Mémoires historiques/04

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Traduction par Édouard Chavannes.
Leroux (p. 309-319).

Le roi Nan parla à Tch’eng-kiun[1].

Tch’ou assiégeait (la ville de) Yong-che[2]. Han exigea des Tcheou orientaux des cuirasses et du grain. Le prince des Tcheou orientaux, saisi de peur, manda Sou Tai[3] et lui exposa (l’affaire). (Sou) Tai lui dit :

— Pourquoi Votre Altesse s’afflige-t-elle de cela ? Votre sujet se charge de faire que Han ne demande à Tcheou ni cuirasses, ni grains ; bien plus, je puis obtenir (la ville de) Kao-tou[4] pour Votre Altesse.

Le prince Tcheou répliqua :

— Si vous en êtes en effet capable, je vous prierai de commander à tout le royaume.

(Sou) Tai fut admis auprès du conseiller d’État de Han et lui dit :

Tch’ou a commencé à assiéger (la ville de) Yong-che au troisième mois ; maintenant c’est le cinquième mois et il n’a pu la prendre ; c’est (une marque de) la faiblesse de Tch’ou. Si maintenant, ô conseiller d’État, vous exigez de Tcheou des cuirasses et du grain, ce sera déclarer votre faiblesse à Tch’ou. Le conseiller d’État[5] de Han dit :

— C’est fort bien ; l’envoyé suspendra[6] son départ.

(Sou) Tai dit :

— Pourquoi ne donnez-vous à Tcheou (la ville de) Kao-tou ?

Le conseiller d’État de Han se mit fort en colère et dit :

— Je n’exige de Tcheou ni cuirasses ni grain, et c’est déjà beaucoup. Pourquoi donc donnerais-je à Tcheou (la ville de) Kao-tou ?

(Sou) Tai répliqua :

— Si vous donnez à Tcheou (la ville de) Kao-tou, ce sera cause que Tcheou se décidera[7] et prendra le parti de Han. Lorsque Ts’in l’apprendra, il sera fort en colère et s’irritera contre Tcheou[8] ; c’est pourquoi il n’aura plus de relations avec les envoyés des Tcheou ; au prix (de la ville) peu importante de Kao-tou vous obtiendrez Tcheou tout entier ; pourquoi ne pas la donner ?

Le conseiller d’État dit :

— C’est bien.

Il donna donc à Tcheou (la ville de) Kao-tou .]

La trente-quatrième année (281 av. J.-C.), Sou Li[9] parla au prince de Tcheou en ces termes. ; « Ts’in a écrasé Han et Wei ; il a battu Che Ou[10] ; au nord, il s’est emparé de Lin et de Li-che[11], (villes du pays de) Tchao ; celui qui a fait tout cela[12], c’est Po K’i[13] ; en effet (ce général) sait fort bien se servir des soldats, et en outre il est prédestiné par le Ciel. Maintenant il (se propose de) sortir de nouveau de la frontière[14] à la tête de ses soldats pour attaquer Leang[15]. Lorsque Leang aura été écrasé, Tcheou sera en danger. Pourquoi Votre Altesse n’envoie-t-elle pas des gens dire à Po K’i : Dans le pays de Tch’ou vivait un certain Yang Yeou-ki[16] qui était excellent archer ; en tirant à cent pas sur une feuille de mûrier, il tira cent coups et l’atteignit cent fois. Les assistants, qui étaient au nombre de plusieurs milliers, disaient tous : C’est admirablement tiré. Un homme vint cependant se placer à côté de (Yang Yeou-ka et dit :

— C’est bien, mais je puis vous apprendre à tirer.

Yang Yeou-ki en colère lâcha son arc, saisit son épée et dit :

— Étranger, prétendez-vous être capable de m’enseigner à tirer ?

