Mémoires extraits des recueils de l’Académie de Turin/Sur une nouvelle méthode de Calcul intégral pour les différentielles affectées d’un radical carré

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SUR UNE

NOUVELLE MÉTHODE DE CALCUL INTÉGRAL

POUR LES DIFFÉRENTIELLES AFFECTÉES D’UN RADICAL CARRÉ
SOUS LEQUEL LA VARIABLE NE PASSE PAS
LE QUATRIÈME DEGRÉ.


(Miscellanea Taurinensia, t. II, 1784-1785.)

On sait que toute formule différentielle qui contient un radical carré, où la variable n’a pas plus de deux dimensions, est intégrable par les logarithmes ou par les arcs circulaires ; car il est toujours possible de la réduire à une forme rationnelle, en faisant disparaître le radical par une substitution convenable. Mais cette réduction ne réussit plus en général, lorsque le radical contient des puissances de la variable plus hautes que la seconde, et l’intégration échappe alors aux méthodes connues. Si la plus haute de ces puissances ne monte pas au delà du quatrième degré, on peut dans plusieurs cas construire l’intégrale par les arcs des sections coniques. La recherche de ces cas a beaucoup occupé les Géomètres ; leur travail est avantageux aux progrès du Calcul intégral, parce qu’il sert à ramener à des classes déterminées un grand nombre de différentielles de formes différentes ; mais il n’est d’aucune utilité pour l’intégration effective de ces différentielles, car la rectification des sections coniques n’est encore connue que très-imparfaitement, attendu le peu de convergence des séries qu’on a trouvé jusqu’ici pour cet objet. Les séries sont à la vérité le seul moven de résoudre ce Problème, et en général de rappeler à l’intégration toutes les formules différentielles d’une forme essentiellement irrationnelle ; mais ce moyen n’est vraiment utile qu’autant qu’on peut rendre les séries toujours convergentes, et diminuer même à volonté l’erreur qui doit résulter des termes qu’on y néglige.

La méthode que je donne dans ce Mémoire joint à cet avantage celui d’être générale pour toutes les formules différentielles qui contiennent un radical carré, dans lequel la variable ne forme pas plus de quatre dimensions. Je commence par exposer la méthode dans toute son étendue ; j’en fais ensuite l’application à la rectification de l’ellipse et de l’hyperbole.

Exposition de la méthode.

1. Soit proposée la formule différentielle dans laquelle soit une fonction quelconque rationnelle de et d’un radical de la forme

que nous dénoterons, pour abréger, par Puisque est une fonction rationnelle de il est clair que ne peut être que de la forme

sont des fonctions rationnelles de Multipliant le haut et le bas par et faisant

on aura donc

et sont des fonctions rationnelles de De sorte que la différentielle proposée se trouvera partagée en deux parties, l’une toute rationnelle et qui s’intégrera par les logarithmes ou les arcs de cercle ; l’autre irrationnelle dans laquelle il n’y aura d’autre irra-

tionnalité que celle du radical et c’est à l’intégration de celle-ci que se réduit la difficulté d’intégrer la proposée.

2. Notre méthode demande que la formule différentielle ne contienne aucune puissance impaire de ainsi il faut commencer par les faire disparaître, s’il y en a.

Supposons d’abord que les termes et ne se trouvent point dans le radical il ne s’agira que de faire disparaître les puissances impaires de de la fonction rationnelle Or il est clair qu’elle peut se mettre sous la forme

sont des fonctions rationnelles et entières de c’est-à-dire des polynômes en sans puissances impaires. Multipliant donc le haut et le bas par et faisant, pour abréger,

on aura

et seront des fonctions rationnelles de De sorte que la différentielle se trouvera de nouveau partagée en deux, l’une qui a la condition demandée, l’autre qui est intégrable par les logarithmes ou les arcs de cercle, puisqu’en faisant elle devient

étant une fonction rationnelle de .

3. Supposons à présent que le radical contienne tous ses termes. Je remarque que le quinôme

peut toujours se mettre sous la forme

les deux trinômes et étant réels ; c’est ce qui est connu par la théorie des équations ; et l’on a pour la détermination des coefficients, en supposant

L’équation en étant du troisième degré avec le dernier terme négatif, a nécessairement une racine réelle positive qu’on prendra pour dans le radical il n’y a de difficulté que dans le cas de

où cette racine devient nulle ; alors on a

Si l’équation ayant son dernier terme négatif a nécessairement une racine réelle positive qu’on pourra prendre pour mais si alors on prendra la racine et l’on aura

[1].

Si n’était pas égal à on diviserait par les coefficients Cela posé, je fais

ce qui rend

et la différentielle à intégrer sera

étant une fonction rationnelle de Or l’équation entre et étant multipliée en croix et ensuite différentiée, donne

d’où l’on tire

Mais la même équation, ordonnée par rapport à donne par la résolution

en faisant

Ainsi la proposée se trouvera d’abord transformée en

ensuite, substituant dans pour sa valeur

et employant la réduction du no 1 pour faire disparaître le radical dans le dénominateur de il est visible que la différentielle dont il s’agit se décomposera naturellement en deux parties : l’une toute rationnelle, et

dont l’intégration n’a aucune difficulté, l’autre irrationnelle et de la forme

dans laquelle sera une fonction rationnelle de et qui sera par conséquent dans l’état demandé.

Il est bon de remarquer que, puisque la substitution employée donne

on est assuré que la nouvelle variable sera nécessairement réelle, tant que et seront réels. Cette condition de la réalité des variables introduites par des substitutions n’est pas nécessaire lorsqu’il s’agit d’intégrales exactes et absolues, parce qu’on a des moyens de faire disparaître ensuite les imaginaires ; mais elle devient indispensable dans les intégrations approchées, car on ne peut bien juger de la convergence d’une série, à moins que tous ses termes ne soient réels et évalués en nombres. Sans cette considération j’aurais pu résoudre le Problème précédent d’une manière plus simple, en substituant immédiatement à la place de et égalant ensuite à zéro les coefficients de et de dans le quinôme sous le signe radical ; on trouve de cette manière que et sont les racines d’une équation du second degré dont les deux coefficients dépendent eux-mêmes d’une équation du troisième ; mais, quoique celle-ci ait toujours une racine réelle, on n’est pas assuré que celle-là ait les siennes réelles aussi, ce qui est néanmoins nécessaire pour que la nouvelle variable y ne soit point imaginaire.

