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Mademoiselle Cloque/13

La bibliothèque libre.
Éditions de la Revue blanche (p. 273-300).


xiii

LES DEUX BLESSÉES


La première question de Mlle Cloque, après le tumulte de cette scène, avait été :

— Mais pourquoi ne m’as-tu pas parlé ?

— Tu crois que c’est facile ! disait Geneviève ; ça ne vient pas comme ça, je t’assure… Et puis, à quoi bon te donner encore des ennuis, puisqu’il n’y avait pas à revenir sur ce qui était fait ? Je savais bien que c’était impossible, va ; je comprenais bien toutes tes raisons ; je ne t’ai jamais donné tort… Seulement j’avais espéré, oui, tout au fond de moi, j’avais espéré toujours que peut-être il comprendrait, lui, que nous n’étions pas faites pour son monde et que, s’il le voulait bien, nous pourrions vivre à part, lui et moi, avec toi, je ne sais où, je ne sais comment. Mais est-ce qu’il n’y a pas toujours moyen de s’arranger quand on y tient ?…

— Alors tu comptais ?…

— Je ne comptais sur rien ; j’espérais !… Ce n’est que Léopoldine qui m’a fait peur. Oh ! quand je l’aie sue de retour ici, après ses vacances, j’ai bien compris tout de suite pour qui elle revenait. Et, comme je la connais, je me suis dit : elle arrivera à bout de ce qu’elle voudra. Tu te souviens quand nous les avons laissés à la pâtisserie, en arrivant de Marmoutier ? Je les ai vus qui causaient ensemble. Il y a quelque chose qui m’a serré le cœur, là, comme avec une griffe !

— Pauvre enfant ! ma pauvre petite enfant !

Et on avait essayé de se taire. Mais la porte des secrets demeurait entr’ouverte, et les aveux inhabiles, alourdis par la longue prison, se pressaient confusément à l’issue nouvelle. Geneviève s’ingénia à ramener elle-même la conversation sur un sujet que la tante écartait. Elle en vint à gêner la pauvre fille par l’exubérance de ses épanchements.

Elles travaillaient ou lisaient, chacune à son coin du feu, dans la chambre aux tentures de cretonne. Le livre, la tapisserie ou le crochet leur tombait des mains ; on regardait les bûches crépiter ; on tisonnait un peu ; on entendait un gros soupir ; on recourait à des stratagèmes pour éviter de se rencontrer les yeux ; et en face de cette cheminée garnie de pieuses images et qui portait les quatre vestiges des basiliques de Saint-Martin, dans cette atmosphère d’austérité rigide, un flot fusait soudain, comme par l’invisible défaut d’une cloison étanche, grossissait, brisait les parois, inondait tout : le hardi débordement de l’amour que soulève parfois le plus innocent des cœurs.

— Te souviens-tu, faisait tout à coup Geneviève, d’un jour que tu m’as dit : « Mais qu’est-ce que tu trouves donc de si intéressant à ce catalpa, pour le regarder comme cela ? »

— Eh bien ?

— Eh bien ! entre les feuilles, en regardant à droite de la fontaine, il y avait un trou qui dessinait exactement son profil. Je t’assure, il y avait jusqu’à une pointe pour la moustache qui revient comme cela en avant…

Et à l’aide du doigt, elle indiquait le dessin, d’un petit geste en spirale.

— Geneviève !…

La pauvre tante rougissait, croisait les mains, invoquait les Saints du paradis. Ses remontrances se heurtaient à la candeur parfaite des confessions de la jeune fille. Elle avait consulté l’abbé Moisan qui avait conseillé la lecture d’ouvrages édifiants. Le marquis d’Aubrebie avait surpris ce qui se passait et donné son avis sans qu’on le lui demandât : « Laissez-la parler, ma chère amie, laissez-la parler, cela s’échappe par là. Mais menez-la dehors, faites-lui faire des promenades. »

L’abbé Moisan était revenu quelque temps après en proposant un mariage avec un petit notaire « appartenant à une famille des plus honorables. »

— Comment voulez-vous, avait objecté Mlle Cloque, qu’il puisse être question de mariage dans l’état où elle est ? Laissons passer le temps.

Le temps avait passé non sans un accompagnement de cruautés nouvelles. Les disgrâces particulières de la tante avaient fourni une triste diversion aux souffrances de la nièce. C’était peut-être à l’excès même de leur détresse qu’elles devaient l’une et l’autre d’avoir supporté ces mois néfastes. Leurs infortunes les avaient rendues indulgentes à leurs plaintes réciproques, et finalement, il leur montait un farouche plaisir des pires sujets cent fois retouchés en commun, comme si la douleur humaine portait en soi son remède, et, ayant atteint les extrêmes limites, se pansait elle-même à l’aide de ses éclaboussures.

