Mémoires de Miss Coote/05

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Traduction par Louis Perceau.
Bibliothèque des deux hémisphères (Jean Fort) Collection Cressida (p. 70-87).

LETTRE V

Ma chère Nelly,

Je demeurai presque quatre ans chez Miss Flaybum, avant que mon éducation fût considérée comme achevée, et, comme vous pouvez le supposer, j’attendais avec impatience l’époque où je serais affranchie de la férule de Miss Herbert et de sa patronne. Lady Clara, Laura et Van Tromp étaient parties. Cécile était devenue mon amie de cœur et j’aimais si tendrement Mlle Fosse qu’il était convenu avec mes tuteurs qu’elle viendrait vivre avec moi comme dame de compagnie, car on devait me faire une rente suffisante pour me monter une installation personnelle. Outre Cécile et moi, il y avait à l’école neuf ou dix grandes jeunes filles qui devaient également partir à l’époque de Noël. La perspective de perdre un tiers de ses élèves à la fois, contrariait beaucoup Miss Flaybum ; aussi donnait-elle plus libre cours que jamais à ses instincts tyranniques, en nous fouettant pour les plus innocentes peccadilles et en prenant un plaisir particulier à mettre les plus grandes à califourchon sur le dos d’une servante, la plupart du temps par séries de trois ou quatre à la fois. Aussi, notre rancune s’accumulait-elle et nourrissions-nous des idées de vengeance.

J’étais, par ailleurs, devenue en quelque sorte le chef des élèves, et avec mes camarades, nous faisions souvent ce que nous appelions des sacrifices à la verge, surtout aux dépens des plus jeunes élèves que nous entraînions dans notre dortoir. Elles n’osaient se plaindre à Miss Flaybum, de crainte de représailles de notre part.

Les derniers jours approchaient, et je devais prendre congé du vieil établissement dans moins d’une semaine, mais je ne voulais pas le faire sans avoir tiré vengeance de mes griefs. J’eus à ce sujet plusieurs entretiens avec Mademoiselle et Cécile ; après mûres réflexions, nous engageâmes toutes les demoiselle qui devaient quitter à se joindre à nous ; en outre, nous mîmes au courant de notre projet une douzaine des autres qui nous promirent d’être neutres et de jouer le rôle de spectatrices terrifiées. Dans son heureuse prudence, Miss Flaybum faisait coucher toutes les servantes, excepté Maria, à l’autre extrémité de la maison ; une grosse porte, barrée de fer, solidement verrouillée, les eût, à toute éventualité, empêchées d’arriver jusqu’à nous.

Miss Flaybum avait l’habitude de donner une soirée d’adieu aux élèves qui s’en allaient, la veille de leur départ. Nous résolûmes de corrompre Maria, pour l’induire à trahir sa patronne et à favoriser nos projets. Notre plan était de nous emparer de Miss Flaybum, Miss Herbert et Frau Bildaur, et de bien les fesser, surtout les deux premières. Nous n’eûmes aucune difficulté du côté de Maria, qui venait précisément de toucher ses gages. Je lui promis un bon dédommagement et une place dans ma propre maison ; elle accepta avec plaisir, étant, disait-elle, excédée des accès de colère de nos institutrices. Elle consentit aussi à nous fournir les objets nécessaires, verges, cordes, et spécialement trois costumes de punition pour en affubler nos victimes.

La soirée mémorable arriva ; les conjurées avaient convenu entre elles d’irriter Miss Flaybum en abusant de son champagne, dont on faisait, en pareille occasion, grand étalage, mais qui était parcimonieusement versé. Maria faisait le service, assistée de deux autres bonnes, et, à souper, grâce à elle, la plupart de nous prirent environ trois coupes du vin pétillant, au lieu d’une comme à l’habitude. Au second verre, Miss Flaybum écarquilla déjà des yeux étonnés, mais quand elle nous vit abuser une troisième fois de ses libéralités, elle entra en fureur : « Miss Coote, Miss Deben ! s’écria-t-elle en bondissant de sa chaise, que signifie cela ! Comment osez-vous exciter ces jeunes filles à l’intempérance ; la moitié de mes élèves va être en ribotte ! Maria, enlevez immédiatement ces bouteilles, vous devez avoir perdu la tête ! »

Maria, qui avait prévu l’orage, avait réussi, l’instant d’avant, à renvoyer les deux autres bonnes et avait verrouillé la porte conduisant aux chambres des domestiques, non sans les avoir pourvues d’une bonne provision de rafraîchissements pour endormir leur attention.

