Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889/Chapitre X

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CHAPITRE X

DEPUIS LA PRISE DE FONTENAY, EN MAI 1793
JUSQU’À LA PRISE DE SAUMUR[1]


Ayant gagné si complètement la bataille et pris une ville aussi considérable que Fontenay, chef-lieu du département de la Vendée, les officiers pensèrent à donner quelque forme à un pays dont la révolte prenait une consistance réelle ; on imagina de créer un conseil supérieur[2], On nomma l’évêque d’Agra président ; M. des Essarts père, vice-président ; M. Carrière, procureur du Roi ; on y ajouta plusieurs membres, et on en augmenta dans la suite le nombre ; il y en eut jusqu’à une vingtaine. Voici les noms des plus intéressants : de la Rochefoucauld[3], doyen ; Bernier[4], Bourasseau de la Renollière[5], Boutillier des Homelles[6], Bodi[7], Lyrot de la Patouillère[8], de la Robrie, Coudraye[9], Michelin[10], Thomas, Paillou, Le Maignan, Le Noir[11] et Pierre Jagault[12], bénédictin, secrétaire général. Dans le commencement, ce conseil n’était que pour la grande armée ; dans la suite il s’étendit à celles de Bonchamps et de Royrand ; il siégeait à Châtillon. Je dois parler des deux ecclésiastiques qui en faisaient partie : l’un, M. Brin, curé de Saint-Laurent-sur-Sèvre, un des prêtres les plus éclairés pour ce qui regarde la religion et le plus vertueux qu’on pût trouver[13] ; l’autre, le fameux Bernier, curé de Saint-Laud d’Angers : c’était sans contredit celui de tous qui avait le plus d’esprit ; âgé alors de vingt-neuf ans, il avait déjà écrit de beaux morceaux sur la révolution. Jamais on n’a prêché comme lui, d’abondance ; il montait en chaire et parlait deux heures avec une pureté et surtout une force d’expression que je n’ai vue qu’à lui, et qui étonnait quiconque l’entendait. Jamais il ne manquait l’expression propre et jamais il n’hésitait ; avec cela un grand nombre de citations latines, un son de voix également doux et sonore, seulement un peu monotone dans ses intonations et dans ses gestes. Cet homme, comme on voit, avait le plus sûr talent pour émouvoir ; il écrivait aussi bien qu’il parlait. Son éloquence avait surtout le mérite d’être brillante et persuasive ; elle s’emparait également de l’esprit et du cœur ; avec cela il était infatigable ; son extérieur était tel qu’il devait être. Avec tant de moyens, un zèle toujours renaissant et l’air le plus modeste, il prit en peu de temps un grand ascendant sur le conseil supérieur, sur les généraux, sur le peuple surtout ; il n’était question que de lui. Heureux, si ces belles qualités n’eussent pas été ternies par une ambition démesurée et un désir insatiable de tout gouverner, et s’il n’eût pas joint à tant d’esprit le goût de semer les dissensions. On assure qu’il écrit l’histoire de la Vendée : dans ce cas, on peut être persuadé que ce sera l’ouvrage le mieux fait et le plus partial qui ait jamais paru[14]. Quant à M. Le Maignan[15], chevalier de Saint-Louis, on verra dans la suite que ce vieux et respectable militaire préféra se battre que prendre place dans le conseil, et fut le modèle des officiers,

Les généraux chargèrent le conseil supérieur de tout ce qui regardait la police du pays ; on ordonna en même temps qu’il serait nommé des conseils particuliers dans chaque paroisse, parmi les gens les plus probes et les plus sages. Les généraux ordonnèrent aussi que les paysans de chaque paroisse se choisiraient un commandant qui saurait le nombre de ceux qui se rendraient à l’armée, afin de pouvoir en instruire les généraux et d’avoir la distribution du pain et de la viande. On voulut nommer un trésorier qui fût en même temps commissaire des vivres pour la grande armée. On décida M. de Beauvollier l’aîné à remplir cette charge, malgré sa répugnance ; il en était vraiment capable, mais il ne l’accepta que pour le bien de l’armée, car cela devait le priver d’aller souvent au combat, ce qui était affligeant pour un militaire. On lui remit la caisse de 900 000 livres en assignats ; il alla s’établir à Châtillon. Il payait sur l’ordre des généraux. Il distribuait des vestes légères et des souliers aux soldats qui étaient pauvres ; il avait une besogne énorme quant aux vivres. Il avait sous lui M. de Nesde[16] pour l’Anjou et M. Morinais pour le Poitou (je ne sais pas bien au juste leurs noms), officiers pleins de zèle, d’intelligence et de bravoure ; ils employaient beaucoup de gens qui n’étaient pas propres à la guerre et qu’on faisait commissaires des vivres[17]. On conserva à M. de Beauvollier sa place au conseil de guerre et infiniment de considération et d’autorités ; il avait d’autant plus d’ouvrage qu’étant toujours à Châtillon, on s’adressait à lui pour des milliers d’affaires.

