Mémoires de la société géologique de France/1re série/Tome I/8
N° VIII.
OBSERVATIONS
SUR LE LIBAN ET L’ANTILIBAN,
La chaîne du Liban commence près de Lataquie, court à peu près nord et sud, en formant un léger arc de cercle ouvert à l’est. Elle s’élève insensiblement jusqu’au mont Liban proprement dit, qui est au nord la partie la plus haute ; de là elle baisse un peu pour se relever au Sannine, qui paraît au sud le point le plus élevé ; elle se continue par Djebel el Keniset et Djebelel Scheikh, en baissant peu à peu, et en se contournant à l’ouest pour venir finir auprès de Saïde. La partie de ces montagnes que j’ai eu l’occasion d’étudier est celle qui est comprise entre le Liban et le Sannine.
La pente générale depuis la mer jusqu’au sommet est très rapide, surtout vers le Liban, qui est plus rapproché de la côte. Elle l’est encore plus du côté de la plaine de Beqquâa ; ce n’est pour ainsi dire qu’une muraille dont l’épaisseur est peu considérable, car je ne crois pas qu’elle soit, en ligne droite, de plus de quatre ou cinq lieues ; et elle est probablement encore moindre dans quelques endroits. Du côté de la mer surtout, vis-à-vis du Sannine, il y a plusieurs lignes de montagnes qui s’élèvent irrégulièrement les unes au-dessus des autres. Du côté de la vallée il n’y en a qu’une seule ; on ne descend qu’une pente extrêmement escarpée ; puis on traverse encore quelques collines peu élevées avant d’entrer définitivement sur le terrain plat qui sépare le Liban de l’Antiliban. Le sol de cette plaine doit lui-même être beaucoup au-dessus du niveau de la mer, et son élévation me parait au moins égale au tiers de la hauteur totale de la chaîne.
Je n’ai aucune donnée certaine sur cette hauteur totale ; on suppose 1,500 t. au Liban, ce qui paraît exagéré. Au mois d’août il ne reste plus de neige sur le Sannine ; elle dure toute l’année sur le Liban, mais seulement dans quelques endroits un peu abrités du soleil et dans quelques vallons, où elle a pu s’amasser.
La forme générale de la montagne est celle d’une crête à penchant fortement incliné du côté de la mer et presque vertical du côté de la plaine. La plus grande irrégularité règne dans les détails, et je ne pourrais pas dire qu’il y ait un système dans la forme et la direction des vallées qui sillonnent les versans. Elles sont généralement profondes, étroites, à flancs très escarpés ou taillés à pic, et toujours hors de toute proportion avec les ruisseaux qui les parcourent. On ne remarque pas de correspondance entre les angles saillans et rentrans, ce qui cependant a lieu quelquefois ; mais c’est alors une exception à la règle générale, et plutôt l’effet du hasard que celui de la cause première.
Les montagnes qui séparent ces vallées sont ordinairement comme des tranches irrégulières dont la crête seule est un peu arrondie ; ce qui dans plusieurs endroits paraît être dû à la nature du terrain. Dans quelques autres points on voit le penchant d’une montagne formé par une seule couche du terrain qui monte peu à peu pour se terminer brusquement à un escarpement. En général tout présente l’aspect d’un bouleversement extraordinaire, et plus d’une fois j’ai été sur le point de me rebuter dans mes recherches à l’aspect du chaos au milieu duquel j’avais à observer.
Les cours d’eau qui arrosent la chaîne du Liban sont peu considérables. La plupart ne sont que des torrens à sec pendant l’été. Quant à ceux qui durent toute l’année, ils sont baucoup moins nombreux du côté de la plaine que du côté de la mer. De ce dernier côté l’on remarque le Nahr el Kelb ou fleuve du Chien, formé par la réunion de la rivière de ce nom avec le Nahr el Salib, et qui se jette dans la mer environ à trois lieues au nord de Beirout. Je ne puis m’empêcher de faire remarquer l’erreur de tous les géographes sans exception : ils font déboucher le Nahr el Salib, tantôt seul dans la mer, tantôt dans la rivière de Beirout, tandis qu’il se réunit au contraire bien positivement au fleuve du Chien. Pour m’exprimer plus exactement, le Nahr el Salib va jusqu’à la mer, à peu près au sud d’Antoura ; il reçoit une source considérable qui sort en partie à quelques pas de son bord, en partie dans son lit même, et il prend alors le nom de fleuve du Chien. Au nord de celui-ci on trouve le Nahr Ibrahim, puis la rivière de Tripoli, sans compter beaucoup d’autres ruisseaux plus ou moins considérables. Du côté de la plaine, je n’ai vu que trois sources un peu remarquables ; la plus forte est celle qui se trouve à Zahlé.
Je commencerai par décrire successivement les couches depuis le bord de la mer jusqu’au sommet du Sannine ; je dirai ensuite ce que j’ai remarqué dans mon voyage au mont Liban et dans la plaine ; puis je tâcherai de réduire tous les faits que j’ai observés à un système qui soit applicable au plus grand nombre de cas possible.
Dans tout le Liban la nature du terrain est essentiellement calcaire. Sur le versant occidental de la montagne, la stratification est fortement inclinée, presque verticale même dans quelques endroits. La direction générale des couches est du N.-N.-E. au S.-S.-O., et elles plongent fortement vers l’O.-N.-O. ; par conséquent leur direction est presque parallèle à celle de la montagne et leur inclinaison l’est aussi à sa pente. Cette disposition n’est pas accidentelle et bornée seulement à un petit canton. Aussi loin que la vue peut s’étendre sur la chaîne, on voit partout où l’on peut distinguer les couches, qu’elles affectent la même disposition. Dans quelques points, les couches, d’abord inclinées d’environ 45°, deviennent verticales à mesure qu’elles montent, et finissent même par se recourber en sens contraire, au sommet de la montagne. Cette forte inclinaison de la stratification facilité l’étude du terrain, parce qu’en suivant le fond d’un torrent comme celui de Nahr el Kelb, qui coule dans une profonde coupure perpendiculaire à la direction de la chaîne, on peut voir les différentes couches se succéder les unes aux autres. Cette inclinaison donne aussi aux montagnes une forme particulière. Les pentes orientales sont toujours beaucoup plus escarpées et sont formées par les têtes des couches rompues et brisées, tandis que les pentes opposées sont plus douces, plus unies et formées souvent par une couche calcaire non interrompue, semblable à un immense plan incliné sur lequel il est souvent difficile, ou même impossible, de marcher. Dans plusieurs endroits, les couches les plus dures sortent du terrain comme des murailles, que l’on voit se prolonger au loin, soit sur le flanc de la montagne, soit sur son sommet.
Les couches que je vais décrire ont été étudiées dans la vallée où coule le fleuve du Chien. Sa direction est à peu près de l’E. À l’O., et par conséquent perpendiculaire à la chaîne ; je ne prétends pas, au reste, qu’il n’y ait pas quelques lacunes. Souvent, dans un long espace, je ne trouvais aucune couche distincte, et souvent aussi les mêmes couches reparaissant, j’ai cru inutile d’en prendre de nouveaux échantillons, me contentant de remarquer ces répétitions. Je n’ai pas négligé de vérifier l’ordre des couches lorsque je l’ai trouvé praticable.
En remontant de la mer, et par conséquent en allant des couches les plus superficielles aux plus profondes, voici ce que l’on trouve le long du Nahr el Kelb[2].
N° 1. Le fleuve du Chien arrive à la mer entre de hautes collines calcaires sans stratification bien distincte. Il m’a semblé cependant que les couches étaient ou horizontales ou plongeant un peu de l’O. À l’E, en sens contraire de la stratification du reste de la montagne ; mais cette disposition, probablement accidentelle, ne tarde pas à changer. Le calcaire est compacte, blanc-jaunâtre dans l’intérieur, gris à la surface qui est exposée à l’air, dur, à cassure semi-conchoïdale, susceptible d’une sorte de poli. Je n’ai pu y voir de traces de pétrification. L’épaisseur de ce banc calcaire est fort considérable ; il se continue le même pendant une centaine de toises[3].
N° 2. De grands bancs de calcaire blanc peu solide, se subdivisant en lits et en feuillets, à stratification peu distincte. Cependant on peut voir que les couches sont fortement inclinées et plongent à l’O. suivant le système général. La roche se délite à l’air et forme de nombreux débris qui couvrent les flancs de la vallée ; la cassure est plane et de nombreuses fissures allant en sens contraire des lits les divisent en petites masses quadrangulaires. Il me semble que ce calcaire n’est pas pur ; son odeur quand il est mouillé, son peu de solidité, y décèlent la présence de l’argile ; il happe assez fortement à la langue.
N" 3. Des couches de nodules calcaires durs enchâssés dans un ciment plus tendre et friable ; stratification peu distincte à cause du peu de solidité de la masse ; peu d’épaisseur, odeur argileuse ; ce calcaire reparaît souvent.
N°4. Des couches de calcaire blanc-jaunâtre susceptible de poli, semé de petites lamelles cristallines. Ces couches sont nombreuses, épaisses d’environ 8 pieds, presque verticales ; elles contiennent de nombreux nodules siliceux irréguliers, ronds ou aplatis, quelquefois alongés en lits saillans à la surface du calcaire qui a été usé par le temps. Ce calcaire est percé par de nombreuses cavités et cellulosités irrégulières, qui lui donnent un aspect déchiré. Cette roche, alternant plusieurs fois avec les deux masses précédentes, forme le terrain situé à l’O. d’Antoura.
