Mémoires de la ville de Dourdan/Le paysage

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Le payſage.

Le payſage peut eſtre dict vn racourcy des beautez de la France, tant à cauſe de ſa ſituation que de ſes diuerſitez : Il n’eſt qu’à dix lieuës de Paris, au midy, compoſé d’vn vallon aſſez large & eſtendu qui va du couchant au leuant, dans le milieu duquel coule vne petite riuiere nommée Orge, qui prend ſon origine d’vne fontaine de Bertrandcour (vulgairement Breteucourt) & ſe groſſit par vne infinité de ſources & fontaines qu’elle rencontre en ſon chemin, leſquelles (auec la prairie, quelques eſtangs & quantité de petits boſquets entremeſlez) fourniſſent de grandes delices, & charment merueilleuſement ceux qui les ont vne fois veuës : Aux deux coſtez de ceſte prairie, & ſur les pendants du vallon, ſont terres labourables qui continuent juſques à la foreſt, laquelle s’eſtend au deſſus & couure les deux coſtaux en la largeur de demie lieuë ou enuiron : dans ceſte foreſt y a vn triage nommé Mineré, ainſi appellé à cauſe des mines de fer qui y ont eſté, & deſquelles les veſtiges reſtent encores aujourd’huy. A l’endroit de la ville de Dourdan ceſte agreable diuerſité eſt interrompuë par vne autre non moins plaiſante & profitable, qui eſt telle que de là en aual au lieu de foreſt les deux coſtaux ſont garnis de vignes qui produiſent de tres-bon vin, celles principalement du territoire de Chaſteau-pers (qui eſtoit anciennement nommé Cremaux,) pource que le ſoleil de midy les regarde directement & à plomb : Au delà de la foreſt & des vignes (du coſté de Septentrion) ſont petites campagnes entremeſlées de vallons & boccages, où ſe trouuent quantité de fruicts à cildre, & autres, & ſe nomme ce pays Hurpoix : & du coſté du Midy eſt vne raze campagne de dix-huict lieuës de long, & plus de large, nommée Beaulce, de la fertilité en bleds, de laquelle ie ne parleray point, pource qu’elle eſt aſſez cogneuë.