Voyant que le champ était libre, je me levai, verre en main, et, après m’être inclinée avec une déférence affectée devant Miss Flaybum, je m’écriai : « Attendez un instant, Maria, nous n’avons pas encore fini avec le champagne. Miss Flaybum, Miss Herbert et vous, Mesdemoiselles, fis-je en m’adressant aux autres convives, nous allons, plusieurs d’entre nous, quitter demain cet heureux établissement pour n’y jamais revenir, et, au nom de celles-ci, je vous demande de vous joindre à nous en buvant à la santé de notre aimée et vénérée maîtresse d’école.

Miss Flaybum, qui avait repris son siège, écoutait, résignée en apparence, mais à son agitation, on voyait qu’elle se contenait avec peine.

Les demoiselles applaudirent bruyamment à mes paroles ; les coupes furent remplies jusqu’aux bords.

Puis, grimpant sur ma chaise et posant un pied sur la table, je m’écriai : « Nous devons porter la santé d’une si gracieuse et illustre personne à la mode écossaise, un pied sur la table, puis jeter nos verres par dessus nos épaules, après les avoir vidés jusqu’à la dernière goutte. À la santé de Miss Andrey Clémentine Flaybum !!! Hip ! Hip ! Hurrah ! Hurrah ! Hurrah !

Mes alliées suivirent mon exemple et portèrent le toast dans toutes les règles, et même d’une façon un peu masculine.

— Mon Dieu ! Mon Dieu ! gémit Miss Flaybum en entendant les verres se briser sur le parquet ; elles sont toutes ivres ! Que vais-je devenir, Miss Herbert ! Où ont-elles pu prendre ces manières de taverne ?

— Quelle insulte ! m’écriai-je. Sommes-nous donc ivres ? Cécile, Mademoiselle Fosse, tolérerez-vous que l’on nous traite comme des ivrognesses ? » Nous entourâmes toutes Miss Flaybum et les deux maîtresses d’anglais et d’allemand, les deux premières congestionnées de fureur, Frau Bildaur tremblante de peur.

— Il n’y a pas à plaisanter, continuai-je, nous avons toutes été insultées. Miss Andrey Clémentine Flaybum, c’est à votre tour, maintenant ; vous allez être bien châtiée de votre insolence et vous nous ferez les plus plates excuses pour avoir osé insulter des filles de la plus haute aristocratie, et vous, Miss Dido Herbert, vous serez corrigée aussi, parce que vous avez approuvé votre patronne. Nous commencerons par Frau Bildaur, mais je ne serai pas trop sévère pour elle, car elle n’a pas mauvais cœur. Maria, faites votre devoir, de suite ; déshabillez-les et passez leur les costumes de pénitence devant toute l’assemblée.

Tremblante et pâle de fureur, mais en même temps très inquiète, Miss Flaybum essaie de faire bonne contenance : « Maria ! s’écrie-t-elle, débarrassez-moi la salle de ces effrontées gamines, ma parole, le vin les a grisées ! »

Mais, sourde à son appel, Maria a d’abord déshabillé Frau Bildaur ; la pauvre créature défaillante de honte et de terreur n’offre pas de résistance, mais Miss Herbert s’indigne et se débat vigoureusement, tandis que Miss Flaybum est maintenue sur sa chaise par une demi-douzaine des plus vigoureuses élèves.

— Ce n’est pas la peine d’équiper cette vieille chipie ! m’écriai-je alors ; étendez-la sur la table et retroussez-lui les jupes.