N° 5 et 6. Un calcaire dur et compacte, contenant des silex en nids irréguliers et en lits minces et interrompus ; ces derniers sont alongés dans le sens de la stratification, qui est toujours fortement inclinée. L’intérieur de ces lits de silex est gris ou noirâtre, peu transparent. L’écorce qui touche le calcaire est blanchâtre ou rosée. On y voit des cavités irrégulières et arrondies. C’est le même calcaire que le précédent, qui reparaît après une alternative de calcaire marneux.
N° 7. Une espèce de poudingue calcaire formé de nodules calcaires durs, variant depuis la grosseur de la tête jusqu’à celle d’une noisette et au-dessous, enchâssés dans un ciment qui m’a paru fortement argileux, à grains quarzeux, et qui se délite facilement[4].
N° 8. Un calcaire à lits et à rognons siliceux, avec une stratification presque verticale.
N° 9. Un calcaire compacte blanc se délitant et paraissant en quelques points formé de nodules durs, enchâssés dans un ciment plus tendre. Sa stratification est toujours presque verticale.
N" 10. Un calcaire, compacte dans quelques points, caverneux et comme boursouflé dans d’autres. Il y a des lames droites, saillantes à la surface des cavités, mais elles ne sont pas siliceuses. Cette roche, en partie magnésienne, a peu d’épaisseur, et forme une seule couche presque verticale.
No 11. Une marne très blanche, irrégulièrement feuilletée, contenant des boules de quarz à surface bosselée, à cavité intérieure, souvent tapissée de quarz cristallisé. Elle contient aussi des lits minces et interrompus de silex rose.
No 12. Un calcaire jaunâtre, strié de rouge, parsemé de points brillans à surface caverneuse et intérieurement carié ; il contient des lits plus durs, magnésifères et silicifères.
N" 13. Un calcaire dolomitique, compacte, gris-blanchâtre, assez tendre, à nombreuses divisions perpendiculaires aux fissures de la stratification qui est verticale.
N" 14. Un calcaire impur, caverneux, déchiqueté, contenant des nodules d’une substance blanche, plus tendre, peut-être argileuse, quoiqu’elle fasse effervescence.
No 15. Un calcaire, jaune dans quelques couches, verdâtre dans d’autres, offrant des cristallisations de carbonate de chaux. Il contient de nombreuses traces d’huîtres et d’autres coquilles. Une des couches semble formée entièrement de moules intérieurs de bivalves, peut-être de Cardium, souvent libres dans l’intérieur de la roche où ils sont entourés d’une substance verte, qui est probablement de l’argile. Il y a aussi des hippurites.
No 16. De grands hancs de calcaire compacte, blanc-jaunâtre, percé de trous et de cellules.
No 17. Un calcaire compacte d’un jaune brun légèrement moucheté de noir.
No 18. Un calcaire jaunâtre en petits bancs de deux ou trois pieds d’épaisseur tendant à se feuilleter.
A partir du no 17, le terrain change de nature, les calcaires marneux cessent, et le calcaire se mêle de sable siliceux. Quelques couches même sont entièrement siliceuses, ressemblent à des grès plus ou moins grossiers, et forment du sable par leur détritus. Ces grès sont plus ou moins solides ; il y en à qui se réduisent en sable au moindre choc, tandis que d’autres sont assez durs pour être employés à bâtir. On en voit de toutes les nuances possibles, rouges, violets, jaunes et blancs, sans aucune régularité dans l’ordre de ces couleurs. La plupart sont fortement ferrugineux, et alors ils ont souvent une structure caverneuse et boursouflée. Ce terrain sablonneux est stratifié comme le terrain calcaire qui lui est superposé, c’est-à-dire qu’il plonge fortement de l’E. À l’O. ; je me suis assuré que les couches se continuaient depuis le haut de la crête septentrionale de Nahr el Kelb jusqu’en bas. Je crois qu’entre les couches sablonneuses il y a une couche de calcaire pur interposée. C’est sur ce terrain qu’est bâti le village d’Antoura.
Depuis le no 18, on trouve :
A. Une couche bien distincte de grès calcaire, jaune-brunâtre, faisant peu d’effervescence ; sa stratification est bien évidemment la même des couches calcaires précédentes.
B. La couche inférieure à la précédente, et offrant les mêmes caractères ; seulement elle m’a paru plus compacte.
On voit plusieurs couches semblables se succéder dans une épaisseur fort considérable, au moins pendant cent toises ; puis on voit reparaître subitement le calcaire en bancs très puissans et bien clairement stratifiés, comme celui qui est supérieur aux grès. Seulement il s’offre sur une plus grande échelle, et son inclinaison est un peu moins forte, quoique toujours d’au moins 45°.
C. Le calcaire sous-jacent aux grès est dur, sonore au choc, à cassure conchoïdale, blanc-gris, ou blanc-jaunâtre dans l’intérieur, gris-blanc à l’air ; il est percé dans tous les sens de grandes cavités irrégulières et rempli de très grosses masses siliceuses. On y voit souvent interposés des lits de la même matière plus épais et plus longs que dans les couches supérieures. Ce calcaire est suivi par des couches du calcaire fragmentaire que nous avons déjà vu, c’est-à-dire composé de parties inégalement dures.
D. Des bancs de calcaire jaune compacte, séparés par de minces lits de marne argileuse, souvent verte ou à points verts. Ils renferment diverses coquilles souvent très grosses, entre autres des gryphées voisines de l’espèce du Salève ou plutôt intermédiaires entre cette espèce et la gryphée virgule, des huîtres, des buccins, des turritelles, des natices de diverses grosseurs ; l’inclinaison est d’environ 45°.
E. Un calcaire compacte, gris-brunâtre clair, dans lequel est creusée la caverne d’où sort le fleuve du Chien. Il forme de grands plans inclinés sur le flanc de la montagne. Les nodules siliceux deviennent plus rares et sont généralement alongés comme des bâtons qui sortent de la masse calcaire. On y remarque diverses empreintes d’êtres organisés méconnaissables. La surface des couches est sillonnée d’empreintes comme si l’on avait passé les doigts sur une substance encore molle. À partir de cette roche la stratification devient de moins en moins inclinée, et semble varier beaucoup. Ainsi, aux environs de Raifoun, elle est ou horizontale, ou plongeant de l’E.-N.-E. à l’O.-S.-O. J’ai alors été obligé de renoncer à une méthode de numéroter les couches en remontant la vallée du Chien, qui ne tarde pas d’ailleurs à changer de direction. Les couches devenant horizontales, je ne les voyais plus se succéder les unes aux autres. Le calcaire, au reste, ne change plus ; les nodules siliceux disparaissent, et l’on ne voit plus que de nombreux bancs calcaires ruinés.
Cette formation sous-jacente aux grès à une épaisseur énorme. Elle est peut-être d’un tiers de la hauteur totale du Liban, si on la mesure depuis le haut de la montagne qui domine le couvent de Bisummara jusqu’au fond de Nahr el Kelb, où l’on ne voit rien qui indique qu’elle ne se continue pas encore long-temps dans le sein de la terre. Elle est composée de nombreux bancs d’un calcaire ordinairement dur, sonore, à cassure semi-conchoïdale, quelquefois à structure fragmentaire ; mais son caractère le plus constant et le plus remarquable est d’être percé de trous et de canaux irréguliers à parois arrondies, qui communiquent les uns avec les autres et parcourent les masses dans tous les sens. Dans les environs de Raifoun, les bancs étant à peu près horizontaux, se trouvent sur une grande surface exposés à l’air. Alors il semble que des parties de la masse ont plutôt cédé que d’autres à l’action destructive du temps et des élémens, et l’on ne voit plus pour ainsi dire que les jalons des étages supérieurs de la formation ; ce sont des rochers à formes très étranges, semblables à des colonnes ou à des piliers irréguliers, composées de plusieurs assises superposées. Les lignes qui séparent les assises sont alors les seuls indices de la disposition primitive en couches régulières. La surface de ces masses est sillonnée par des rainures nombreuses, et qui souvent, ayant quelque régularité, donnent aux roches l’apparence de colonnes cannelées. Rien n’est plus extraordinaire que l’aspect de cette forêt de piliers entre lesquels on est forcé de faire mille détours pour arriver au point que l’on a en vue. Dans ce calcaire on trouve assez fréquemment des coquilles fort grosses, et qui, toutes sans exception, ont le caractère singulier d’être écrasées ; elles paraissent l’avoir été lorsqu’elles étaient déjà pétrifiées. On y voit aussi des madrépores.
Avant d’aller plus loin, je vais résumer ce que je viens d’exposer. Je distingue les terrains dont je viens de parler en trois parties, comme le montre la fig. 1re, pl. XÏI.
1° En allant du haut en bas (géologiquement parlant), un terrain marno-calcaire composé de plusieurs alternatives de calcaire dur, mêlé de nodules et de lits de silex et de calcaires marneux blanc fissiles[5].
2° Un terrain sableux, composé de plusieurs couches de grès ferrugineux auquel prélude un terrain de calcaire jaunâtre plus ou moins mêlé de silice ou de sable, et dont quelques couches contiennent beaucoup de coquilles[6].
3° Un second terrain calcaire, composé de grands bancs de calcaire caverneux, dont les couches supérieures contiennent de gros blocs de silex et des lits de la même matière. Les assises inférieures n’en contiennent pas, et ne sont remarquables que par les trous et les canaux irréguliers qui les traversent[7].
Comme la pente de la montagne, les couches des deux premiers terrains sont fortement inclinées, souvent même verticales. Celles du troisième terrain, d’abord fortement inclinées, deviennent peu à peu horizontales.
