Mémoires de la comtesse de Boigne (1921)/Tome I/III/Chapitre I

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Émile-Paul Frères, Éditeurs (Tome i
Versailles. — L’Émigration. — L’Empire. — La Restauration de 1814.
p. 183-193).

TROISIÈME PARTIE

L’EMPIRE


CHAPITRE i


Départ d’Angleterre. — Arrivée à Rotterdam. — Monsieur de Sémonville. — Séjour à la Haye. — Camp de Zeist. — Douaniers français. — Anvers. — Monsieur d’Argout. — Monsieur d’Herbouville. — Monsieur Malouet. — Arrivée à Beauregard.

Je m’embarquai à Gravesend, au mois de septembre 1804, à bord d’un bâtiment hollandais frété pour Rotterdam. Il se trouva chargé d’huile de baleine. Nous essuyâmes un orage violent ; la mer devint fort grosse ; le bateau resta fort petit. La lame passait dessus ; elle arrivait dans ma cabine, après avoir lavé les tonneaux d’huile de poisson, y apportant une odeur infecte, et aggravait encore les horreurs de la traversée. Elle fut longue, car mon patron, très ignorant probablement, manqua l’embouchure de la Meuse et nous n’arrivâmes à la Brielle que le quatrième jour.

La guerre rendait les communications difficiles ; il fallait saisir l’occasion d’un bâtiment de commerce. Les paquebots réguliers n’allaient qu’à Husum, sur la côte de Suède. La traversée était rude ; et le voyage de terre, très pénible, aurait été presque impraticable pour une jeune femme seule. Les papiers de notre patron portaient son arrivée d’Emden ; c’était une fraude convenue, elle ne trompait personne. J’entendis le chef des douaniers qui vinrent à bord demander à ceux qui inspectaient le navire pendant que lui examinait les papiers :

« Cela vient du Grand-Emden ?

— Oui, monsieur, du Grand-Emden.

— C’est bon. »

Et il rendit les papiers au patron sans autre commentaire ; le Grand-Emden, dans leur argot, c’était Londres, Je débarquai sans trop de tracasseries de la douane ; j’envoyai chez le banquier auquel j’étais adressée et où je devais trouver, avec des lettres de monsieur de Boigne, les passeports nécessaires pour continuer ma route ; il n’avait rien reçu.

Me voilà donc tout à fait seule dans un pays étranger, sans appui et sans conseils. J’écrivis à Paris à deux de mes oncles qui devaient s’y trouver avec monsieur de Boigne. En attendant, je ne savais que devenir ; ma situation à Rotterdam avait une apparence aventurière qui me déplaisait fort. Certainement, si les communications avaient été plus faciles, je serais retournée au Grand Emden.

Le banquier me conseilla d’aller à la Haye voir monsieur de Sémonville qui, tout-puissant, pourrait faciliter mon voyage. Je me rappelle que cet homme répondit aux craintes que je lui exprimais sur l’interruption de toute communication avec l’Angleterre où je laissais des intérêts si chers :

« Ne vous tourmentez pas, madame, c’est impossible : on pourra essayer de comprimer le commerce de la Hollande avec l’Angleterre ; mais ce ne pourra être que pour bien peu de jours, il reprendra son cours comme l’eau reprend son niveau et cela ne durera jamais une semaine. »

Malgré sa perspicacité commerciale, il n’avait pas prévu qu’il se trouverait une main assez ferme pour maintenir pendant des années cette machine hydraulique qu’il déclarait impossible pour une semaine. À la vérité, elle a fini par faire explosion.