Un jour cependant, une pudeur avait clos les lèvres de la petite amoureuse, c’était lorsque l’annonce du mariage de Marie-Joseph avec Léopoldine était devenue officielle. Durant des semaines, on n’avait plus prononcé un seul nom pouvant rappeler de près ou de loin les deux familles parties momentanément pour Grenoble. Ce silence pesait autant à la tante qu’à la nièce, car Mlle Jouffroy, l’aînée, avait été récemment nommée présidente de l’Ouvroir, et il eût été bon d’exprimer à ce propos son amertume.

Mlle Cloque était intimement confondue de la manière adroite dont les Grenaille avaient mené les événements. Ils voulaient avoir par un de leurs fils un pied dans le monde catholique — qu’ils jugeaient prudent de ménager, — de même que par l’aîné ils s’étaient fermement appuyés sur le monde des affaires. Et, ayant échoué devant l’intransigeance de la vieille zélatrice, ils avaient fomenté contre elle une réaction, l’avaient brisée et remplacée habilement par ce soliveau de Mlle Jouffroy dont on élevait le frère à une haute fonction administrative et prenait la nièce, belle et fraîche créature sans scrupules, admirablement taillée pour leur genre de vie. Derrière cette forte diplomatie, elle distinguait non pas le comte, qui, en vérité, n’avait jamais été si malin, mais la figure haïssable et terrifiante de Niort-Caen, tout jaune, tout mou, sa petite main blanche pétrissant ses traits mobiles, derrière la grande table à dossiers : un cauchemar du jour et de la nuit.

Depuis le mariage on restait muet.

Une après-midi de la fin d’avril, comme Mlle Cloque ouvrait la fenêtre de la chambre de Geneviève pour faire l’inventaire des toilettes de printemps, elle vit s’entre-bâiller la petite porte de la rue de la Bourde, et distingua la mère Loupaing qui causait furtivement avec la Pelet :

— Elle n’aura pas fait plus de bruit à sa sortie qu’à son entrée sous les verrous…

C’était une allusion à la grâce, à elle refusée par Niort-Caen et sans doute accordée à la nouvelle présidente, puisque l’affaire de la protégée de l’Ouvroir avait passé presque inaperçue dans les journaux. Seule Mlle Cloque en portait toute la responsabilité.

Geneviève, amaigrie, les yeux creusés, illuminés d’une sourde flamme, épiait l’occasion qui ramènerait l’entretien sur leur douleur. Elle brossait et secouait les robes avec des mouvements brusques. Dans l’état de mélancolie qui la détachait de beaucoup de choses et tiédissait jusque sa piété, elle gardait un goût vif pour la toilette. Même durant les jours lugubres de l’hiver, où l’on ne sortait que le matin, dans la boue neigeuse, pour aller jusqu’à la chapelle de l’Adoration, jamais elle n’avait négligé de s’habiller. Elle dit à sa tante, gauchement, avec une de ces fausses transitions dont la maladresse trahit l’intention :

— Voilà une robe qui ne fera plus long feu… Tu te rappelles quand je la portais ?…

— Quand tu la portais, mon enfant ?

— Ce n’est déjà pas d’hier ! tu ne te souviens, pas ?… Dame, je l’ai déjà rafistolée pour l’année dernière, et elle n’était même pas toute neuve le jour que je veux dire, tu sais bien… Voyons ! quand nous sommes allées faire visite… il y aura deux ans à l’automne, tiens… avant de rentrer à Marmoutier… là-bas… boulevard Béranger ?

— Ah !

Mlle Cloque revoyait en effet cette visite chez la comtesse : le jardin, les grandes allées bordées de buis, les sons de la musique militaire, la jeune juive cueillant des roses.

— Eh bien ! mon enfant, dit-elle, il faudra examiner si tes économies te permettent de la remplacer, cette robe.

Geneviève, désappointée par la réponse de sa tante, regarda le pupitre sur la table :

— Mes économies, dit-elle, elles sont là, tu peux voir.

Mlle Cloque jeta les yeux sur le pupitre muni de sa clef à la serrure. Elle entendait encore les paroles du docteur Cornet descendant l’escalier : « À votre place, moi, je regarderais dans le pupitre… » Elle n’avait pas osé le faire. Et aujourd’hui, c’était Geneviève qui lui disait elle-même : « Regarde donc dans le pupitre ! »

— À quoi bon ? tu dois savoir ce que tu as de côté ?

— Non, non ! regarde ! regarde !

Mlle Cloque souleva la planchette du petit meuble.

Geneviève brossait, brossait ; et, de l’ongle, envoyait des pichenettes de ci, de là, aux endroits douteux de l’étoffe.

— Où c’est-il ? dit la tante.

Elle répondit sans se détourner :

— Sous les papiers, dans la petite boîte ronde où il y a écrit : pâte pectorale.

