Méthode pratique d’orchestration symphonique/Conseils pour l’Orchestration de la Musique caractéristique

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CONSEILS POUR L’ORCHESTRATION
DES PRINCIPAUX GENRES DE MUSIQUE SYMPHONIQUE
TELS QUE : FANTAISIES, OUVERTURES, MORCEAUX CARACTÉRISTIQUES, ETC.

Le champ est très vaste, on pourrait presque dire qu’il n’y a pas de règles à établir, car les diverses combinaisons que l’on peut trouver varient à l’infini, aussi nous bornerons-nous à donner quelques principes généraux, et à indiquer quelques-unes des diverses manières de traiter l’Instrumentation.

Quoique beaucoup de musiciens soient doués d’une organisation extraordinaire et parviennent à faire de l’Orchestration passable sans avoir appris l’Harmonie, il est cependant incontestable que pour orchestrer facilement, avec assurance et sans fautes, il faut au moins en connaitre les principales règles, savoir écrire à quatre parties, connaitre à fond tous les accords dans tous les tons, leurs renversements, leurs diverses résolutions, etc.

Il faut également posséder la connaissance de tous les instruments, quant à leur étendue, et à leur emploi au simple point de vue de l’Orchestre.

OBSERVATIONS IMPORTANTES

L’Orchestre se divise en trois groupes bien distincts, savoir : Les Instruments à Cordes, les instruments en Bois y compris les Cors, et les Instruments en Cuivre (éclatants).

Des Instruments à Cordes

Le Groupe le plus important est celui des Instruments à Cordes qu’on appelle simplement Quatuor (y compris les C.-Basses).

Le Quatuor est la base, le soutien de l’Orchestre, c’est à lui qu’est généralement confiée la partie principale. Les instruments à Cordes peuvent mieux que les autres Instruments varier les effets et donner à la musique une expression toute particulière.

Le Quatuor marche souvent seul, l’harmonie doit en être autant que possible complète. Ici, par exemple, il ne s’agit pas du Quatuor classique à quatre parties : les diverses harmonies peuvent être doublées, triplées à volonté ; on peut donner aux Seconds Violons, les mêmes accords qu’aux Premiers. On peut aussi ne pas se croire obligé d’écrire continuellement l’Alto au-dessous des 2mes Vns, très souvent, au contraire, on met à l’Alto la note qui manque entre un accord de deux notes faites par les 2mes Vns, par ex : au 2me Vn, et ut entre les deux pour l’Alto.

On a également quelquefois des raisons pour faire monter les Altos au-dessus des 2mes Vns.

Souvent les 2mes Vns et Altos font le même dessin, ou les mêmes accords. Quelquefois l’Alto double le Violoncelle.

Les 2mes Vns renforcent au besoin les 1ers Vns à l’unisson, ou bien ils jouent à la tierce, à la sixte, ou à l’octave au-dessous des 1ers Vns.

L’Alto est surtout l’intermédiaire entre les Vns et les Basses, car son rôle est avant tout de remplissage.

Un Soli des Violoncelles est souvent doublé par les Altos.

Un Soli peut être donné à tout le quatuor (sans C.-B.) et à l’unisson, au besoin doublé par les Clar : et les Bns, comme pour le célèbre unisson de l’Africaine.

Quant aux résolutions des accords, on est moins difficile que dans l’harmonie sévère à 4 parties, et si parfois les résolutions des accords des 2mes Vns et Altos laissent à désirer au point de vue de la correction, c’est parce que les doubles cordes ne sont pas toujours faciles, mais on s’arrange au moyen des croisements que l’on peut faire avec les 2mes Vns et Altos à rendre de bonnes résolutions ; le timbre de ces instruments étant le même, les fautes que l’on peut faire ne s’entendent pas à l’exécution et sont parfaitement admises.

On peut écrire le quatuor à 2, 3, ou 4 parties en distribuant une note à chaque groupe :

A 4 parties : 1ers Vns — 2mes Vns — Altos — Basses.

A 3 parties : 1ers et 2mes Vns — Altos — Basses.

A 2 parties : Vns et Altos ensembles d’une part, et les Basses d’autre part, ou bien : 1ers et 2mes Vns en octaves, et pour la basse : Altos, Velles et C.-B.

Quand les Velles jouent le chant, ou un dessin quelconque, ou des tenues assez élevées, il arrive que cela dépasse en hauteur les parties d’Altos et de 2mes Vns, il ne faut pas s’en préoccuper, ces croisements sont admis.