Telles furent les dispositions établies à la hâte ; les généraux s’en occupèrent les trois ou quatre jours qu’ils restèrent à Fontenay. On aurait dû, pour bien faire, le lendemain de la prise de cette ville, marcher sur Niort, à sept lieues de là ; mais plusieurs personnes voulaient qu’on fût attaquer les Sables, quoique cela n’eût pas le sens commun, puisque notre pays restait alors sans défense. D’autres disaient que sûrement le pont de la Sèvre serait coupé pour se rendre à Niort, et que cela présenterait bien des difficultés, Pendant ce débat, le lendemain matin de la bataille, on s’aperçut que les paysans s’en retournaient en foule pour raconter leurs prouesses dans leurs villages ; alors il n’était plus temps de se mettre en marche sur Niort. Il aurait fallu partir dès la pointe du jour, pour retenir les soldats, et il est probable que Niort eût été pris ; peut-être fût-ce un bonheur qu’on n’y allât pas, car une nouvelle armée, et bien plus formidable, venait nous attaquer du côté de Saumur, Fontenay fut abandonné : c’est une ville dans la plaine, sans défense et entourée de paysans patriotes. Il n’y fut commis aucun mal, et même, à la sollicitation des dames nobles de la ville, on relâcha trois administrateurs du département qui avaient été pris.

À peine chacun était-il revenu chez soi pour se réjouir de la

victoire, qu’on apprit que des hussards républicains avaient paru tout d’un coup au milieu du marché d’Argenton-Château. On vint en apporter la nouvelle à MM. de Lescure et de la Rochejaquelein, qui étaient à la Boulaye avec quelques officiers ; ils expédièrent aussitôt des courriers de tous côtés, et se rendirent aux Aubiers, lieu indiqué pour le rassemblement. Là ils surent que les hussards étaient retournés sur-le-champ à Vihiers, où était l’avant-garde de la grande armée de Saumur. Ils réunirent dans la nuit environ trois ou quatre mille hommes et quelques canons ; ils comptaient aller attaquer Vihiers le jour même où devait arriver le gros de l’armée.

Nous voici à une affaire vraiment merveilleuse : Stofflet leur fit dire le matin qu’il s’était porté de Cholet, avec soixante-dix Angevins, à Vihiers, il n’y avait trouvé qu’un petit corps de Bleus, les avait battus, et attendait ces messieurs fort tranquillement ; ils se mirent donc en marche sans la moindre inquiétude ; mais deux heures après l’avantage de Stofflet, les républicains, au nombre de deux mille, étaient venus de Doué l’attaquer, et l’avaient obligé à prendre la fuite, précisément du côté diamétralement opposé à celui par où arrivait M. de Lescure, qu’il ne put avertir. La ville de Vihiers était toute terroriste, à l’exception d’une seule famille. Les Bleus recommandèrent aux habitants de ne point paraître, de fermer portes et fenêtres, et allèrent camper au-dessus de la ville, au milieu d’une hauteur pleine de broussailles ; là ils se cachèrent pour nous surprendre ; effectivement, ils y réussirent. Nos soldats, qui s’avançaient toujours sans ordre, même près de l’ennemi, étaient bien plus en confusion dans une simple marche ; chacun allait à sa guise. On arriva à Vihiers. MM. de Lescure, de la Rochejaquelein et des Essarts étaient à causer ensemble à la tête des paysans ; ils traversent la petite ville, et voyant sur la hauteur un mouvement de gens qui vont et viennent à travers les broussailles, sans pouvoir distinguer quels ils sont, ils ne doutent plus que ce ne soit Stofflet et ses gens ; ils s’avancent pour lui parler, leurs soldats les suivent nonchalamment ; tout à coup une batterie masquée fait une décharge à mitraille à vingt pas, frappe le cheval de M. de Lescure au poitrail et casse toutes les branches de quelques arbres à côté d’eux ; cependant aucun des trois n’est blessé. Ils appellent les soldats, se précipitent à leur tête sur les Bleus ; ceux-ci, confondus du courage de ces paysans, qu’ils regardaient comme vaincus d’avance par leur ruse, sont culbutés et s’enfuient à Doué dans une déroute complète, abandonnant plusieurs canons ; les nôtres arrivèrent plus d’une demi-heure après cette bataille étonnante, où nous ne perdîmes presque personne, et on vit le même jour Vihiers pris, repris et pris de nouveau.

