Malte-Brun - la France illustrée/0/5/1/3

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Jules Rouff (1p. vi-xii).

Orographie. Montagnes, plaines, plateaux. — Les montagnes et les hauteurs de second ordre, qui couvrent le sol de la France, appartiennent à quatre systèmes distincts : 1° le système hespérique ou pyrénéen ; 2° le système cévenno-vosgien ; que l’on appelle quelquefois le système francique ; Nous allons rapidement passer en revue chacun d’eux, en faisant connaître leurs principales ramifications.

1° Le système hespérique comprend toutes les hauteurs qui couvrent l’espace compris entre la ligne de faîte des Pyrénées, au sud ; le cours de l’Aude et celui de la Garonne, au nord : il forme le versant septentrional ou français des Pyrénées.

La chaîne principale des Pyrénées court de l’ouest-nord-ouest à l’est-sud-est, de la pointe du Figuier au cap Creus, sur une longueur de 450 kilomètres. Elle se divise en trois sections : les Pyrénées occidentales, du col de Goritty au mont Cylindre ; les Pyrénées centrales, du mont Cylindre au pic de Carlitte ; les Pyrénées orientales, du pic de Carlitte au cap Creus. La hauteur moyenne de la chaîne est de 2,000 mètres ; nous remarquerons que le versant septentrional ou français qui nous occupe est moins abrupt que le versant méridional ou espagnol. Il semble que ce soit la loi générale de toutes les chaînes de montagnes dont la direction est parallèle à l’équateur. De plus, les géants pyrénéens ne sont pas sur la ligne de faîte même, mais bien sur des contreforts et des massifs espagnols et français qui s’y rattachent ; c’est ainsi que nous citerons : sur le versant espagnol, la Maladetta ou pic de Néthou, le plus haut sommet des Pyrénées, qui a 3,404 mètres ; le pic Posets, 3,367 ; le mont Perdu, 2,352 ; le cylindre du Marboré, 3,327 ; le Puygmal, 2,909 mètres ; et, sur le versant français, le pic du Midi d’Ossau, 2,887 mètres ; le pic Long, 3,194 ; le pic du Midi de Bagnères, 2,877 ; le pic du Midi de Bigorre, 2,887, et le massif du Canigou, 2,295 mètres.

Les sommets principaux et les cols ou ports (passages) qui appartiennent à cette importante chaîne de montagnes sont, en allant de l’ouest à l’est : 1° dans les Pyrénées occidentales : le mont Mendaur, 1,130 mètres ; le col des Aldudes, 947 ; le pic de Lindux, 1,207 ; le col de Roncevaux, 1, 100 ; le pic d’Orhy, 2,017 ; le pic d’Anie, 2,504 ; le port de Somport, 1,640 ; le pic Arriel, 2,823 ; le pic de Balaïtous ou plutôt de Bat-Laëtouse, 3,175 ; le Vignemale, 3,298 ; la brèche de Roland, 2,084 ; et le cylindre de Marboré, 3,327 ; 2° dans les Pyrénées centrales : le pic de Troumouse, 3,086 ; le Portillon d’Oo, 3,044 ; le port de Vénasque, 2,117 ; le pic de la Mine, 2,707 ; le port de Viella, 2,450 ; le pic de Maubermé, 2,880 ; le pic de Montvallier, 2,833 ; le port de Salau, où il a été question de faire passer le chemin de fer de Toulouse à Saragosse, 2,052 mètres ; le mont Rouch, 2,865 ; le pic de Montcalm, 3,080 ; le pic de Médécourbe, 2,849 ; le pic de Serrière, 2,911 ; le pic de Siguer, 2,931 ; le pic de Pedrous, 2,880, et le pic de Ginevra ; 3° dans les Pyrénées orientales : le pic de Carlitte, 2,928 ; le pic de Porteille, 2,600 ; le col de Puycerda, 1,748 ; le pic du Géant, 2,881 ; le pic de Costabone, 2,684 ; le pic des Salines, 1,320 ; le col du Perthus, 290. L’extrémité la plus orientale de la chaîne prend le nom de monts Albères ; ces derniers, aux sommets arrondis, couverts de pâturages et de bois, ont de 600 à 800 mètres d’altitude.

De cette chaîne principale partent des rameaux et des chaînons qui forment des contreforts généralement perpendiculaires à la direction principale, et qui donnent naissance à des vallées transversales. Nous allons successivement énumérer les principaux, en allant de l’est à l’ouest. Entre le Tech et la Têt se détache un chaînon qui se joint au massif du Canigou. Entre la Têt et l’Aude courent les Corbières orientales, dont les pics principaux sont les montagnes du Roc-Blanc, 2,543 mètres ; le pic de Bugarach, 1,231 mètres, et celui de Mousset, 2,408 mètres ; ce rameau vient expirer dans la plaine de Narbonne.