Dans les deux voyages que j’ai faits au sommet du Sannine, je me suis assuré que les couches étaient ou horizontales ou disposées en sens contraire de celles du bord de la mer, en sorte qu’en allant de haut en bas je descendais sur les têtes des couches, ce qui me permettait de prendre avec ordre une suite d’échantillons. C’est ce que j’ai cherché à faire, et je vais en exposer le résultat, en faisant toutefois remarquer qu’il peut y avoir des lacunes, car, par suite de la disposition du terrain, je n’ai pas toujours distingué clairement les couches, et je n’ai voulu prendre que celles de la disposition desquelles j’étais certain.
Le sommet du Sannine, vu de l’O., parait formé de deux pointes, dont celle du S. semble un peu plus élevée que l’autre. Celle du N. se continue avec la chaîne du Liban, celle du S. avec Djebel el Keniset. De sa base partent plusieurs coupures ou vallées profondes qui vont généralement aboutir à la mer en se dirigeant vers l’O. ou l’O.-S.-O. Ce sommet est formé par de hautes collines à pente très raide et à cimes arrondies, sans plateau à leur sommet. Elles sont formées de plusieurs couches calcaires plus ou moins tendres, plus ou moins friables, dont les débris couvrent les pentes escarpées et empêchent souvent de distinguer le sol véritablement en place. Les débris de ces couches ont un caractère assez remarquable, c’est que tous les cailloux qui en résultant sont formés de deux morceaux de calcaire, l’un blanc et l’autre jaune, dont l’un a l’air de traverser l’autre.
La roche qui forme le sommet est en général d’une blancheur éclatante. La stratification, à quelques exceptions près, est presque horizontale ; mais à mesure que l’on descend, elle s’incline de plus en plus en sens contraire de celle du bord de la mer ; elle plonge du S.-O. au N.-E.
Voici la succession des couches telle qu’on la remarque en allant de haut en bas[8].
1° Des couches de calcaires magnésiens, dures, grisâtres, peu épaisses, criblées de trous et semblant ruinées par la pluie ; quelques vestiges de coquilles que je crois être des gryphées. Dans quelques points le calcaire prend une couleur rose traversée par des lignes de cristaux blancs. Au-dessous de ces couches s’en trouvent quelques autres feuilletées.
2° Un calcaire très dur contenant de nombreuses coquilles dont la plupart sont des gryphées d’une espèce intermédiaire entre celle du Salève et la gryphée virgule. Il y a aussi des trigones, des huîtres crêtées, des placunes, des échinites (une espèce très voisine de celle du Salève), des polypiers, des coquilles univalves turbinées, d’énormes strombes, des nérinées.
3° Un calcaire blanc jaunâtre, contenant des cailloux irréguliers de silex et de nombreux oursins. Il se subdivise en lits peu épais qui se décomposent en débris ; autant que j’ai pu le voir, la stratification est presque horizontale. À cette hauteur on rencontre des boules de carbonate de chaux à surface bosselée, et offrant des cristaux dans l’intérieur.
4" Un calcaire gris à débris de coquilles, en bancs peu épais.
5° Un calcaire blanc paraissant un peu argileux, formé de bancs peu épais qui se délitent facilement.
6° Immédiatement au-dessous du précédent se trouve un banc de calcaire blanchâtre très dur, contenant des nodules à couches concentriques peu distinctes, que leur dureté m’a fait penser être siliceux ; la stratification la plonge du S.-O. au N.-E. Sous ce banc, qui n’a pas plus de 5 pieds d’épaisseur, recommence le calcaire blanc argileux.
7° Un banc de calcaire contenant une énorme quantité de gryphées très voisines de l’espèce du Salève. Quoiqu’il soit au-dessous des couches précédentes, je ne puis rien affirmer sur sa position réelle, parce qu’il se trouve sur une colline différente et que la stratification est en sens inverse. Il plonge du S.-S.-E. au N.-N.-O., ce qui m’a empêché d’établir les rapports avec les autres couches.
8° Des bancs de calcaire grisâtre, tantôt compacte, tantôt caverneux, et divisé par de nombreuses fissures à stratification horizontale et présentant l’aspect de ruines. Cette roche se reproduit plusieurs fois depuis le haut de la montagne ; elle alterne à plusieurs reprises avec le calcaire blanc argileux et contient de petites bivalves.
9" De nombreuses couches inclinées de 45° du S.-O. au N.-E, et divisées en grandes masses quadrangulaires qui se subdivisent en fragmens plus petits. Ces couches sont de beaucoup inférieures aux précédentes, la disposition du terrain ne m’a pas permis de noter celles qui se trouvent entre elles. L’intervalle, autant que j’ai pu le voir, est rempli par des couches de calcaire blanc argileux, alternant avec d’autres calcaires plus durs. Il semble qu’à cet endroit commence une autre formation. La couleur du terrain devient peu à peu plus jaune, plus foncée, et tranche avec la couleur beaucoup plus blanche du sommet. C’est de cette couche (no 9) assez remarquable que sort la source de Nahr el Leben.
10° Un calcaire inférieur à celui de la source, disposé par lits peu épais, tantôt compacte, tantôt caverneux, tantôt blanc, tantôt grisâtre.
11° Un calcaire tantôt jaune, tantôt verdâtre, semblant mêlé de silice ou de sable, contenant beaucoup de moules, de coquilles bivalves et autres ; les Strates plongeant du S.-O. au N.-E, les coquilles sont dans la roche entourées d’une couche d’argile verte. À cette couche, le terrain change entièrement, et l’on ne voit plus reparaître les roches précédentes. La couleur du terrain est jaune ; c’est une de ces couches plus dures que les autres qui forme le pont naturel que l’on voit sur le Nahr el Leben ; toutes ne contiennent pas des coquilles ; quelques unes se subdivisent en lits peu épais.
12° Après une épaisseur considérable de la roche précédente, on voit paraître subitement et sans gradation un banc de calcaire gris-jaunâtre en dedans, blanc gris lorsqu’il est exposé à l’air ; il est très mince si on le compare au reste de la montagne. Son inclinaison est du S.-O. au N.-E., sous un angle de 30° environ. Lorsque ce banc est à découvert, il se décompose en grands rochers qui présentent un aspect de ruines fort remarquable. Il est percé de trous et de canaux dans toutes les directions ; la surface des roches est sillonnée par de profondes cannelures ; en un mot, c’est le même calcaire que celui qui est sous-jacent aux grès d’Antoura, et l’on y trouve aussi des coquilles semblables. Cette roche paraît se détruire facilement par l’action de la pluie et du temps ; aussi, quoique les antiques édifices de Focra se trouvent précisément au milieu des lambeaux de ce banc calcaire, le peuple inconnu qui les a bâtis a préféré se servir des couches suivantes, quoique moins homogènes. Ce banc remarquable tranche par sa blancheur au milieu des roches qui lui sont superposées ou sous-jacentes, et il m’a beaucoup servi pour retrouver la succession des couches au milieu du bouleversement de la montagne. C’est ainsi qu’auprès des ruines de Focra j’aurais pu faire un double emploi ; car toutes les couches qui sont sur le côté droit de la vallée par laquelle on monte au Sannine ont éprouvé un affaissement qui fait qu’elles se trouvent beaucoup plus bas que les couches correspondantes du côté opposé.
13" Immédiatement sous le banc calcaire précédent recommence le calcaire jaune. Cette roche-ci est une roche jaunâtre un peu cristalline et paraissant contenir des grains de sable jaune ; elle se divise en lits minces et contient des coquilles. Son inclinaison est la même que celle du banc précédent.
14° Des couches de plus en plus sablonneuses, jaunes et ferrugineuses.
15° Un grès calcaire reparaissant toujours avec la même direction et la même inclinaison.
16" Des couches sablonneuses succédant à la couche précédente en bancs épais, variant en couleur et en dureté ; les unes à grains fins, d’autres à grains plus gros. Certaines parties sont rouges, jaunes, violettes ou blanches, etc. Quelques portions sont boursouflées, celluleuses, et fortement ferrugineuses. On y remarque quelques vestiges de lignites.
Ce terrain sablonneux repose sur des couches calcaires à stratification montant légèrement vers l’O., et qui de loin m’ont paru semblables au calcaire de Raifoun ; j’ai pu m’assurer ailleurs que je ne me trompais pas. Elles ont la même couleur, la même disposition caverneuse, le même aspect ruiné.
Telle est la suite des couches aussi complète qu’il m’a été possible de la faire depuis le haut du Sannine jusqu’au terrain le plus inférieur, qui cependant doit être à près de la moitié de la hauteur totale de la montagne, au-dessus du niveau de la mer. Les épaisseurs relatives des masses peuvent être représentées assez exactement par la figure 2, pl. XII.