Les paysans, les officiers et les généraux de la grande armée y vinrent en foule, excepté M. d’Elbée, blessé. Dès le lendemain l’armée fut nombreuse, et c’était bien nécessaire ; celle des Bleus, en y comprenant la troupe battue à Vihiers, avec celle de Doué et de Thouars, était de trente-neuf mille hommes, dont plus de la moitié excellentes troupes de ligne. Les Jacobins ne regardaient plus l’insurrection de la Vendée comme une bagatelle, elle leur paraissait si dangereuse qu’ils y envoyaient leurs meilleures milices ; ils venaient même de demander quatre hommes de choix par compagnie de toute l’armée du Nord, ils les avaient fait partir en poste avec d’autres bataillons. Il est vraiment étonnant et pourtant vrai de dire que toutes ces troupes arrivèrent en cinq jours de Paris à Saumur ; tout, jusqu’aux canons, allait en poste ; on avait pris tous les fiacres de Paris, des relais de réquisition se trouvaient sur la route, le reste des hommes se rendait par eau ; enfin ces forces avaient été réunies comme par féerie ; il y avait douze représentants à Saumur. L’armée royale marcha sur Doué ; l’ennemi avait environ douze mille hommes ; on s’attaqua près de Concourson, il pleuvait à verse, les deux partis ne firent pas grand’chose ; en général on se battit avec peu d’ardeur. Cependant nous fûmes vainqueurs, les Bleus se retirèrent sur Saumur, abandonnant quelques canons, mais ayant perdu peu de monde[18]. Là nous fûmes rejoints par M. de Boispréau, qu’on avait mis de force fourrier dans les hussards ; il fit semblant de vouloir défier les Brigands et déserta en présence des deux armées, au moment où elles allaient se battre. C’était un jeune homme léger, mais plein d’esprit et de bravoure. L’armée devait aller de Doué à Saumur ; outre que le chemin était plus difficile à cause du passage de la petite rivière du Thoüet, mon père représenta qu’il y avait six à huit mille hommes à Thouars, qui ne manqueraient pas de se rendre sur-le-champ au secours de Saumur ; qu’ils y entreraient avant notre attaque, ou bien nous chargeraient par derrière pendant la bataille, et nous mettraient entre deux feux. Il proposa donc de gagner Montreuil-Bellay, entre Thouars et Saumur ; il dit qu’on couperait toute communication entre ces deux villes, et qu’on surprendrait les Bleus venant de Thouars, par cette contre-marche ; que d’ailleurs on s’emparerait en même temps d’un pont situé à une lieue de Saumur, sur cette même petite rivière du Thouet.

On déféra à cet avis : l’armée fut à Montreuil ; cette ville est sur une hauteur ; il y a une grande porte en face du chemin de Thouars ; mon père la fit fermer, fit ranger derrière une quantité de canons chargés à mitraille et défendre à qui que ce fût de sortir de la ville de ce côté. Tout arriva comme il l’avait prévu. Les Bleus, à qui on avait commandé de se rendre à Saumur dans la nuit, avancèrent en désordre à la hâte, et, sans la moindre défiance, montèrent la hauteur jusqu’à la porte[19]. Alors on l’ouvrit, les canons firent une décharge, et les Vendéens se précipitèrent sur les patriotes ; ils les taillèrent en pièces, prirent tous leurs canons et les mirent en complète déroute. Les Bleus, tant par leur propre peur que par celle inspirée aux bourgeois de Thouars par nos paysans, n’osèrent pas s’arrêter dans cette ville, distante seulement de quatre lieues de Montreuil, et s’enfuirent jusqu’à Loudun, mais en très petit nombre ; la plupart étaient tués, les autres couraient à l’aventure, à la débandade. Nous perdîmes aussi du monde à cette affaire parce que, se battant de nuit, on tirait les uns sur les autres[20].

Le lendemain matin on délibéra pour savoir comment on attaquerait Saumur ; on voulait attendre l’armée de M. de Bonchamps qui devait arriver dans la journée[21], mais sans lui, car il était retenu par ses blessures. Tout d’un coup on vit les soldats se mettre en marche et prendre le chemin de Saumur. MM. de Lescure, de la Rochejaquelein, Cathelineau, de Marigny, Stofflet sortirent pour voir ce qui se passait ; ils trouvèrent tous les soldats courant et répétant : Vive le Roi ! Nous allons à Saumur. Ces messieurs arrivèrent au pont qu’ils avaient fait garder dans la nuit ; la plupart des paysans l’avaient passé, et les premiers n’étaient plus qu’à une demi-lieue de Saumur ; ils firent[22]

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allaient être hachés en pièces, ils tâcheraient avec leur armée de sauver la nôtre. Cela tourna bien différemment qu’on ne l’avait cru. Dans le fait, comment aurait-on pensé que quinze mille paysans (car beaucoup de gens de la grande armée étaient retournés chez eux, et l’armée de Bonchamps, croyant l’attaque fixée au lendemain, se mit en marche en apprenant que le combat commençait, se trouva à l’arrière-garde et ne donna pas dans le premier moment), comment, dis-je, aurait-on cru que des paysans, sans avoir pris la moindre disposition pour l’offensive, puisqu’ils avaient marché sans ordre, s’empareraient de Saumur, défendu par un château antique extrêmement fort, seize mille hommes, presque toutes troupes d’élite, et soixante-six pièces de canon ? On a vu que les soldats, par une espèce d’inspiration, s’étaient mis tous à courir à Saumur ; les officiers furent obligés de suivre l’impulsion, devenue si forte que, malgré leur diligence, ils purent à peine arriver en tête, aux premiers coups de fusil, M. de Lescure prit le commandement de l’avant-garde, MM. de la Rochejaquelein et Cathelineau se placèrent à la droite et à la gauche ; M. de Marigny avait couru à ses canons : dans ce désordre, chacun cherchait à faire de son mieux. Au milieu de cette confusion, M. de Lescure se trouva seul, sans avoir même un officier avec lui ; la lutte s’engagea, et aussitôt il fut atteint, à six pas, d’une balle qui lui traversa de part en part le bras gauche près de l’épaule ; heureusement elle ne toucha pas l’os ; il fut dans l’instant couvert de sang ; les soldats se mirent à crier : « Il est blessé, nous sommes perdus ! » et, se voyant sans chef, ils voulaient prendre la fuite ; mais il se fit serrer le bras avec des mouchoirs, rappela les paysans en leur disant que c’était une égratignure, et resta à les commander pendant sept heures entières que dura le combat ; il se fit panser plus tard dans la ville. M. de Dommaigné fut tué, ayant été renversé de cheval par un coup de mitraille et foulé aux pieds par les hussards et les cuirassiers. Nos cavaliers, n’ayant pas encore eu affaire à cette dernière troupe, furent si effrayés de voir que leurs coups ne pouvaient les blesser, qu’ils s’enfuirent d’abord, abandonnant leur chef. Je n’oublierai certainement pas le trait sublime de Loiseau[23], cavalier de la brave paroisse de Trémentines en Anjou, et qui vit encore ; il défendit M. Dommaigné tant qu’il put, tua trois hussards sur son corps, et, blessé d’un coup de sabre au bras, ne pouvant d’ailleurs résister seul à la cavalerie ennemie, se laissa tomber de cheval comme mort ; notre infanterie vint charger les hussards et les cuirassiers ; alors il se releva, prit une pique et marcha à la tête des fantassins ; les nôtres, lassés de voir qu’ils portaient des coups inutiles à ces hommes bardés de fer, visèrent leurs chevaux, les démontèrent et tuèrent les deux cents cuirassiers, aucun ne put se sauver ; ils furent aidés par notre artillerie que M. Marigny dirigea contre cette troupe, [Mon père amena un renfort d’environ six cents hommes ; se trouvant en état d’attaquer, on assaillit le camp de front.]

