Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Main sans jambes, jambes sans main

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MAIN SANS JAMBES. — JAMBES SANS MAIN.


Je vais démontrer que l’emploi simultané des jambes et de la main ne permettra jamais de donner au cheval l’équilibre du premier genre, ou la légèreté constante. Puisque les résistances de la mâchoire proviennent toujours d’une mauvaise répartition du poids, comment le cavalier qui emploiera en même temps la force impulsive et modératrice, jambes et main, pourra-t-il sentir que ses jambes ne se sont pas opposées à la juste translation du poids opérée par la main, et réciproquement que celle-ci n’a pas détruit la justesse de l’impulsion communiquée par les jambes ? En effet, ou la main a été juste, ou elle a produit trop ou trop peu d’effet. Dans le premier et le troisième cas, le concours des jambes a été plus ou moins nuisible. Dans le second cas seulement, les jambes auront corrigé la faute de la main, et leur aide aura été opportune.

Il en est de même pour les jambes dans le premier et le troisième cas mentionnés ci-dessus : l’opposition de la main sera nuisible, et ce n’est que dans le second cas seulement qu’elle sera utile en corrigeant la faute des jambes.

Que de malentendus entre le cheval et son cavalier ; quel retard dans l’éducation de l’animal doit amener cette contradiction perpétuelle des jambes et de la main du cavalier qui est toujours disposé à attribuer au cheval les fautes que lui fait commettre l’emploi simultané de ses jambes et de sa main ! En s’en servant séparément, il peut discerner de suite si la faute provient de son cheval ou de lui, et il sera forcé de reconnaître que neuf fois sur dix, c’est lui seul qui l’a commise.

Il est vrai qu’à la longue, après maintes erreurs corrigées par son tact, le cavalier pourra donner à son cheval l’équilibre du second genre, mais jamais celui du premier genre, cet équilibre parfait qui permet au cheval de conserver la mobilité moelleuse de la mâchoire dans tous les mouvements, à toutes les allures.

En n’employant qu’une force à la fois, soit celle des jambes pour impulsionner, soit celle de la main pour opérer les translations de poids utiles à tel ou tel mouvement, à telle ou telle allure, le cavalier peut apprécier à l’instant le degré de justesse avec lequel il a agi.

S’il commet une erreur, il peut la corriger de suite ; il en connaît la cause, et le pauvre cheval n’étant plus ballotté par ces deux volontés opposées des jambes et de la main, s’identifie tellement avec la pensée de son maître, que bientôt ces deux intelligences n’en forment plus qu’une, le cheval conservant son équilibre parfait sans le secours des jambes et de la main du cavalier.

L’équilibre du second genre est suffisant pour les chevaux de l’armée, cependant MM. les capitaines instructeurs pourront employer plus ou moins ces nouveaux moyens pour accélérer l’instruction des hommes et l’éducation des chevaux.