En réfléchissant sur ce que j’avais vu, il m’a semblé que cette succession se retrouvait à peu de chose près dans les couches du bord de la mer ; si ce n’est qu’il manque, parmi ces dernières, celles qui forment le sommet du Sannine et qui n’y sortent pas du fond de la mer. En effet, de part et d’autre, en allant des couches profondes aux plus superficielles, on trouve le calcaire dont l’aspect est ruiné et la structure caverneuse, no 1 ; puis vient un terrain sablonneux, no 2. Quoique parmi les grès d’Antoura je n’aie pas marqué la couche calcaire interposée, je suis cependant presque certain de son existence, et j’avais observé qu’il devait y en avoir une, même avant d’avoir vu le Sannine, et d’avoir pu faire aucun rapprochement. Ainsi lorsqu’on se trouve au-dessus d’Antoura, sur le terrain sablonneux, et que l’on remonte vers l’E., on passe subitement sur un terrain calcaire. Comme il est cultivé ou couvert de débris, on n’aperçoit pas de couches distinctes ; mais en avançant encore un peu on rencontre de nouveau le sable que l’on avait quitté. Cette différence est frappante, et en occasione même une dans les arbres qui croissent sur ces terrains, car sur tout le Liban on remarque que les pins à pignons doux ne croissent que là où il y a du sable, tandis que les chênes croissent sur le calcaire. Or la même différence se revoit dans les lieux en question. Au-dessus du terrain sablonneux, au Sannine comme à Antoura, on trouve du calcaire jaune devenant de plus en plus siliceux. La couche no 15 des environs d’Antoura me semble être la même que celle du no 11 au Sannine. Je manque, comme on l’a vu, d’observations pour continuer le rapprochement plus haut, mais toutefois je le regarde comme certain, et l’on verra par la suite de mes observations qu’il a été vérifié autant qu’il pouvait l’être.
Je ferai observer ici que le calcaire sous-jacent aux grès, d’abord fortement incliné de l’E. À l’O. suivant le système général du versant occidental, devient peu à peu horizontal ; il l’est à peu près à Raifoun. Dans la vallée où coule le Nahr el Salib, on voit au milieu de beaucoup de bouleversemens, qu’il est généralement horizontal ; mais à l’E. de ce fleuve, il tend à prendre une inclinaison contraire, qui se décide lorsque ce terrain s’enfonce sous le grès situé au pied du Sannine ; au reste, dans tout l’espace où ce terrain est à découvert, on voit un désordre considérable, et il n’y a pas, je crois, deux montagnes séparées dans lesquelles les couches se répondent exactement, soit pour le niveau, soit pour la direction.
Quant au terrain sablonneux supérieur au calcaire précédent, on en trouve ça et là des lambeaux sur le calcaire qui est au jour entre ses deux extrémités rompues. Tel est celui qui se remarque au village de Mazra sur la crête orientale de la vallée de Nahr el Salib. Le terrain sablonneux y est extrêmement ferrugineux, et on y a même exploité des minerais de fer, comme dans d’autres endroits du Liban situés dans le même terrain. Dans cette localité-ci, on voit sur le penchant d’une colline à sommet sablonneux, du porphyre pyroxénique divisé en boules irrégulières enchâssées dans une espèce de wacke, traversées par des veines de chaux carbonatée[9] ; dans d’autres endroits on voit des lits réguliers d’une marne endurcie, grisâtre, assez solide, séparée par des couches de l’argile ferrugineuse brunâtre qui se délite en feuillets minces et en petits fragmens. Je n’ai pu faire que peu d’observations sur ce dépôt, qui est certainement en rapport avec les sables du Sannine, et qui se retrouve dans d’autres endroits avec les mêmes caractères. Du reste, le trap est une roche très rare dans le pays que j’ai parcouru, et j’ai trouvé aussi en blocs de l’amygdaloïde.
Un autre lambeau du terrain de grès, encore plus isolé que le précédent, se trouve au sommet de la colline qui domine Raifoun. On y trouve la même argile ferrugineuse qu’au Mazra, mais au-dessous de cette roche (autant que j’ai pu le voir) se trouve la couche calcaire qui contient les nombreuses coquilles que j’ai indiquées dans cette localité. C’est une couche qui paraît argileuse, et qui, dans quelques points, a très peu de consistance. Elle contient une foule de coquilles et de madrépores. J’ai des doutes sur sa vraie position ; mais je suis porté à croire qu’elle n’est qu’une modification du calcaire sous-jacent au grès ; ce qui me paraît d’autant plus probable que celui-ci contient lui-même des traces de madrépores ; peut-être répond-elle à la couche 11, avant la grotte du Chien. Partout où l’on trouve du sable, on trouve aussi des traces de cette couche, sans que j’aie jamais pu m’assurer de sa position réelle : cependant les nombreux débris organiques qu’il contient peuvent servir à établir l’âge de ce dépôt ; or ces fossiles offrent des espèces jurassiques, savoir : des térébratules lisses et plissées, des huîtres plissées, des pholadomies, des pinnigènes, de grosses bucardes, des nérinées, des strombes, de grosses et petites natices, de petits et grands turbots, des astrées et d’autres polypiers.
J’ai dit que le terrain sablonneux contenait des traces de lignites. Il y a une localité, à environ trois heures de distance dans le N.-E. de Raifoun, où ils sont assez abondans pour avoir été l’objet d’une exploitation ; on dit même qu’on en a transporté en Égypte, où ils ont servi pour les bateaux à vapeur du pacha. Ce gîte de lignites est situé sur le penchant occidental d’une montagne très haute qui tient à la base du Sannine. De là on aperçoit les ruines de Facra, et l’on voit la couche dans laquelle elles sont bâties se prolonger de montagnes en montagnes jusqu’au-dessus de l’endroit où sont les lignites. De cette couche même est tombé un éboulement considérable qui a recouvert en partie le gîte de ce combustible. Celui-ci paraît peu considérable. Ce sont des lits minces feuilletés, d’une matière noire légère (une variété de Dussodile) qui brûle, assez bien en répandant la même odeur que notre charbon de terre. Des morceaux plus compactes et plus lourds ont l’apparence et la texture de troncs à demi carbonisés ; ils contiennent des veines et des nids ou boules de pyrites. Ce gîte de lignites est situé dans les couches sablonneuses les plus supérieures, peut-être même dans les dernières couches de calcaire jaune ; mais dans le bas de la vallée, et par conséquent dans la partie inférieure du terrain sablonneux, il paraît y en avoir d’autres : je ne m’en suis pas assuré. Pour arriver à cet endroit, on marche long-temps sur le terrain sablonneux, et l’on a occasion de remarquer toutes les variétés de roches qu’il présente ; d’espace en espace, on retrouve les mêmes gîtes ferrugineux qu’au Mazra. On peut aussi observer quel grand bouleversement a eu lieu dans cette partie de la montagne : différences dans les niveaux, dans les directions, les inclinaisons, etc., tout se rencontre dans cette localité. Au milieu du désordre on voit cependant bien la superposition du sable au calcaire, mais il faut alors faire à chaque instant abstraction des hauteurs absolues, d’un côté à l’autre d’une même vallée.
J’ai encore une observation à faire sur le terrain de grès ; c’est qu’il m’a semblé avoir des épaisseurs fort inégales ; il en est de même du calcaire jaune qui le précède.
J’ajouterai quelques mots sur trois localités dans lesquelles on trouve des fossiles particuliers.
La première présente un gîte marneux dont je n’ai pu aucunement voir la stratification, et dans lequel on trouve une très grande quantité de piquans d’oursins plus ou moins gros et en partie ovoïdes. Ce dépôt est situé dans le fond du bassin où est bâti Antoura et sur le penchant d’une montagne. Je crois sa situation inférieure aux sables. C’est une modification de la couche jurassique dans laquelle se trouvent les nombreuses coquilles de Raifoun, accompagnées de ces mêmes piquans d’oursins, mais en moindre quantité et épars dans la terre. On trouve aussi des polypiers (cariophyllies, etc.) dans le gîte marneux dont je parle, mais on n’y voit pas de coquilles ; du moins je n’en ai pas rencontré.
Le second gîte est une roche contenant de nombreuses Nérinées, qui, étant plus dures que la roche, saillent à la surface. Cette roche se trouve au-dessous du couvent de Bikeurhy, et sa place répond aux numéros 5 et 6 de la vallée du Chien. Elle contient des silex et des coquilles, dont on voit les débris pendant une épaisseur assez considérable. Elle se retrouve dans d’autres endroits du Liban, et j’ai lieu de croire qu’elle se reproduit à des étages différens.
Le troisième point est le gîte de poissons de Sahel âalma ; il se trouve sous le couvent de ce nom à environ 300 pieds au-dessus du niveau de la mer. C’est un calcaire argileux, feuilleté dans quelques couches, assez tendre, n’ayant aucune odeur particulière. Il y a des parties d’un gris foncé, presque semblables à l’argile plastique. Je ne puis dire quelle est la stratification, parce que tout le terrain est cultivé, et que la roche ne paraît que très peu à la surface ; mais cependant je suis certain de sa position ; c’est le terrain argileux no 2 que l’on voit se continuer le long de la côte. Les empreintes de poissons y sont en quantité considérable ; leur disposition dans la roche est fort irrégulière et croise dans tous les sens la direction des lits. Il y en a un grand nombre d’espèces, parmi lesquelles de fort grandes que l’aspect chagriné de leur peau me fait regarder comme des squales ; malheureusement on ne peut en voir que des débris ; on y remarque aussi des empreintes de diverses espèces de crustacés. Ce gîte de poissons fossiles diffère de celui dont je parlerai plus tard, par sa position inférieure, la nature des espèces, la qualité du calcaire, l’absence du silex, etc.