Mlle Cloque remarqua un amoncellement de papiers recouverts de l’écriture haute, hachée et pointue qu’adoptent toutes les élèves du Sacré-Cœur ; elle distingua même des lignes inégales qui pouvaient être des vers. Ce diable de docteur aurait-il eu l’intuition complète de la réalité ? Mais, qu’importait-il, maintenant ? Elle ne saurait plus rien apprendre des mémoires de Geneviève, quels qu’ils fussent. Elle fureta du bout des doigts, sous les papiers, jusqu’à la boîte de pâte pectorale, et referma le pupitre sans insister.

— Ah ! bien ! dit Geneviève, tu es meilleure chercheuse que moi. Tu trouves tout de suite !

Alors elle vint elle-même au pupitre. Elle le rouvrit ; et, pendant que sa tante énumérait le contenu de la caisse, elle restait pensive devant les papiers.

La tante continuait d’affecter de n’y pas prendre garde ; Geneviève dit :

— En ai-je un désordre là-dedans ! crois-tu ? Tu ne me grondes pas de tenir ainsi toutes mes affaires en pagaille ? Ah ! si j’étais encore au couvent !…

Mlle Cloque recommençait de compter, croyant s’être trompée. Geneviève poursuivit toute seule :

— Il est vrai que si j’étais au couvent, on ne me laisserait pas barbouiller comme cela du papier…

— Dis donc ! mon enfant, interrompit Mlle Cloque, il me semble que tu as fait beaucoup de dépenses pour ta toilette ! Sais-tu ce qu’il te reste pour ta demi-saison ?

Mais c’était au tour de Geneviève de ne pas entendre. Penchée sur le pupitre ouvert, elle touchait de ses doigts longs, un peu trop maigres, les feuilles de papier de tout format et de toutes nuances, que couvrait son écriture. Elle attendait que sa tante comprît enfin et la grondât d’écrire. Ah ! comme elle désirait, de son cœur meurtri, de sa passion étouffée, et de la frénésie de ses sens inconnus, comme elle désirait être grondée à cause de cela ! Il y avait si longtemps qu’on ne parlait de rien !

Mlle Cloque comprenait trop bien. Sans y regarder de plus près, elle devinait sur ces feuilles, les naïves confidences, les vers construits à coups de dictionnaire des rimes, à l’imitation des pièces d’anthologie ou des cantiques de couvent. Elle savait quel nom elle y lirait, entrelacé probablement dans chaque strophe. N’avait-elle pas trouvé un paroissien dont Geneviève se servait à Marmoutier, où, dans le texte des évangiles, les noms de « Marie » et de « Joseph » étaient soulignés au crayon ou à l’ongle autant de fois qu’ils y étaient imprimés ?

La vieille tante ne broncha pas. Elle tenait toujours à la main la boîte de pâte pectorale où elle faisait remuer les économies de Geneviève. Elle dit :

— Allons, je vais violer notre petite constitution, je prendrai une pièce sur les fonds secrets pour l’introduire dans cette boîte-là : nous aurons de quoi nous offrir une robe ? Allons-nous choisir l’étoffe pendant qu’il fait jour ?

— Comme tu voudras, dit Geneviève.

— Tu ne me remercies pas ?

— Si, si, tante, tu es bonne…

Son regard déçu semblait se raccrocher dans l’espace à quelque nouvelle chimère. Elle dit :

— Et, est-ce que nous irons aussi chez le dentiste, rue Royale ?…

— C’est juste, mon enfant, il faudra y passer puisque nous avons pris rendez-vous.

Sortir en ville était devenu un supplice pour Mlle Cloque. Non seulement la rue Royale lui était désormais un lieu redoutable à cause des rencontres que l’on courait le risque d’y faire, mais la traversée de son quartier même lui déchirait le cœur.

Elle ne pouvait quitter la rue de la Bourde sans passer dans le nuage de poussière des démolitions de l’église Saint-Clément. Une semaine durant, on avait vu les sveltes arceaux gothiques dresser encore vers le ciel leur échine tronquée, comme des martyrs tentés, au moment de mourir, de désespérer de Dieu. Puis, les arceaux jetés à terre, ç’avait été le tour du superbe jubé de la Renaissance, prostituant aux souillures du grand jour ou de la pluie ses fines sculptures et sa délicate vocation pour les seules caresses des lumières de cire ou pour les intimités sacrées de l’ombre.

La place entière n’offrait plus à la vue qu’un chaos : des pyramides ou des montagnes de moellons, des trous comme si l’on creusait des bassins, et une forêt de mâts d’échafaudages donnant l’idée d’un port de mer ; le tout retentissant d’un bruit infernal : les bouleversements en vue de la laïcisation commerciale du quartier ; l’œuvre de Niort-Caen.

La rue Saint-Martin venait d’être débaptisée et nommée rue des Halles. Mais la rue Descartes offrait un spectacle plus affligeant encore.