Aussitôt que ma voiture put être préparée, je me rendis à la Haye. J’écrivis à monsieur de Sémonville pour lui demander un rendez-vous ; il envoya sur-le-champ monsieur de Canouville me dire qu’il allait venir chez moi. Les façons de monsieur de Canouville m’effarouchèrent un peu. Sous prétexte qu’il était mon cousin et peut-être aussi parce que j’étais jeune, jolie et seule, il prit un petit ton de plaisanterie et de légèreté qui, par les mêmes raisons, me déplurent extrêmement ; et je gravai sur mon agenda que tous les jeunes gens de la France révolutionnaire étaient familiers, avantageux, ridicules et impertinents. Je m’y attendais bien ; j’allais sûrement trouver monsieur de Sémonville impérieux, arrogant, insolent et alors toutes mes sages prévoyances de vingt ans seraient accomplies.

Monsieur de Sémonville arriva ; il était dans la douleur. La maladie de madame Macdonald avait appelé madame de Sémonville à Paris et, la veille, on avait reçu nouvelle de la mort de la jeune femme. Monsieur de Sémonville me témoigna le regret de ne pouvoir chercher à me rendre agréable une maison remplie de deuil. Tout-puissant en Hollande, son pouvoir ne s’étendait pas au delà ; il ne pouvait me donner des passeports que jusqu’à Anvers où il me faudrait en attendre de Paris. Il m’engageait à rester à la Haye de préférence, se mettant au reste de sa personne tout à fait à mes ordres. La conversation se prolongea, il me parla de Monsieur ; je pensai qu’il entendait par là Louis XVIII et je répondis que le Roi n’était pas en Angleterre, croyant faire acte de courageuse manifestation de mes principes royalistes.

« Je le sais bien, reprit avec douceur Monsieur de Sémonville, je parle de son frère, Monsieur. »

Je restai confondue, car, en Angleterre, personne n’avait jamais inventé d’appeler le comte d’Artois Monsieur, et c’était la première fois que ce nom lui était donné devant moi. Dans la suite de notre entrevue, monsieur de Sémonville me parla de la fin tragique de monsieur le duc d’Enghien avec une douleur qui faisait singulièrement contraste avec l’incurie que j’avais laissée de l’autre côté du canal. Je commençais à éprouver quelque hésitation dans mes idées si bien arrêtées une heure avant. Cependant, je m’en tirai en me disant que monsieur de Sémonville était une anomalie avec le reste de ses compatriotes. Quant à moi, je ne sais trop ce que j’étais, anglaise je crois, mais certainement pas française.

J’avais vu à Londres et retrouvé pendant la traversée un monsieur de Navaro, portugais allant en Russie. Il porta à la femme du ministre de Portugal une lettre de recommandation que j’avais pour son mari, et lui raconta ma position isolée. Une heure après, la bonne madame de Bezerra vint à mon auberge, s’empara de moi, m’emmena dîner chez elle, puis au spectacle dans la loge diplomatique. Le lendemain, elle me promena partout ; dès lors je devins l’objet des prévenances de toute la société de la Haye. Il faudrait savoir à quel point le corps diplomatique s’y ennuyait pour apprécier avec quelle joie il vit tomber au milieu de lui une jeune femme qui lui apportait une espèce de distraction.

Le comte de Stackelberg, mélomane enragé, avait bien vite découvert que j’étais bonne musicienne. C’était à qui me ferait chanter ; et, me trouvant complètement oiseau de passage à la Haye, je sifflais tant qu’on voulait. Je n’ai jamais eu tant de succès. J’avais le bon sens de voir que cela tenait au cadre où je me trouvais beaucoup plus qu’à mon mérite ; cependant, je compris que je ne devais pas prolonger cette vie trop longtemps. Je m’arrachai inhumainement aux adorations des représentants de toute l’Europe pour aller faire une tournée à Amsterdam et dans le reste de la Hollande.

Trois ou quatre des jeunes attachés annoncèrent le projet de m’escorter ; je m’y opposai sérieusement, et ma bonne amie Bezerra leur fit comprendre que cela me déplaisait beaucoup. C’est pendant ce séjour à la Haye que j’ai fait avec le comte de Nesselrode une connaissance qui, par la suite, est devenue une véritable amitié.