Outre les terrains clairement stratifiés dont je viens de parler, il y en a d’autres qui se trouvent irrégulièrement placés ; tels sont lespoudingues calcaires que l’on trouve sur le haut de la crête septentrionale de la vallée du Chien, à son embouchure et en plus grande quantité encore sur le sommet et le penchant septentrional de la vallée qui supporte le village de Zouc-Mikaïl. Leur hauteur absolue au-dessus de la mer est dans ces deux endroits de plus de 500 pieds, du moins quant à leur partie la plus élevée ; car ceux de Zouc descendent presque jusqu’au bord de la mer. Ils sont formés de blocs arrondis et de galets calcaires, enchâssés dans un ciment de même nature, variable en couleur et en consistance. La grosseur des galets varie depuis celle d’une tête d’homme jusqu’à celle d’une noisette. On y retrouve la plupart des roches que l’on remarque dans la montagne, et je n’y en ai pas vu d’autres. Le ciment est le plus souvent noirâtre, quelquefois rouge ou jaune ; il est peu compacte et retient très faiblement les morceaux calcaires qu’il enveloppe. Par quelque indice de stratification, j’ai cru voir qu’ils sont disposés en bancs inclinés, comme le flanc de la montagne sur laquelle ils se trouvent ; mais je suis convaincu qu’ils ne font pas partie de la formation. J’ai pu m’en assurer en les retrouvant en petites masses le long de la côte et dans les vallées. Il faut se garder de les confondre avec ceux qui se trouvent généralement à l’embouchure des rivières dans la mer ; ceux-ci étant probablement dus à une toute autre cause, et à une époque différente. On les distingue parce que le ciment qui unit ceux-ci n’est pas calcaire, mais argileux, limoneux, friable ; et souvent terreux. En quelques endroits aussi le calcaire stratifié prend une forme fragmentaire qui lui donne l’apparence de poudingue. Il suffit, pour le distinguer, de faire attention que les fragmens calcaires plus durs ne sont pas arrondis, mais irréguliers, et souvent on peut les voir se fondre avec la masse.
Parmi les terrains hors de la série, j’ai à mentionner une brèche osseuse qui se trouve dans la caverne d’où sort le fleuve du Chien et dans quelques autres cavernes du Liban. J’ai dit que le fleuve du Chien naissait à peu de distance de la mer. Il sort d’une caverne à voûte demi-circulaire, à stalactites pendantes du sommet ; elle est peu profonde et creusée dans la couche E. ; elle fournit un beau volume d’une eau un peu laiteuse et très froide. À quelques pas au-dessus de cette caverne et à environ 40 pieds au-dessus du lit du fleuve, il y en à une autre dont l’ouverture est plus étroite, beaucoup plus longue, et qui pénètre horizontalement dans le flanc de la montagne en se dirigeant au N.-E. ; je n’ai pu la suivre jusqu’au bout, mais elle s’étend, dit-on, fort loin. Elle a des embranchemens dont quelques uns communiquent avec l’autre caverne. Ses parois sont irrégulièrement arrondies. La voûte est circulaire et tapissée de stalactites et de stalagmites. Le sol du fond de la caverne est formé par un terrain meuble, noir, gras, semblable à du terreau, et contenant de plus ou moins gros blocs et des galets siliceux et calcaires, ainsi que des débris d’ossement et de coquilles terrestres. Mais à l’entrée même de la caverne on trouve un banc considérable formé de galets enveloppés dans un espèce de ciment calcaire, et recouvert par des incrustations de la même nature. Il a 12 où 15 pieds de long, 7 à 8 pieds de large et une épaisseur que je ne connais pas. Les fragmens d’ossement de ruminans, de chèvres, etc., y sont extrêmement nombreux ; chaque coup de marteau en fait paraître. On y trouve aussi de nombreuses coquilles, dont quelques unes sont très fraîches et semblables à celles du pays (helix, etc.), tandis que d’autres sont marines (turbot, etc.). Il est impossible de voir une caverne dont la disposition cadre mieux avec les descriptions des cavernes à ossemens ; cette brèche osseuse présente aussi, comme certains dépôts semblables de la Dalmatie et de la France méridionale, des fragmens de poterie.
Ces ossemens sont en fort grand nombre, complètement mêlés avec les galets et les incrustations calcaires. Il s’en trouve, ainsi que des coquilles, sur les parois mêmes de la caverne, sous l’enduit calcaire qui la tapisse ; des fentes, des trous, en sont remplis à quatre ou cinq pieds au-dessus du sol. Les fragmens de poteries ont été trouvés dans un banc de brèche osseuse qui sert en même temps de plancher à un canal qui sort en dehors, et de voûte à un passage qui descend à l’autre caverne.
M. Hedenborg, docteur suédois auquel j’ai montré cette caverne, m’a dit en avoir rencontré une autre toute semblable pour la disposition et la quantité des ossemens qui s’y trouvent, à la source de la rivière de Eut-Elias. Elle est seulement plus vaste, mais moins profonde, et contient de même à son entrée un banc de brèche osseuse. Enfin j’en ai encore trouvé une autre sur la route de Tripoli dans laquelle j’ai observé des ossemens, mais en très petite quantité.
Telles sont les observations que j’ai été à portée de faire depuis le sommet du Sannine jusqu’à la mer, et telle est l’idée que je me suis formée des terrains qui composent cette montagne. J’en ai fait un espèce de type auquel j’ai rapporté les faits que j’ai eu lieu de remarquer dans d’autres endroits, et c’est à lui que je comparerai le Liban tel que j’ai pu le voir. Il me reste à rapporter mes observations le long de la côte jusqu’à Tripoli, sur le mont Liban, dans la plaine de Bequâa et sur le versant oriental du Sannine.
La direction générale des couches croisant un peu celle de la côte et de la chaîne, il en résulte qu’en remontant vers le nord on rencontre peu à peu des couches plus superficielles. Il faut toutefois faire abstraction des irrégularités de détail et des détours de la côte.
De Zouc Mikaïl à la pointe nord de la baie de Djouni, le chemin suit le bord de la mer, et j’ai pu rarement faire quelques remarques. Partout où l’on approche de la montagne, on voit des couches confuses de calcaire dur ; c’est, je crois, celui de l’embouchure du fleuve du Chien. A la pointe nord de cette baie, qui s’avance dans la mer, on voit de nouvelles couches de calcaire blanc argileux et feuilleté, superposées au calcaire précédent. Les couches sont inclinées d’environ 45° à l’est, et elles contiennent des lits de silex. Je crois qu’elles manquent à l’embouchure de Nahr el Kelb, mais elles se retrouvent à la pointe de Beirout. De ces couches argileuses on passe sur un nouveau terrain de calcaire à silex, qui leur est probablement supérieur ; il continue jusqu’à Nahr Ibrahim, où il offre une disposition remarquable. Là les couches calcaires sont minces, nombreuses, parallèles, épaisses d’environ trois pouces ; elles sont séparées par des lits de silex d’un pouce d’épaisseur, qui d’espace en espace se joignent par des cloisons irrégulières, ce qui donne à la masse, quand on en voit une tranche, l’aspect d’une muraille de briques blanches à ciment rougeâtre. Inclinaison, 45° de l’E. À l’O.
À la pointe nord de la baie de Djouni, on trouve, dans des anfractuosités et des fentes, des couches de petites masses de poudingues grains arrondis.
Au-dessus de l’embouchure de Nahr Ibrahim, le terrain prend une ressemblance frappante avec celui qui forme le sommet du Sannine. Il contient des nodules de silex, tantôt blanc rosé, tantôt noir ; les cailloux, débris de ce terrain, offrent, comme au Sannine, la particularité de sembler être traversés par un morceau de pierre blanche. La couleur, la dureté, sont les mêmes dans les calcaires des deux endroits. Ici le calcaire ne devient plus gris par son exposition à l’air ; il conserve une couleur blanche un peu jaunâtre ; cependant j’ai vainement cherché des oursins dans cette localité ; peut-être n’ai-je pas rencontré la couche où ils se trouvent ; on a vu qu’au Sannine ils ne se rencontrent que dans un endroit limité. Du reste j’ai observé des couches de calcaire dur, caverneux, à surface rude, en tout semblable à celui qui au Sannine alterne avec le calcaire blanc.
C’est donc là le terrain du sommet du Sannine, terrain qui manque à Antoura, mais qui, se trouvant ici géologiquement supérieur aux derniers terrains de l’embouchure de Nahr el Kelb, a bien la position nécessaire pour confirmer le rapprochement que j’ai fait entre le sommet de la montagne et sa base. En avançant vers Djibaïl, on rencontre des couches encore plus superficielles dans l’ordre géologique. Ce sont des calcaires entièrement semblables à ceux d’Antoura. Cependant je crois me rappeler qu’ils ne contiennent pas de silex. La stratification est toujours inclinée, à peu près comme le penchant de la montagne. De temps en temps on rencontre des poudingues irrégulièrement déposés.
Djibaïl est placé sur le terrain supérieur à celui du sommet du Sannine. Depuis cette ville, on distingue par la couleur que c’est ce dépôt qui forme la première rangée de montagnes s’élevant derrière elle.
De Djibaïl pour aller à Hakel, village auprès duquel se trouve le gîte le plus connu des poissons fossiles, la route court à peu près vers l’E.-N.-E. et presque toujours sur le terrain qui forme le sommet du Sannine. Les couches sont inclinées de 15 ou 20 degrés, plongent de l’E. À l’O., et dans quelques endroits du S.-E. au N.-O. on y trouve des alternatives de calcaire plus dur, à lits et morceaux de silex ; et si je ne me trompe pas, j’y ai vu des nérinées semblables à celles de Bekeurky. Les couches étant peu inclinées dans cet endroit, on marche long-temps sur le même terrain qui forme une grande épaisseur de montagnes.