4. La différentielle à intégrer ne sera donc que de la forme

étant une fonction rationnelle de Or, notre méthode demande de plus que le trinôme

soit résoluble en deux binômes réels de la forme

ce qui exige que l’équation

ait ses deux racines réelles, et que par conséquent

Il faut donc résoudre encore le cas où

Pour cet effet j’emploie la substitution

laquelle donne

et, différentiant,

d’où l’on tire

mais la même équation étant ordonnée par rapport à et résolue à la manière des équations du second degré, donne

de sorte que la différentielle proposée se changera d’abord en

ensuite, substituant dans à la place de sa valeur

et faisant disparaître le radical du, dénominateur de il est clair que la transformée en y contiendra deux parties, une toute rationnelle et dont l’intégration n’aura aucune difficulté, et l’autre de la forme

sera une fonction rationnelle de

Or, puisque il est clair que le trinôme

est toujours résoluble en deux binômes réels, qui seront

le radical étant nécessairement réel à cause de Ainsi la différentielle

à laquelle nous avons réduit la proposée, aura la condition demandée qui manquait à celle-ci.

Il est clair aussi que la substitution employée ne rendra jamais la variable imaginaire tant que et le radical seront réels.

Au reste, la condition à laquelle nous venons de satisfaire se trouvera remplie d’elle-même par la transformation du no 3, toutes les fois que le quinôme sous le radical sera résoluble en deux facteurs simples réels et en deux imaginaires ; car si les deux équations

ont l’une des racines réelles et l’autre des racines imaginaires, les deux quantités seront de signes différents, et par conséquent les coefficients et du trinôme seront aussi de différents signes, en sorte que ce trinôme sera nécessairement résoluble en deux binômes réels.

5. De ce que nous venons de démontrer jusqu’ici, il s’ensuit que l’intégration de la différentielle proposée \mathrm Pdx se réduit toujours à celle d’une différentielle de la forme

est une fonction rationnelle de et où sont des coefficients quelconques réels. Ainsi, toute la difficulté ne consiste qu’a trouver l’intégrale de cette dernière différentielle. Quant à l’intégrale exacte, elle paraît impossible en général ; du moins l’analyse connue ne fournit aucun moyen pour l’obtenir. Mais il y a deux cas où elle se présente d’elle-même : le premier est celui où l’un des coefficients est nul, l’autre est celui où dans ce dernier l’irrationnalité disparaît, et dans le premier il ne reste que l’irrationnalité relative à la quadrature du cercle ou de l’hyperbole, et qu’on peut toujours faire disparaître par les méthodes connues. Si donc la proposée n’est pas exactement dans l’un de ces deux cas, mais seulement dans un cas très-voisin de l’un d’eux, c’est-à-dire si l’une des quantitées est très-petite, ou si elles sont à très-peu près égales, on pourra alors, au défaut d’une intégrale exacte, en avoir une très-approchée par le moyen des séries, et d’autant plus approchée que la quantité supposée très-petite le sera davantage, en disposant la série relativement aux puissances ascendantes de cette quantité. La méthode que je vais exposer a pour objet de ramener à cet état toute différentielle de la forme proposée, quels que soient les coefficients

6. Soit en général ou ce qu’on peut toujours supposer, puisque, si il n’y aurait qu’à échanger en et en

Je fais

ce qui donne

par où l’on voit d’abord que la nouvelle variable sera réelle tant que ce radical et la variable le seront.

La différentielle

se changera donc en

mais l’équation

étant différentiée donne

par conséquent

de plus, la même équation, ordonnée par rapport à et résolue à la manière des équations du second degré, donne

donc

Si donc on substitue cette quantité à la place de

et qu’on mette aussi dans l’expression de au lieu de sa valeur

en faisant disparaître le radical du dénominateur, s’il est nécessaire, on réduira la différentielle proposée

à la forme

et seront des fonctions toutes rationnelles de

Or le trinôme sous le signe

se résout dans les deux binômes

qui sont toujours réels à cause de ou car puisque

les facteurs et seront nécessairement de même signe ; donc aussi leur somme sera du même signe ; ainsi, et étant de même signe, leur produit sera toujours une quantité positive. On voit aussi que les deux quantités

sont de même signe, puisque leur produit est nécessairement positif ; et comme la demi-somme des mêmes quantités est

et que nous venons de voir que et sont de même signe, il s’ensuit que les deux quantités dont il s’agit seront toujours de même signe que

Si donc on fait

les signes supérieurs étant pour le cas de positif, et les inférieurs pour celui de négatif, les quantités et seront toujours réelles, et l’on aura, en tirant la racine carrée,

de sorte qu’on pourra toujours prendre et positives, et alors sera toujours plus grande que

Ainsi, la transformée de la proposée

sera

et seront des fonctions rationnelles de et des quantités réelles et positives dont l’une et le radical nécessairement réel, puisque est réelle tant que et la proposée sont réelles, comme on l’a vu ci-dessus.

De sorte que la difficulté ne consistera plus que dans l’intégration de la nouvelle différentielle


7. Dès qu’on est une fois parvenu à une différentielle de cette dernière forme, il n’y a plus qu’a continuer et répéter les substitutions et les transformations que nous venons d’enseigner ; et pour cela on pourra se servir des formules précédentes en y faisant

et ainsi de suite. Voici le tableau de ces opérations.

Soit

on fera successivement

en supposant, pour abréger,

on aura par là

et

Donc la différentielle se changera d’abord en et seront des fonctions rationnelles de ensuite la différentielle se changera pareillement en et étant aussi des fonctions rationnelles de et ainsi de suite. Et il est clair, d’après ce que nous avons démontré dans le numéro précédent, que et seront toujours réelles.

Il est bon de remarquer au reste que si la fonction est sans dénominateur, les fonctions dérivées et seront aussi entières et du même ordre, ou d’un ordre inférieur, car on aura, par les substitutions prescrites,

Il en sera de même des fonctions et ainsi des autres dérivées de celles-ci à l’infini.

Il est clair aussi que la même chose aura lieu pour les fonctions et relativement à la fonction d’où elles sont dérivées (6) ; de sorte que si celle-ci est elle-même sans dénominateur, toutes les fonctions seront aussi sans dénominateur, et d’un ordre égal ou inférieur, mais jamais supérieur à celui de la fonction primitive

8. De cette manière donc la différentielle à intégrer

se trouvera transformée en celle-ci

en désignant par les derniers termes des séries qu’on pourra continuer aussi loin qu’on voudra. Et comme les membres sont chacun intégrables en particulier, puisque est une fonction rationnelle de de il s’ensuit que l’intégration de la proposée sera

réduite à celle de la différentielle

dans laquelle est une fonction rationnelle de et de plus entière si la fonction primitive est sans dénominateur.