En un clin d’œil, on débarrasse la moitié de la table du souper en plaçant tout ce qu’il y a dessus à l’extrémité opposée. La victime se débat inutilement. Avec l’aide de Cécile et de Mlle Fosse, Maria l’entraîne résolument vers la table sur laquelle six bras vigoureux la hissent et l’allongent. Après lui avoir retroussé et solidement épinglé les jupes, au-dessus de la taille, Mademoiselle s’asseoit sur ses épaules pour l’immobiliser, tandis que deux autres lui saisissent les bras. Écartant la fente de son pantalon, Cécile expose un derrière plutôt maigre, en disant : « Il n’est pas très rebondi, ma chère Rosa, mais cela ne vous empêchera pas de bien la fesser. »

— Arrachez-lui sa culotte, ordonnai-je, je veux qu’elle soit tout à fait cul nu pour lui payer mes dettes d’un seul coup.

L’ordre est promptement exécuté, en dépit des imprécations de la victime, qui proteste contre une telle indécence. Suffoquant d’indignation, elle roulait des yeux hagards à la pensée du mortifiant traitement qu’on lui ménage.

Lui appliquant alors une légère cinglade sur les fesses : « Je n’ai pas l’intention de vous faire grand mal, lui dis-je, mais de vous faire comprendre que vous vous êtes comportée avec nous comme une vieille sauvage ! »

Malgré ces paroles rassurantes, je la frappai peu à peu de plus en plus fort, si bien que les fesses changèrent vite de couleur : « Allons ! continuai-je, demandez-nous pardon et promettez de vous montrer à l’avenir plus indulgente pour vos élèves. » Ces derniers mots sont accompagnés d’une terrible cinglade qui soulève la chair et amène le sang à fleur de peau.

— C’est abominable, ce que vous faites, Miss Coote ! s’écrie la patiente, jamais je ne vous ai punie aussi brutalement.

— En vérité, Miss Dido, je vous trouve bien impudente de me parler avec un tel sans façon. Tenez ! tenez ! je vais vous apprendre à réfléchir avant de parler ; et, sous les vigoureuses cinglades, de petites gouttes de sang suintent sur la chair marbrée.

— Oh ! pitié ! hurle Miss Herbert. Je n’ai pas voulu vous offenser ! Oh ! ahhh ! grâce ! grâce ! vous me martyrisez !

— Ah ! j’en étais bien sûre que je vous materais, Miss Herbert ; que pensez-vous de ma façon de donner la verge ? Si je frappais encore un peu plus fort ? Qu’en pensez-vous ? Et, sans attendre son avis, je cingle sans interruption, écorchant les pauvres fesses, arrachant à la victime des cris de suppliciée : « Hurlez tout à votre aise, je suis ravie de vous entendre, cela prouve que vous appréciez ma façon de faire. Allez-vous nous demander pardon, maintenant ?

— Oh ! oui ! oui ! pardon ! oh ! je vous en conjure ! arrêtez ! grâce ! Je ne serai plus jamais sévère avec mes élèves ! oh ! par pitié ! je sens que je m’évanouis ! Mon sang coule, oh ! miss Coote ! quelle barbarie !

— Croyez-vous maintenant que nous étions ivres ? Ne pensez-vous pas plutôt qu’il était inconvenant et grossier de nous outrager de la sorte, au moment même où nous buvions à votre santé ? Répondez un peu, Miss Dido !

— Oh ! ah ! ah ! mon Dieu ! Quel martyre ! Je ne savais pas ce que je disais ! Excusez-moi ! Faites-moi grâce ! Pitié ! répond la malheureuse en se tortillant comme une anguille sous les interminables morsures de l’instrument.

— Vous allez me remercier, et me promettre de vous retirer tranquillement dans votre chambre. Et que cette leçon vous soit profitable ; vous n’avez pas reçu la moitié de ce que vous méritiez. Tenez, voici ma signature, lui dis-je alors, en lui octroyant deux derniers coups entre les cuisses. Allons, mettez-vous à genoux, embrassez la verge et remerciez-moi.

