Malte-Brun - la France illustrée/0/5/1/2

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Jules Rouff (1p. ---v).

Description des côtes, îles, golfes, baies. — L’étendue totale des côtes de France est d’environ 2,710 kilomètres, dont 1,223 sur la mer du Nord, le Pas de Calais et la Manche ; 862 sur l’Atlantique et 625 sur la Méditerranée.

Les côtes de la mer du Nord se dirigent de l’est-nord-est vers l’ouest-sud-ouest ; elles sont généralement basses, sablonneuses, peu découpées, et elles offrent ces monticules de sable de 10 à 20 mètres de hauteur appelés dunes. Sur la côte du Pas de Calais, dont le détroit, dans sa plus petite largeur (de Calais à Douvres), a encore 42,632 mètres, on trouve les caps Gris-Nez, Blanc-Nez et le grand banc appelée Bassure-de-Baas ; la côte, qui, aussi, est sablonneuse, change tout à coup de direction et court du nord au sud. Jusqu’à l’embouchure de la Somme, elle est encore basse et sablonneuse, offrant toujours la monotonéité de ses dunes ; cependant, aux environs de Boulogne, elle se relève pour former des falaises granitiques. Elle ne présente d’autres échancrures que les embouchures des petites rivières de la Liane, de la Canche et de l’Authie. Entre l’embouchure de la Somme, à demi comblée par les sables, et la pointe du cap de La Hève, la côte court de l’est-nord-est à l’ouest-sud-ouest ; elle est composée de falaises escarpées dont quelques-unes ont jusqu’à 255 mètres d’élévation ; la craie et le silex dominent dans leur formation ; à peine livrent-elles par de profondes déchirures passage aux petites rivières de la Bresle, de l’Arques et de la Saâne. Au cap de La Hève commence le vaste estuaire de la Seine, dont la navigation est rendue dangereuse par la mobilité des bancs de sable. Après l’embouchure de ce grand fleuve, la côte se dirige de l’est à l’ouest. Jusqu’à l’embouchure de la Vire, elle offre des falaises à pic ; de l’embouchure de la Seine à celle de la Dive, des dunes jusqu’à l’embouchure de la Seulle, puis les falaises reparaissent de nouveau. La mer les ronge insensiblement et menace de les entraîner dans ses eaux, comme elle paraît y avoir englouti déjà les rochers formant dans toute la longueur de cette partie de la côte un banc désigné sous le nom de rochers du Calvados, qui se termine par un massif appelé la Roche de Maisy. Après l’embouchure de la Vire, la côte remonte du sud au nord pour former la presqu’île du Cotentin, terminée au nord-est par la pointe de Barfleur ou de Gatteville, et, au nord-ouest, par le cap de La Hague ou d’Auderville, elle offre des dunes, parmi lesquelles on rencontre des rochers et quelques falaises isolées. Vis-à-vis de La Hougue, sur la côte orientale de la presqu’île, on trouve le petit groupe des îles Saint-Marcouf et Tatihou, vis-à-vis de Saint-Wast ; sur la côte septentrionale, l’île Pelée, vis-à-vis de Cherbourg ; et sur la côte occidentale, les îles anglo-normandes d’Aurigny (Alderney pour les Anglais), de Guernesey, de Cers et de Jersey, le petit groupe des Minquiers, le groupe des Chausey, vis-à-vis de Granville, et, au fond de la baie de Cancale, les rochers de Saint-Michel et de Tombelaine. À partir de la baie de Cancale, la côte suit une direction générale de l’est à l’ouest. Jusqu’à la pointe du cap Saint-Matthieu, elle est rocheuse et n’offre d’autres déchirures importantes que la baie de Saint-Brieuc et celle de Lannion ; les embouchures du Couesnon, de la Rance, de l’Arguenon, du Gouët, du Trieux, du Jaudy, du Guer et de plusieurs petites rivières, y forment aussi de petites baies. L’île Bréhat en face de Paimpol, les sept îles en face de Lannion, l’île de Bas près de Roscoff, enfin les îles d’Ouessant (Ouessant, Molène, Beniguet, etc., etc.), près de la pointe du cap Saint-Matthieu, dépendent de cette partie de la côte ; la mer y est très dangereuse, et elle offre peu d’abris.