Voici maintenant l’avantage de cette réduction. On a vu (6) que et sont des quantités positives telles donc, puisque

il est clair que et seront aussi positives, et et à plus forte raison De même, ayant

il s’ensuit que et ainsi de suite. D’où l’on conclura en général que les quantités forment une série croissante à l’infini, et que les quantités forment une série correspondante, mais décroissante jusqu’à zéro.

Et il est bon d’observer que si l’on prend les sommes et les différences des termes correspondants dans ces deux séries, en faisant

ce qui donne

on aura

de sorte que dans les séries les termes correspondants seront toujours moyens proportionnels, arithmétiques et géométriques, entre les doubles des termes qui les précèdent.

On peut donc continuer ces séries jusqu’à ce qu’on arrive à des termes dont le second soit aussi petit qu’on voudra ; alors, prenant ces termes pour et on pourra, dans la différentielle correspondante

supposer nul, ce qui la réduira à

intégrable par les logarithmes ou par les arcs de cercle, selon que le signe supérieur ou l’inférieur aura lieu.

9. Mais comme la petitesse du terme ne dépend pas seulement du coefficient mais aussi de la valeur qu’on donne à la variable pour avoir dans tous les cas une approximation sûre, on fera et ce qui changera la différentielle

en nommant ce que devient par la substitution de à la place de

Or, depuis jusqu’à et il est clair que le terme sera moindre que par conséquent, en négligeant ce terme, on sera assuré de ne négliger que des quantités de l’ordre de

D’ailleurs il est visible que la valeur du radical sera nécessairement renfermée entre ces deux-ci, et par conséquent, l’intégrale de la différentielle

aura pour limites celle de la différentielle et cette même inté-

grale divisée par Ainsi, comme on est le maître de rendre la valeur de aussi petite que l’on veut, on pourra aussi resserrer à volonté les limites dont il s’agit.

Si cependant on voulait s’arrêter à une valeur de qui ne fût pas assez petite pour fournir des limites données, il n’y aurait qu’à résoudre en série le radical

et prendre autant de termes qu’on le jugerait à propos.

Cette série est, comme on sait,

Soit \varpi le nombre des termes qu’on en veut prendre et le dernier de ces termes ; pour embrasser tous les termes suivants, il faudrait multiplier par la série

or cette série est évidemment toujours renfermée entre ces limites et c’est-à-dire entre et Donc, en général, la somme exacte de tous les termes de la série continuée à l’infini sera toujours renfermée entre la valeur de la somme d’un certain nombre de termes pris depuis le commencement, et la valeur de la somme des mêmes termes, mais en divisant le dernier par


Par conséquent, l’erreur résultant des termes qu’on aura négligés sera toujours moindre que la valeur du dernier terme multiplié par ainsi l’on peut l’apprécier facilement et la diminuer à volonté.

Il serait facile au reste de trouver des limites plus exactes et plus resserrées, mais cela n’est pas nécessaire ici, où l’on suppose que est une quantité fort petite et même aussi petite que l’on veut.

Mais depuis jusqu’à le terme étant toujours l’approximation précédente ne saurait plus avoir lieu. On fera donc alors et la différentielle

se changera en

étant ce que devient par la substitution de à la place de Cette transformée est, comme on voit, semblable à la différentielle en du moins pour la partie irrationnelle, et la variable est ici renfermée entre les limites et comme la variable l’était ci-dessus ; ainsi l’on pourra traiter cette différentielle en de la même manière que l’autre en

Donc, en général, si l’intégration doit s’étendre depuis jusqu’à on distinguera trois cas : 1o lorsque et sont renfermées entre et on aura alors le cas de 2o lorsque et sont renfermées entre et ou et ce sera le cas de et l’on emploiera la substitution laquelle rendra 3o lorsque sera entre les premières limites et entre les secondes, ou réciproquement ; dans ce cas il faudra partager l’intégrale en deux parties, la première qui s’étende depuis jusqu’à et la seconde depuis jusqu’à et chacune de ces parties rentrera, comme on voit, dans l’un des cas précédents.

10. Au reste il est à propos d’observer que quand on a à intégrer une différentielle en série de la forme

et étant des fonctions de et des coefficients constants, au lieu d’intégrer chaque terme à part, ce qui demande souvent

des réductions pénibles, il suffit (

a étant une constante indéterminée) d’intégrer tout d’un coup la différentielle

dont l’intégration n’est guère plus difficile que celle de surtout si est une fonction rationnelle. Alors, nommant l’intégrale complétée d’après les conditions du Problème, il n’y aura qu’à dégager la quantité en développant par les méthodes connues la fonction dans une série de la forme

et l’on aura pour l’intégrale de la proposée la série

On sait que l’on a, en faisant après les différentiations,

Donc l’intégrale cherchée sera aussi représentée par

en faisant varier seul dans et supposant ensuite

11. Reprenons les transformations du no 7, et remarquons que, puisque les deux séries sont divergentes l’une par rapport à l’autre (8), si on les continue en arrière ainsi : elles deviendront convergentes, en sorte qu’on parviendra à des termes et égaux, ou presque égaux entre eux ; ce qui fera rentrer la différentielle correspondante

dans le second cas d’intégration dont on a parlé dans le no 5. Voici pour cela le procédé du calcul.

On fera

ce qui donne

De sorte qu’il est très-facile de continuer les séries aussi loin que l’on veut, puisque les termes correspondants sont toujours moyens arithmétiques et géométriques entre les deux précédents. Et l’on voit en même temps que, quelle que soit la différence des deux premiers termes elle doit aller toujours en diminuant dans les termes suivants, jusqu’à devenir nulle ; car étant on a évidemment et en même temps puisque

donc aussi et et ainsi de suite ; en sorte que la série est décroissante, et la série est au contraire croissante, mais toujours séparée de l’autre par un intervalle qui diminue à l’infini.

12. Cela posé, on fera successivement

en supposant

ce qui donnera (7)

et

Et l’on observera que les nouvelles variables seront nécessairement réelles, ainsi que les radicaux

Car d’abord il est clair que, et étant réels, sera réelle : et l’on voit en même temps que lorsque les signes supérieurs ont lieu, la valeur de sera positive, puisque dans ce cas est évidemment lorsque les signes inférieurs ont lieu, on aura car en mettant pour sa valeur et prenant les carrés, on aura d’un côté

savoir

et de l’autre

en sorte que l’excès de sur sera quantité toujours positive ; donc, comme dans ce cas

il s’ensuit que la valeur de sera aussi positive. Donc sera réelle dans l’un et l’autre cas. Donc aussi sera réel en vertu de l’équation

Et de là on démontrera pareillement la réalité de et de et ainsi des autres.