L’étranger lui répondit :

— Ce n’est pas que je sois capable de vous enseigner à tendre le bras gauche et à replier le bras droit. Mais, lorsqu’à une distance de cent pas d’une feuille de mûrier vous avez tiré cent fois et que vous l’avez touchée cent fois, si vous ne vous arrêtez pas satisfait, petit à petit votre ardeur se ralentira, vos forces faibliront, votre arc se tordra, vos flèches se courberont, et un seul coup où vous ne réussirez pas détruira l’effet de vos cent coups (précédents).— Or[17] maintenant vous avez écrasé Han et Wei ; vous avez battu Che Ou ; au nord, vous vous êtes emparé de Lin et de Li-che, (villes de) Tchao ; vous avez acquis une grande gloire ; cependant vous allez derechef sortir de la frontière à la tête de vos soldats pour traverser les deux Tcheou, tourner le dos à Han et attaquer Leang. Si une seule de vos entreprises ne réussit pas, toute votre gloire passée sera perdue. Il vaut mieux pour vous prétexter une maladie et ne pas vous mettre en campagne. »]

La quarante-deuxième année (273 av. J.-C.), [Ts’in viola la convention relative à Hoa-yang[18]. Ma Fan parla au prince de Tcheou en ces termes :

— Je vous prie d’ordonner à Leang[19], de construire un rempart pour Tcheou. Puis il dit au roi de Leang :

— Le roi de Tcheou est malade[20] ; s’il meurt, moi Fan, je mourrai certainement. Permettez-moi, je vous prie de remettre de ma propre autorité les neuf trépieds à Votre Majesté ; que Votre Majesté reçoive les neuf trépieds et avise à un plan en faveur de Fan.

Le roi de Leang dit :

— C’est fort bien parlé.

Aussitôt il lui donna des soldats en leur disant de tenir garnison à Tcheou. Alors (Ma Fan) dit à Ts’in :

Leang ne veut point tenir garnison à Tcheou[21] ; mais il se propose de l’attaquer ; que le roi essaie de faire sortir ses soldats à la frontière pour l’observer.

Ts’in fit en effet sortir ses soldats. (Ma Fan) revint alors dire au roi de Leang : « Le roi de Tcheou est fort malade ; moi, (Ma) Fan, je demande à vous envoyer les trépieds plus tard, dès que l’occasion le permettra. Maintenant que Votre Majesté a envoyé des soldats à Tcheou, les seigneurs vous soupçonnent tous ; lorsque, ensuite vous voudrez agir, ils ne vous croiront plus. Le mieux est d’ordonner à vos soldats de construire un rempart pour Tcheou afin de cacher votre entreprise[22].

Le roi de Leang dit :

— C’est fort bien parlé.

Aussitôt il chargea (ses soldats) de construire un mur pour Tcheou.] La quarante-cinquième année (270 av. J.-C.), [[23] le prince de Tcheou vint (dans le pays de) Ts’in. Un étranger dit à Tcheou Siu[24] :

— Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de flatter la piété filiale du roi de Ts’in, et, pour cela, de donner en présent Yng[25] à la reine-douairière[26] comme son domaine propre, Le roi de Ts’in s’en réjouira certainement. Vous aurez ainsi des rapports[27] avec Ts’in. Si ces rapports sont bons, le prince de Tcheou vous en saura gré ; si ces rapports sont mauvais, vous serez un homme qui aura encouragé l’annexion de Tcheou à Ts’in et vous serez certainement considéré comme criminel.]

Ts’in (voulut) attaquer Tcheou. Tcheou Siu parla au roi de Ts’in en ces termes :

— Si je puis donner un conseil au roi, c’est de ne pas attaquer Tcheou ; si vous attaquez Tcheou, en vérité vous n’y aurez pas de profit[28]. Votre renommée sera abhorrée de l’empire, et l’empire, détestant Ts’in à cause de sa renommée, s’alliera certainement à l’est avec Ts’i. Vos armes se seront abaissées (en entrant en conflit) avec Tcheou et vous aurez fait s’allier l’empire avec Ts’i. Alors T’sin n’aura plus la royauté. L’empire désire abaisser Ts’in et c’est pourquoi on engage Votre Majesté à attaquer Tcheou. Si Ts’in est abaissé aux yeux de l’empire, ses ordres ne seront plus obéis.]