La ville fut prise le soir, M. la Rochejaquelein y entra le premier, le sabre à la main, avec M. de Baugé ; ils s’élancèrent au milieu des Bleus, allèrent jusqu’au pont de la Loire, et, voyant venir à eux le flot des fuyards, se mirent de côté sur la place de la Bilange : là M. de Baugé chargeait les carabines, et Henri tirait sur cette troupe effrayée ; pas un individu n’eut l’idée de les viser, excepté un dragon qui vint droit à eux, déchargea sur chacun un coup de pistolet et fut tué d’un coup de sabre par Henri ; il fouilla dans les poches du mort, prit ses cartouches et continua de tirer, près d’un quart d’heure. Pendant ce temps, les canons du château faisaient feu sur eux : M. de Baugé fut blessé à l’épaule d’une contusion qui le jeta par terre, Henri le releva, le fit remonter à cheval. Quand tous les fuyards eurent passé le pont, Henri se mit à la tête de nos gens qui les poursuivaient, et les chassa pendant plus d’une lieue sur la route de Tours. Les représentants se tenaient sur les ponts de la Loire et sabraient les premiers fuyards ; la déroute fut bientôt complète, alors ils prirent le galop encore plus vite que les autres, et se retirèrent à Tours. Il y avait deux redoutes hors la ville, sur le chemin de Doué, fort bien faites, avec trois ou quatre mille hommes dedans. M. de la Rochejaquelein les attaqua dans la nuit et eut l’imprudence de vouloir passer entre les deux redoutes ; son cheval fut tué sous lui, il resta là en attendant le jour, mais les Bleus décampèrent sans bruit, repassèrent en désordre par Doué et s’enfuirent à la débandade. M. de Marigny alla lui-même, le lendemain matin, proposer au château de capituler ; il pouvait nous coûter beaucoup de monde, il y avait dedans quatre cent cinquante hommes et beaucoup de canons. Cependant n’ayant pas de vivres et effrayés par la déroute complète des leurs, ils se rendirent à midi, laissant leurs armes, à l’exception des officiers, qui gardèrent leurs sabres et leurs chevaux. Toute la garnison se retira à Tours sans aucune condition, et avec les honneurs de la guerre. Dans ce combat, on avait mené la fameuse Marie-Jeanne ; elle y fut fêlée, mais on le cacha aux soldats. Nous prîmes près de quatre vingts pièces de canon, des milliers de fusils, beaucoup de poudre, cent cinquante barriques de salpêtre. Nous eûmes soixante hommes tués, quatre cents blessés ; les Bleus perdirent dans ce seul combat quinze cents hommes, sans compter les blessés, et nous fîmes onze mille prisonniers dans les quatre batailles que je viens de décrire, données en cinq jours, ce qui paraîtra sûrement prodigieux. On tondit tous les prisonniers, et on les renvoya avec serment de ne plus servir ; on n’en garda qu’une centaine. On a raconté que M. de Marigny fit à Saumur un tour de force et d’adresse bien singulier : il aperçut un de nos cavaliers qui prenait la déroute, il courut sur lui au grand galop, et, d’un seul coup de sabre, coupa net le coup du cheval, dont la tête et le corps se trouvèrent absolument séparés.

[On avait enfermé, dans une église qui servait de magasin d’artillerie aux Bleus, une grande partie des armes que nous avions prises ; elle en était remplie. Le lendemain de notre victoire, Henri, s’appuyant sur une fenêtre d’où l’on voyait dans l’église, resta absorbé dans une profonde rêverie pendant deux heures. Un officier vint l’en tirer, lui demandant avec surprise ce qu’il faisait là ; il répondit : « Je réfléchis sur nos succès, ils me confondent. Tout vient de Dieu. »]