Par les substitutions précédentes, la différentielle se changera donc d’abord en et étant des fonctions rationnelles de ensuite la différentielle se changera de même en

et étant aussi des fonctions rationnelles de et ainsi de suite.

Donc la différentielle

du no 5 se trouvera transformée en celle-ci

en nommant les derniers termes des séries

et comme les membres sont chacun intégrables en particulier, l’intégration de la proposée sera ainsi réduite à celle de la nouvelle différentielle

est une fonction rationnelle de et où et sont des constantes aussi peu différentes entre elles qu’on voudra.

13. Il faut remarquer encore que lorsque est une fonction sans dénominateur, on peut toujours réduire à n’être qu’une pareille fonction, et du même ordre ; car on a d’abord

Ensuite, avant

on aura

Maintenant, l’équation

étant carrée, si l’on y substitue à la place de sa valeur en et qu’ensuite on substitue aussi pour dans les termes qui ne contiennent point la valeur ci-dessus, on en tirera

en supposant

Ainsi l’on aura

On réduira de la même manière, par des substitutions successives, à la forme sera une fonction rationnelle et entière de de l’ordre quatrième, sixième, …, et sera une pareille fonction de de l’ordre sixième, huitième, … ; et l’on aura par conséquent aussi

et ainsi de suite.

D’où l’on voit qu’en général la différentielle

se réduira toujours à la différentielle

sera une fonction rationnelle et entière de

On fera les mêmes opérations sur les autres transformées en et l’on en conclura en général que si dans la différentielle primitive

est une fonction sans dénominateur, auquel cas nous avons déjà démontré plus haut que sera aussi une fonction de même forme et de même ordre, cette fonction sera réductible à celle-ci

dans laquelle sera une fonction rationnelle et entière de et une fonction rationnelle et entière de du même ordre que la fonction

14. Il ne s’agira donc plus que d’intégrer la différentielle

dans laquelle et seront des quantités aussi peu différentes entre elles qu’on voudra ; et il est d’abord clair qu’en les supposant égales l’irrationnalité disparaîtra, et l’intégration n’aura plus de difficulté. En même temps il est visible que puisque le radical sera nécessairement renfermé entre les deux quantités et par conséquent, l’intégrale de la proposée aura pour limites

les intégrales de et de limites qu’on pourra resserrer autant qu’on voudra, puisqu’on est le maître de diminuer à volonté la différence de et

Mais si l’on voulait tenir compte de l’effet de cette différence, il n’y aurait qu’à y employer la méthode ordinaire des séries ; et, pour en rendre l’emploi plus exact relativement à la différentielle proposée, on la mettra d’abord sous la forme

ensuite on supposera

c’est-à-dire

en sorte que sera une quantité fort petite de l’ordre de et la différentielle en question se changera en celle-ci

laquelle, par le développement du radical, deviendra

série dont chaque terme est rationnel et par conséquent intégrable par les arcs de cercle ou par les logarithmes selon que le signe supérieur ou l’inférieur aura lieu.

Mais, pour n’avoir pas à intégrer à part chaque terme de cette série, on intégrera la différentielle

étant une constante indéterminée, et, nommant l’intégrale complétée suivant les conditions des Problèmes, on dégagera ensuite en développant dans une série de la forme

on aura alors, pour l’intégrale de la série dont il s’agit, celle-ci

Cette série sera, comme on voit, fort convergente lorsque sera une très-petite quantité ; en sorte qu’il suffira le plus souvent de n’en prendre qu’un ou deux termes. Il y a cependant un cas où l’approximation serait toujours inexacte, quelque petite que fût la quantité c’est celui où, en prenant dans la formule le signe inférieur, on aurait dans l’un des termes de l’intégrale étant une quantité du même ordre que alors serait une quantité du même ordre que et par conséquent la série cesserait d’être convergente.

15. Pour résoudre ce cas d’une manière générale, je considère la formule

dans laquelle la différence entre et est supposée très-petite, et qui doit être intégrée depuis jusqu’à les quantités étant l’une ou l’autre, ou toutes deux, peu différentes de

Supposons d’abord l’une de ces quantités peu différente de et par conséquent aussi de tandis que l’autre est assez différente de comme la quantité sous le signe est

et que

on pourra donner à la différentielle cette forme

et il est clair que sera toujours très-petite vis-à-vis de en sorte que la résolution du radical

ne sera sujette à aucun inconvénient. On aura donc à intégrer la formule

dont chaque terme est intégrable par les logarithmes ou les arcs de cercle.

Si l’une des quantité était peu différente de on donnerait alors au radical la forme

et l’on aurait à intégrer cette autre série

qu’on voit être nécessairement convergente, et dont l’intégration est toujours facile.

Enfin, si l’une des quantités était très-proche de et que l’autre fût en même temps peu différente de on partagerait alors l’intégrale en deux parties, dont l’une se prendrait depuis jusqu’à zéro et l’autre depuis zéro jusqu’à et pour la première on emploierait la première série, et pour la seconde la seconde série.

16. Nous finirons par présenter encore un moyen de simplification relativement à la manière de compléter l’intégrale cherchée. Nous remonterons pour cela à la différentielle en y du no 6, et nous remarquerons que si l’intégration de cette différentielle doit commencer au point où alors, comme donne aussi ainsi que toutes les autres différentielles transformées devront aussi commencer au point où leur variable sera nulle ; de sorte qu’il n’y aura dans ce cas aucune constante à ajouter. Mais si l’intégration doit commencer dans un autre point quelconque, il faudra alors, pour compléter l’intégrale, en retrancher la valeur correspondant à ce point, ce qui rendra l’intégrale moins simple et même quelquefois sujette à des difficultés, si la valeur de devait être infinie au commencement de l’intégration.

