Mémoires posthumes de Braz Cubas/Chapitre 009

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Traduction par Adrien Delpech.
Garnier Frères (p. 39-40).


IX

Transition


Et savourez l’habileté, l’art avec lequel je fais la plus importante transition de ce livre. Voyez plutôt : mon délire commence en présence de Virgilia ; Virgilia fut mon grand péché de jeunesse ; il n’y a pas de jeunesse qui ne soit précédée de l’enfance ; l’enfance suppose la naissance ; et voilà comment, sans efforts, nous arrivons au 20 octobre 1805, qui est le jour où je naquis. Avez-vous bien remarqué : aucune suture apparente, rien qui distraie la sereine attention du lecteur, rien ; de telle sorte que ce livre conserve ainsi tous les avantages de la méthode, sans la rigidité de la méthode. En vérité il était temps. La méthode est indispensable ; mais je la préfère en déshabillé, sans atours ni colifichets, se moquant des opinions du voisin et de celles du commissaire de police de quartier. C’est comme l’éloquence : il en est une naturelle et vibrante, d’un art sincère et ensorceleur ; et une autre empesée et vide.

Revenons au 20 octobre.