C’est dans un des derniers étages de ce terrain inférieur à celui où l’on trouve les oursins, que se voient les poissons fossiles de Hakel. Ce lieu est dans une vallée profonde située à une grande hauteur au-dessus de la mer ; car il faut monter pendant six heures pour y arriver, et les nuages la parcourent. Le gîte des poissons est sur la pente, à droite en montant au-dessus du village ; il y a en cet endroit un désordre considérable ; les couches varient beaucoup dans leur direction et leur inclinaison ; les flancs de la montagne sont couverts de débris, et c’est dans qu’on trouve les poissons. Je n’ai pu parvenir à l’endroit d’où ils proviennent ; mais il doit être à une fort petite distance au-dessus du point où j’étais. Ces débris sont formés de couches minces feuilletées, exhalant par la cassure une forte odeur d’hydrogène sulfuré ; elles contiennent des lits irréguliers de silex, ou plutôt de calcaire siliceux qui renferment eux-mêmes des poissons. On y trouve aussi des boules de carbonate de chaux.
Le gisement de ces poissons diffère par tous ces caractères de celui dont j’ai parlé précédemment, et, selon moi, il lui est supérieur, l’autre se trouvant plus rapproché du terrain sablonneux ; les espèces de poissons sont d’ailleurs toutes différentes, ainsi que leur disposition dans la roche et la nature de celle-ci.
De Hakel, pour regagner le bord de la mer, on marche vers l’O., ou l’O.-N.-O. ; on rencontre donc des couches de plus en plus superficielles. À une heure de distance de ce village, mais toujours dans le même terrain, j’ai trouvé un oursin, ce qui a confirmé mes conjectures sur l’identité de celui-ci et de celui du Sannine. J’y ai trouvé aussi des fragmens d’une roche entièrement semblable, pour la forme des gryphées qu’elle renferme, à celle qui se trouve sur le sommet même de cette montagne. On y voit encore des vestiges imparfaits d’Ammonites.
En avançant toujours vers la mer, on quitte subitement le terrain du Sannine, et l’on arrive sur un calcaire argileux (échantillon no 2) d’une grande blancheur, à couches minces, se subdivisant en petits fragmens quadrangulaires ; il ne contient pas de silex ; sa stratification est inclinée d’environ 45° et plonge de l’E.-S.-E. à l’O. -N.-O. Ce calcaire à une assez grande épaisseur, et forme de hautes collines à flancs raides couverts de débris dont la blancheur fatigue la vue. Sa superposition au dernier terrain dont j’ai parlé est on ne peut plus évidente, et par conséquent il est supérieur à tous ceux que nous avons vus jusqu’ici.
En marchant le long de la côte vers Tripoli, la direction des couches croise un peu celle de la côte ; on entre bientôt sur de nouveaux terrains ; on quitte le calcaire argileux précédent, et on rencontre celui qui le recouvre. Ce sont des bancs puissans d’un calcaire (échantillon no 1), fortement incliné comme le penchant de la montagne, dur, compacte dans quelques points, fragmentaire dans d’autres, assez semblables à celui de l’embouchure de Nahr el Kelb, mais ne contenant pas de silex. Je crois que c’est le plus superficiel de tous les terrains que j’ai eu l’occasion de voir dans le Liban ; quoique ce ne soit pas le résultat d’une observation immédiate, cela doit être à cause de la direction générale de la route et de celle des couches.
De temps en temps, le long de la côte, on rencontre des masses de poudingues irrégulièrement placées. J’ai vu aussi deux ou trois cavernes, dans l’une desquelles j’ai trouvé des ossemens enveloppés par un ciment rougeâtre, ferrugineux, assez tendre. La masse du ciment est très peu considérable et irrégulière ; les échantillons ont été pris à une hauteur d’environ 4 pieds au-dessous du sol. Dans d’autres points le ciment est recouvert par plusieurs couches de stalactites.
En résumé, depuis Antoura jusqu’à Tripoli, on voit : 1° en recouvrement les unes sur les autres, des couches de calcaire argileux, alternant avec du calcaire à silex ; 2° le terrain qui forme les parties supérieures du Sannine ; 3° un nouveau terrain marneux sans silex ; 4" de nouveaux bancs de calcaire compacte ou fragmentaire ne contenant pas non plus de silex. En jetant un coup d’œil sur la fig. 5, pl. XII, on verra comment je comprends cette succession.
Le no 4 est le calcaire à silex de Nahr Ibrahim, alternant avec le calcaire blanc argileux de la pointe N. de la baie de Djouni. Le no 5 est le terrain qui forme le sommet du Sannine. Le no 6, le calcaire fragmentaire de Djibail. Le no 7, calcaire blanc argileux que l’on traverse pour arriver à la mer ; le no 8, banc de calcaire sans silex, sur lequel est bâti Tripoli.
Toutes les couches énumérées dans leur ordre de plus grande ancienneté sont généralement dirigées du N.-N.-E. au S.-S.-O. en coupant sous un angle très aigu la direction de la montagne ; leur inclinaison est toujours très forte, et généralement comme le penchant de la chaîne.
De Tripoli, jusqu’au pied de la montagne, on traverse une plaine et quelques collines peu élevées dont le sol est formé du même calcaire sur lequel est bâtie la ville. Dans quelques endroits les assises ont une épaisseur considérable, la stratification est ou horizontale ou légèrement inclinée de l’E.-S.-E à l’O.-N.-O. Elle est peu apparente ; mais à l’endroit même où commence la montée du Liban, on voit paraître subitement des couches presque verticales de calcaire fragmentaire superposé à un calcaire blanc argileux, que tout me porte à croire le même que l’on traverse pour arriver à la mer, en descendant de Hakel. Au-dessous de celui-ci on retrouve de nombreuses couches de calcaire, tantôt fragmentaire, tantôt compacte, à stratification entièrement bouleversée, en sorte qu’il m’a été impossible de prendre une suite d’échantillons ; j’aurais risqué de me tromper dans l’ordre et de faire de doubles emplois. Dans quelques points les couches sont horizontales, dans d’autres elles sont verticales. Ce calcaire alterne souvent avec des calcaires blancs ayant de la tendance à se feuilleter ; on voit bien cette disposition dans le chemin qui est au-dessus du village de Sibaïl ; on monte sur une couche de calcaire blanc argileux contenant des strates d’un gris noirâtre et présentant une très forte inclinaison de l’E. À l’O. (échantillon no 1). Il m’est impossible de dire avec certitude quel est cet étage de calcaire ; d’un côté il a l’air d’être immédiatement inférieur au no 7, fig. 5 ; de l’autre il semble être immédiatement superposé au terrain sablonneux, comme on va le voir ; le désordre est tel, que l’on ne peut, en traversant rapidement cette localité, y démêler la vérité. Il faudrait un long séjour pour pouvoir se rendre compte de toutes les anomalies.
Dans les strates précédens, à une hauteur de 2000 pieds au moins au-dessus de la mer, on trouve dans des trous et des anfractuosités des poudingues plus ou moins gros ; il y en a qui paraissent comme du sable agglutiné, d’autres ont les grains plus gros que le poing. Est-ce un accident de la roche ou une roche fragmentaire ? c’est ce que je n’oserais décider.
De ces couches fortement inclinées on arrive au terrain de calcaire jaunâtre qui est immédiatement supérieur aux grès. Il est formé de strates tantôt jaunes, tantôt verdâtres, paraissant contenir des sables et offrant des traces de coquilles diverses (échantillon n° a) ; la stratification est presque horizontale. Près du village d’Eden, ce terrain contient des gîtes d’argile ferrugineuse entièrement semblable à celle du Nazra.
Pour accorder ces observations entre elles, on peut supposer que les couches précédentes, fortement inclinées, sont du même étage que les formations calcaires supérieures aux calcaires jaunes et à la couche no 9 du Sannine, et qu’elles ont été écartées pour laisser passer le calcaire jaune ; mais j’avouerai que je manque de preuves, et que ce n’est qu’une hypothèse assez probable. Le désordre considérable du penchant de la montagne a pu m’empêcher de reconnaître ce terrain que je n’ai fait que traverser très rapidement. À Eden, ainsi que jusqu’au sommet de la chaîne, la stratification étant presque horizontale, on rencontre, en continuant monter, des couches superficielles et l’on voit reparaître les alternatives de calcaire dur et de calcaire argileux. Bientôt on redescend pour arriver à Bicherré et on retrouve le calcaire jaunâtre, puis, pour la première fois, le terrain sablonneux situé au-dessous de lui : c’est le seul endroit du Mont Liban ou j’aie aperçu cette couche. Le village de Bicherré est situé à l’extrémité d’un vallon ou d’une coupure profonde, regardant à peu près à l’ouest ; la coupe des montagnes entre lesquelles est creusé ce vallon est la même que celle du Sannine. Sous une grande hauteur de calcaire blanc, on voit le calcaire jaune, et çà et là des lambeaux de la couche de Facra que le désordre laisse rarement apercevoir ; plus bas est le terrain de sable sur lequel est bâti Bicherré, et enfin, au-dessous en stratification presque horizontale, mais cependant plongeant un peu de l’O. à l’E., on voit sortir la formation calcaire jurassique inférieure, celle qui supporte toutes les autres ; je ne l’ai vue que de loin, mais elle paraît avoir les mêmes caractères qu’au Sannine ; son aspect caverneux et ruiné est tout aussi remarquable.
