Malherbe et ses sources (Counson)/3

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H. Vaillant-Carmanne (p. 49-59).


CHAPITRE III

La Bible


De toutes les influences subies par les écrivains français, celle de la Bible est la plus longue, et la seule peut-être qu’aucune révolution littéraire n’ait contestée : depuis le Psautier de Montebourg jusqu’à la Conscience de Victor Hugo, les générations successives ont mis dans leur interprétation des Livres saints la forme de leur pensée et de leur art. Le XVIIe siècle s’y est appliqué comme les autres, et ses idées religieuses ont trouvé leur expression dans un genre qui jette alors son plus vif éclat, l’éloquence de la chaire[1]. Les Français de ce temps-là ont mis aussi dans d’autres œuvres leurs sentiments et leurs idées, c’est-à-dire une partie des sentiments et des idées d’Israël, en qui le christianisme les avait habitués à voir, en quelque sorte, leurs ancêtres moraux : comme il y avait alors une poésie lyrique — ou réputée telle — rien de plus naturel que l’employer à paraphraser la Bible. Aussi c’est ce que tout le monde faisait[2]. Clément Marot s’était déjà attaché à cette besogne, et les accents modulés sur son « flageolet » avaient éveillé des échos inattendus : on était justement à se disputer sur la lecture des textes sacrés, et les réformés faisaient aux Psaumes un succès compromettant. Ce fut même pour combattre Marot que Desportes se mit à sa traduction : et si, suivant les paroles de Mathurin Régnier son neveu,

Sur le luth de David on a chanté ses vers[3],


c’est un fait qui intéresse plus l’histoire religieuse que la poésie française. À ce dernier point de vue, Malherbe jugea les Psaumes de Desportes, et il leur préféra bravement la soupe de l’abbé. Lui-même en fit, pourtant, des paraphrases, sans être beaucoup mieux préparé que ses prédécesseurs.

Un esprit pratique et positif traite volontiers la religion comme une institution sociale quelconque, il en tient compte, il s’y conforme même, sa suprême sagesse est de faire comme tout le monde ; c’est la philosophie de Montaigne, c’est aussi la théorie favorite de Malherbe (le Normand et le Gascon se ressemblent souvent). Il avait toujours à la bouche le vers que Prudence fait prononcer à Gallien : Cole daemonium quod colit civitas[4]. Du moins Sauvai le dit, et Racan, qui voudrait bien nous faire un Malherbe pieux, avoue « qu’il lui échappoit quelquefois de dire que la religion des honnêtes gens étoit celle de leur prince[5] ». À son lit de mort il ne se décida à recevoir le prêtre que quand on lui eut rappelé qu’il fallait vivre et mourir comme les autres ; et à ses derniers moments, d’après une anecdote fameuse, il songeait plus à la langue française qu’à l’éternité. Non pas qu’il fût un Bonaventure Des Periers ni même un Érasme ; il avait des croyances, et s’il lui arrive de plaisanter le carême[6], ou une prière qu’il vient de prononcer[7], il lui arrivait aussi d’aller en pèlerinage. C’en était assez pour n’être pas brûlé en place de Grève ; mais comment en est-il venu à paraphraser les psaumes ? Ce n’a sans doute pas été à force de lire des textes sacrés : « Dispersit superbos mente cordis sui, c’est tout ce que je sais du Magnificat[8] », écrit-il à Peiresc, et je le soupçonne fort de faire cet aveu précisément à l’occasion d’une de ses paraphrases, et de cligner de l’œil du côté des malins.

Sans qu’on puisse dire pourquoi, ni même au juste quand, Malherbe commença par traduire le psaume VIII, qui avait déjà occupé J.-A. de Baïf en même temps que les paraphrastes de profession. Il célèbre la « Sagesse éternelle » en vers plus corrects que ceux de ses prédécesseurs, et il ajoute à son modèle un détail curieux. Rencontrant « les oiseaux du ciel et les bêtes de la terre et les poissons qui parcourent les sentiers de la mer », au lieu de faire de cela un de ces tableaux oratoires que Bertaut savait réussir, il s’écrie, en s’adressant toujours à Dieu :

Et par ton règlement, l’air, la mer et la terre
N’entretiennent-ils pas
Une secrète loi de se faire la guerre
À qui de plus de mets fournira ses repas[9] ?


