Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Équilibre du premier genre
NOUVEAUX MOYENS ÉQUESTRES
L’ancienne équitation travaillait le mouvement par le mouvement, en donnant aux forces instinctives du cheval une direction plus ou moins juste ; mais jamais elle ne parvenait à rendre léger un cheval d’une mauvaise conformation, parce qu’elle ne connaissait pas les moyens de changer son équilibre naturel.
J’avais compris que l’éducation du cheval était dans son équilibre, et toutes mes études ont eu pour but de trouver les moyens d’améliorer le mauvais équilibre naturel du cheval, convaincu que le cheval équilibré était presque dressé ; cependant je n’étais arrivé qu’à obtenir l’équilibre du deuxième genre.
Par équilibre du premier genre, j’entends la légèreté parfaite et constante du cheval, dans toutes les positions, dans tous les mouvements, à toutes les allures ; c’est cet équilibre dont je vais m’occuper.
Qu’il me soit permis de répondre d’abord à une objection que plus d’un lecteur pourra me faire.
Mais les vingt-six chevaux que vous avez montés en public, et dont le travail a été salué par les applaudissements de la foule, Capitaine, Partisan, Neptune et les autres, n’étaient donc pas dressés ? Qu’entendez-vous alors par un cheval dressé ? Je réponds : Oui, ils étaient dressés, puisque leur travail avait dépassé tout ce qui s’était fait jusqu’alors, et cependant leur équilibre n’était que du deuxième genre.
Avec cet équilibre, je modifiais les mauvaises conditions de leur construction plus ou moins défectueuse ; j’obtenais, par moments, une légèreté très-grande, mais qui diminuait par suite d’un nouveau mouvement, d’un changement de direction.
Je détruisais promptement, il est vrai, cette résistance momentanée, et j’acquérais de suite une grande légèreté, en redonnant au cheval la position juste ; mais il n’y avait pas moins eu perte de la légèreté, ce qui pouvait rendre par moments le mouvement moins gracieux et le travail moins exact ; de plus, malgré les progrès continus de mes chevaux, je reconnaissais chaque jour un nouveau desideratum, tandis qu’aujourd’hui, une fois leur éducation terminée, je n’ai plus rien à désirer. Ce que j’obtiens maintenant sur les chevaux que je monte, en leur donnant cet équilibre parfait, me permet de dire que si je pouvais montrer de nouveau au public mes anciens chevaux, tous les amateurs reconnaîtraient la vérité de ce que j’avance.
Il faut donc arriver à ce degré de perfection de l’équilibre chez tous les chevaux, malgré leurs défauts de conformation, pour qu’ils conservent une légèreté parfaite, constante, dans tous les mouvements, changements de direction, et à toutes les allures. Tel est le résultat que j’ai obtenu et que je me hâte de faire connaître aux cavaliers intelligents de tous les pays. Les progrès rapides qu’ils verront faire à leurs élèves en suivant la progression, et en employant les nouveaux moyens que je vais indiquer, les jouissances ineffables qu’ils éprouveront à monter des chevaux constamment légers, voilà la récompense que j’ambitionne pour prix de mes recherches incessantes, consacrées au bonheur du cavalier et au bien-être du cheval !
J’ignore si c’est de l’orgueil : mais lorsque je sens mon cheval se plier à toutes mes volontés, et répondant sans résistance aucune à ma pensée, exécuter avec grâce et une légèreté parfaite tous les mouvements que je lui demande, je suis si heureux, que loin de me sentir atteint par les clameurs des envieux et l’ingratitude des plagiaires, je n’ai qu’un désir, celui de leur faire partager mon bonheur.