Du même pic de Carlitte se détachent les Corbières occidentales, qui courent entre l’Aude et l’Ariège ; elles font partie de la grande ligne de faîte ou de partage des eaux de l’Europe, qui vient au col de Naurouse (190 mètres) se rattacher aux Cévennes. Les principaux sommets sont : la crête de Pailhères, 2,000 mètres, et le pic de Tabe, d’Appi ou de Saint-Barthélemy, qui atteint 2,349 mètres. Entre l’Ariège et le Salat, le Salat et la Garonne, courent des rameaux de peu d’étendue, dont les points principaux sont : la montagne de Crabère, qui a 2,638 mètres d’altitude, et le pic de Ger, 1,826 mètres, situé au fond de la vallée de Melles.

Les contreforts qui se détachent de la chaîne principale, depuis la source de la Garonne jusqu’à la vallée d’Aure, entre la Garonne et la Neste, sont plus importants. On y remarque : le port de Vénasque, 2,216 mètres, et l’hôpital de Bagnères, 1,429, dans le vallon du port de la Glère ; le pic Quairat, 3.037, entre le vallon de Lys et la vallée de l’Arboust ; le pic de Hermittans, 3,027, entre la vallée de l’Arboust et celle de Louron ; le lac glacé du port d’Oo, 2,681 ; le lac de Séculéjo, 1,399, dans la vallée de l’Arboust ; le pic d’Arré supérieur, 2.909, et le pic d’Arré inférieur, 2,834 mètres, dans la vallée d’Aure.

Les montagnes de Bigorre, de Barèges et de l’Armagnac naissent sur la limite des Pyrénées centrales et occidentales ; elles courent vers le nord et le nord-ouest en séparant le bassin de la Garonne du bassin de l’Adour et en jetant un grand nombre de rameaux dans ces deux bassins ; elles vont se terminer à la pointe de Grave, après avoir formé les collines du Bordelais et du Médoc. Les points remarquables sont : le cirque de Troumouse, 2,066 mètres ; le cirque d’Estoubé, 1,814 ; la brèche d’Allanz, 2,532 ; le sommet de Pimené, 2,861 ; le pic Long, 3,194 ; le pic de Néouvielle, 3,592 ; le pic de Cambiel, 3,175 ; le pic du Midi de Bigorre, 2,877 ; le col de Tourmalet, 2,194 ; la cascade de Gavarnie, 2,331, et le cirque du même nom au pied de la cascade, 1,920 mètres, dans la vallée de Barèges.

Entre Barèges et Ossau se dirige un rameau qui comprend les vallées de Cauterets, d’Azun et d’Asson. Les points remarquables sont le lac de Gaube, 1,788 mètres ; la cascade du pont d’Espagne, 1,570, et le pic de Gabizos, 2,684 mètres. Entre les gaves d’Ossau et d’Aspe court un rameau qui vient mourir au confluent des deux gaves ; ses points remarquables sont : le pic d’Aule, 2,967 mètres ; le pic du Midi d’Ossau, 2,887 mètres. Les rameaux qui courent entre l’Aspe et la Céson, entre la Nive et la Nivelle, n’offrent aucun point qui soit bien remarquable. Enfin, entre la Nivelle et la Bidassoa court un chaînon qui se détache du col de Bélate, sépare un instant la France de l’Espagne, forme les montagnes des Aldudes, et vient expirer à l’embouchure même de la Bidassoa.

2° Le système cévenno-vosgien se compose : 1° de la grande chaîne des Cévennes, qui s’étendent entre le Rhône, à l’est, la Loire et la Garonne, à l’ouest, depuis le col de Naurouse jusqu’au canal du Centre, et de tous les rameaux qui se détachent de cette grande chaîne ; 2° de la chaîne des Vosges, qui court du sud au nord entre le Rhin, à l’est, et la Moselle, à l’ouest, et de tous les contreforts de cette dernière chaîne.

Les Cévennes font partie de la grande ligne de faîte ou de partage des eaux de l’Europe ; elles commencent au col de Naurouse, point du partage des eaux du canal du Midi, courent au nord-est jusqu’au mont Pilat, puis vers le nord, jusqu’au canal du Centre, qui les sépare des montagnes de la Côte-d’Or. Leur développement est d’environ 500 kilomètres : au sud du mont Lozère, elles prennent le nom de Cévennes méridionales ; et au nord, le nom de Cévennes septentrionales.

Les Cévennes méridionales forment les cinq sections suivantes : les montagnes Noires, qui commencent au nord de Castelnaudary et s’étendent vers l’est jusqu’à la source de la petite rivière du Jour ; leur longueur est de 60 kilomètres, et leur élévation moyenne de 500 à 600 mètres ; leur sommet principal est le pic de Nore, 1,210 mètres.

Les montagnes de l’Espinouse continuent le tronc des Cévennes, en suivant la même direction pendant 40 kilomètres ; la hauteur moyenne de ces montagnes est de 600 à 700 mètres.

Les montagnes de l’Orb continuent dans la même direction, de l’ouest à l’est, jusqu’aux sources de la Sorgues, sur une longueur de 25 kilomètres ; leur hauteur moyenne est de 700 à 800 mètres, et leur plus haut sommet atteint 1,069 mètres.