On obviera en général à ces inconvénients en ramenant tous les cas au premier, c’est-à-dire à celui où l’intégrale commence à Pour cet effet, soit la valeur de au point où l’on veut faire commencer l’intégration de la différentielle

on substituera au lieu de une autre variable déterminée par l’équation

laquelle donne

et réciproquement

où l’on voit que donne et que donne

Or l’équation précédente, étant différentiée et divisée en croix, donne

et, mettant dans le dénominateur de la valeur précédente de en ainsi que dans le dénominateur de la valeur de en on aura

Soit maintenant

on aura par la même équation

en faisant

De là on aura

par conséquent

Qu’on substitue cette valeur de dans la quantité qui est supposée une fonction rationnelle de et faisant disparaître le radical du dénominateur s’il y en a un, il viendra

et étant des fonctions rationnelles de et

Et, comme la valeur de ne diffère de celle de que par le signe du radical, il est visible que sera pareillement la valeur d’une fonction de semblable à la fonction de de sorte qu’on aura

et, par conséquent,

Or est, comme nous venons de le voir, une fonction rationnelle de et de donc, en y substituant pour sa valeur en trouvée ci-dessus, on aura pour une fonction rationnelle de De plus, et les valeurs de et de données plus haut étant multipliées l’une par l’autre par et ensuite retranchées l’une de l’autre, on a

donc

cette équation étant combinée avec l’équation différentielle

on aura (à cause de )

où la partie est intégrable, puisque est une fonction rationnelle de

De cette manière, la substitution de à la place de réduit l’intégration de la différentielle proposée à celle d’une autre différentielle semblable, puisque est une fonction de semblable à la fonction de et elle a en même temps cet avantage que l’intégration relative à commencera toujours à quelle que soit la valeur initiale de

17. Par la méthode générale que nous venons d’exposer, on est donc assuré de pouvoir intégrer aussi exactement qu’on voudra toute différen tielle affectée d’un radical carré, où la variable sous le signe monte jusqu’à la quatrième puissance) ; ce qui est le cas d’un grand nombre de Problèmes géométriques et mécaniques qu’on ne pouvait résoudre jusqu’ici que d’une manière incomplète et limitée.

Comme cette méthode est d’un genre assez nouveau, et qu’on pourrait rencontrer encore quelques difficultés dans son usage, nous allons appliquer en détail à la rectification des arcs elliptiques et hyperboliques.

Rectification de l’ellipse et de l’hyperbole.

18. Soit, dans une ellipse dont le demi-grand axe est pris pour l’unité et le demi-petit axe est l’abscisse prise du centre sur le grand axe, on aura l’ordonnée rectangle

et l’élément de l’arc elliptique sera

en faisant l’excentricité de l’ellipse.

Cette expression trouvée pour l’ellipse a lieu également pour l’hyperbole ; tant que elle se rapporte à l’ellipse, et si elle appartient alors à l’hyperbole, dans laquelle, le demi-petit axe devenant imaginaire, est une quantité négative, et par conséquent

19. Lorsque est une quantité fort petite ou très-peu différente de l’unité, on peut, dans l’expression de l’élément de l’arc, réduire le radical du numérateur en une série convergente, et-ensuite intégrer chaque terme en particulier par les méthodes connues ; mais à mesure qu’on s’éloigne de ces deux cas, la convergence des séries diminue, et il faudrait souvent pousser les séries très-loin pour avoir des déterminations de l’arc suffisamment exactes. Feu M. Euler a donné pour ces deux cas, dans ses Opuscules, des séries qui représentent le quart de l’ellipse.

Le premier n’a point de difficulté, parce que la série est toujours convergente lorsque est une petite quantité, la variable ne pouvant jamais excéder l’unité. Il n’en est pas de même du second ; car en supposant peu différent de l’unité et mettant en conséquence le radical sous la forme il est clair que la série dans laquelle on développerait ce radical en prenant pour premier terme, et pour second terme, cessera d’être convergente près du sommet de l’ellipse où est une quantité très-petite ou nulle, et qu’ainsi elle ne pourra servir pour déterminer la longueur du quart entier de l’ellipse, mais seulement pour une partie de cette longueur. M. Euler n’a résolu ce cas que par des méthodes indirectes ; mais, comme il est analogue à celui dont nous avons traité dans le no 15, il peut l’être par des principes semblables.

Pour ne rien laisser à désirer ici sur l’objet présent, nous allons donner succinctement la solution des deux cas dont il s’agit, en présentant les formules les plus simples et les plus générales pour la rectification des ellipses peu excentriques ou très-aplaties.

20. Et d’abord, lorsque l’excentricité de l’ellipse proposée est fort petite, il n’y aura qu’à résoudre le radical en série à la manière ordinaire, et la différentielle de l’arc elliptique deviendra

dont chaque terme est intégrable.

En effet, on a, par les réductions connues,

et ainsi de suite.

Mais on peut avoir directement l’intégrale de toute la série par la méthode du no 10, en intégrant simplement la différentielle

laquelle, en supposant se change en celle-ci

dont l’intégrale est de sorte que l’intégrale de la proposée sera

et comme cette intégrale s’évanouit d’elle-même lorsque elle ne demande point de constante.

Dénotant donc en général cette quantité par il n’y aura qu’a regarder comme une fonction de et à la résoudre en une série ascendante de la forme,

soit par la méthode des séries, soit par des différentiations relatives à on aura alors, pour l’arc elliptique répondant à l’abscisse prise du centre sur le grand axe, la formule

Pour avoir le quart entier de l’ellipse, on fera ce qui donne

en désignant par l’angle droit ou le quart d’un cercle dont le rayon est l’unité. On aura donc dans ce cas, en résolvant en série,

par conséquent, le quart d’ellipse sera exprimé par la série

qu’on voit être toujours convergente lorsque est une fraction assez petite.

21. Supposons maintenant peu différente de l’unité, ce qui est le cas d’une ellipse ou d’une hyperbole très-aplatie suivant que sera ou on mettra alors la différentielle sous la forme

et l’on représentera le radical ainsi où l’on voit qu’à cause de très-petite, le terme sera toujours fort petit du même ordre dans tout le quart d’ellipse où croît depuis jusqu’à de sorte que la réduction de ce radical en série ne sera sujette à aucune difficulté.

Mais, pour rendre le calcul plus simple, on donnera au même radical la forme et faisant on aura à intégrer la différentielle en série

dont chaque terme est intégrable en partie algébriquement et en partie par logarithmes.

Suivant la méthode du no 10, il n’y aura donc qu’à intégrer la différentielle

qu’on nommera et à résoudre ensuite la quantité regardée comme une fonction de en une série ascendante de la forme

alors on aura sur-le-champ la série

pour l’intégrale de la différentielle proposée, c’est-à-dire pour la longueur de l’arc elliptique ou hyperbolique.

Or, comme

on aura

et faisant ce qui donne

on aura

donc, en intégrant par les méthodes connues,

Cette intégrale est nulle lorsque auquel cas ainsi elle répond aux arcs elliptiques ou hyperboliques pris depuis le sommet ou l’extrémité du grand axe ; mais, dans le cas de l’ellipse, il faudra prendre l’expression de l’arc négativement puisqu’il diminue tandis que l’abscisse augmente. On aura donc en général, pour l’arc d’ellipse ou d’hyperbole pris depuis le sommet et terminé au point qui répond à l’abscisse prise du centre, la valeur en série

les signes supérieurs étant pour l’ellipse où et les inférieurs pour l’hyperbole où Et pour avoir le quart entier de l’ellipse il faudra faire et par conséquent

Au reste, puisque est le développement de la fonction on voit d’abord qu’on aura

et les quantités suivantes seront les coefficients des puissances dans le développement de la fonction

coefficients qu’on trouvera aisément par la méthode des séries, ou par des différentiations successives.