De l’ancienne chapelle provisoire, il ne restait pas pierre sur pierre ; ce n’était qu’un espace béant, un vide qui semblait immense et laissait à nu, tout alentour, les flancs écorchés et lamentables de hautes maisons. De la rue, on ne voyait rien qu’une palissade de planches hermétiquement closes, contre quoi les fervents ou les curieux, parfois, appliquaient l’oreille. Par les temps secs, il s’élevait, avec le vent, des nuées de terre friable. On entendait les grands coups sourds des pioches défonçant le sol, et çà et là, des grignotements plus circonspects qui laissaient supposer l’exhumation minutieuse des antiques murailles. Une seule chose était demeurée intacte : le tombeau du Thaumaturge. Les gens informés disaient qu’il était garanti par une forte caisse de bois, dans le milieu même des travaux ; cela formait un petit cabanon, gênant, mais respecté. Les ouvriers ne le plaisantaient point et ne s’en approchaient qu’avec crainte, à cause des innombrables béquilles en ex-voto qu’ils y avaient vues appendues précédemment.

Où était l’aveugle aux lèvres tuméfiées par la prière monotone ? Où était la Mouche ? Où était le guichet du Frère bleu ? Où était le Frère bleu lui-même ?

Un prodige d’équilibre maintenait debout l’angle de la maison Pigeonneau, qui semblait encore aiguisé par son isolement. De longs madriers penchés en arc-boutants lui prêtaient un appui dérisoire, en attendant l’époque prochaine de la fin du bail. Pigeonneau, fort de son contrat, avait refusé d’évacuer la place avant la dernière extrémité.

Les quelques personnes demeurées fidèles au magasin ultramontain y tenaient encore parfois de tristes colloques. C’était le seul endroit où l’on se retrouvât entre gens « bien pensants », où l’on se sentît à l’abri des ralliés aux idées nouvelles. On s’y mêlait aux âmes fluctuantes que le zèle inaltérable de M. Houblon reconquérait par hasard, mais pour une période presque toujours éphémère. Cet apôtre donnait encore, dès qu’on l’approchait, l’illusion d’une grande force. Il élevait si haut, en parlant, un bras qui avait l’air de commander si loin, et comme à des puissances inconnues, qu’en présence même de ses défaites les plus évidentes, on hésitait à le déclarer vaincu. Mais malgré qu’il se démenât, il ne pouvait être présent partout à la fois, et la vertu de ses arguments disparaissait avec lui.

Le marquis d’Aubrebie que son scepticisme maintenait à l’écart des révolutions, continuait à rendre quotidiennement ses devoirs à Mme Pigeonneau. Celle-ci était plus charmante que jamais, et, au sein même des troubles qui semblaient compromettre sa fortune, prenait de la mine et quasiment de l’embonpoint. Pigeonneau lui-même, quand il montrait le nez à la porte de la reliure, avait son immuable figure placide.

— Pigeonneau, disait le marquis, je vous trouve stoïque !

— Oh ! ça m’est bien égal, répondait le relieur, on peut me dire ce qu’on voudra, du moment que j’ai à travailler.

Pour taquiner ces dames, M. d’Aubrebie aimait à rappeler les dernières batailles de M. Houblon. La plus chaude avait eu lieu lors de la fête de saint Martin. Pendant des mois, le champion de la Basilique avait escompté cette date pour l’accomplissement de grandes choses. Il confessait tout bas avoir prévu des barricades.

Le 11 novembre de chaque année, on venait en effet à Tours, non seulement du département, mais des diocèses voisins et circonvoisins. Les évêques avaient coutume de se joindre à leur clergé et à leurs fidèles, et la présence de nombreux princes de l’Église donnait un éclat particulier à cette solennité. Avant l’interdiction des processions, les reliques de saint Martin étaient portées dans les rues, et, du haut d’une estrade adossée au pied de la vieille tour Charlemagne, en face de la maison de blanc et du magasin Pigeonneau, tout au bout de la rue Descartes, un cardinal donnait la bénédiction. « À un moment de cet imposant spectacle, ne manquaient pas d’écrire, le lendemain, les feuilles religieuses, on se fût cru sur l’immense place de Saint-Pierre, dans la capitale même de la chrétienté, alors que le Très Saint Père prononce urbi et orbi… etc. » Depuis qu’un maire radical avait supprimé les manifestations extérieures du culte, la fête de saint Martin se célébrait plus modestement, il est vrai, dans l’intérieur de la chapelle. Mais, cette dernière année, on avait pu espérer un regain de l’ancienne affluence, la Semaine Religieuse et le Journal du Département ayant annoncé que la cérémonie de la fête de saint Martin devait être la dernière célébrée à la vénérable chapelle provisoire. C’était peu de jours après, en effet, que ce lieu devait être abandonné « à la pioche des démolisseurs » pour être «  dignement remplacé » disait le premier organe, « par le magnifique temple nouveau élevé au grand Thaumaturge des Gaules, grâce au touchant accord des fidèles » ; « pour céder, disait l’adversaire, à la tyrannie occulte des franc-maçons et des juifs, dont les mains unies à la même truelle imposaient désormais jusques aux sols sacrés leurs humiliantes architectures ».