Je m’arrêtai à Harlem pour acheter des jacinthes. On me proposa d’entendre l’orgue ; n’ayant rien à faire j’y consentis. J’entrai dans l’église ; j’y étais seule ; l’organiste était caché. La musique la plus ravissante commença ; l’artiste était habile, l’instrument magnifique ; il forme des échos, en chœur, qui se répondent entre eux des divers points de l’église. Je n’étais pas dans l’habitude d’entendre de la musique religieuse ; j’y pleurai, j’y priai de toute mon âme. Enfin, je ne sais si cela tenait à ma disposition, mais je n’ai guère éprouvé d’impression plus profonde et, sauf les heures qui ont été inscrites sur mon cœur par le malheur, il en est peu dans ma vie dont je conserve un souvenir plus vif que celle passée dans la cathédrale d’Harlem.

Je restai trois jours à Amsterdam ; j’allai faire les visites convenues, à Brock, à Zaandam, etc. Monsieur Labouchère me donna à dîner ; j’y vis des messieurs et des dames, hollandais et hollandaises. On me montra beaucoup de curiosités. On me parla de bien d’autres, ce qui n’empêcha pas que je ne fusse charmée de quitter cette ville. Malgré son grand commerce, elle m’a paru horriblement triste. Je m’arrêtai à Utrecht ; j’y pris une voiture du pays pour aller voir l’établissement morave et le camp que le général Marmont commandait dans la plaine de Zeist. Je trouvai que ces frères si heureux dans le conte de madame de Genlis, dont ma mémoire gardait un souvenir d’enfance, avaient l’air pâles, tristes et ennuyés. J’achetai quelques babioles, et il s’éleva une querelle entre eux. L’un affirmait que les objets de son travail avaient une supériorité que l’autre lui contestait. Je partis peu édifiée. En revanche, je le fus beaucoup de l’aspect du camp français. Je venais d’en visiter en Angleterre, et ils étaient loin de présenter un spectacle aussi brillant et aussi animé ; cependant les soldats français avaient moins bonne mine individuellement et n’étaient pas si bien vêtus.

Je vis passer la calèche du général Marmont où était sa femme très parée, coiffée en cheveux et sans fichu. Les postillons avaient des vestes couvertes de galons d’or ; la calèche était dorée, mais malpropre et mal attelée. Tout cela me parut en total un équipage fort ridicule, y compris madame la générale. Je m’en amusai ; c’était bien comme je l’avais prévu.

Après une absence de dix jours, je revins à la Haye ; j’y trouvai des lettres de mes oncles. Monsieur de Boigne, ayant mal calculé le moment de mon arrivée, était parti pour la Savoie. On m’annonçait que je trouverais mes passeports à Anvers. Je passai une soirée chez madame de Bezerra pour prendre congé de la société de la Haye ; monsieur de Sémonville y vint ainsi que toutes les autorités hollandaises et, le lendemain, je partis.

On m’avait fait peur de la sévérité des douaniers, et j’étais d’autant plus effrayée d’avoir affaire à des commis français que mes rapports avec ceux de l’Allien-Office, au moment de mon départ d’Angleterre, m’avaient paru fort désagréables. Or, si les anglais étaient malhonnêtes, qu’avais je à attendre de commis français ? Monsieur de Sémonville m’avait bien donné une lettre de recommandation, mais cependant le cœur me battait en arrivant au premier poste français.

On me pria très poliment d’entrer dans le bureau ; j’y fus suivie par mes femmes. Ma voiture était censée venir de Berlin. Comme anglaise, elle aurait été confisquée ; mais, en qualité d’allemande, elle passait en payant un droit considérable. Pendant que je l’acquittais, les jeunes gens de la douane admiraient cette voiture, qui était très jolie :

« C’est une voiture de Berlin, dit le chef.