22. Après avoir ainsi résolu d’une manière nouvelle et plus simple qu’on ne l’avait Fait, les deux cas extrêmes de la rectification des arcs elliptiques et hyperboliques, nous allons appliquer notre méthode générale à la rectification d’une ellipse ou d’une hyperbole quelconque.

Et d’abord il est clair que la différentielle à intégrer étant (18)

il n’y aura qu’à multiplier le haut et le bas de la fraction par pour la ramener à la forme de celle du no 6, laquelle sera dans notre cas

Mais, pour rendre le calcul plus général, nous nous proposerons la différentielle

dans laquelle on suppose ainsi pour l’ellipse on prendra et pour l’hyperbole

On fera donc, conformément aux transformations du no 7,

en supposant

et l’on aura par là

seront nécessairement réels, puisque et le sont.

Par ces substitutions la différentielle deviendra successivement

et ainsi de suite, en faisant, pour abréger,

Donc, en général, si est un terme quelconque de la série et les deux termes correspondants dans les séries et et les deux termes qui les précèdent dans les mêmes séries, la différentielle proposée sera transformée en celle-ci

dans laquelle on aura

23. Maintenant pour l’ellipse on a

ainsi les nombres forment une série croissante depuis l’unité, et les nombres correspondants forment une série décroissante depuis la valeur de l’excentricité (8). Or, par la nature de l’ellipse, la variable est renfermée entre et donc on aura

par conséquent

donc aussi

car

et de là

et ainsi de suite.

Donc étant des quantités positives, la réalité déjà démontrée des radicaux demande que les facteurs corrélatifs soient positifs ; par conséquent on aura donc aussi

Puis donc que on pourra faire et la différentielle deviendra

où l’on voit que le radical ne sera jamais ni ni de sorte que l’intégrale de la différentielle dont il s’agit aura pour limites celle de

laquelle est

et cette même intégrale divisée par limites qu’on pourra resserrer autant qu’on voudra, en diminuant de plus en plus la valeur de par la continuation des séries et

Mais, pour approcher davantage de la vraie valeur de l’intégrale en question, il n’y aura qu’à développer le radical par la méthode ordinaire, et la différentielle proposée deviendra

dont l’intégrale sera

en faisant

Donc, puisque rend par conséquent aussi on aura pour la valeur de l’arc elliptique qui répond à l’abscisse prise depuis le centre sur le grand axe,

en faisant, dans les formules du numéro précédent,

24. Il y a cependant une remarque importante à faire sur l’emploi de cette valeur : comme l’angle n’est déterminé que par son sinus il est clair qu’il peut avoir une infinité de valeurs différentes, et l’on voit aussi que les valeurs de peuvent être également positives et négatives à cause de l’ambiguïté des radicaux qui entrent dans leurs expressions, de sorte que le signe de est aussi indéterminé.

Nous remarquerons donc que, puisque

et que est toujours positif depuis jusqu’à que, de plus,

le radical ne peut devenir nul, ni par conséquent changer de signe, il faut que soit positif en même temps que par conséquent, l’angle qu’on a vu être nul lorsque devra être toujours positif et augmenter continuellement depuis jusqu’à de sorte que la valeur de répondant à une valeur de sera nécessairement toujours plus grande ou moindre que celle qui répondra à une plus grande ou moindre valeur de Or, à cause de l’ambiguïté du signe des radicaux il est clair que les valeurs de en de en sont chacune doubles (22) ; de manière que la valeur de en sera double, celle de en sera quadruple, et qu’en général la valeur de en sera en dénotant par l’exposant du rang de dans la série Donc, quoique toutes ces valeurs de répondent à une même valeur de elles ne répondront pas pour cela au même angle mais, en les rangeant suivant l’ordre de leur grandeurs, la plus petite répondra au plus petit angle, qui aura pour sinus (en supposant ce sinus positif), et que nous dénoterons par les autres répondront aux angles suivants, qui auront pour sinus Ainsi, la seconde répondra à l’angle la troisième à l’angle la quatrième à l’angle et ainsi de suite ; et, en général, la ième répondra à l’angle ou selon que sera impair ou pair.

Il s’ensuit de là qu’après avoir déduit de la valeur donnée de celle de par les formules

lesquelles ne donnent chacune qu’une valeur simple, il faudra remonter de celle-ci à celle-là par les formules

en commençant par la dernière et avant soin de donner aux radicaux

les signes et ce qui donnera toujours des valeurs doubles, en sorte qu’il en résultera valeurs différentes de toutes positives (12) et renfermées entre les mêmes limites et parmi lesquelles se trouvera donc nécessairement la valeur donnée de

Soit l’exposant du rang que celle-ci tiendra parmi toutes ces valeurs rangées selon leur grandeur, à commencer par la plus petite, on fera donc

selon que sera impair ou pair, en prenant pour l’angle qui dans les tables, répond à

À l’égard des signes qu’il faudra donner ensuite aux valeurs même de on les déterminera toujours par les expressions

en prenant les radicaux avec les signes qui répondent à la valeur donnée de et il est clair que puisque l’on a ici les signes de seront les mêmes que ceux de ou (puisque est positif) de

25. Pour avoir le quart entier de l’ellipse, on fera ce qui donne par conséquent aussi et, comme cette valeur est la plus grande que puisse avoir, on aura nécessairement dans ce cas donc, et Donc la longueur du quart de l’ellipse sera exprimée simplement par

Si l’ellipse devenait circulaire, on aurait alors donc et, de là, et comme, dans ce cas, on aurait aussi donc ce qui réduirait l’équation précédente à comme elle doit être.

26. Au reste, cette multiplicité des valeurs de qui répondent à une même valeur de fait qu’on a tout d’un coup, et par une même formule, non-seulement la longueur de l’arc elliptique qui répond à l’abscisse donnée, mais encore celle des arcs qui répondent à différentes autres abscisses ; et si c’est un inconvénient dans le cas où l’on ne demande que l’arc d’une abscisse donnée, ce sera au contraire un avantage lorsqu’on voudra construire une table de la longueur des arcs pour toutes les abscisses. Nous verrons d’ailleurs que cette multiplicité de valeurs cesse d’avoir lieu lorsqu’on emploie les transformations du no 2, lesquelles conduisent à des différentielles intégrables par les logarithmes.