M. Houblon avait lancé dix mille convocations à tous les cercles catholiques, à toutes les associations de bienfaisance, à tous les membres de la société de Saint-Vincent de Paul, de la Confrérie du Tiers-Ordre de Saint-François, etc., etc. Il assistait à l’arrivée des trains de pèlerins, en compagnie de « commissaires » choisis parmi les jeunes gens des meilleures familles, et portant à la boutonnière un insigne bleu céleste, frangé d’or, de la longueur de la main. Ces messieurs distribuaient aux pèlerins d’autres insignes, acceptés volontiers, prêtant à confusion : « Vive saint Martin ! » y lisait-on en caractères argentés. N’était-ce pas la dévotion à saint Martin qui amenait effectivement tous ces étrangers ?

M. Houblon avait eu des minutes de triomphe en conduisant par les boulevards cette foule docile que son aspect honnête et sa parole ardente échauffait le long du chemin. Il lui faisait crier : « Vive saint Martin ! » Et elle criait. Les personnes de la ville, croyant à une opposition violente contre les choses accomplies, avaient eu peur un moment.

— Où allons-nous ? s’étaient risqués à demander quelques pèlerins.

— Au Cirque ! avait répondu M. Houblon, afin de nous entendre sur la conduite à tenir…

Il avait loué de ses propres deniers le Cirque de la ville, pour y parler devant les pèlerins assemblés

On ne comprit pas ; on demanda des éclaircissements ; il en donna ; on comprit moins encore. Enfin la lumière se fit ; on ne s’était point du tout entendus. Ces braves gens ignoraient pour la plupart l’existence du parti basilicien. Ils venaient assister aux fêtes, quelles qu’elles fussent. D’ailleurs ils pensaient premièrement à déjeuner. Ils se disloquèrent, se répandant dans les hôtels et les auberges.

M. Houblon eut environ trente personnes au Cirque. Il parla néanmoins ; il les conquit, les maintint fermement tout le jour. Mais que faire d’un troupeau si mince ? On s’abstint : c’est la force du faible. Pendant les cérémonies, et pour ne point entendre les paroles de triomphe de M. l’abbé Janvier, M. Houblon, des plans à la main, promena pacifiquement les trente protestataires autour de la colossale enceinte présumée de l’ancienne Basilique. Ensemble ils foulèrent dans toute son étendue probable, le sol qu’honora jadis le monument deux fois ruiné par les temps modernes. Très loin de la rue Saint-Martin et de la Chapelle, ayant passé par un labyrinthe de petites rues, ils n’avaient pas atteint l’emplacement de l’antique atrium, « ou déambulatoire » prononçait M. Houblon. Il n’y avait pas à dire, les plans étaient là ; on les leur faisait toucher du doigt. Et le cicérone passionné décrivait la chose énorme telle qu’elle avait dû être, telle que des yeux plus fortunés l’avaient vue. Il prononçait des mots techniques mêlés à de fortes images évocatrices. Si celles-ci laissaient un doute dans l’esprit des auditeurs, on retombait inébranlablement sur les autres. Il parlait de basiliques trichores et d’absides pentachores. Il citait des descriptions tirées de manuscrits du ixe siècle :

Ingrediens templum… etc.

Et se retournant tout à coup vers le nord, le plan à la main, un bras étendu vers la droite :

A parte orientis… s’écriait-il.

Par moments, dans son exaltation, il oubliait de traduire, ce qui ne produisait pas mauvais effet.

— La tour ? messieurs, dit-il, en répondant à une interrogation, mais la tour elle-même, quelque soit son éloignement de la bâtarde reconstitution actuelle, ne posait pas le pied en dehors de l’enceinte !

— Oh ! s’écriait-on, en signe d’admiration.

Et il en citait la preuve tirée de Grégoire de Tours :

— Un pèlerin, disait-il, avait tenté d’emporter secrètement quelque pieux souvenir de la Basilique : de la cire ou de la poussière du tombeau. Il n’y put réussir et revint la nuit pour les vigiles. Ayant alors rencontré le câble qui sert à mettre la cloche (signum) en mouvement, il en coupa un fragment : nocte ad funem ilium de quo signum commovetur advenit. Ce texte, ajoutait-il, prouve clairement que la tour n’était pas en dehors de l’église.

