ANALISE.
Exposé d’une méthode propre à faciliter l’élimination,
dans les équations des degrés supérieurs ;
Par M. Kramp, professeur, doyen de la faculté des sciences
de l’académie de Strasbourg.
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1. En nous proposant l’équation générale du degré
, nous la présenterons, pour la commodité du calcul, sous la forme

Si on la multiplie, de part et d’autre, par
en mettant pour
dans le second membre de l’équation résultante, sa valeur donnée par l’équation même, elle deviendra

équation que, pour abréger, nous écrirons ainsi

Multipliant encore de part et d’autre par
en mettant toujours pour
dans le second membre, la valeur donnée par la proposée, elle deviendra

En continuant de même, on parviendra à donner à toutes les puissances de
supérieures à
des formes polynomiales parfaitement
analogues à celle de cette dernière puissance ; et si, pour abréger, on fait

. . . . . . . . . . . . . . .
on parviendra à trouver les valeurs littérales de tous ces, coefficiens au moyen de l’algorithme fort simple que voici :
2. De ces séries on en peut déduire d’autres à l’aide desquelles chacun de ces coefficiens pourra être immédiatement déduit de ceux
qui le précéderont dans la même série. On trouve d’abord, pour la série des coefficiens

ainsi les coefficiens
/n forment une série récurrente dont l’échelle de relation est de manière que la série indéfinie

est le développement de la fraction suivante :

On trouvera de même, pour la série des coefficiens

ainsi les coefficiens
forment une série récurrente dont l’échelle de relation est la même que ci-dessus ; en sorte que la série indéfinie

est le développement de la fraction suivante ;

Les coefficiens
auront les valeurs littérales qui
suivent :

ces valeurs forment encore une série récurrente ayant même échelle de relation que les précédentes, en sorte que la série indéfinie

est le développement de la fraction

et il en irait absolument de même pour les autres séries de valeurs
3. Qu’on ait présentement, outre l’équation
du degré
, une autre équation
, aussi en
, mais d’un autre degré quelconque
, supérieur à
, en mettant dans cette dernière, pour

les valeurs de ces puissances déduites de la première, par le procédé très-simple que nous venons d’exposer ; elle ne sera plus que du degré
On aura donc, à la place des proposées, deux équations, des degrés
et
qui, en leur appliquant le même procédé, en feront trouver une nouvelle du degré zéro ; en poursuivant donc de la même manière, on parviendra enfin à une équation du degré zéro ; ce sera l’équation de condition qui devra exister entre les coefficiens des deux équations proposées, pour qu’elles puissent subsister ensemble[1] ; c’est-à-dire, pour qu’il y ait un facteur commun entre elles. Sur quoi il est nécessaire d’observer que si, avant d’arriver a cette
équation du degré zéro, on en rencontre une dont tous les coefficiens soient zéro, celle qui la précédera sera facteur commun aux
deux proposées, indépendamment de toute détermination de leurs coefficiens.
4. La question se trouvant réduite, dès la première opération,
ainsi qu’on vient de le voir, à éliminer l’inconnue
entre deux
équations dont les degrés ne diffèrent seulement que d’une unité,
nous allons examiner ce cas en particulier, et présenter, comme
modèle, les deux équations

Appliquant la méthode précédente à ces deux équations, on en déduira une troisième du degré
et, si l’on désigne cette dernière par

les expressions littérales des coefficiens
seront celles qui suivent :


EXEMPLE I. Déterminer le diviseur commun aux deux polynômes ?
Première opération.
Équations données :


Troisième équation :

Seconde opération.
Équations données :


Troisième équation :

L’absurdité de cette dernière équation fait voir que les deux polynomes proposés n’ont point de facteur commun.
EXEMPLE II. Déterminer le facteur commun aux deux polynômes.
Première opération.
Équations données :


Troisième équation :

Équations données :


Troisième équation :

Troisième opération.
Équations données :


Troisième équation :
Cette équation identique,
nous apprend donc que
est le diviseur commun des deux polynômes proposés.
5. La recherche du facteur commun le plus élevé, entre deux polynômes proposés, conduit à la détermination des racines égales. Dans
mon Arithmétique universelle (page 268) j’ai démontré le théorème
général qui suit : Si l’on désigne par,
le commun diviseur le plus élevé entre le polynôme
et sa première dérivée
; par
le commun diviseur le plus élevé entre
et sa première dérivée
; par
le commun diviseur le plus élevé entre
et sa première dérivée
et ainsi de suite ; le produit des facteurs simples de
sera
celui des facteurs doubles
celui des facteurs triples
et ainsi des autres, de manière qu’on aura

Nous allons appliquer le théorème, aussi bien que la méthode, au polynôme proposé dans l’endroit que nous venons de citer, et qu’il serait bien difficile de décomposer, en y employant les méthodes ordinaires.
EXEMPLE. On propose de déterminer si le polynôme

a des facteurs égaux ; et, au cas qu’il en ait de tels, de les mettre en évidence ?
On a ici

ce qui donne lieu aux opérations suivantes :
Première opération.
Équations 

Seconde opération.
Équations 

Troisième opération.
Équations 

Quatrième opération.
Équations 

Cinquième opération.
Équations 

On aura donc, pour le commun diviseur le plus élevé entre le polynôme proposé
et sa première dérivée

d’où

ce qui donnera lieu aux opérations suivantes :
Première opération.
Équations 

Seconde opération.
Équations 

Troisième opération.
Équations 

On aura donc

d’où

le diviseur commun le plus élevé entre ces deux fonctions étant
d’où
et
l’opération se termine ici.
Ayant donc

on aura

en conséquence, le polynôme proposé équivaudra à