27. Pour l’hyperbole où et aussi on mettra d’abord, pour éviter les imaginaires, l’élément de l’arc sous cette forme

multipliant ensuite le haut et le bas par, on aura la différentielle

qui se rapporte à la formule

du no 22, en y faisant Ainsi, les nombres augmenteront depuis la valeur de et les nombres iront en diminuant depuis l’unité.

Or, puisque par la nature de l’hyperbole, on aura

par conséquent,

et de là on trouvera aussi

et ainsi de suite.

Donc, étant des quantités négatives, la réalité déjà prouvée des radicaux demande que les facteurs corrélatifs soient aussi négatifs ; donc on aura

par conséquent,

et de là

On pourra donc supposer c’est-à-dire et cette substitution changera la différentielle

en celle-ci

dont l’intégrale aura évidemment pour limites celle de

et cette même intégrale divisée par

Mais, pour avoir une valeur plus approchée, on réduira en série le radical et la différentielle deviendra

dont l’intégrale est

en supposant

Ainsi, il n’y aura qu’a ajouter à cette intégrale la partie algébrique

conformément aux formules du no 22, et en y faisant

pour avoir l’expression complète de l’arc hyperbolique.

28. Mais il faut faire ici des remarques semblables à celles du no 24. On remarquera donc que, puisque la différentielle est transformée en

l’angle diminuera continuellement tandis que augmente, de sorte que, comme (22) donne et par conséquent l’angle sera toujours négatif depuis le point où

c’est-à-dire depuis le sommet de l’hyperbole ; de sorte qu’en changeant le signe de dans l’expression précédente, l’angle croîtra toujours avec l’arc hyperbolique compté depuis le sommet, et l’on y pourra appliquer la règle donnée dans le numéro cité.

Ainsi, nommant l’angle tabulaire qui aura pour sinus (en supposant ce sinus positif) et l’exposant du rang que la valeur donnée de tiendra parmi toutes celles qui répondent à la valeur trouvée de après les avoir rangées suivant l’ordre de leur grandeur, à commencer par la plus petite, on fera

suivant que sera impair ou pair.

Et, pour les signes de on les déterminera, d’après ceux des radicaux par les formules

de sorte que, comme sont des quantités toujours négatives, ainsi qu’on l’a démontré dans le numéro précédent, il est clair que les signes de seront les mêmes que ceux de ou (puisque est positif) de

D’après ces déterminations, on aura donc, pour la valeur de l’arc hyperbolique (en changeant le signe de ),

et, comme cette formule devient nulle lorsque (ce que nous allons démontrer), il s’ensuit qu’elle représentera exactement l’arc hyperbolique pris depuis le sommet de l’hyperbole, et qui répondra à l’abscisse comptée depuis le centre sur le grand axe.

29. Pour voir ce que cette formule donne lorsque auquel cas on a il faut chercher les expressions de en et, pour cela, il faut commencer par chercher celles des radicaux Or, puisque à répond il est d’abord clair que dans l’expression de en il faut donner au radical une valéur positive ; ayant

on aura, lorsque

de sorte qu’à cause de la valeur de sera

mais donc

Au contraire, puisque à il répond aussi il faudra, dans l’expression de en donner au radical une valeur négative ; car, en prenant sa valeur positive, on trouverait aussi et, par la même raison, il faudra prendre négativement les valeurs de tous les radicaux suivants

On aura done, lorsque et infinis,

et, ces valeurs étant substituées dans les expressions

on aura (en rejetant les termes que la supposition infinis rend nuls)

donc aussi

Par conséquent, à cause de les termes deviendront et le terme deviendra en supposant

D’un autre côté, puisque on a, lorsque donc

donc, comme

on aura

La formule du numéro précédent deviendra done, par ces substitutions,

dont la valeur est évidemment nulle, puisque

30. Au reste, pour éviter l’embarras que peuvent causer, dans le calcul de la longueur des arcs hyperboliques, les valeurs fort grandes des quantités près du sommet de l’hyperbole où diffère peu de on peut employer la transformation indiquée dans le no 16, par le moyen de laquelle la différentielle à intégrer se trouve réduite à une autre de la même forme, mais dont la variable sera renfermée, pour toute l’étendue de l’hyperbole, entre et

Pour cet effet on fera, dans les formules du numéro que nous venons de citer, et prenant les signes inférieurs, on aura, pour la nouvelle variable l’expression

qu’on voit être égale à zéro lorsque et égale à lorsque de sorte que la valeur de commencera avec l’arc hyperbolique et ira ensuite en augmentant avec lui jusqu’au maximum qui répondra à la branche infinie de l’hyperbole.

Par cette substitution, la différentielle

sera transformée en

en supposant que la fonction devienne par la substitution de à la place de et faisant à cause de et ce qui donnera et par conséquent

Ainsi, l’arc hyperbolique répondant à l’abscisse sera égal à la quantité algébrique

moins l’intégrale de

prise depuis Et il est évident que cette différentielle rentre dans le cas de celle de l’arc elliptique, dont nous avons donné l’intégrale dans le no 23 : car si l’on fait elle devient

en sorte qu’il n’y aura qu’a supposer dans les formules de ce numéro

et prendre l’intégrale depuis jusqu’à pour toute la longueur de l’arc hyperbolique.

À l’égard de la partie algébrique il n’est pas difficile de voir qu’elle représente la tangente à l’hyperbole prise entre le point de contact et la rencontre de la perpendiculaire menée du centre de l’hyperbole sur la même tangente ; car la partie de la tangente prise entre la courbe et l’axe est et la partie entre l’axe et la perpendiculaire est dont la somme est Ainsi, l’intégrale de

exprimera proprement la différence ou l’excès de la tangente prise entre la courbe et la perpendiculaire menée du centre sur l’arc hyperbolique qui répond à cette tangente.

31. Nous avons employé jusqu’ici, pour la rectification de l’ellipse et de l’hyperbole, les transformations qui servent à augmenter l’inégalité des facteurs sous le signe ; nous allons maintenant faire usage de celles qui diminuent cette inégalité, et que nous avons exposées dans le no 11 et les suivants, et nous les appliquerons d’abord en général à la formule

On fera donc

en supposant

ce qui donnera

et, par le no 13,

où les nouvelles variables seront nécessairement réelles, ainsi que les quantités radicales (no 12).