Tous, peu à peu, finissaient par voir comme lui le monument des temps anciens englobant les deux tours survivantes. Il se grossissait à leurs yeux, de tout ce qu’il eût fallu détruire pour le remettre debout. Et le sentiment du gigantesque s’emparait de leur esprit. Ils allaient, allaient, par de petites rues, débouchaient dans de grandes, s’infiltraient à nouveau dans des boyaux tortueux :

— Jusque-là ? demandait quelqu’un.

— Jusque-là ! répondait victorieusement M. Houblon.

Il avait accompli seul déjà ce pèlerinage rétrospectif. Il s’enivrait aujourd’hui de fournir à ses trente compagnons un rêve grandiose.

— Voyez-vous ? disait-il, en levant sa canne sur les misérables bicoques de bois.

Ils levaient les yeux. Ils voyaient la Basilique !

— Ce cher M. Houblon, disait Mme Pigeonneau, a dû dépenser beaucoup d’argent dans ces histoires-là…

— On prétend qu’il est fort gêné.

— Et avec tout ça, il ne case point ses demoiselles. Enfin, monsieur le marquis, quand on a charge de famille, est-ce qu’on ne devrait pas tout de même penser un peu aux choses sérieuses ?

— C’est un artiste, disait M. d’Aubrebie.

— C’est un saint ! disait Mlle Cloque. Il n’a pas cessé un seul instant d’avoir le courage de sa foi. Et d’ailleurs, ajouta-t-elle avec une pointe de fierté, ne sommes-nous pas tous logés un peu à la même enseigne ? Vous-même, chère madame Pigeonneau, n’êtes-vous pas un tantinet compromise ?

— Oh ! moi !…

Et l’aimable femme souriait, creusant à ses joues grasses deux fossettes exquises. Elle semblait exempte d’inquiétude. On admirait sa confiance.

— Vous avez raison, madame Pigeonneau ! Dieu n’abandonne jamais ceux qui se confient à sa divine Providence.

La jeune femme souriait encore :

— Ce n’est pas dans l’intention de médire de la Providence, mademoiselle Cloque, mais, pour en revenir encore à M. Houblon, regardez un peu ce qui lui arrive : — soit dit entre nous, bien entendu, car je crois qu’il serait joliment mécontent s’il apprenait qu’on parle de cela. — Il paraît qu’il avait compté toucher ses cachets, comme organiste à Notre-Dame-la-Riche. En tous cas, il en avait fait la demande. Vous pensez s’il faut qu’il soit bas, le cher homme, pour en arriver là, lui qui a toujours prêté gracieusement son concours. Eh bien ! savez-vous ce que la Fabrique a répondu à sa demande ? Elle l’a prié de cesser ses services, tout simplement ! On va lui nommer sous le nez un autre organiste appointé.

— Le pauvre homme, qui tenait l’orgue pour son plaisir ! Il n’aura même pas la consolation de s’entendre !

— On attendait toujours le résultat de la fameuse liste aux trois cents signatures ! observa le marquis ; le voilà !

— Il faut avouer que ce n’était pas de ce côté-là qu’on l’attendait.

— On n’est jamais trahi que par les siens.

Bien qu’elle n’apprit plus guère, hélas, que de mauvaises nouvelles, Mlle Cloque fut vivement affectée du malheur de son grand ami.

— Je l’ai vu hier, disait-elle à Geneviève, en s’acheminant vers chez le dentiste ; il était comme l’ordinaire ; on n’aurait pas cru qu’il lui fût arrivé quelque chose… Quel exemple que cet homme-là !

Elles traversèrent la rue Royale avec la rapidité d’oiseaux effarouchés, tant on craignait, — du moins la tante, — la rencontre des Montcontour.

Il était loin le temps des stations chez Roche, des bonjours à Mlle Zélie à travers les glaces : « à tout à l’heure !… » des promenades dans le gai mouvement de cinq heures. Et le battement de cœur que donnait autrefois l’hôtel du Faisan qui symbolisait l’arrivée en vacances ! Il semblait à Geneviève que des années avaient passé durant un seul triste hiver.

Jadis, Mlle Cloque menait chaque année sa nièce se faire examiner la bouche par Mönick. Mais l’illustre chirurgien ayant augmenté ses prix, à mesure que diminuaient les ressources de la vieille fille, on avait fait fléchir son amour-propre, et on allait pour la première fois chez le concurrent, situé juste en face, moins cher, aussi fort, disait-on, et nommé Stanislas de Wielosowsky.

C’était un Polonais blond et gras qui avait un violon et un pupitre à musique derrière le terrible fauteuil machiné. Il parlait d’une voix douce à l’accent agréable :

— Des dents de nacre, fit-il.

— Oh ! oui, dit Mlle Cloque, elle a une dentition très délicate.

Il promenait le petit miroir entre le double hémicycle des fines dents transparentes.

— Il y en a une piquée, dit-il. En voici une autre… Oh ! oh ! ajouta-t-il, en soulevant la lèvre, d’un doigt parfumé : ce sont les gencives !… qui est-ce qui soigne donc cette jeune fille-là ?