Et cela, on le sait, il l’a pris dans Sénèque, que nous retrouverons souvent dans sa pensée et, partant, dans sa poésie.

Sa seconde paraphrase est celle du psaume CXXVIII ; et on connaît les circonstances dans lesquelles elle fut faite : Malherbe voulait, depuis plus d’un an, « mériter une gratification par quelque nouvel ouvrage[10] » quand éclata la guerre des Princes. La petite praguerie organisée contre la reine mère ne causait probablement pas grande indignation au poète ; mais, comme la reine mère le payait, il importait de flétrir les révoltés. Justement il y avait un psaume qui célébrait la défaite des ennemis d’Israël et la vanité de leurs embûches : et comment n’y aurait-on pas songé, alors que depuis longtemps les partis en France se jetaient à la tête des passages de l’Écriture ? Notre homme se mit donc à paraphraser le psaume CXXVIII, atténuant une image trop forte[11], exprimant clairement le fœnum tectorum[12] qu’il fallait bien expliquer aux habitants du Louvre, et rendant en somme les principales pensées avec une certaine élégance, et le plus de soin possible. Il y mit même tant de soin qu’il n’eut pas fini à temps — cela lui arriva plus d’une fois — et la révolte fut apaisée avant que le psaume fût traduit. Mais en cette occasion le poète eut de l’esprit en arrivant trop tard. La reine, qui venait d’obtenir à prix d’or la capitulation des princes, se faisait lire la paraphrase par la princesse de Conti ; amusée, apparemment, par les vers véhéments et hautains, elle dit : « Malherbe, approchez-vous », puis, tout bas à l’oreille de son poète : « Prenez un casque ». Et lui de répondre : « Je me promets que vous me ferez mettre en la capitulation ». Elle se mit à rire et dit qu’elle le ferait[13] : Malherbe avait l’esprit de repartie plus qu’il n’avait le génie biblique. Il ne se souciait pas d’ailleurs de rendre ce génie : quand on lit ses paraphrases de psaumes sur la guerre des princes, on lui marque les endroits où il n’a pas bien suivi le sens de David : « Je ne m’arreste pas à cela, répond-il ; j’ay bien fait parler le bonhomme David autrement qu’il n’avoit fait[14] ».

Cependant les sentiments religieux, sans doute avec l’âge, prenaient en lui quelque place, et en 1620 il publie les Stances spirituelles, qui chantent la louange du Créateur sans que celle-ci paraisse avoir été l’objet d’une commande. Il déduit en vers corrects et laborieux les mérites de Celui dont l’esprit « se conserve éternellement ».

Il devait s’élever plus haut en s’inspirant des psaumes. Il avait, comme tous les hommes, des moments de tristesse et même de découragement, et sans exprimer sa douleur en déclamations lyriques il éprouvait le besoin de détourner son esprit du monde changeant et vain. Il lui arrivait sans doute de se reporter, ainsi que tous ceux de son temps, vers Dieu et la religion. Déjà Desportes, grand pécheur repenti sur le tard, avait eu un pareil retour, plus amer, et plus bavard, dans sa Prière en forme de confession[15] ; et Corneille, Racine, La Fontaine, passeront encore, plus tard, dans leur vie et dans leur œuvre, par les mêmes étapes de la mondanité et de la résipiscence. Malherbe, semble-t-il, revenait à Dieu, ou « au divin », comme parle Renan. Il aime à citer le verset : Delectare in Domino et dabit tibi petitiones cordis tui[16]. Aux citations qu’un homme fait, on peut souvent deviner son état d’esprit : Malherbe, écrivant le Delectare in Domino dans son exemplaire de Desportes[17], et dans son Martial[18], a sans doute déjà les préoccupations qui lui feront dire enfin, en paraphrasant le Psalmiste :

N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde[19].