Ainsi, la différentielle deviendra successivement

et ainsi de suite, en faisant, pour abréger,

De sorte que si est un terme quelconque de la série le terme qui le précède dans la même série, et les deux termes correspondants des séries les termes qui les précèdent, la différentielle proposée sera transformée en celle-ci

dans laquelle on aura

32. Pour l’ellipse, on fera, comme dans le no 23, et les nombres formeront donc deux séries, la première descendante depuis l’unité, et la seconde ascendante depuis la valeur de l’excentricité, lesquelles se trouveront toujours séparées par un intervalle qui ira en diminuant de plus en plus, en sorte que les termes retsseront renfermés entre et et approcheront d’autant plus de l’égalité que le nombre des termes qui les précèdent sera plus grand.

Et il est facile de se convaincre par le calcul que, quelque petite que soit la valeur de peu de termes suffiront pour rendre les valeurs de et presque égales.

Or, dans l’ellipse, on a ou donc sera en sorte que sera mais comme on peut s’en convaincre par le calcul, à cause de donc et ainsi, comme on aura

D’où l’on voit que étant on aura nécessairement et cela, soit qu’on prenne dans la valeur de le radical positif ou négatif.

Or, étant on aura donc aussi et de là on trouvera, par un raisonnement semblable, et ainsi de suite. Donc et à plus forte raison

On pourra donc-supposer ce qui changera la différentielle en celle-ci

en celle-ci

qui sera, comme on voit, toujours plus petite que

dont l’intégrale est

De même, en faisant on aura la transformée

qui sera par conséquent plus grande que

dont l’intégrale est pareillement

De sorte qu’on aura parce moyen deux limites entre lesquelles la valeur de l’intégrale de la différentielle en question sera nécessairement renfermée, et qui seront d’autant plus resserrées que les coefficients et seront moins inégaux.

Mais, pour avoir une intégrale plus approchée, on emploiera les séries, et pour cet effet il sera à propos de faire ce qui réduira la différentielle

à cette forme

en supposant

Or, le coefficient étant fort petit, on pourra réduire en série le radical de sorte que la différentielle deviendra

laquelle, à cause de

est réductible à cette forme plus simple

et aura pour intégrale

en faisant

33. Cette expression n’est sujette à aucune ambiguïté de la part de la valeur de car on voit qu’elle demeure la même en augmentant ou diminuant d’un multiple quelconque de la circonférence, et si l’on voulait mettre à la place de alors deviendrait négative, et son logarithme imaginaire ; c’est pourquoi il faudra toujours prendre pour l’angle tabulaire qui répond au sinus

À l’égard des radicaux on pourra les prendre à volonté positifs ou négatifs ; seulement, il faudra avoir soin de donner ensuite aux quantités les signes convenables d’après les formules du no 31. En prenant ces radicaux positivement, toutes les quantités seront positives et deviendront nulles lorsque comme on le voit par les formules du numéro cité ; on aura donc aussi lorsque et comme l’intégrale précédente devient aussi nulle dans ce cas, on aura donc, pour l’arc elliptique répondant à l’abscisse prise depuis le centre de l’ellipse sur le grand axe, cette expression complète

Pour avoir le quart entier de l’ellipse, on fera ce qui donne et donc et de même les autres quantités seront de plus en plus au-dessous de l’unité, ce qu’on peut démontrer généralement ainsi.

Puisque et on aura (32) mais à cause de donc et de la même manière on prouvera que de sorte que les quantités formeront une série décroissante. Ainsi, lors même que la valeur de sera toujours moindre que par conséquent l’angle sera moindre que degrés, et d’autant moindre que le terme sera plus éloigné de ainsi, on n’aura jamais à craindre que l’expression précédente contienne des termes infinis et devienne par conséquent fautive.

34. Pour l’hyperbole, on fera, comme dans le no 27,

Ainsi, les nombres iront en diminuant depuis la valeur de et les nombres iront en augmentant depuis l’unité, en sorte que ceux-là s’approcheront de plus en plus de ceux-ci, mais en demeurant toujours plus grands ; cependant la différence sera bientôt si petite, qu’on pourra regarder et comme presque égales.

Maintenant, on a dans l’hyperbole ou donc par conséquent, puisque on aura et

Or

à cause de donc et par conséquent Et cette même conclusion aurait lieu à plus forte raison en donnant au radical une valeur négative, puisque alors la valeur de en deviendrait plus grande. Ayant donc on aura aussi et de là on prouvera par un raisonnement semblable que et ainsi de suite.

Donc en général et à plus forte raison

On pourra donc supposer ou et l’on trouvera, comme dans le no 32, que la différentielle

sera renfermée entre ces deux-ci

dont les intégrales sont

et

Mais, pour avoir une intégrale plus approchée, on fera

et la différentielle

deviendra par cette substitution

en conservant les valeurs de du no 32. Ainsi, puisque est une quantité fort petite, on pourra réduire en série le radical, ce qui donnera cette transformée

laquelle peut être changée en celle-ci

dont l’intégrale sera de la forme

en conservant les expressions des quantités données dans le no 32.

35. Comme l’arc hyperbolique ne commence qu’au point où il faudra, pour avoir la valeur exacte de l’arc qui répond à une abscisse quelconque retrancher de l’intégrale la valeur qui répond à Ainsi, en supposant

et nommant la valeur de lorsque y devient égal à on aura pour l’expression complète de l’arc hyperbolique qui répond à l’abscisse prise depuis le centre sur le grand axe.

Quant à l’angle on prendra celui qui dans les tables répond au sinus et comme nous avons vu que et sont toujours il s’ensuit que cet angle sera, dans tous les cas, moindre que degrés, en sorte que et ne seront jamais nuls.

Pour les radicaux il sera libre de les prendre positivement ou négativement, pourvu qu’on ait soin de donner les signes convenables aux quantités d’après les formules du no 31. Mais, en les prenant tous négativement, on aura l’avantage que les valeurs de seront plus grandes, et qu’ainsi l’angle sera moindre ; de plus, les valeurs de seront alors toutes positives, puisque sont nécessairement négatives.

On pourrait enfin faire servir aussi pour l’hyperbole les résultats trouvés précédemment pour l’ellipse, en employant la transformation indiquée dans le no 30 ; il n’y aurait pour cela qu’à faire dans la formule générale du no 33

et mettre au lieu de

Cette formule donnerait alors, pour une abscisse quelconques, l’excès de la tangente prise entre la courbe et la perpendiculaire menée du centre sur l’arc hyperbolique qui répond à cette tangente.


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  1. Voyez les Mémoires de Berlin pour 1772, page 247.

    On trouvera, dans le tome III des Œuvres de Lagrange le Mémoire auquel se rapporte ce renvoi. (Note de l’Éditeur.)