M. de Lescure apprit que le général Quétineau avait été trouvé enfermé dans les prisons du château de Saumur ; il l’envoya chercher et lui dit : « Eh bien, Quétineau, vous voyez comme votre parti vous traite, malgré votre belle défense ! Vous êtes accusé, traîné dans les prisons, vous y périrez. Restez avec les Vendéens qui vous estiment, sans servir avec eux, puisque vous êtes patriote. » Il répondit que, si on le laissait libre, il retournerait se consigner prisonnier, car il ne pouvait croire qu’on le condamnât ; que, s’il restait avec nous, on le soupçonnerait davantage d’avoir trahi son parti, et il ne pourrait supporter cette idée ; que d’ailleurs il craindrait qu’on ne fît périr sa femme. Il montra à M. de Lescure son mémoire, qui lui parut assez approchant de la vérité. Il lui dit : « Monsieur, les Autrichiens ont pris plusieurs places de la Flandre, votre révolte paraît devoir réussir, la contre-révolution est faite ; voilà donc la France démembrée et partagée par les puissances ! » M. de Lescure l’assura que c’était contraire à l’opinion des aristocrates, et qu’ils iraient combattre contre les puissances étrangères plutôt que de voir la France démembrée. « Ah, dit Quétineau vivement, alors je vous demanderai de servir avec vous, je suis patriote par un amour véritable de la gloire de ma patrie. » Entendant les Bleus prisonniers s’égosiller à crier Vive le Roi, il courut à la fenêtre et leur dit : « Vile canaille, qui m’accusiez d’être d’intelligence avec les Vendéens et d’avoir crié Vive le Roi, je les prends à témoin que je ne l’ai pas fait une fois ; mais vous, la peur vous transporte, votre lâcheté vous rend méprisables. » Ce brave homme s’en fut à Tours, et peu après il fut guillotiné[24].

M. de Lescure avait une grosse fièvre, il était épuisé de fatigue et surtout du sang qu’il avait perdu ; on l’engagea à se retirer à la Boulaye. Avant de partir, il assembla les officiers et leur dit : « Messieurs, notre insurrection prend trop de consistance, nous venons de faire une trop belle conquête, pour ne pas nommer un général en chef de la grande armée ; comme les généraux les plus âgés ne sont pas ici, on ne peut faire qu’une nomination provisoire. Je ne veux pas partir sans qu’elle soit faite, je donne ma voix à M. Cathelineau. » Tout le monde applaudit à son choix, excepté celui qui en était l’objet, car jamais homme n’a été si modeste. Cette nomination fut confirmée par MM. d’Elbée, Duhoux d’Hauterive, de Boisy et mon père, qui arrivèrent à Saumur quelques jours après : M. d’Elbée avait été retenu jusqu’alors par ses blessures que la fatigue avait irritées ; il avait en effet voulu se trouver au second combat de Fontenay.

La nomination de Cathelineau avait de grands avantages. J’ai fait connaître ses vertus, son courage, ses talents naturels ; il était sans la moindre ambition, aimé de toute l’armée ; de plus, il avait commencé la guerre, et ce n’était pas peu politique de prendre pour général en chef un simple paysan, dans un temps où la France avait la tête tournée par l’égalité, et où l’on prétendait que, si la contre-révolution se faisait, la noblesse rendrait le peuple esclave. Cela pouvait ouvrir les yeux des patriotes et attacher de plus en plus les paysans à notre cause. Il est très sûr que l’égalité est chose si séduisante que, depuis qu’on l’a offerte aux Français, les aristocrates les plus purs en sont eux-mêmes épris ; aussi tous les officiers nobles dans la Vendée s’appliquaientils à traiter d’égal à égal les officiers paysans, quoique ceux-ci leur témoignassent beaucoup de respect, [Les uns et les autres, d’ailleurs, n’étaient pas mieux nourris que leurs soldats ; ils n’emportaient ni plus de bagages, ni plus de provisions, et jamais on n’a mené une vie plus dure.] Du reste Cathelineau, par son excessive modestie, se trouva plutôt obéir aux autres que commander.

Avant que M. de Lescure ne partît, MM. de Beauvollier eurent un grand bonheur : à la tête de trois mille hommes, ils allèrent pour s’emparer de Chinon, où étaient en prison la femme de l’aîné et plusieurs autres dames ; ils trouvèrent la ville évacuée par peur, et ils ramenèrent Mme de Beauvollier à Saumur ; on envoya de la cavalerie à Loudun, et on y enleva sa fille[25]. Au bout de trois jours, M. de Lescure partit de Saumur.

Revenons à ce qui me concerne. Il m’arriva d’abord une aventure assez drôle : j’allais chez Mlle de la Rochejaquelein pendant que tout le monde était à l’armée ; il me fallait passer par Châtillon. Un M. Baudry[26], bourgeois de la ville, homme un peu fou, y commandait ; il vient me saluer et se met à causer avec moi. J’entends le bruit du tambour, il me propose de voir ce que c’est, me conduit dans la rue ; là je trouve deux cents hommes armés, et lui-même tire son épée et me harangue. Je m’attendais si peu à cela, je crus qu’il devenait fou tout à fait ; je me mis à crier comme une enfant ; cependant je me rassurai et bientôt je m’accoutumai aux honneurs militaires qu’on me tendait et au carillon que l’on faisait dans les paroisses où je passais.