Très souvent aussi les C.-B. marquent la basse en pizz. pendant que les Velles font les mêmes basses arco et soutenues.

Il arrive parfois que l’on fait jouer les Vns seuls pour une rentrée plus ou moins longue. De même les C.-B. seules ou Velles seuls auxquels on adjoint les Bns.

On peut aussi faire jouer le chant à tous les Vns, Altos, Velles à l’unisson, les C.-B. marquent la basse, et l’harmonie peut être donnée aux Clar: Bns et Cors, ou toute autre combinaison.

Quelquefois tout le quatuor-marque des accords en pizz. pendant que tous les instruments à vent font les mêmes accords soutenus et à différentes octaves ; ce genre de combinaison se fait plutôt comme accompagnement d’un solo on soli quelconque.

Le quatuor entier peut exécuter un unisson doublé par les Basses à une ou deux octaves et servant d’accompagnement à tout le reste de l’orchestre.

On peut ne faire entendre qu’un ou deux Vns solo, ou un Vn et un Velle en dialogue ou en duo, accompagné à volonté par les autres Vns on Altos, ou Basses, ou tout le quatuor, ou par les instruments en bois. On peut enfin trouver une foule de combinaisons sans sortir de ce qu’on pourrait appeler les convenances musicales ; par ex : il serait ridicule de vouloir accompagner un solo de Trombone avec deux Fl. et Hb., avec Clar., Bns et Cors., oui. Ou bien il serait aussi mauvais de vouloir accompagner un solo de Fl. avec trois Trombones et la Gr.-Caisse.

Voici quelques conseils au sujet de l’accompagnement des solos.

Un solo de Vn peut très bien être accompagné par le quatuor, mais pour que le solo se détache bien il faut le faire jouer au-dessus des autres Vns d’accompagnement, sans quoi le solo serait faible et paraitrait confus, le mieux serait de lui opposer des timbres différents ; de temps en temps les instruments en bois et Cors, et a plus forte raison s’il s’agit d’un solo de Velle. L’accompagnement par le quatuor en pizz ou avec sourdines va aussi très bien.

Pour l’accompagnement d’un solo de Fl., de Cl., de Hb., de Cornet, etc., on peut aussi de temps en temps joindre au quat: autant que possible des timbres différents ; pour un solo de Fl., inutile d’y mettre une partie de 2me Fl. et de même pour les autres, au besoin les cuivres peuvent être employés, surtout les Cors, auxquels on fait faire quelques tenues piano.

Il est bon de dire que dans l’accompagnement d’un solo quelconque, les fautes d’octaves sont permises dans les parties intérieures, assez souvent l’une des parties d’accompagnement double le chant pendant un temps plus ou moins long.

Le quatuor à lui seul forme un tout complet. Il y a des compositions pour quatuor seul, d’autres pour quat: et quelques instruments à vent, le compositeur est toujours libre du choix des instruments.

Le quatuor Cordes et le quatuor Bois, Fl., Hb., Cl., Bns (Cors ad lib:) forme à lui seul un petit orchestre.

Les trois groupes réunis, Cordes, Bois et Cuivres (percussion ad lib:) forment Grand orchestre.

Des Instruments à Vent
bois et cuivres

Chacun sait que les instruments à vent ont un timbre particulier et une plus grande puissance de son que les instruments à cordes. Ceci établi, nous ferons la remarque suivante : Lorsque les deux ou trois Masses de l’Orchestre marchent ensemble, chaque Masse, (bois ou cuivres), prise séparément doit (abstraction faite du quatuor à cordes) former une bonne harmonie ; si l’on négligeait d’observer cette recommandation on risquerait fort de composer des Orchestrations d’une mauvaise sonorité. Il est bon de noter que, dans un ensemble, l’auditeur distingue très bien les différents timbres. Voilà pourquoi ces trois Masses : Cordes, Bois et Cuivres, doivent, autant que possible, avoir leur harmonie complète. On comprendra facilement d’après cette règle que, dans un Tutti ou même dans un Demi-Tutti, on puisse doubler les parties à volonté : La 2me Cl. par ex : double souvent le 2me Cornet, les 2mes Vns on les Altos ; les Bassons peuvent doubler soit les Altos, soit les Violoncelles ou servir de Basses aux Cors.

Dans les Forte, on donne aux Cors à peu près la reproduction des 1ers Trombones, le 3me Trombone peut doubler la C.-B.