En partant de Bicherré on monte peu à peu pour arriver aux cèdres. Ces arbres célèbres sont situés dans une petite plaine montueuse dont le sol paraît formé des débris des diverses roches qui tombent du sommet du Liban dont les branches entourent cette plaine de manière à former un fer à cheval ouvert au N.-O. De cette plaine part une vallée très profonde nommée la vallée de Cannobine ; l’on y voit, comme à Bicherré, mais confusément à cause des immenses amas de débris, le passage du terrain calcaire au sablonneux. Dans cette plaine on reconnaît toutes les mêmes variétés de pierres qu’au Sannine. Il s’y trouve aussi des roches que je n’ai pas rencontrées sur cette montagne. Des cèdres jusqu’au sommet du Liban on monte encore pendant une heure. Ce sommet n’est qu’une crête fort étroite sans aucun plateau. Les roches qui le forment sont tout-à-fait semblables à celles qui forment le haut du Sannine ; on y retrouve les mêmes silex dans les pierres calcaires, des calcaires en partie magnésiens, des boules de carbonate de chaux, des oursins en grand nombre, des bivalves, des sphérulites, etc. La stratification m’est restée inconnue quoiqu’elle paraisse devoir être horizontale. Mes échantillons n’ont pas été pris à l’étage le plus supérieur, car on ne passe pas le Liban à son point le plus élevé ; la couche de laquelle ils proviennent est, je crois, plus dure que les autres ; elle se continue et fait saillie dans tout le pourtour du fer à cheval que forme le sommet. Elle est au reste surmontée par des roches qui de loin paraissent les mêmes que celles qui lui sont inférieures. Au-dessous de ces dernières ont été pris les échantillons n" 2, qui offrent un calcaire blanc, schisteux, dont quelques strates sont d’un gris noirâtre comme ceux du Sibaïl.
À peine a-t-on commencé à descendre de l’autre côté du Liban que l’on voit des couches verticales ou fortement inclinées comme le penchant de la montagne, c’est-à-dire plongeant de l’ouest à l’est ; tels sont les échantillons no 3. Elles sont argileuses, peu solides, en strates minces, et contiennent des boules de carbonate de chaux qui, plus dures, saillent à la surface tendre du calcaire. L’inclinaison de cette couche est probablement due à un accident. Plus bas on rencontre de nombreux strates, presque verticaux, de calcaire dur qui se subdivise en petits fragmens ; tel est l’échantillon no 5.
Ce calcaire, avec des alternatives de calcaire blanc argileux compacte, continue jusqu’au bas de la descente, toujours avec une inclinaison très forte. En bas on trouve des couches horizontales ondulées de calcaire, à forme fragmentaire, en bancs puissans. Celui-ci ne fait déjà plus partie du système du Liban dont il est séparé par une vallée ; mais il se rattache à une chaîne de collines peu élevées par lesquelles on continue de descendre jusqu’à la plaine ; elles sont toutes formées de la même roche avec les variétés de structure fragmentaire ou compacte, avec des stratifications variables, mais très peu inclinées ; cette inclinaison est généralement conforme à la pente du Liban. Elle continue jusqu’à Der-el-Ahmar, village par lequel on entre dans la plaine de Bequâa, et c’est elle encore qui forme le sol de cette plaine jusqu’à Baalbec.
Je crois que les couches fortement inclinées que l’on trouve sur le penchant oriental du Liban font partie de la formation supérieure au no 8 ; quant au calcaire des collines, je crois que c’est celui du no 8 : outre l’aspect, l’absence du silex et l’épaisseur des bancs dont il est formé viennent à l’appui de mon opinion.
La fig. 4, pl. XII, représente une coupe du Liban depuis Tripoli jusqu’à Baalbec, les lignes marquent à peu près les stratifications. Bicherré et le terrain sablonneux sont probablement placés trop bas, quoiqu’ils soient certainement au-dessous de la pointe A des couches inclinées, dont les têtes rompues dominent la petite plaine sur laquelle on rencontre d’abord le terrain calcaire jaune.
La plaine qui sépare le Liban de l’Anti-Liban à la forme d’un ovale alongé, les deux chaînes étant très rapprochées du côté de Lataquie, et s’écartant pour se rapprocher encore vis-à-vis du Sannine. La chaîne du Liban surtout semble former un demi-cercle, celle de l’Anti-Liban étant presque droite. La plaine est fort unie ; elle a environ quatre lieues dans sa plus grande largeur et court à peu près N.-N.-E. et S.-S.-O. ; son sol est formé d’une terre rougeâtre mêlée de cailloux, débris des montagnes environnantes. Je n’en ai pas remarqué d’une autre nature. J’ai déjà dit que je croyais le sol de la plaine formé du no 8 de la fig. 5, pl. XII.
Lorsqu’on a traversé cette vallée, un peu avant d’arriver à Baalbec, on commence à rencontrer quelques petites élévations qui annoncent le commencement de l’Anti-Liban. Baalbec, ce misérable reste d’une ville puissante, est situé précisément au pied de cette chaîne de montagnes. Le terrain qui la supporte est le calcaire no 8 ; c’est lui aussi qui a servi à bâtir les temples qui en faisaient autrefois l’ornement. Quoiqu’il présente encore là une structure fragmentaire, il est cependant assez compacte pour pouvoir être employé en sculpture d’ornemens d’architecture. Ce terrain, no 8, seul parmi tous ceux que j’ai vus dans le Liban, a pu, à cause de la puissance de ses assises, fournir les blocs énormes que les anciens habitans ont employés à la construction des temples. L’échantillon no 6 a été pris sur l’étonnante pierre que les anciens ont eu l’idée singulière de vouloir transporter à la ville, probablement pour finir le soubassement du temple. C’est une portion d’une couche déjà taillée sur toutes les faces, et l’on avait déjà commencé à excaver par-dessous pour la détacher de la couche sous-jacente. Elle a trente et un pas de long sur douze pieds d’épaisseur et de hauteur ; au reste il y a au temple trois ou quatre pierres qui ne lui cèdent guère en grandeur. On rencontre des variétés d’une texture plus fine que celle-là ; elles ont presque l’air de marbre blanc ; seulement la cassure irrégulière et esquilleuse, des fissures nombreuses, et la manière dont elles se délitent par l’action du temps, indiquent leur nature fragmentaire. Dans les carrières de Baalbec, les couches sont inclinées comme le flanc de l’Anti-Liban, c’est-à-dire de l’E.-S.-E. à l’O.-N.-O. sous un angle de 15° environ, ce qui indique le commencement d’un nouvel ordre de choses. Je suis persuadé que le même système de roches que l’on trouve dans le Liban se retrouve dans l’Anti-Liban. La couleur, la forme des montagnes, et le peu que j’ai vu de leur base ne m’en laissent aucun doute.
De Baalbec à Zahlé on traverse obliquement la plaine de Bequâa, en marchant presque toujours sur le calcaire no 8. Zahlé est situé sur des couches, fortement inclinées de l’O. à l’E., de calcaire blanc argileux se délitant en morceaux ; je l’ai regardé comme analogue au no 7 de la fig. 5. Au-dessous on voit diverses couches de calcaire fragmentaire. Dans toute cette partie il y a pour moi beaucoup de confusion, jusqu’à ce qu’ayant repassé la chaîne entre le Sannine et Djebel el Keniset, on se retrouve sur le terrain sablonneux. Avant ce lieu la stratification est très confuse, peu apparente, et je n’ai rien vu qui pût me servir de point de reconnaissance. Je ferai observer que, dans la fig. 5, j’ai fait passer le tracé de ma route, en revenant de Zahlé, sur le sommet du Sannine ; mais cela n’est pas exact. On passe dans une gorge entre Djebel el Keniset et le Sannine, beaucoup inférieur à cette dernière montagne. Son sol est formé par le terrain sablonneux sans que j’aie pu voir la stratification : elle est horizontale dans quelques parties, mais cela varie.
Aussitôt qu’on parvient sur le versant occidental de la chaîne, on trouve le terrain sablonneux, et on ne le quitte plus pendant long-temps, si ce n’est lorsqu’on traverse une profonde vallée qui coule du nord au sud ; on passe alors sur le calcaire inférieur au sable, mais en remontant de l’autre côté on se retrouve sur celui-ci. Partout la superposition du terrain sablonneux au calcaire est évidente, quoique le niveau de celui-ci soit très inégal. Partout aussi on voit le terrain du calcaire jaune supérieur aux sables, et de temps en temps on trouve des lambeaux de la couche calcaire qui leur est interposée.
Le terrain sablonneux, au lieu de s’interrompre comme sur la rive droite de Nahr el Kelb, continue tout le long de la rive gauche, mais j’ignore comment il se comporte vers l’embouchure ; il se continue aussi sur toutes les crêtes qui descendent de Djebel el Keniset. Dans beaucoup d’endroits il contient des lits d’argile ferrugineuse, comme au Mazra.
Telles sont les observations que j’ai pu recueillir sur la chaîne du mont Liban ; pour en faire un résumé succinct, je crois pouvoir dire qu’il y a dans le Liban trois terrains distincts. 1° Le plus supérieur des trois est en général formé d’un calcaire variable en aspect et en dureté, alternant avec des marnes calcaires : sa partie supérieure, composée d’un étage de calcaire et d’un massif marneux, qui ne contient pas de silex ; sa partie moyenne, formée d’alternatives de calcaires de diverses duretés, en strates ordinairement peu épais, renferme du silex en lits et en nodules ; des oursins, à peu près dans les couches moyennes, et des poissons dans sa partie inférieure. Les assises les plus basses, formées de nouvelles alternatives de calcaire caverneux et de marnes, offrent beaucoup de silex. Je ne pourrais préciser exactement le nombre des alternatives de marne et de calcaire, que je crois variables.
2° Le second terrain est sablonneux, d’une épaisseur variable ; entre lui et le précédent, il y a un certain nombre de strates calcaires, jaunes, siliceux, et une couche bien distincte de calcaire caverneux, au-dessous de laquelle la roche devient de plus en plus sablonneuse, jusqu’à ressembler à un grès plus, ou moins dur. Il est très ferrugineux, contient des minerais de fer et des gîtes de lignites.