J’avais été faire ma visite en voiture, je n’avais, pas monté à cheval depuis trois mois, j’envoyai chercher ma fille, que sa nourrice avait cachée, depuis la déroute de Fontenay, dans la brave paroisse de Courlay, chez les Texier, vaillants paysans ; elle ne pouvait venir en un jour à la Boulaye, je ne pus résister au désir d’aller au-devant d’elle à la Pommeraie-sur-Sèvre, chez l’excellent et vertueux médecin Durand[27], à trois petites lieues de la Boulaye. Je fus obligée d’y aller à cheval ; je mourais de peur, quoique j’eusse un homme à pied qui tenait la bride. Le lendemain j’étais à dîner, quand je vis arriver un courrier pour m’apprendre, ce qu’on m’avait caché, la blessure de M. de Lescure ; il venait d’arriver à la Boulaye et m’écrivait lui-même pour me rassurer. Un tremblement général me saisit, et je voulus partir sur-le-champ ; je sautai sur un mauvais petit cheval qui se trouva là par hasard ; je ne donnai seulement pas le temps d’arranger les étriers, dont l’un était d’un demi-pied plus long que l’autre ; je pris un galop si abandonné que, passant près d’un arbre et ne sachant pas mener, la bête, je faillis m’écraser le genou et n’eus que le temps de passer ma jambe du même côté que l’autre sans m’arrêter ; les paysans dans les champs me croyaient emportée ; j’arrivai par la grosse chaleur en moins de trois quarts d’heure. Depuis ce jour je n’ai plus eu peur à cheval. Je trouvai M. de Lescure debout, mais avec la fièvre ; il la garda plusieurs jours.

M. le chevalier Charles d’Autichamp vint rejoindre l’armée de M. de Bonchamps, son cousin germain, et bientôt il la commanda en second sous M. de Fleuriot. Il y avait aussi un officier fort estimé, M. de Piron[28], Breton. M. de la Guérivière fils[29], Poitevin, excellent sujet, et M. de la Bigotière[30], émigré, d’un courage à toute épreuve, se mirent dans la grande armée. M. de Doramaigné étant mort, on voulut nommer un général de la cavalerie ; on hésita entre Forest et Henri Forestier ; ce dernier cependant emporta tous les suffrages, quoiqu’il n’eût que dix-huit ans ; par modestie, il n’en voulut jamais prendre le titre, mais on le regardait comme tel, malgré lui.

Nous trouvâmes tant de salpêtre et de soufre à Saumur, qu’on chercha à fabriquer des moulins à poudre ; on y réussit à force de peine, à Mortagne et à Beaupréau, par les soins de MM. de Marigny et d’Hauterive. Ce qu’on faisait ne suffisait pas aux besoins de l’armée, à beaucoup près, malgré toute l’économie possible ; cependant c’était toujours une grande ressource et un supplément à ce qu’on prenait aux Bleus à chaque combat. On envoya tous les canons et la poudre à Mortagne, que l’on choisit pour dépôt ; on en fit un aussi à Beaupréau, mais petit. Du reste on n’avait point enlevé de magasin de poudre, ni d’armes, mais tout ce qui était pour le service de l’armée ennemie, et c’était très considérable.

On prit aussi beaucoup de blé à Chinon ; il y avait un magasin de vivres de la république (car, comme je crois l’avoir observé, on ne touchait jamais aux biens des particuliers), on en fit passer une grande partie dans la Vendée. Ce n’était pas toutefois ce dont on avait le plus besoin : c’était de sel, de savon, d’huile et surtout de drogues, on en acheta le plus possible ; quant au blé, aux bœufs, fourrages, etc., la Vendée en abondait.

Un jeune homme eut l’intelligence d’imaginer un excellent savon avec la cendre de bois blanc d’un an, des fèves et du suif ; je regrette de ne pas savoir les quantités et les procédés ; le besoin rend inventif ; par exemple, au lieu de styrax et de digestif[31], on mettait sur les blessures d’armes à feu un onguent fait avec un jaune d’œuf et du beurre frais, battus ensemble ; rien n’est bon pour les brûlures de poudre, comme de l’eau dans laquelle on a fait éteindre de la chaux.

Les étoffes nécessaires ne nous manquaient point ; nous avions de gros drap de pays, des siamoises, des toiles, des mouchoirs rouges en quantité : il y a une multitude de fabriques de ce genre dans la Vendée. Les mouchoirs rouges étaient devenus d’un usage général pour les hommes et les femmes, depuis le combat de Fontenay : on avait su que M. de la Rochejaquelein, en ayant toujours un sur la tête, un au col et plusieurs à la ceinture pour mettre des pistolets, avait été désigné aux Bleus sous ce costume pour qu’ils le visent. Les officiers le supplièrent de les quitter, et, n’en pouvant venir à bout, ils en prirent tous, cela devint une mode générale ; avec leur habillement, qui était pour presque tous un gilet et des pantalons, chacun à sa fantaisie, des bottes, un chapeau rond et un grand sabre à la hussarde, les jeunes gens avaient l’air de brigands, comme les Bleus les nommaient.