Sous ce dernier assaut, elle hurle lamentablement : « Oh ! c’est horrible ! je me sens mourir, je meurs ! »

On la relâche alors, mais il lui faut se mettre à genoux, embrasser la verge, remercier humblement, et faire les plus plates excuses. L’assistance se repaît de son humiliation et de ses larmes, avec une joie non dissimulée, et, lorsqu’elle quitte la salle, dévorant sa honte, les jeunes filles lui font les cornes et l’accablent de leurs quolibets.

— Maintenant, Miss Andrey Clémentine Flaybum, à votre tour ! déclamai-je alors, et si vous vous avisez de résister, je vous préviens que vous serez fouettée dix fois plus fort que Miss Herbert.

Suffoquée par la scène précédente, la directrice demande grâce et supplie qu’on ne la dégrade pas ainsi devant toute l’école, mais nous nous montrons inflexibles, mes compagnes et moi.

Maria dépouille progressivement sa maîtresse, qui est un joli spécimen de maturité féminine ; elle a de beaux yeux bleus, une abondante chevelure blonde et paraît approcher de la quarantaine. Au fur et à mesure que tombent ses vêtements, on aperçoit ses blanches épaules et ses seins palpitants d’émotion ; des larmes d’humiliation coulent sur ses joues. Elle est bientôt en chemise et en pantalon ; celui-ci colle de façon affriolante sur les masses charnues qu’il recouvre ; il est orné de volants de dentelles ; de jolis mollets en émergent, bien dessinés par des bas de soie couleur chair ; des souliers à hauts talons, à boucles d’argent complètent le costume. Hélas ! quel changement d’aspect, lorsque l’on passe sur le tout l’uniforme de pénitence et la cornette !

— Allons, fais-je alors, elle ne résiste pas, et elle fait bien. Laissons-la ainsi pour qu’elle assiste à la punition de Frau Bildaur ; c’est vous, chère Cécile, qui allez la fouetter avec une verge neuve, pendant que je me reposerai.

La joyeuse Cécile, fraîche et potelée, était très amusante à considérer, faisant siffler la verge aux oreilles de la pauvre Frau. Celle-ci est hissée sur le dos de Maria, on lui rabat sa culotte, on lui retrousse ses jupes et on expose sans le moindre voile son beau fessier bien rebondi.

— Frau Augusta Bildaur, lui dit Cécile, vous allez recevoir douze belles cinglades, vous embrasserez la verge, vous me remercierez de mon indulgence et vous en serez quitte ainsi.

Elle compte alors les coups un par un, frappant d’un bras vigoureux ; la surface des fesses devient rose, puis rouge et la peau se couvre de longs sillons.

La victime endure courageusement son châtiment ; elle pince les lèvres pour ne pas crier ; quand sa chair a frémi sous le douzième coup, elle remercie chaleureusement et embrasse avec ardeur l’instrument de la fessée. Elle n’a pas l’air autrement humiliée, elle n’a pas versé une larme, ses yeux brillent d’un éclat sensuel, et elle demande à voix basse qu’on lui permette d’assister à la fessée qui attend Miss Flaybum.

— Quel dommage, dis-je alors, que nous n’ayons pas de chevalet pour la ficeler ; tant pis, nous nous servirons de la table. Disposez Miss Flaybum comme vous avez fait pour Miss Herbert.

La victime se rend compte que toute résistance serait inutile et ne servirait qu’à aggraver sa situation. On la débarrasse de son pantalon et l’on étale aux yeux émerveillés des demoiselles un magnifique postérieur plantureusement rebondi, et un ventre blanc, avec un mont de Vénus pourvu d’une large toison frisée ; la pointe d’un mignon clitoris émerge du sommet de la fente. Elles l’étendent sur la table, bras et jambes écartés, immobilisés par quelques conjurées et je m’asseois, comme tout à l’heure sur son dos, pour l’empêcher de bouger.

— Ah ! le joli tableau ! m’exclamai-je alors ; c’est un vrai plaisir de dompter une aussi jolie personne. Miss Andrey Clémentine Flaybum, vous êtes coupable d’insolence envers moi et envers toutes ces jeunes personnes ; vous allez commencer par rétracter l’accusation d’ivrognerie que vous avez portée à notre égard, et d’ailleurs, je me charge de vous convaincre bien vite que nous possédons tout notre sang-froid.