— Oui, monsieur, regardez plutôt c’est écrit sur tous les ressorts. »

Je devins rouge comme un coq en suivant leurs regards et en voyant imprimé sur le fer : Patent London. Ils se prirent à sourire, et je payai la somme convenue pour ma voiture allemande. Pendant que le chef enregistrait et me délivrait les certificats, un autre s’occupait de mon passeport et me faisait un signalement très obligeant mais qui me tenait assez mal à mon aise. Le chef s’en aperçut, et, levant à moitié les yeux de dessus son papier :

« Mettez jolie comme un ange ; ce sera plus court et ne fatiguera pas tant madame. »

Un employé subalterne avait à moitié ouvert une des bâches de la voiture, sans même la descendre ; je lui glissai deux louis dans la main ; un des commis rentra un instant après et me les remit en me disant avec la plus grande politésse :

« Madame, voilà deux louis que vous avez laissé tomber par mégarde. »

Je les repris, un peu honteuse. Enfin tout semblait terminé à ma plus grande satisfaction lorsqu’ils s’avisèrent que le fouet de mon courrier était anglais. Ils me montrèrent London écrit sur le bout d’argent dont il était orné ; sans doute je l’avais acheté dans quelque endroit où les marchandises anglaises étaient admises, mais, en France, elles étaient prohibées et leur devoir ne leur permettait d’en laisser passer aucune. Nous gardâmes tous notre sérieux à cette dernière scène du proverbe. Ils me souhaitèrent un bon voyage et je partis très étonnée d’avoir trouvé une si obligeante et si spirituelle urbanité là où je ne m’attendais qu’à des procédés grossiers jusqu’à la brutalité. Je suis entrée dans ces détails pour montrer jusqu’à quel point les émigrés, qui avaient le droit de se croire les plus raisonnables, étaient encore absurdes dans leurs idées sur la France et, au fond, lui étaient hostiles.

Arrivée à Anvers, je trouvai à l’auberge un billet de monsieur d’Herbouville, alors préfet, qui m’annonçait avoir mes passeports. J’étais proche parente de sa femme ; il avait donné l’ordre de le prévenir du moment où je serais à Anvers. J’étais à peine établie dans ma chambre d’auberge que j’y vis entrer un grand dadais de cinq pieds dix pouces répétant au plus pointu d’une voix de fausset bien aiguë :

« Apollinaire, c’est Apollinaire, je suis Apollinaire, » et faisant à coudes ouverts des révérences jusqu’à terre.

Je fus quelques instants à reconnaître le jeune d’Argout que j’avais beaucoup vu quelques année avant à Londres où son oncle (qui était aussi le mien, ayant épousé une sœur de mon père) s’occupait de son éducation avec un soin auquel il a répondu. C’est lui qui, depuis, s’est élevé par un mérite incontestable accompagné d’une disgrâce et d’une gaucherie qu’il déployait alors dans toute leur naïveté. Il m’en donna une nouvelle preuve le lendemain matin. Il m’accompagna à la cathédrale d’Anvers et, malgré toutes mes supplications, il monta jusqu’au haut du clocher toujours à reculons, en me donnant la main, ce qui n’était pas plus commode pour moi que pour lui. Il exerçait alors une petite place dans les droits réunis dont il faisait vivre sa mère. Depuis, il est devenu préfet, pair, enfin ministre. Il est homme de talent, de cœur et très honnête ; mais son esprit est presque aussi gauche que ses manières.

Monsieur d’Herbouville vint après ; je le trouvai froid et emprunté ; il avait récemment été fort compromis par la reconnaissance bavarde de quelques émigrés auxquels il avait rendu service, et se tenait sur la réserve. Il m’engagea à dîner.