  1. 25 mai — 9 juin.
  2. Le conseil supérieur fut institué pour être le centre de la réunion de toutes les divisions de l’armée catholique, afin d’établir l’unité toujours si utile ; Charette fut invité à envoyer plusieurs personnes de son pays, précisément pour cette raison. Ainsi dès le commencement, le conseil eut l’administration civile générale dans tout le pays insurgé. (Note du manuscrit.)
  3. Jacques-Louis de la Rochefoucauld-Bayers, chevalier, seigneur de Beaulieu, né en 1717, marié le 18 août 1750 à Suzanne Poitevin du Plessy-Landry, décédé en 1797. (De Courcelles, Hist. généalog. et hérald.)
  4. Né à Daon, près Château-Gontier, le 31 octobre 1762, il fut baptisé le demain sous la désignation de « Étienne-Jean, fils d’Étienne Branchu, dit Bernier, tisserand. » Devenu évêque, il signait Étienne-Alexandre. Docteur en théologie, curé de Saint-Laud à Angers, il suivit l’armée catholique. Bonaparte l’employa à la pacification de la Vendée, puis aux négociations du Concordat. Il fut nommé évêque d’Orléans en 1802, et mourut à Paris le 1er octobre 1806.
  5. Jacques-Joseph Bourasseau, seigneur de la Renollière, né à la Séguinière, près Cholet, le 2 septembre 1749, auditeur à la chambre des comptes de Nantes, puis membre du directoire de Maine-et-Loire, mort à Cholet le 2 avril 1809.
  6. Jacques-François Boutillier, seigneur des Homelles, né le 12 avril 1754, reçu, en 1781, licencié à l’université de Poitiers, fut ensuite conseiller du Roi en l’élection de Châtillon, et mourut à Mortagne-sur-Sèvre le 26 août 1800.
  7. Victor Bodi, né à Maulevrier en 1750, avocat, recteur de l’université d’Angers, député à l’assemblée provinciale en 1787, juge au district d’Angers, fut condamné et exécuté à Angers le 9 brumaire an II, 30 octobre 1793.
  8. François-Jean-Hervé Lyrot, chevalier, seigneur de la Patouillère, né à Nantes le 26 août 1732, ancien officier, chevalier de Saint-Louis, tué à Savenay le 23 décembre 1793.
  9. Pierre Coudraye, notaire à Châtillon.
  10. Robert-Jean-Baptiste Michelin, né à Chantoceaux en Anjou, le 10 avril 1738, avocat au parlement, sénéchal et juge ordinaire de la baronnie de Chantoceaux, puis juge de paix, décédé à Drain le 4 septembre 1810.
  11. Joseph Le Noir de Pas-de-Loup, né à Saumur le 18 juin 1762, volontaire aux carabiniers de Monsieur en 1776, lieutenant en 1785, retiré du service en 1791. Originaire de la paroisse de Saix, dans le Loudunois, il habitait le château des Coutures près Saumur.
  12. Pierre Jagault, né à Thouars le 5 octobre 1765, bénédictin de l’abbaye de Marmoutier, décédé à Thouars le 31 mai 1833.
  13. M. Brin était bon ecclésiastique, vertueux, mais ses lumières étalent médiocres ; il fut constamment nul dans le conseil. (Note du manuscrit.)

    Ambroise-Auguste Brin était curé de Saint-Laurent depuis 1790, et vicaire général de la Rochelle. Il disparut dans la guerre.

  14. J’ai écrit ceci suivant l’impression qui m’était restée sur le curé de Saint-Laud, du temps où j’étais à l’armée. Depuis on lui reproche bien des crimes, et, en grande partie, la mort de M. de Marigny. N’étant sûre de rien, j’avertis que mon jugement sur cet homme célèbre se rapporte au moment dont je parle ; mais je crois l’avoir infiniment trop flatté de toute façon, même pour cette époque, car son ambition, son désir de se mêler de tout, son plaisir à semer la discorde afin de gouverner, flattant les uns, menaçant les autres, tous ces défauts, dis-je, ont paru en mille occasions, mais petit à petit et toujours en augmentant. J’ai su depuis que le curé de Saint-Laud avait fait brûler tous ses papiers, au nombre desquels était son histoire de la Vendée. Il avait fourni les notes sur l’histoire de M. de Beauchamp et l’éloge d’Henri, qui sont dans le troisième extrait de la Gazette de France. Il était très mal alors et mourut peu de temps après. (Note de l’auteur.)
  15. Louis-Athanase Le Maignan, chevalier, seigneur de la Verrie, baptisé le 20 août 1733 à Nueil-sous-Passavant, près Vihiers, fut lieutenant des milices dans la compagnie de Menou, et capitaine le 1er septembre 1759. Chevalier de Saint-Louis, volontaire dans la grande armée vendéenne, il eut un bras emporté au siège de Granville et fut conduit au Mans ; dans la déroute il fut pris et massacré, en décembre 1793. des commissaires auprès des armées pour relever l’état de tout ce qui se trouvait dans les villes qu’on prenait, et faire tout parvenir dans le pays insurgé, On compta parmi ces commissaires MM. Rogier (de Thouars)*, Bréchard (de Fontenay)** et Trotouin, dont on a tant parlé depuis. (Note du manuscrit.)

    *René-Charles-Louis-Philippe Rogier, né à Niort le 10 novembre 1735, fils de Charles-Gabriel Rogier, écuyer, seigneur du Rothemont, dans le duché de Thouars, et de Marie-Renée Brunet. Il avait épousé en 1754 Louise-Françoise de Tusseau, et fut condamné à Saumur, par la commission militaire le 30 frimaire an II, 20 décembre 1794.