La cinquante-huitième année (257 av. J.-C.), [les trois Tsin[29] résistèrent à Ts’in. Tcheou ordonna à son conseiller d’État de se rendre à Ts’in. Comme Ts’in le traita avec mépris, celui-ci revint de sa mission. Un étranger parla au conseiller d’État en ces termes :

— Si Ts’in vous a méprisé ou honoré, c’est ce que je ne puis savoir. Mais Ts’in désire connaître les dispositions des trois royaumes ; le mieux est donc que vous alliez promptement voir le roi de Ts’in et que vous lui disiez : Je prie Votre Majesté d’écouter les changements qui se produisent dans l’est[30]. — Le roi de Ts’in vous estimera certainement ; en vous estimant, Ts’in estimera Tcheou et Tcheou par là se sera gagné Ts’in. Quant à l’estime de Ts’i, il y a certainement Tcheou Siu[31] grâce à qui Ts’i nous est acquis. Ainsi Tcheou ne perdra point ses bonnes relations avec les royaumes puissants.] Ts’in aura confiance en Tcheou et enverra ses soldats attaquer les trois Tsin[32].

La cinquante-neuvième année (256 av. J.-C.), Ts’in prit (au pays de) Han le village de Fou-chou[33], (près de) Yang tch’eng. Les Tcheou occidentaux eurent peur ; ils rompirent avec Ts’in et firent une ligue du nord au sud[34] avec les seigneurs. Ils se mirent à la tête de soldats d’élite et sortirent par I-k’iue[35] il pour attaquer Ts’in et faire qu’il ne pût avoir de communications avec Yang-tch’eng. Le roi Tchao, de Ts’in, se mit en colère et envoya le général Kieou attaquer les Tcheou occidentaux. Le prince des Tcheou occidentaux[36] s’enfuit dans (le pays de) Ts’in ; il se prosterna et se reconnut coupable ; il offrit toutes ses villes qui étaient au nombre de trente-six et comptaient trente mille habitants. Ts’in accepta ce qu’il offrait. Il renvoya ce prince à Tcheou. Le prince de Tcheou et le roi Nan moururent. Le peuple des Tcheou s’enfuit alors à l’est ; Ts’in s’empara des neuf trépieds et des ustensiles précieux ; puis il transféra le duc des Tcheou occidentaux [37] à Tan-hou. Sept années plus tard, le roi Tchoang-siang, de Ts’in, anéantit les Tcheou orientaux et les Tcheou occidentaux ; les Tcheou orientaux et les Tcheou occidentaux furent tous deux annexés à Ts’in et dès lors les sacrifices des Tcheou cessèrent.

Le duc grand astrologue dit : Les érudits prétendent tous que lorsque (le roi Ou de) Tcheou battit Tcheou, (de la dynastie Yn), il résidait à la ville de Lo[38] ; en rassemblant les faits réels, on voit qu’il n’en est pas ainsi. Le roi Ou traça le plan (de cette ville)[39] ; le roi Tch’eng envoya le duc de Chao consulter les sorts sur cette résidence et y plaça les neuf trépieds[40] ; cependant les Tcheou eurent encore leur capitale à Fong et à Hao[41]. Puis, lorsque les K’iuen-jong battirent le roi Yeou, alors les Tcheou transférèrent leur capitale dans l’est, à la ville de Lo[42]. Au sujet de ce qu’on rapporte que le duc de Tcheou fut enterré au lieu qui est de nos jours Pi[43], (je dirai que) Pi est au milieu des poiriers, au sud-est de Hao. — Après que les Ts’in eurent anéanti les Tcheou et quand les Han régnaient déjà depuis plus de quatre-vingt-dix années, le Fils du ciel[44], voulant aller faire le sacrifice fong sur le T’ai-chan, inspecta les fiefs à l’est ; arrivé à Ho-nan[45], il s’informa des descendants des Tcheou et donna à leur descendant, Kia, une terre de trente li avec le titre de « prince Tcheou de Tse-nan »[46] ; il le mit sur le même pied que les seigneurs indépendants pour qu’il pût s’acquitter des sacrifices à ses ancêtres.