3° Le troisième terrain, le plus inférieur qui paraisse dans le Liban, est formé de nombreuses assises de calcaire caverneux, dont les supérieures contiennent du silex ; j’ai décrit précédemment ses caractères[11].
Comme les pentes des deux versans, les couches de chaque côte sont toujours fortement inclinées, excepté au sommet, où elles sont généralement horizontales. Dans les crêtes subordonnées, elles ont une tendance à s’incliner comme les flancs des montagnes. Depuis le no 1 jusqu’au no 5 (pl. XII, fig. 5), les couches se recouvrent successivement ; les no 6, 7, 8, quoique plus superficiels que le no 5, ne le recouvrent pas, mais semblent avoir été écartés pour laisser passer les autres ; c’est le n" 5 qui a été porté à la plus grande hauteur ; c’est lui qui forme le sommet de toute la chaîne.
Pour expliquer la formation de ces montagnes, l’hypothèse la plus plausible est celle d’un soulèvement, d’un effort qui se serait fait suivant une ligne parallèle à la chaîne, sans coïncider tout-à-fait avec son axe, de manière que la ligne de brisement des couches, ou celle de l’angle formé par les plans des couches inclinées de chaque côté, se trouve un peu à l’ouest de l’axe de la chaîne. L’effort a été plus étendu en largeur, vis-à-vis du Sannine ; il s’est fait sur un espace plus étroit, à mesure que l’on avance vers le nord. En soulevant les couches inférieures, il les a fait passer à travers des couches qui primitivement leur étaient superposées, en déjetant celles-ci sur l’un et l’autre versans. Au Liban proprement dit, l’effort s’étant fait sur un espace plus resserré, n’a pas mis au jour le calcaire inférieur au sable, et celui-ci même ne paraîtrait pas si on ne l’apercevait dans une profonde coupure.
Le terrain le plus superficiel qui ait été porté au sommet est celui qui contient les oursins et quelques couches calcaires de la même formation supérieure à celle qui les renferme. Je ne crois cependant pas que l’on puisse en conclure qu’elle était la dernière déposée lors du soulèvement de la montagne. On a vu que le calcaire argileux et le calcaire fragmentaire de Tripoli lui étaient, selon moi, supérieurs. Ces deux calcaires paraissent avoir été écartés par les autres couches, et ne pas avoir laissé de lambeaux au sommet.
L’hypothèse d’un soulèvement me paraît la seule plausible : elle seule peut rendre compte du bouleversement considérable de la montagne, des nombreuses anomalies et des différences de niveau que l’on remarque à chaque pas dans les différens terrains. Par exemple, on trouve souvent que les deux côtés d’une vallée ne se correspondent pas quant au niveau des couches et à leur direction. C’est ainsi que sur le côté nord de la vallée du Chien la formation calcaire inférieure aux sables est à découvert depuis Antoura jusqu’au Mazra. De l’autre côté elle est recouverte par les sables sur lesquels sont bâtis Merondj et le Catai. Ceux-ci, quoique certainement supérieurs dans l’ordre géologique au calcaire dont je viens de parler, lui sont cependant inférieurs en hauteur absolue, si l’on compare les deux côtés de la vallée du Chien. Dans d’autres endroits on voit encore le calcaire inférieur s’élever comme une tranche entre deux collines dont les sommets sablonneux sont inférieurs, en hauteur, à cette crête dont la nature cependant ne laisse aucun doute sur sa position inférieure, géologiquement parlant, au terrain sablonneux.
Cette même hypothèse d’un soulèvement peut seule rendre compte des anomalies nombreuses que l’on observe dans les directions et les inclinaisons des couches. Pour en citer un exemple je dirai qu’au mont Liban on voit, au village de Sibaïl, des couches verticales, puis, tout à côté, des couches horizontales de la même nature sans qu’on puisse voir les rapports des strates les uns avec les autres. Le désordre s’accorde avec le trouble qu’a dû causer un soulèvement violent ; il répugne à l’idée d’un dépôt tranquille.
Telles sont mes observations sur la chaîne du Liban et les idées qu’elles ont fait naître en moi. Je suis loin de regarder ce travail comme complet ; ainsi j’ai beaucoup à regretter de n’avoir pu m’assurer autrement que par induction de l’identité des calcaires qui se trouvent au-dessus de Nahr el Leben, et de ceux qui se trouvent à l’embouchure du fleuve du Chien.
Parmi les assertions que contient ce mémoire, il y en a qui sont le résultat d’une observation immédiate, d’autres qui ne sont que des hypothèses auxquelles j’attache moi-même un plus ou moins grand degré de probabilité.
Ainsi les suites d’échantillons, d’après lesquels j’ai formé les tableaux 1 et 2, sont des faits sur l’exactitude desquels on peut compter. Je n’ai pas besoin de dire qu’il en est de même de tous les autres échantillons.
Le rapprochement entre le terrain d’Antoura et celui du Sannine n’est déjà plus un fait résultant d’une observation immédiate ; je suis cependant certain de sa justesse ; il en est de même de la suite des terrains le long de la côte jusqu’à Tripoli. On conçoit qu’au milieu des tours et des détours je n’ai pu les voir physiquement se recouvrir les uns les autres, mais cependant je crois que leur succession, telle que je l’ai donnée, est juste. La-coupe du Liban est un fait ; il n’en est pas de même de la discussion et de l’explication ; je n’oserais rien affirmer à leur égard. Tout ce qui se trouve sur le versant oriental est pour moi plus ou moins douteux ; cependant je crois assez fermement que le calcaire de Baalbec est le même que celui de Tripoli. Ce qu’il y a de plus obscur dans mon travail est ce qui regarde la base orientale du Sannine ; à l’égard de cette localité je n’ai pas moi-même d’opinion arrêtée.
P. S. Depuis que j’ai rédigé ce Mémoire je suis allé observer un fait dont je dois la première indication au docteur Hedenborg. Sur toute la côte, depuis Beirout ou el Arich jusqu’à Tripoli, on trouve d’espace en espace des poudingues ou grès argileux à grains de grosseur variable qui pour lui comme pour moi sont des formations nouvelles. Ils sont placés généralement, sous forme d’écueils, sur les plages sablonneuses, toujours inférieurs à la ligne où peut atteindre la mer, et sans aucuns rapports avec les roches calcaires de la côte. Mes échantillons ont été pris dans une petite baie sablonneuse entre Beirout et Antoura, auprès d’un petit café qu’on appelle Doukhâne el Doubbait. Les poudingues y sont en petits bancs irréguliers, toujours horizontaux, baignés par la mer, au milieu de sables tout-à-fait analogues à leur nature. Ce dépôt obstrue peu à peu les ports de la côte, et, sans qu’il y ait sur cette plage de coraux ou de madrépores, il forme quelques petits ports semblables à ceux qui se trouvent entre les bancs de coraux et les îles de la mer du Sud ; tel est celui de Sour et de Jaffa. Quand ils sortent de l’eau ils sont peu solides, mais se durcissent beaucoup à l’air, en sorte qu’un grand nombre de maisons le long de la côte en sont bâties. Comme à Saïde, Sour, Jaffa, el Arich, etc., du côté de Djibaïl, j’en ai vu des variétés jaunâtres qui m’ont paru entièrement semblables aux poudingues que j’ai observés à Palerme et à Messine, et qui sont généralement reconnus pour se former encore actuellement. Je n’en ai pas rencontré contenant des coquilles entières, ce qui coïncide avec leur rareté sur ces plages ; mais un des échantillons en offre des fragmens encore très frais. Parmi les grains, les uns sont siliceux, les autres calcaires. Le ciment qui les unit paraît être de la nature de ces derniers. Leur grosseur varie depuis celle d’une pomme jusqu’à celle du sable le plus fin. En considérant la position et la nature de ces poudingues, et en les comparant à ce que j’ai vu ailleurs, je suis resté convaincu de leur formation récente. Cependant je suis porté à croire qu’elle est alternative, c’est-à-dire qu’elle n’a pas lieu constamment, car ils sont généralement disposés par bancs, et ceux-ci montrent eux-mêmes une apparence de couches de duretés différentes comme sont celles qui forment le tronc d’un arbre.
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- ↑ Ce naturaliste, fils de l’historien italien, est maintenant entré au service du pacha d’Égypte, pour pouvoir étudier plus aisément les contrées d’Asie et d’Afrique soumises à ce vice-roi.
- ↑ Voyez planche XII, fig. 1. Les numéros correspondent à une suite d’échantillons envoyés par l’auteur à la société géologique.
- ↑ À l’embouchure du fleuve du Chien, l’auteur a trouvé du calcaire compacte à petites porosités et à peignes. (A. B.)
- ↑ Est-ce bien une couche ou un aggrégat postérieur ? (A. B.)
- ↑ Terrain crétacé inférieur.
- ↑ Grès vert.
- ↑ Calcaire jurassique supérieur.
- ↑ Voyez planche XII, figure 2.
- ↑ C’est sur les échantillons envoyés à la Société géologique par M. Botta, que M. A. Boué a reconnu la composition pyroxénique de ces boules.
- ↑ Voir le plan fig. 5 et la coupe fig. 4, pl. XII.
- ↑ En comparant les échantillons de roches et de fossiles envoyés par M. Botta, avec la collection des pays plus anciennement et plus complètement étudiés, il paraît à peu près certaiu que ces trois étages du Liban correspondent au terrain crétacé inférieur, au grès vert, et au calcaire jurassique supérieur. A. B.