Lui qui s’était fatigué « à louer les vertus des hommes » sans être toujours satisfait de la récompense, et qui avait vu succomber les puissants de la veille, et lu tant de dissertations sur la vanité du monde, il était tout préparé à comprendre le psaume CXLV, et il a su en rendre quelques idées générales avec une sobre vigueur[20]. La forme qu’il donne à telle pensée vieille comme le monde et la littérature, a déjà un ton cornélien ; comme l’auteur du Cid, il dit des rois :

Ce qu’ils peuvent n’est rien ; ils sont ce que nous sommes[21].


Il développe les lieux communs ordinaires sur la vanité du monde, et il ne parle pas des rois morts sans se ressentir des formules poétiques de la Renaissance :

Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines
Font encore les vaines,
Ils sont mangés des vers.


Ces âmes qui vivent dans les tombeaux sont de la théologie de la Pléiade[22] plutôt que de celle de la Bible : aussi le théologien Costar et le Père Bouhours en sont-ils offusqués[23]. Malherbe n’était donc jamais entièrement et exclusivement pénétré de l’esprit biblique. Jamais non plus, du reste, il n’a voulu s’attacher étroitement au texte sacré ; et, dans cette dernière paraphrase qu’on considère comme sa meilleure et même comme sa seule excellente, cinq vers tout au plus sont tirés littéralement du psaume lui-même.

L’influence générale de la Bible n’est pas très profonde chez Malherbe ; l’idée de Dieu se revêt plutôt dans son œuvre des traits de la poésie antique : il le voit sous l’aspect du Jupiter classique :

Ô toi qui d’un clin d’œil sur la terre et sur l’onde
Fais trembler tout le monde…[24]


et, dans la plus belle « prière » qu’il lui ait adressée, il parle de façon très profane de la gloire du Dauphin, qui sera telle

Que ceux qui dedans l’ombre éternellement noire
Ignorent le soleil, ne l’ignoreront pas[25],


ce qui semblait une impiété insupportable à Lefebvre de Saint-Marc.

Cet homme qui ne savait pas prier en vers sans scandaliser les théologiens et son propre éditeur, ne pouvait non plus être guère chrétien. Ne lui demandez pas de sentir la naïveté suppliante qui s’égrène dans les litanies : « dans ses Heures, il avoit effacé des litanies des saints tous les noms particuliers, et disoit qu’il étoit superflu de les nommer tous les uns après les autres, et qu’il suffiroit de les nommer en général : Omnes sancti et sanctae Dei, orate pro nobis[26] ». La « réduction à l’universel » avait de ces boutades… Ce n’est pas Malherbe non plus qui parlera, comme Victor Hugo, de « la prière d’un mendiant puissant au ciel » : « quand les pauvres lui disoient qu’ils prieroient Dieu pour lui, il leur répondoit qu’il ne croyoit pas qu’ils eussent grand crédit envers Dieu, vu le mauvais état auquel il les laissoit en ce monde, et qu’il eût mieux aimé que M. de Luynes ou quelque autre favori lui eût fait la même promesse[27]… Il disoit aussi que Dieu n’avoit fait le froid que pour les pauvres et pour les sots[28] ». Quand Malherbe s’adresse au Christ — cela lui est arrivé dans un sonnet composé après la mort de son fils — il n’est pas plus chrétien qu’il n’était biblique dans ses paraphrases. Il parle au Christ comme à un de ces dieux classiques dont la vengeance était le plaisir, et il veut le persuader en bonne logique :

 Puisque, par la raison
Le trouble de mon âme étant sans guérison,
Le vœu de la vengeance est un vœu légitime,

Fais que de ton appui je sois fortifié.
Ta justice t’en prie ; et les auteurs du crime
Sont fils de ces bourreaux qui t’ont crucifié[29].

Si l’on songe maintenant aux vers que Victor Hugo écrivait après la mort de sa fille :

Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire,

on aura une idée de la distance qui sépare du poète romantique et chrétien le poète classique, qu’inspire la raison de l’antiquité et de la renaissance.

