M. Paillard
M. PAILLARD
Et flon, flon, flon, miserere,
Monsieur Paillard est enterré.
Adieu, père de la commune,
Dit le Bossuet du moment ;
Mais au défunt gardant rancune,
Le pauvre peuple dit gaîment :
Et flon, flon, flon, miserere,
Monsieur Paillard est enterré.
Traitant la misère en vassale,
Premier magistrat du canton,
Aux pauvresses, de sa main sale,
Monseigneur prenait le menton.
Et flon, flon, etc.
Lui volaient-elles noix ou pomme,
Sous le pommier, sous le noyer,
À l’instant même le digne homme
Les jetait bas pour se payer.
Et flon, flon, etc.
Fredonnant de sa voix de chantre,
Flânait-il dans quelque dessein,
Ses breloques sur son gros ventre
Alentour sonnaient le tocsin.
Et flon, flon, etc.
Jacques, défends-lui bien ta porte.
De peur qu’au logis, en tremblant,
Ta femme, cet hiver, n’apporte
De l’infamie et du pain blanc.
Et flon, flon, etc.
À la vertu la mieux armée,
L’or en main, portant des défis,
Il tente la mère affamée
Auprès du berceau de son fils.
Et flon, flon, etc.
Puis quand il a, sans rien débattre,
Payé son triomphe insolent,
Il se dit, fier comme Henri Quatre
Tudieu, je suis un vert galant !
Et flon, flon, etc.
Et le curé le canonise ;
Il me damnerait, moi, Gros-Jean ;
Mais comme au b…, à l’église,
Il en aura pour son argent.
Et flon, flon, flon, miserere,
Monsieur Paillard est enterré.