Mlle Cloque n’osa prononcer le nom du médecin homéopathe, qu’elle n’avait plus fait venir d’ailleurs, depuis la première faiblesse de Geneviève.

— Mon Dieu, dit-elle, embarrassée, il n’y a que sept ou huit mois qu’elle est sortie de pension… C’était le docteur Gatineau qui les soignait là-bas, n’est-ce pas, mon enfant ?

— Elle a besoin de fortifiants. Regardez-moi ça : est-ce que ce sont là des gencives ?

C’était le défaut de Mlle Cloque d’apporter trop peu d’attention aux soins physiques. Peut-être était-elle coupable d’une certaine négligence. Mais aussitôt son attention éveillée, voilà qu’elle croit tout perdu ; elle voit sa Geneviève en danger ; elle s’accuse d’avoir manqué de prévoyance ; elle jetterait tout au feu pour sauver sa chère enfant ; son imagination est partie ; le dentiste est obligé d’atténuer ses premières paroles. Elle avait été jusqu’à lui dire :

— Mais enfin. Monsieur, y a-t-il encore moyen de réagir ?

Le chirurgien avait souri :

— Fichtre ! je l’espère bien, Mademoiselle. Le médecin nous ordonnera quelque régime ferrugineux, et nous nous occuperons de ces deux dents-là.

Tout de suite, on courut chez Cornet.

Au premier aspect de Geneviève, il se mit en colère :

— Non d’une pipe ! s’écria-t-il, vous n’avez donc pas fait ce que je vous ai dit ?

— Comment ? s’écria la pauvre tante interloquée, mais, docteur, vous n’aviez rien ordonné…

Il la regarda de son œil gris qui, sous l’épais sourcil retombant, semblait vous lorgner au travers d’une jalousie :

— Je n’avais rien ordonné !… je n’avais rien ordonné !

Il prononça cela sur un ton bougonnant qui signifiait : « Il faut donc vous mâcher les choses ? Il faut vous écrire cela sur un papier pour que vous compreniez !… »

L’œil et l’intonation étaient si expressifs, qu’elle saisit aussitôt une allusion au pupitre. En effet, il lui avait conseillé de l’ouvrir. C’était une ordonnance. Si elle l’eût suivie et eût fait part au docteur de sa découverte, il eût peut-être trouvé un moyen, lui, d’éviter le dépérissement de la jeune fille.

Mlle Cloque tremblait de tous ses membres, contrairement à Geneviève qui ne s’impressionnait aucunement, conservant vis-à-vis de ces paroles inquiétantes, la figure tranquille, muette et résignée qu’elle avait toujours eue dans l’intervalle des crises de chagrin.

Cornet ayant fiché sur ses cheveux gris une toque grasse, s’était assis à son bureau, et il écrivait.

— Cette fois-ci, dit-il, on va donc vous mettre sur du papier ce qu’il faut faire. C’est une ordonnance cela !

Il plia son papier en deux après l’avoir séché devant un grand feu de coke. Il ouvrit un petit tiroir du bureau, où des flacons minuscules, étiquetés sur le bouchon, passaient le cou par les trous réguliers d’une mince plaque de liège.

Sa main malpropre et savante glissa sur le clavier de poisons et s’arrêta, sans le secours des yeux, à la petite bouteille qu’il fallait. Il en versa quelques gouttes, comptées attentivement, dans un flacon vide, et reboucha le tout en faisant grincer le liège. Puis il lut tout haut l’ordonnance qui acheva d’exténuer Mlle Cloque. Elle fit observer, d’une voix que couvrait la montée des larmes, en répétant quelques-unes des prescriptions :

— « Changer de milieu, voir des figures nouvelles» ; passe encore s’il le faut, mais, mon cher docteur, comment voulez-vous que nous allions « dans les montagnes ? »… et en Suisse par-dessus le marché ! Je ne parle pas de mon âge ; Dieu merci, je me remue encore, mais il y a malheureusement la question… pécuniaire.

— Le voyage n’est pas si cher, dit Cornet, et c’est là-bas que vous pourrez trouver au meilleur compte le moyen de passer trois ou quatre mois hors de chez vous, toutes conditions réunies. Allons ! allons ! si je vous ordonne cela, c’est qu’il n’y a pas moyen de faire autrement.

Comme il les reconduisait, la jeune fille étant passée devant, il retint la tante par le bras et lui dit dans l’oreille :

— Question de vie ou de mort.

Si elle ne mourut pas sur ce coup, elle, la pauvre vieille, ce fut que son amour pour l’enfant opéra un miracle. Elle eut le courage de mentir immédiatement à Geneviève :

— Heureusement, son dernier mot m’a rassurée.

— Ah ! dit Geneviève.