Dans l’histoire de l’influence biblique en France, l’œuvre de Malherbe, sauf un trait, n’est donc qu’une phase quelconque de cette habitude classique qui se continue jusqu’à Lefranc de Pompignan, et qui aligne des paraphrases généralement correctes, parfois éloquentes, souvent froides et dépourvues d’enthousiasme[30]. Ce fut là un malentendu comparable au pindarisme. La poésie lyrique n’est pas de ces productions qui se transposent d’un pays ou d’un temps à un autre : elle est l’expression spontanée du sentiment intérieur ; elle peut bien s’inspirer des événements du passé et de la poésie biblique : mais ce ne sera plus en copiant les psaumes qu’elle se manifestera ; ce sera en racontant un fait tragique comme dans la Conscience ou en exprimant les sentiments personnels d’un cœur mystique comme Lamartine. Quant au classicisme français lui-même, c’est sous la forme dramatique qu’il traduira en poésie l’influence de la Bible. Et ici il donnera, comme dans l’éloquence de la chaire, le meilleur de lui-même. Chez les Grecs, le drame avait été un fragment de la tradition épique mis à la scène. En France, rien ne se prêtait mieux que l’antiquité biblique à jouer le rôle qu’avait eu en Grèce la légende homérique : aussi est-ce en lui demandant Athalie que Racine a créé le chef-d’œuvre de la tragédie française.

  1. Le lyrisme, ou du moins la poésie de Bossuet, mise en lumière par M. Brunetière, avait déjà frappé Vauvenargues : « Il y a plus de poésie dans Bossuet que dans tous les poèmes de La Motte » (Réflexion 303). — L’idée de la rénovation de la poésie par la Bible, développée par le même critique (notamment dans l’Évolution de la poésie lyrique au xixe siècle, 3e  éd., I, p. 115), se trouve dans une page curieuse de Louis Veuillot, que me signale mon excellent maître M. Henri Francotte : « Les eaux de Jouvence de la poésie coulent dans la Bible, et ces eaux semblent particulièrement destinées à la poésie française, qui doit être une poésie raisonnable, parce que la langue française est une langue raisonnable. De là, l’universalité du génie français. Génie d’imitation si l’on veut (je dirais plutôt génie d’assimilation), et cette qualité lui constitue une originalité incomparable. Le Français voit dans ce qu’il imite ce que les autres ne voient pas, et le leur fait voir. Ainsi Claude Lorrain imitait la nature et Raphaël la physionomie humaine » (Correspondance de Louis Veuillot, VII, p. 354).
  2. Voir par exemple G. Grente, Jean Bertaut, pp. 216-222. La mode, qui sévit déjà au XVIe siècle, se perpétuera chez les poètes de toute la période classique. Autour de Malherbe même tous paraphrasent : Bertaut d’abord, plus tard Racan (v. Arnould, Racan, p. 485) et même les dames (la vicomtesse d’Auchy entreprend de paraphraser saint Paul). Plus tard Bois-Robert paraphrase encore.
  3. Régnier, Satire IX.
  4. Sauval, Antiquités de Paris, t. I, p. 324, cité par Lalanne, Notice biographique (éd. de Malherbe, I, XLII, n. 3).
  5. Vie de Malherbe (I, p. LXXXVIII). Malherbe dit souvent aussi, comme Coeffeteau : bonus animus, bonus Deus, bonus cultus, voulant dire « que bien vivre est bien servir Dieu » (Racan, Vie de Malherbe, et lettre de nov. 1656, éd. Tenant de Lacone, Paris 1857, t. I, p. 329 ; v. Urbain, Nicolas Coeffeteau, Paris, thèse, Thorin 1893, p. 201 et n. 2) ; il rabroue un huguenot qui veut l’intéresser aux controverses religieuses (Vie de Malherbe).
  6. Menagiana, III, 91.
  7. Arnould, Anecdotes inédites sur Malherbe ; Tallemant des Réaux, Historiettes, 3e  éd. (de Monmerqué et P. Paris), t. I, p. 283.
  8. Malh., III, 306 et n. 8. Cette phrase, qui est sur un feuillet séparé, semble se rapporter, d’après M. Lalanne, à la guerre des Princes de 1614 ou de 1615 : en ce cas elle serait venue probablement sous la plume de Malherbe à propos de sa paraphrase du psaume CXXVIII, écrite à l’occasion de cette guerre.
  9. Malh., I, 63. Cf. Sénèque, De beneficiis, IV, 5 (trad. Malh., II, 94).
  10. Malh., III, 258, et I, p. XXVII, n. 2 (Not. biogr.) ; cf. Poésies de Malherbe avec les observations de Ménage, 2e  éd. (1689), p. 212.
  11. Super tergum meum araverunt aratores (verset 3) : cf. Malh., I, 207, v. 10-12.
  12. Malh., I, 208, v. 19-24. — Il a été moins heureux ici que dans la consolation à du Périer ; il rend assez longuement l’idée de la brièveté de la vie comparée à celle de l’herbe :

    ........
    Et vivre une journée
    Est réputé pour elle une longue saison.