Commençant à la fouetter lentement, je lui dis : « Est-ce que je fouette comme une ivrognesse ? Est-ce que ma main manque de vigueur, ou n’est-ce pas plutôt vous qui aviez perdu votre bon sens en parlant ainsi. Est-ce que je me sers de l’argot de taverne ? J’espère que je ne fais pas trop de mal à vos bonnes grosses fesses, elles commencent à prendre couleur, mais peut-être rougissent-elles seulement de nos inconvenances ?

Comme je m’échauffe progressivement à mon travail, le gros derrière se soulève à chaque coup et les demoiselles ont grand peine à maîtriser les jambes et les bras de la victime, sur la figure de laquelle on peut lire la plus profonde indignation. Elle semble résolue à ne pas crier, tandis que je m’évertue, par des cinglades adroitement dirigées, à lui faire manifester sa souffrance.

— Ah ! ah ! fais-je, en ricanant, elle s’obstine, elle ne veut pas répondre, elle veut que je frappe plus fort. Maria, apportez-moi une autre verge, car celle-ci ne va plus durer longtemps. Je commence à croire que Miss Andrey Clémentine Flaybum est réellement ivre elle-même, sans quoi elle ferait des excuses, aussi je veux la rappeler à la sobriété. Que dites-vous de cela et de cela, et de cela ?

Et, à chaque mot, je la cingle entre les deux grosses joues de son fessier, et, placée comme je suis sur elle, je meurtris les lèvres rebondies de sa fente, qui font une saillie très visible en haut de ses cuisses. Aussi, ne tarde-t-elle pas à pousser des cris de souffrance : « Ah ! ah ! oh ! c’est de la barbarie ! Abominables créatures, comment osez-vous me traiter ainsi ? »

J’éclate de rire à cette apostrophe et je continue : « Bravo ! son ébriété disparaît ; encore quelques bons coups de verge et l’effet du champagne disparaîtra ; ce sont toujours les ivrognes qui accusent les autres d’être ivres. Je scande chaque phrase de si vigoureux coups de verges que de petites traînées de sang apparaissent à la surface de ses fesses, coulent le long de ses cuisses et viennent perler sur la toison de sa fente. Loin d’éveiller notre compassion pour la victime, le tableau de sa souffrance nous procure de si voluptueuses sensations que j’aperçois les plus âgées d’entre nous étendues sur le sol cuisses ouvertes et se faisant jouir dans les positions les plus inconvenantes.

La pauvre femme hurle piteusement : « Pitié ! pitié ! oh ! oh ! grâce ! Miss Coote ! c’est trop affreux ! oh ! oh ! je m’évanouis, je me meurs ! »

Mais, en proie à une crise de férocité, je m’écrie pour toute réponse : « Non ! non ! pas de danger que vous mouriez ; un gros cul comme le vôtre peut en supporter bien davantage, vous êtes bien trop obstinée pour que je vous tienne quitte à si bon marché ; la verge vous empêchera de vous évanouir. Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ? ne vous excusez-vous pas ? Et de vigoureux coups de revers viennent meurtrir la surface délicate de l’entre-cuisses ; la pauvre maîtresse d’école, suffoque et rugit de souffrance ; mais, son orgueil la soutient et elle ne se décide pas à faire ce que j’exige d’elle.

Fatiguée par ce violent exercice, j’ordonne, comme intermède, d’apporter du champagne, et je m’écrie : « Mesdemoiselles, cette pauvre femme est si courageuse qu’il faut que nous buvions à sa santé. Une demi-douzaine de mes compagnes prennent alors chacune une bouteille, et, à mon signal, tous les bouchons sautent, dirigés vers le postérieur à vif qui leur sert de cible. Ce divertissement est salué par un éclat de rire général et on porte la santé de la « brave bonne femme », plus mortifiée que jamais de cet outrage inattendu.