    **Charles Bréchard, né aux Sables-d’Olonne le 9 novembre 1768, fils de Mathurin-François Bréchard, sénéchal de Talmond, et de Louise Ranfray de la Rochette, avait épousé Françoise, fille de Guillaume-Aimé Dupleix, lieutenant général de l’amirauté. Commissaire du conseil supérieur de la Vendée, puis secrétaire du comte de Puisaye, qui commandait les chouans en Bretagne, plus tard avocat, il mourut à Fontenay-le-comte le 6 juin 1819.

  16. René Lerou de Nesde, de la paroisse de Saint-Cyr-la-Lande, dans le duché de Thouars, avait épousé Marie-Anne Ernoult de Morains. Il mourut au château de Morains, commune de Dampierre près Saumur, le 19 avril 1811, à l’âge de soixante-douze ans.
  17. La caisse générale de l’armée fut mise entre les mains de M. Cousseau de Lépinay*, qui rendait ses comptes au conseil supérieur. Dans la suite, on envoya

    * Alexis Cousseau de Lépinay, conseiller du Roi en l’élection de Châtillon, marié en 1766 à Radégonde Baudry, fut pris par les républicains à la Menantière, paroisse de Combrand, et fusillé avec sa femme à Bressuire, sur la charette qui les amenait.

  18. L’armée vendéenne s’acharna, malgré le mauvais temps, à poursuivre les républicains ; on les eût suivis jusqu’à Saumur, sans le feu des redoutes de Bournan, qui força les Vendéens de rétrograder ; ils revinrent coucher à Doué. Deux hussards républicains désertèrent ; comme ils n’inspiraient pas une grande confiance, on les désarma ; depuis ils ont très bien servi dans la cavalerie, et s’attachèrent à M. le prince de Talmond. M. de Boispréau était l’un d’eux. (Note du manuscrit.)
  19. Les républicains arrivèrent à Montreuil entre sept et huit heures ; ils étaient commandés parle général Salomon. (Note du manuscrit.)
  20. Voir à l’appendice, note III.
  21. Les soldats de Bonchamps étaient venus pour attaquer les Bleus en flanc ; des paysans placés en avant, dans des jardins, les prirent pour des républicains et en blessèrent une soixantaine. L’armée de Bonchamps était donc à l’affaire de Montreuil et s’y battit très bien ; on n’eut pas à l’attendre pour le lendemain. (Note du manuscrit.)
  22. Demi-page volontairement déchirée par l’auteur dans le manuscrit original et dans la copie Beauvais.
  23. Michel Loiseau, dit l’Enfer, né à Trémentines, breveté lieutenant-colonel sous la Restauration, mort à Vezins, près Vihiers, le 13 juillet 1833, à l’âge de soixante-quatre ans.

    Son frère Jean fut surnommé Berrier parce que, à la seconde bataille de Coron, il avait tué de sa main plus de vingt volontaires de la légion du Berry. Il mourut à Trémentines, près Cholet, le 15 janvier 1818, à l’âge de quarante-sept ans.

  24. Pierre Quétineau, né au Puy-Notre-Dame, près Montreuil-Bellay, le 25 août 1756, fut condamné par le tribunal révolutionnaire de Paris et guillotiné le 26 ventôse an II, 16 mars 1794. Sa femme, Marie-Anne-Catherine Robert, de la Treille, paroisse de Montreuil-Bellay, le suivit sur l’échafaud le 22 floréal, 11 mai.
  25. On envoya à Chinon cinq ou six cents hommes seulement, et à Loudun soixante-quinze. M. de la Rochejaquelein était à leur tête. (Note du manuscrit)
  26. Alexandre-Pierre-Marie Baudry, du Plessis, procureur du duché-pairie de Châtillon, fils de Pierre Baudry, conseiller du Roi, procureur des traites, procureur fiscal, et de Marie-Pélagie Barbot. Il mourut le 3 mars 1823, âgé de soixante-dix-sept ans.
  27. Pierre-Marie Durand, mort à la Pommeraie-sur-Sèvre le 29 novembre 1820, à l’âge de soixante-dix-neuf ans.
  28. Les biographes croient que M. de Piron (de la Varenne ?) était du pays d’Ancenis. Il ne nous a pas été possible de découvrir son origine ni de constater son identité. On dit qu’il avait d’abord émigré et avait servi dans les chevau-légers à l’armée des princes. Il fut pris après la déroute de Savenay et fusillé à Blain. C’était un des officiers les plus distingués et les plus brillants de la Vendée.
  29. Louis-Charles Denis de la Guérivière fut tué à Laval le 23 octobre 1793. Il était fils de Rémy-Charles-Étienne Denis, seigneur du Chiron et de la Guérivière, dans la paroisse du Temple en Poitou, receveur des tailles à Châtillon, et de Louise-Angélique Ayrault, tous deux fusillés au Mans le 26 frimaire an II, 16 décembre 1793. Sa sœur, Élisabeth-Charlotte, porta par mariage, en 1796, le nom de la Guériviére à Jean-Fidèle de Bersy, qui avait été blessé et son père tué dans la garde suisse le 10 août 1792.
  30. Le chevalier de la Bigotière, sieur de Porchambault en Anjou, et son frère, furent pris après la bataille du Mans et fusillés, en décembre 1793.
  31. Styrax, baume tiré de l’aliboufier. Digestif, onguent fait, d’après Amb. Paré, de jaune d’œuf, de térébenthine et d’huile rosat.