La meilleure de mes visites fut celle de monsieur Malouet, vieil ami de mon père et préfet maritime à Anvers. Monsieur Malouet, qui avait été un constitutionnel de 89, terme de réprobation, s’il en fut, dans l’émigration, n’en était pas moins resté fort lié avec mon père et je le voyais perpétuellement chez lui. Il n’y avait pas bien longtemps qu’il avait quitté Londres et il ne savait pas trop comment je verrais un préfet de la République ou plutôt du Consulat. Rassuré à cet égard par la joie que j’éprouvai à trouver un visage de connaissance pour la première fois depuis un mois, il me fit signe de me taire, alla ouvrir toutes les portes, examina bien s’il n’y avait personne aux écoutes, les referma soigneusement, m’avança une chaise au milieu de la chambre, en prit une à côté de moi et puis me demanda à voix bien basse des nouvelles de mon excellent père, ajoutant :

« Voyez-vous, mon enfant, il ne faut pas se compromettre. »

Il me posa une règle de conduite, sur ce que je ne devais point faire, point dire à Paris, toujours pour ne pas me compromettre, qui avait fini par me mettre la terreur dans le cœur, après avoir commencé par me donner envie de rire, d’autant que ses préceptes étaient appuyés d’exemples les plus alarmants :

« Mais ce pays est donc tout à fait inhabitable, ne pus-je m’empêcher de m’écrier ?

— Chut, chut, voilà une affreuse imprudence. »

Il retourna examiner les portes, mais ne voulut plus s’exposer à pareille incartade. Il prit congé de moi en me disant qu’il était plus prudent de ne pas me revoir, que d’Herbouville l’avait engagé à dîner mais qu’il ne voulait pas courir le risque de se laisser aller à me faire quelque question imprudente. Il n’y avait pas grand danger, c’était plutôt mes paroles que les siennes qu’il avait à craindre ; toujours est-il qu’il me laissa fort troublée. On n’échappe pas à son sort. Quelques années plus tard, monsieur Malouet, devenu conseiller d’État, se trouva, malgré ses prudentes précautions, compromis par ses relations avec le baron Louis et fut exilé par l’Empereur.

Je trouvai, chez monsieur d’Herbouville, sa famille et quelques commensaux. Ils étaient de beaucoup meilleure composition que je ne m’y attendais d’après les discours de monsieur Malouet. Il avait pourtant réussi à me mettre mal à mon aise ; je craignais un peu pour moi et beaucoup pour les autres à qui ma présence pouvait être si dangereuse. Cependant, je dois dire que même monsieur Malouet et surtout les d’Herbouville avaient trouvé le moyen de parler en termes de regret, de douleur, de réprobation de cette mort de monsieur le duc d’Enghien, si bien oubliée par l’émigration. Partout, dans toutes les classes et principalement parmi les gens attachés au gouvernement, je l’ai trouvée une plaie encore toute saignante à mon retour en France.

J’arrivai sans autre incident au château de Beauregard, ayant tourné Paris. Monsieur de Boigne n’était pas encore de retour de Savoie ; je m’y installai comme seule maîtresse de ce beau lieu. J’y pleurai bien à mon aise pour en prendre possession, le 2 novembre 1804, jour des Morts, par un brouillard froid et pénétrant qui ne permettait pas de voir à trois pieds devant soi. Je me trouvai le soir enfermée dans une pièce dont mes mains, accoutumées aux serrures anglaises, ne savaient pas ouvrir les portes, et sans sonnettes. Elles avaient été proscrites comme aristocrates pendant la Révolution, et monsieur de Boigne n’avait pas songé à en faire remettre. J’éprouvai un sentiment d’abandon et de désolation qui me glaça jusqu’au fond de l’âme, et je ne pense pas que je me fusse crue dans un pays plus sauvage sur les bords de la Colombia.

Le lendemain matin, j’envoyai chercher un serrurier. Il m’assura qu’il allait arranger provisoirement une sonnette en attendant qu’elle pût être organisée définitivement. Quel diantre de pays est donc cela où les serruriers parlent la langue de l’Athénée et où les chevaux sont attelés avec des ficelles ? Ma pauvre cervelle de vingt ans, livrée pour la première fois à ses propres forces, était toute renversée par la diversité des impressions que je recevais ; aussi, j’ai conservé une multitude de souvenirs très vifs de ce voyage.