  1. Le texte me paraît présenter ici une lacune.
  2. Le Kouo ti tche dit que la ville de Yong-che était à 25 li au nord-est de la sous-préfecture de Yang-ti (cf. note 446). D’après Pao Piao, ce siège eut lieu pendant la 15e année (310) du roi Nan.
  3. Cf. note 509.
  4. Kao-tou était une ville de l’État de Han ; d’après le Kouo ti tche, elle se trouvait à 35 li au nord de la sous-préfecture de I-k’iue (aujourd’hui sous-préfecture de Song province de Ho-nan). Le nom de I-k’iue vient de ce qu’il y avait là deux montagnes qui se faisaient vis-à-vis comme les montants d’une porte (k’iue) et qu’entre elles deux coulait la rivière I.
  5. Ce personnage s’appelait Kong-tchong Tch’e li. La charge de conseiller d’État était une institution administrative du pays de Ts’in, mais la plupart des seigneurs avaient imité les princes de Ts’in et avaient aussi leurs conseillers d’État.
  6. Se-ma Tcheng dit que [] est ici le synonyme de arrêter.
  7. Tcheou se décidera entre Ts’in et Han, les deux rivaux qui cherchaient chacun de leur côté à gagner son appui.
  8. Le Tchan kouo ts’é présente ici une variante intéressante ; il écrit : il brûlera les lettres de créance (des envoyés) de Tcheou.
  9. Sou Li était, comme Sou Tai, frère cadet de Sou Ts’in. — Le discours qui va suivre est le sixième paragraphe du chapitre consacré aux Tcheou occidentaux, d’après la table des matières du Tchan kouo ts’é, mais il n’occupe en fait que la onzième place dans le texte de ce chapitre. De pareilles anomalies sont assez fréquentes dans le Tchan kouo ts’é ; nous indiquerons toujours le numéro d’ordre de la table des matières.
  10. Che Ou était un général du pays de Wei que Po Ki avait battu en 293 avant J.-C à I-k’iue (cf. p. 309, n. 4). Le nom de ce personnage est écrit par le Tchan kouo ts’é. — Sur les pays de Han et de Wei, cf. Mém. hist., chapitres XLV et XLIV.
  11. La ville de Li-che fut une sous-préfecture sous plusieurs dynasties ; aujourd’hui, elle se trouve sur le territoire de la préfecture secondaire de Yong-ning, préfecture de Fen-tcheou, province de Chān-si. — La ville de Lin était fort voisine de celle de Li-che.
  12. Dans le Tchan kouo ts’é, le mot Ts’in, qui est en tête de la phrase dans Se-ma Ts’ien, est supprimé. Le pronom relatif domine alors tout ce qui le précède et rend la construction plus régulière : Celui qui a écrasé Han et Wei, qui a battu Che-ou, qui, au nord .... celui qui a fait tout cela, c’est Po K’i.
  13. Sur Po K’i, prince de Ou ngan, et général du roi de Ts’in, cf. Mém. hist., chap. LXXIII.
  14. De la frontière ou de la barrrière de I-k’iue (cf. note 525).
  15. Leang était un petit État dont le centre se trouvait à Han-tch’eng, dans le Chàn-si.
  16. Yang Yeou-ki avait été général du roi Kong de Tch’ou (590-560 av. J.-C.).
  17. L’apologue est terminé et envoyé supposé du prince Tcheou s’adresse maintenant à Po K’i.
  18. D’après le Kouo ti tche, la ville de Hoa-yang était à 40 li au sud de la sous-préfecture de Koan-tch’eng. — Koan-tch’eng n’est plus aujourd’hui qu’un relais de poste, non loin de la préfecture secondaire de Tcheng, province de Ho-nan. — Hoa-yang appartenait à l’État de Wei ; le roi de Ts’in l’attaqua et la prit, au mépris des traités.
  19. Cf. note 537.