Pendant trois semaines, la maison de la rue de la Bourde fut sens dessus dessous. Mariette avait commencé par jeter les hauts cris à l’annonce du voyage de ces demoiselles, et avait prononcé :

— C’est la fin de tout !

Les Loupaing étaient venus demander à la locataire « si ce n’était pas une façon de donner congé. »

— Dame ! est-ce qu’on sait jamais, quand on s’en va si loin !…

Et ils donnaient des signes d’inquiétude et de regret. Ils étaient d’ailleurs d’une prévenance parfois obséquieuse. C’était à qui des trois offrirait ses services, à tout propos, souvent sans propos aucun. Le plombier avait fait poser un toit de zinc au petit hangar, et surveillé lui-même le travail.

— Mais ça va me coûter les yeux de la tête ! avait objecté Mlle Cloque.

— Taisez-vous donc ! On s’arrangera. Est-ce que je vous demande quelque chose ?

Le plâtrier était venu en personne blanchir le pan de muraille où s’adossait la cage à poules.

Et, bien avant que la lumière du printemps eût percé le ciel gris, Loupaing armé de la lance arrosait le jardinet de sa locataire, de préférence à sa propre cour.

— Si nous avions passé l’été ici, avouait Mlle Cloque, je crois que cet être-là eût fini par devenir ennuyeux. On n’est plus chez soi.

C’était le moment où les bourgeons des rosiers commençaient à s’ouvrir, et les fusains ranimaient le bout de leurs branches par un vert tendre et frais. Entre les membrures du catalpa, les feuilles nouvelles allaient bientôt redessiner de chimériques images. Et la fontaine, tarie durant l’hiver, s’était remise à égrener son murmure favorable aux songes.

— Pourquoi nous en aller ? disait Geneviève enracinée aux lieux mêmes de son lent martyre.

— Parce qu’il le faut ! répondait la tante.

Elle avait dû vendre des titres pour faire face aux dépenses du voyage. Ce n’était pas assez que ses revenus diminuassent : elle entamait son petit capital. Le pire, peut-être, avait été de donner ordre à son banquier, à travers le grillage : « Il s’agirait de vendre ces trois obligations… » Il la connaissait pour lui payer ses coupons chaque trimestre. Il lui avait fait remarquer que son intérêt consistait plutôt à…

— Si, si ! vendez ! je vous prie !

Elle avait cru qu’il la regardait avec un air de pitié.

Mais les mots de Cornet lui bourdonnaient sans cesse aux oreilles : « Question de vie ou de mort. »

La tournée des adieux fut courte, puisque tous s’étaient retirés d’elle. On recommanda au marquis d’éviter les mauvaises connaissances. On embrassa Mme Pigeonneau et les rares personnes qui se trouvaient chez elle. Ce fut en serrant la main de l’infortuné M. Houblon que le cœur de sa vieille amie se souleva. L’ex-organiste ne confessait rien de sa détresse ; il parlait toujours, et d’espoir en l’avenir !

M. l’abbé Moisan sollicita de sa pénitente un moment d’entretien particulier afin de lui toucher encore une fois un mot de son petit notaire.

— Ce garçon est complètement gagné par le portrait qui lui a été fait de mademoiselle votre nièce. Vous avez tort de ne pas accepter au moins une entrevue avant votre départ… Il habite un pays sain ; c’est pour ainsi dire la pleine campagne, et à une heure d’ici, sur la grande ligne de Paris-Bordeaux…

— Mais monsieur l’abbé…

— À quoi cela vous eût-il engagée ? Une entrevue et tout est dit. Au cas où la Providence eût regardé cette combinaison d’un œil bienveillant, la chère enfant eût pu trouver la santé et le bonheur quasi à votre porte et sans recourir à des expéditions lointaines…

Mais Mlle Cloque traitait, à part soi, de rengaines la proposition de l’abbé Moisan. Outre qu’elle jugeait imprudent de parler mariage en ce moment à Geneviève, elle préférait encore pour celle-ci le voyage et son imprévu, à la piteuse solution d’un véritable enterrement dans un village.

— Plus tard, monsieur l’abbé, nous verrons ; nous avons le temps de penser à cela.

Vers le milieu de mai, un omnibus du chemin de fer vint prendre ces demoiselles, rue de la Bourde. On empila les bagages brutalement au-dessus de leurs têtes. À chaque heurt violent, elles sautaient, l’une et l’autre, sur la banquette, car leur vie enclose et abritée des rigueurs physiques leur donnait une sensibilité excessive.

Mariette bougonnait :

— C’est autant fait pour voyager que moi pour dire la messe !

— Adieu ! adieu !

— Portez-vous bien !

Le gros vacarme de l’omnibus attira aux fenêtres quelques figures de femmes hébétées. Elles se retournaient vers l’intérieur pour annoncer ce qu’elles avaient vu. D’autres sortirent. Et, il s’en trouva un grand nombre dehors pour commenter l’événement.