite, sa parole mérite créance ; elle a les qualités qu’on doit exiger d’un témoin : elle connaît les choses qu’elle raconte ; elle se montre honnête et véridique.

« N’y a-t-il pas de l’industrialisme dans certaines publications concernant les manifestations diaboliques ? Nous ne voudrions pas le nier d’une manière absolue et universelle. Mais ce n’est pas une raison de nier ce qui est rapporté dans ces publications, quand le témoin est digne de foi. Il y a bien eu sur la vie et les enseignements de Notre-Seigneur des évangiles apocryphes ; en quoi ces apocryphes détruisent-ils la valeur des vrais évangiles ?

« Il y a seulement à user de critique pour ne pas accepter sans y regarder tous les récits qui s’impriment. Il faut se tenir égloigné des deux excès contraires : tout accepter et tout rejeter sans discernement. Nous nous bornerons aujourd’hui à ces réflexions générales. Plus tard, nous verrons à faire sur ces questions un travail plus important. »


Ce qu’on vient de lire est extrait de la Vérité, de Québec. Le but de ce journal ami est de répondre à une certaine campagne qui a été entreprise au Canada et dont le mot d’ordre vient de Charleston. En effet, en dehors des étonnements de quelques catholiques, — ceux à qui l’Ami du Clergé répond, — il y a, pour les provoquer, et, par conséquent, pour semer les doutes, un plan maçonnique qui commence à s’exécuter. C’est au Canada et en Angleterre que la manœuvre s’opère : elle consiste à m’injurier.

Déjà, le directeur de la Vérité, de Québec, M, Tardivel, à relevé comme il le méritait un « goujat » de Montréal, et je l’en remercie cordialement ; mais c’est avec une très grande clairvoyance que M. Tardivel, en flétrissant cette campagne de basses injures contre ma personne, contre ma réputation d’honnête femme, a dit : « Si Mlle Vaughan est attaquée ainsi, c’est que nos francs-maçons canadiens redoutent ses révélations. »

On pourrait en dire autant de mes ex-Frères d’Angleterre, qui de leur boue tentent d’éclabousser mon honneur.

Eh bien, oui, je vous démasquerai publiquement. Je voulais me borner à aviser qui de droit, et j’avais commencé à le faire, avec parfaite discrétion ; mais, puisque vous m’obligez à me défendre, je n’ai plus aucun ménagement à garder.

J. V.