Lorsque l’on a doublé la pointe Saint-Matthieu, on quitte la Manche pour entrer dans l’Océan ; la côte de la grande presqu’île armoricaine est jusqu’à la pointe du Croisic rocheuse, très découpée et parsemée d’îles. La mer y est profonde et embarrassée d’écueils ; mais elle offre de nombreux abris aux navires. Elle présente successivement la rade de Brest ; la baie de Châteaulin, qui reçoit l’Aulne ; la presqu’île de Quelern, que termine le cap de la Chèvre ; la baie de Douarnenez, la pointe du Raz et l’île de Sein, la baie d’Audierne, la pointe de Penmarch. Entre Ouessant et Sein se trouve le passage de l’Iroise, redouté des matelots à cause de ses brisants. Depuis la pointe de Penmarch, la côte forme avec celle de l’Espagne, par des retraits successifs jusqu’à la pointe du Figuier, près de la Bidassoa, le golfe de Gascogne ; sa direction générale court de l’ouest à l’ouest 1/4 sud. Jusqu’à la pointe du Croisic, elle est rocheuse, très découpée, présentant successivement l’anse de Benaudet, à l’embouchure de l’Odet ; la baie de la Forêt, l’embouchure de l’Ellé ; la rade de Lorient, qui reçoit le Blavet et le Scorff ; la presqu’île et la baie de Quiberon, de si triste mémoire ; la petite mer du Morbihan, la presqu’île de Sarzeau, l’embouchure de la Vilaine et la pointe de Piriac. Elle est parsemée d’îles, parmi lesquelles nous citerons : les îles Glenan, l’île de Groix, Belle-Isle, Houat, Hoëdic, etc., etc. La mer intérieure du Morbihan est couverte par un archipel dans lequel on distingue l’île d’Arz et l’île aux Moines. Entre la pointe du Croisic et la pointe de la Coubre, la côte prend une direction générale vers le sud, inclinant quelquefois un peu vers l’est ; elle est généralement basse, sablonneuse, couverte de marécages et de marais salants. On y distingue : l’embouchure de la Loire, la pointe de Saint-Gildas, l’île de Noirmoutier, l’embouchure de la Sèvre niortaise et la pointe d’Aiguillon, la baie de Bourgneuf ; l’île d’Yeu, séparée du continent par le passage de Fromentine ; l’île de Ré, séparée du continent par le pertuis Breton ; l’île d’Aix, sa rade et l’embouchure de la Charente ; l’île d’Oleron, séparée de l’île de Ré par le pertuis d’Antioche et de la côte par le pertuis de Maumusson, et l’embouchure de la Gironde, comprise entre la pointe de la Coubre et la pointe de Grave.

Entre la pointe de Grave et l’embouchure de l’Adour, la côte est droite, se dirige du nord au sud en inclinant un peu vers l’ouest ; elle est couverte de dunes, d’étangs et de landes sablonneuses, dont les vents qui s’élèvent de l’Océan bouleversent fréquemment les masses entières. Le bassin d’Arcachon, à l’entrée duquel est l’ile de Maloe, est le seul golfe que l’on ait à signaler sur cette partie de notre littoral. Entre l’Adour et la Bidassoa, le rivage est rocheux et élevé ; il offre pour abri Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port, entre lesquels on aperçoit la belle plage de Biarritz.