Le Tuba peut doubler le 3me Trombone ou servir de Basse aux trois Trombones et, dans ce cas, le 3me Trombone fait une partie intermédiaire.

Les Cors se marient très bien avec les Bois même quand le Quatuor joue avec eux. (L’ensemble des Bois et des Cors s’appelle en terme abrégé : Harmonie).

Indépendamment des Solos qu’on écrit pour instruments en bois, on peut aussi leur faire exécuter des Duos, soit 2 Flûtes ou 2 Clar., — Fl. et Clar., — Cl. et Hb., — Fl. et Hb., — Hb. et Bn., — etc. accompagnés par le Quatuor ou les autres Instruments en bois, ou Quatuor et Bois ensemble.

On fait quelquefois taire le Quatuor pour ne laisser entendre que la Masse des Instruments en bois. On peut même dans certains cas ne faire jouer qu’un ou deux instruments en bois, sans le concours du reste de l’Orchestre.

Dans la réunion des Instruments à vent et à cordes la différence des Timbres autorise bien des dissonances qui seraient dures étant faites par des instruments de même timbre.

Enfin, il n’y a pas de règles à établir, les ressources vont à l’infini, tout dépend du goût et de l’intuition du compositeur.

Les Cors sont employés particulièrement pour les tenues ou tout autre genre d’accompagnement destiné à nourrir l’orchestration ; on peut cependant écrire un Solo de Cor on employer deux Cors en duo. Dans les grands accords il faut autant que possible combiner les Cors avec les Bassons, les 1ers Trombones et les Cornets en leur donnant des notes intermédiaires (ce sont le plus souvent des notes doublées).

Les Cornets, les Trompettes, les Trombones et Tuba sont employés le plus souvent en Masse dans les grands Tutti, mais on utilise aussi un ou plusieurs instruments en cuivre dans les passages doux ; on écrit, par ex: des accords de Trombones Pianissimo combinés avec les Cors, ou même sans Cors, pendant que le Quatuor accompagne Pizz. ou Arco un Solo quelconque. On emploie assez fréquemment le Cornet en Solo, ainsi que le 1er Trombone, mais moins ce dernier. Quelquefois on fait donner tous les Cuivres en Soli (bien entendu les Cornets en octaves avec les Trombones). On peut aussi faire entendre ces deux Masses : Bois et Cuivres, sans le Quatuor ; l’on entendra rarement, au contraire, les Cuivres et les Cordes sans les Bois.

De même que pour les 2mes Vns et Altos, les Cors, Bns, Tromb: ont souvent des résolutions qui pourraient paraître incorrectes. On résoud assez souvent les notes sensibles sur les quintes, les résolutions sur la Tonique étant faites par d’autres instruments de même timbre, comme les Cornets ou Trompettes, cependant dans les accords de septième de dominante il ne faut pas faire monter la septième sur la dominante.

Des Instruments à Percussion

Les Timbales s’emploient aussi bien dans le Forte que dans le Piano ; leurs roulements s’harmonisent bien avec la Basse et la soutiennent avantageusement. On leur fait faire aussi simplement la Basse, même quand la note n’est pas celle de la C.-B., car il suffit simplement que les notes des Timbales puissent s’accorder avec l’ensemble. On marque ces basses de Timbales, soit sur les temps forts, soit à contre-temps, soit tout autrement selon les besoins de l’Orchestration.

La Grosse-Caisse, les Cymbales, le Tambour, le Triangle, s’emploient le plus souvent-dans les Tutti-forte, mais on peut parfois les utiliser dans les passages doux. Les Cymbales se battent le plus souvent en même temps que la Grosse-Caisse. On peut, selon les effets que l’on veut produire faire taire les Cymbales ; la G.-C. peut exécuter des roulements sans leur concours. Quelquefois on fait taire également la G.-C. pour ne laisser entendre que les Cymb. seules (mais ce cas est rare). Parfois un coup de Cymb. seule, frappé avec la Mailloche, produit un effet surprenant ou bizarre, selon le caractère de la composition.

Le Tambour se fait entendre tantôt avec la G.-C., tantôt seul. Le Triangle est bon pour accompagner les airs gais ; il se marie très bien avec les Bois seuls ou en Tutti à volonté.

Le Tambour de Basque et le Tambourin sont d’un bon effet pour accompagner les airs d’un caractère Espagnol ou Oriental ; on l’emploie par frottement et par percussion.