  20. Il faut entendre cette phrase au figuré : Ts’in, ayant pris la ville de Hoa-yang, se trouve fort près de Tcheou et le menace ; Tcheou, comme nous dirions en langage vulgaire, est donc bien malade. Ma Fan dit au roi de Leang qu’il craint d’être enveloppé dans la ruine de la maison des Tcheou ; il feint d’être traître à son pays et propose au roi de lui donner les neuf trépieds, gages de la suzeraineté sur l’empire, à la condition que le roi avisera aux moyens de le sauver, lui, Ma Fan ; en réalité, comme on le verra plus loin, il ne cherche qu’à duper le roi de Leang.
  21. Dans l’idée du roi de Leang, ces soldats étaient destinés à prêter main-forte à Ma Fan qui, au moment où le prince de Tcheou serait dans une situation critique, s’emparerait des neuf trépieds et se réfugierait dans le pays de Leang.
  22. Se-ma Tcheng dit : Leang méditait en réalité de s’emparer des neuf trépieds des Tcheou, mais il feignait de n’envoyer des soldats que pour tenir garnison à Tcheou et pour avoir avec lui des rapports cordiaux. Ts’in fit avancer ses soldats dans l’intention d’attaquer Tcheou (on a vu que c’était une ruse suggérée par Ma Fan lui-même au roi de Ts’in, afin que ce dernier pût s’assurer des vrais sentiments du prince de Leang) ; Leang ne vint pas au secours de Tcheou ; ce fut la preuve qu’il ne prenait pas en main les intérêts de Tcheou, mais qu’il désirait seulement que Tcheou fût en péril afin de s’emparer des neuf trépieds. — C’est pourquoi les seigneurs se mirent à suspecter Leang ; (afin de dissiper ces soupçons) et de cacher son vrai projet, le roi de Leang n’eut rien de mieux à faire que d’ordonner à ses soldats de construire un rempart pour le compte de Tcheou.
  23. Tchan kouo ts’é : Si Tcheou, § 5.
  24. Le caractère se prononce ici siu, d’après Se-ma Tcheng. Tcheou Siu était un membre de la famille princière des Tcheou.
  25. Le Tchan kouo ts’é écrit Yuen au lieu de Yng ; mais c’est la leçon de Se-ma Ts’ien qui est la bonne. La ville de Yng était autrefois une principauté ; elle se trouvait non loin de la sous-préfecture actuelle de , préfecture de Nan-yang, province de Ho-nan.
  26. C’était la reine-douairière Siuen, mère du roi Tchao.
  27. Le mot [] = rapports, ne me paraît avoir ici aucun sens. Dans le Tchan kouo ts’é, il est absent et le discours devient aussitôt beaucoup plus clair ; voici le résumé de l’argumentation, si on se conforme au texte du Tchan kouo ts’é : en faisant ce présent à la reine-mère, vous obtiendrez Ts’in, c’est-à-dire vous jouirez de sa faveur. Or il est essentiel pour vous que vous gagniez cette faveur, car alors le prince de Tcheou vous sera reconnaissant des bons rapports que vous lui assurerez avec Ts’in ; si, au contraire, vous ne faites rien pour capter les bonnes grâces de Ts’in, les rapports entre Ts’in et Tcheou seront mauvais, et, comme Tcheou est le plus faible, il risquera d’être annexé par Ts’in : vous serez coupable d’avoir contribué à ce désastre. Faites donc ce présent à la reine-mère.
  28. Le territoire des Tcheou est fort peu étendu et par conséquent Ts’in n’a pas grand profit à le conquérir. D’autre part, les Tcheou représentent la monarchie du droit divin, et les attaquer est un crime ; quand Ts’in aura vaincu les Tcheou, il aura en réalité abaissé sa propre puissance aux yeux de l’empire.
  29. Les royaumes de Han, Tchao et Wei formée des débris de celui de Tsin.
  30. C’est-à-dire : chez les trois royaumes qui s’étaient ligués contre Ts’in.