    Une pensée semblable devait être reprise à la Bible, et exprimée plus sobrement, par Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterre, 1er  partie : « Madame cependant a passé du matin au soir ainsi que l’herbe des champs ».

  13. Malh., I, 419.
  14. Arnould, Anecdotes inédites sur Malherbe, p. 43 ; id., Racan, p. 162 ; cf. Tallemant des Réaux, Historiettes, 3e  éd. (de Monmerqué et P. Paris) t. I, p. 287. Malherbe répondait ainsi à l’avance aux reproches que Balzac adressera à ses contemporains : « Ô rhétoriciens… qui faites des paraphrases…, qui vous a dit que les prophètes et les apôtres soient de votre humeur ?… Ne pensez pas leur faire plaisir, de leur prêter si libéralement, et sans qu’ils en aient besoin, vos épithètes et vos métaphores… » (Balzac, Socrate chrétien, Discours septième.)
  15. Desportes, éd. Michiels, p. 516.
  16. Psaume XXXVI.
  17. Brunot, La doctrine de Malherbe, p. 89, et l’exemplaire de Desportes avec notes de Malherbe conservé à la Bibliothèque nationale à Paris (Inv. rés. Ye 2067).
  18. V. Bourbienne, Malherbe, points obscurs et nouveaux de sa vie normande, p. 193. — Cette citation qu’aime à faire Malherbe fait songer qu’aussi « La Harpe, devenu dévot, aimait à citer les psaumes » (Sainte-Beuve, Critiques et portraits, 2e  éd., III, 17).
  19. Malh., I, 273.
  20. Sur les poésies bibliques de Malherbe, voir entre autres Delfour, La Bible dans Racine, Introduction.
  21. Malh., I, 274. C’était une idée familière aussi à Ronsard (éd. Blanchemain, I, 260, III, 287, 389 et surtout VII, 36 et 37 ; cf. H. Guy, Les sources françaises de Ronsard (Revue d’histoire littéraire de la France, 1902, p. 238). — Corneille dira (Le Cid, v. 157) :

    Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes,


    et Racine appliquera à un de ses héros la même pensée :

    Triste destin des rois ! Esclaves que nous sommes
    Et des rigueurs du sort et des discours des hommes.

    Iphigénie, I, 5).
  22. Rien n’est plus fréquent dans Ronsard que cette idée antique de l’âme vivant là où repose le corps : il l’applique, comme ici Malherbe, aux rois (Ronsard, éd. Blanchemain, t. VII, p. 11), à François Ier (ibid., p. 37) et à lui-même dans son fameux sonnet à Hélène. Cf. Malh., I, 41, 360.
  23. Sur cette discussion, voir éd. Ménage (2e , 1689), p. 220-223.
  24. Malh., I, 218.
  25. « Prière pour le roi allant en Limousin » (Malh., I, 74).
  26. Racan, Vie de Malherbe (Malh., éd. Lalanne, t. I, p. LXXVII).
  27. Racan, l. c., p. LXXII.
  28. Ibid., p. LXXIV.
  29. Malh., I, 276 ; cf. Souriau, L’évolution du vers français au XVIIe siècle, p. 83.
  30. Renan croyait qu’il y avait à ces entreprises un obstacle inhérent à la différence des poésies sémitique et française : « Le rythme de la poésie sémitique consistant uniquement dans la coupe symétrique des membres de phrase, il m’a toujours semblé que la vraie manière de traduire les œuvres poétiques des Hébreux était de conserver ce parallélisme que nos procédés de versification fondés sur la rime, la quantité, le nombre rigoureux des syllabes défigurent entièrement » (E. Renan, Préface de Job).