Le littoral de la France sur la Méditerranée se divise en deux parties, tracées par deux courbes : l’une rentrante, entre le cap Creus, à l’extrémité des Pyrénées et le delta du Rhône ; l’autre saillante, depuis le Rhône jusqu’au Var. La première partie, baignée par le golfe du Lion, mer dangereuse, est basse, sablonneuse et bordée de lagunes ou étangs ; la seconde, au contraire, est baignée par une mer profonde, découpée, rocheuse et parsemée d’îlots. Les côtes du golfe du Lion sont peu abordables à cause de la violence des vents du nord et à cause aussi des hauts-fonds formés par les alluvions des rivières qui s’y jettent : elles offrent successivement, à partir du cap Cerbère et du cap Creus, d’abord, une côte rocheuse jusqu’à l’embouchure du Tech ; puis une côte sablonneuse, dans laquelle la mer pénètre par des passages appelés grau, pour former des lagunes qui se confondent souvent avec les embouchures des fleuves. On remarque ainsi, en suivant la côte jusqu’au Rhône, l’étang de Saint-Nazaire, l’embouchure de la Têt, du Gly, l’étang de Leucate, le grau de la Frangin et l’étang de la Palme, le grau de Sigean, le grau de Vielle-Nouvelle, l’étang de Gruissan, le grau de la Grazelle, le grau et l’étang de Vendres, l’embouchure de l’Aude, et l’embouchure de l’Hérault, les étangs de Thau, de Maguelonne, de Pérols, d’Aiguesmortes et le grau d’Aiguesmortes, qui forme avec le canal de Silvéréal et le Rhône-Mort la grande île du Peccais. Passons devant les embouchures du Rhône, qui sont ensablées, dangereuses et qui n’offrent pour refuge que le port des Martigues ; nous rencontrons les golfes de Sainte-Marie et de Foz, sur la côte de la grande île de la Camargue, que forment le Petit-Rhône et le Grand-Rhône : elle est découpée par un grand nombre d’étangs. Au cap Couronne commence la côte escarpée et rocheuse ; la mer est plus libre, plus profonde ; elle offre plus d’abris par les rades et les ports qui s’y trouvent. On rencontre successivement le golfe et la rade de Marseille avec les îles d’If, de Pomègue, du Planier et de Ratonneau, le cap Croisette, l’île de Riou, le bec de l’Aigle et la rade de La Ciotat, la rade de Bruze, le cap Sicié, la presqu’île et le cap Cepet, les deux rades et le port de Toulon, la presqu’île de Giens, qui forme avec l’archipel des îles d’Hyères (îles du Levant, Porquerolles, Portcros et Titan) une magnifique rade ; le golfe de Saint-Tropez ou Grimaud contient le port de ce nom, qui est une excellente position maritime et militaire ; les caps Lardier et Camarat le séparent de la rade d’Hyères ; c’est sur ce golfe, à La Garde-Frainet ou Fraxinet (Fraxinetum), que les Sarrasins avaient établi leurs repaires au moyen âge. L’Argens entasse aujourd’hui ses sables au fond du golfe de Fréjus ; la petite crique de Saint-Raphaël reçut Napoléon à son retour d’Égypte, tandis que le golfe de Jouan, qui vient après celui de la Napoule, le vit débarquer près de Cannes à son retour de l’ile d’Elbe.

Les îles Lérins (Sainte-Marguerite et Saint-Honorat), qui protègent le golfe de Jouan des vents du en font une bonne position maritime ; enfin, lorsque l’on a doublé le cap de la Garoupe, on entre dans la baie d’Antibes et l’on rencontre l’embouchure ensablée du Var. Au delà, dans le département des Alpes-Maritimes, la côte se relève, devient rocheuse et granitique. Elle est très découpée et présente successivement : les rades de Nice et de Villefranche, la presqu’île de Villefranche, le rocher de Monaco, la baie de la Turbie, le cap Saint-Martin, la belle plage et le petit port de Menton, à 2 kilomètres duquel commence la frontière italienne.

Les côtes de la Corse offrent un développement de 480 kilomètres. La côte occidentale, presque partout rocheuse, est élevée, très sinueuse, formant plusieurs golfes remarquables : ceux de Saint-Florent, de Calvi, de Porto, de Sagone, d’Ajaccio, de Valinco, de Ventilegno, et d’excellentes rades ; ses caps principaux sont : le cap Corse, le cap Rivellato, le cap Feno, le cap Muro et le cap de Bonifacio. La côte orientale, basse dans sa partie centrale, et offrant des lagunes semblables à celles du golfe du Lion, forme au sud le petit port de Porto-Vecchio, l’une des meilleures rades de la Méditerranée.

Parmi les saillies de la côte de cette grande île, la plus remarquable est la presqu’île par laquelle elle se termine au nord et dont l’extrémité est marquée par le cap Corse.