  31. Siu Koang dit que le caractère [] est ici l’équivalent du caractère [] ; c’est donc le même Tcheou Siu dont il a été question plus haut (cf. note 545). Grâce au conseiller d’État, Tcheou sera honoré par Ts’in ; grâce à Tcheou Siu, il a déjà obtenu la faveur de Ts’i ; il pourra donc maintenir de bonnes relations avec les deux puissants rivaux. Dans le texte du Tchan kouo ts’é, il n’est plus question de Tcheou Siu = l’estime de Ts’i est depuis longtemps acquise à Tcheou ; vous vous êtes donc déjà gagné Ts’i.
  32. Cette dernière phrase ne se trouve pas dans le Tchan kouo ts’é.
  33. Fou-chou appartenait autrefois à l’État de Tcheou, comme l’atteste un texte du Tso tchoan cité par Tchang Cheou-kié. Mais, au temps dont parle Se-ma Ts’ien, cette localité faisait partie du royaume de Han. Elle se trouvait à 35 li au sud-ouest de la ville de Yang-tch’eng qui est aujourd’hui encore une sous-préfecture dépendant de la préfecture de Tsé-tcheou, province de Chān-si.
  34. Nous rencontrons ici pour la première fois, dans le sens particulier qu’il eut au temps des royaumes combattants, le mot tsong ; d’une manière générale, le mot tsong désigne les coalitions formées par les seigneurs contre Ts’in, tandis que le mot heng désigne les efforts fait par Ts’in contre le reste des seigneurs. Les commentateurs expliquent pourquoi ces mots ont pris ce sens : § Wen Yng dit : A l’est des passes (les passes montagneuses qui limitaient le pays de Ts’in à l’est), c’est tsong ; à l’ouest des passes, c’est heng. § Mong Kang dit : Du nord au sud, c’est tsong ; de l’est à l’ouest, c’est heng. § Se-ma Tcheng concilie ces deux opinions en disant : A l’est des passes, le territoire était long du nord au sud ; la longueur est ce qu’exprime le mot tsong ; les six royaumes (Yen, Tchao, Han, Wei, Ts’i et Tch’ou) demeuraient tous là ; à l’ouest des passes, le territoire était large de l’ouest à l’est ; la largeur est ce qu’exprime le mot heng ; Ts’in était seul à demeurer là.
  35. Cf. note 525.
  36. D’après Se-ma Tcheng, c’était le duc Ou.
  37. C’était le duc Wen, fils aîné du duc Ou. — D’après le Kouo ti tche, Tan-hou était un village à 15 li au sud-ouest de la sous-préfecture de Leng ; celle-ci n’existe plus aujourd’hui en tant que sous-préfecture, mais elle se trouvait à 40 li à l’ouest de la préfecture secondaire de Jou, province de Ho-nan.
  38. A Lo-yang (aujourd’hui Ho-nan-fou).
  39. Cf. p. 243 .
  40. Cf. p. 247 .
  41. Cf. notes 145 et 247.
  42. Cf. p. 285 .
  43. D’après le T’ong hien tsi lan, la sépulture du duc de Tcheou est au nord-est de la sous-préfecture de Hien-yang, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si. Pi est aussi le lieu où fut, dit-on, enterré le roi Wen (cf. note 157). Sur la ville de Hao, cf. note 247.
  44. L’empereur Ou, en l’an 113 avant J.-C., prit la mesure dont parle Se-ma Ts’ien. Cf. ma première traduction du Traité sur les sacrifices fong et chan, p. 59.
  45. Ho-nan, aujourd’hui Ho-nan-fou, est l’ancienne ville de Lo-yang.
  46. Le commentateur du Ts’ien Han chou qu’on désigne par son nom personnel, Tsan, veut que Tse-nan soit un nom de famille : Mais Se-ma Tcheng fait remarquer que tous les descendants de Kia eurent pour nom de famille Ki (l’ancien nom de clan des Tcheou) ; il se range donc à l’opinion de Yen Che-kou, d’après qui Tse-nan est le nom de la terre qui fut donnée au descendant des Tcheou.