Ragaillardie alors, je jette le tronçon de verge dont je me suis servi ; j’en prends une autre et je la brandis en criant : « À la bonne heure, voilà ce qui s’appelle une verge ; maintenant, Miss Andrey Clémentine Flaybum, voulez-vous nous demander pardon et reconnaître que c’est vous qui étiez ivre, ou je vous hache le cul ? Ah ! ah ! voilà un gros mot que vous ne nous auriez jamais permis de prononcer. Peut-être ne pensiez-vous pas que vous-même, vous aviez un cul quand vous vous amusiez à nous fesser et à nous humilier ?

Cette allocution est accompagnée, bien entendu, d’une grêle de coups, et, tandis que la verge lourde et souple trace de rouges sillons sur les fesses déjà en pitoyable état, la victime hurle à fendre l’âme. À bout de forces, se croyant sur le point de mourir, terrassée par la souffrance, elle oublie l’indignité de sa situation, son énergique résolution de ne pas s’abaisser devant ses élèves, et elle demande enfin grâce.

— Pitié ! sanglote-t-elle, ah ! ah ! grâce ! Miss Coote ! Épargnez-moi ! J’implore votre miséricorde ! Il a fallu que je sois ivre moi-même ! Pardonnez-moi et je ne dirai jamais un mot de ce qui s’est passé, je vous le jure ! mais épargnez ma vie ! » Les larmes interrompirent ses supplications.

— Et vous pardonnerez à tout le monde, et vous nous remercierez de vous avoir rappelée à la sobriété. Fi ! fi donc ! Miss Flaybum. Vous être mise en pareil état ! » Un violent coup sur sa fente ponctue ces dernières paroles et l’empêche de s’évanouir.

— Oui ! oui ! ahh ! rugit-elle, je suis désolée de m’être oubliée à ce point ! Et je vous remercie de m’avoir corrigée avec cette fermeté. Pitié, maintenant, pitié ! Laissez-moi me mettre à genoux et embrasser la verge.

L’air terriblement piteux, elle s’agenouille alors devant moi, ayant peine à se tenir, elle embrasse la poignée de verges toute rouge de son sang.

Sur sa figure baignée de larmes se lisent toutes les affres de l’humiliation, de l’orgueil abattu, des sévices qu’elle a endurés ; sa figure est presque aussi rouge que ses fesses, car, pour comble d’abjection, il lui a fallu se mettre à genoux avec tous ses vêtements encore retroussés.

Quant à moi, je ne sais quelle insatiable fureur me possédait, je me rendais à peine compte de ce que je faisais. Il me semblait que ma victime s’en tirait encore à trop bon compte. Je lui criai dans la figure : « Allons ! Miss Andrey Clémentine Flaybum, vous savez maintenant ce que c’est qu’une bonne fessée. Voyons donc de près comme je l’ai arrangé, votre gros cul. Tournez-le un peu devant ma figure… là… très bien. Ma parole, il n’est pas en trop mauvais état ! Dans huit jours, il n’y paraîtra plus. Il saigne un peu et voilà tout ! tenez ! tenez ! Et, passant mes mains sur ses fesses à vif, je les lui promenai ensuite sur la figure, en guise d’ultime outrage, et juste au moment où elle commençait à se ranimer un peu. On lui permit alors de se retirer dans sa chambre.

Quant à nous, réellement grises de champagne et d’excitation, nous courûmes dans les chambres les unes des autres, et toute la nuit se passa dans les plus lascives jouissances et les plus obscènes divertissements. Jamais je n’oublierai cette dernière nuit passée à l’école. Nous ne dormîmes pas une minute et l’arrivée du jour mit seule un terme à nos lubriques ébats.

Miss Flaybum fut invisible le lendemain, et la seule allusion qu’elle fit jamais à cette mémorable scène de justice distributive fut une somme élevée pour bris de verrerie sur la note de nos frais de pension.

Ici se termine la première, partie de mes aventures. À mon retour de voyage, je vous raconterai la seconde.

Votre amie affectionnée,

Rosa Belinda Coote.