Les monts Garrigues succèdent aux montagnes de l’Orb ; ils se prolongent sur une longueur d’environ 50 kilomètres jusqu’au mont de l’Aigoual (1,567 mètres) ; leur hauteur moyenne est de 800 à 900 mètres, et le point culminant est le pic de Montaut, 1,040 mètres.

Les monts du Gévaudan courent du mont de l’Aigoual aux sources de l’Allier, pendant 50 kilomètres, dans la direction du sud-ouest au nord-est ; leur hauteur moyenne est de 1,200 mètres, et leur point culminant est le mont Lozère, qui a 1,702 mètres.

Les Cévennes septentrionales prennent successivement les noms suivants : les monts du Vivarais. Ils vont dans la direction du sud-ouest au nord-est, des sources de l’Allier au mont Pilat ; leur longueur est d’environ 80 kilomètres, et leur élévation moyenne est de 1,400 à 1,500 mètres. Les points remarquables sont le mont Tanargue, 1,551 mètres, le Gerbier-de-Jonc, 1,562 mètres, et le Mézenc, 1,754 mètres.

Les monts du Lyonnais se dirigent vers le nord depuis le mont Pilat, 1,433 mètres, qui en est le point culminant, jusqu’au mont de Tarare ; leur étendue est de 80 kilomètres, et l’élévation moyenne du massif est d’environ 800 mètres.

Les monts du Beaujolais succèdent aux précédents et courent au nord pendant 40 kilomètres, depuis le mont de Tarare, point culminant, 1,450 mètres, jusqu’à la source du Sornin ; l’élévation moyenne du massif est de 600 mètres.

Les monts du Charolais partent de la source du Sornin, affluent de la Loire, courent au nord pendant 60 kilomètres, et se terminent au canal du Centre. Leur élévation moyenne est de 400 mètres ; le point culminant est la Haute-Joux, qui atteint 994 mètres

Les rameaux et contreforts orientaux des Cévennes sont de très peu d’étendue ; les seuls que nous puissions nommer sont : les monts de Coiron, qui se détachent des monts du Vivarais ; le mont d’Or, qui se détache des monts du Lyonnais, et les monts du Mâconnais, qui naissent au sud des monts du Charolais.

Les rameaux occidentaux sont bien plus étendus. En allant du sud au nord, on rencontre d’abord le rameau ou plateau de Lacaune, entre l’Agout et l’Adou ; puis le plateau de Levezou, entre le Lot et le Tarn, qui n’ont encore qu’une étendue restreinte. Mais il n’en est pas de même de la chaîne entre Loire et Garonne, qui est la plus remarquable ramification des Cévennes ; non seulement elle sépare le bassin de la Loire de celui de la Garonne, mais elle forme encore les ceintures des bassins de la Charente et de la Sèvre. Elle se détache des monts du Gévaudan entre la source du Lot et celle de l’Allier et se dirige vers le nord-ouest sous le nom de montagnes de la Margeride. L’élévation moyenne de ces dernières est de 1,200 mètres ; leur point culminant, Pierre-sur-Haute, en a 1,634, et le Mégal, 1,355 . Vers l’ouest, elles s’aplatissent pour former, entre le Lot et la Trueyre, le plateau d’Aubrac ou monts de Sainte-Urcize, dont le point culminant atteint 1,471 mètres. Aux monts de la Margeride succèdent les monts d’Auvergne. Ils se dirigent vers l’ouest jusqu’aux monts du Cantal ; puis, après avoir fait un crochet vers le nord-nord-est jusqu’au mont Dore, ils courent vers le nord-ouest jusqu’au mont Odouze. Les montagnes d’Auvergne forment le plateau le plus élevé de l’intérieur de la France : le Plomb du Cantal, qui a 1,858 mètres, et le Puy de Sancy, qui en a 1,886, sont les points culminants. Cette dernière montagne appartient au massif du Mont-Dore, qui envoie vers le nord un rameau fort important sous le nom de montagnes du Puy-de-Dôme ; son point culminant, le Puy de Dôme, a une altitude de 1,465 mètres, mais il ne domine la plaine que d’environ 630 mètres. D’autres branches fort étendues, mais peu importantes par leur élévation, se détachent de la pente septentrionale des monts d’Auvergne pour séparer la Sioule, l’Allier et la Loire du Cher, le Cher de l’Indre, l’Indre de la Creuse ; tous ces chaînons vont mourir en collines ondulées vers les bords de la Loire. Le massif du Cantal envoie aussi un contrefort entre le Lot et la Dordogne, qui va former les montagnes du Quercy et ces plateaux dénudés et déserts appelés les Causses.

Aux monts d’Auvergne succèdent les monts du Limousin jusqu’aux sources de la Charente. Ils forment, en s’étendant vers les sources de la Corrèze, le plateau de Millevache ; leur point culminant est le mont Odouze, qui a 1,364 mètres. Un de ses contreforts forme, entre la Creuse et la Gartempe, les monts de la Marche. Vers les sources de la Charente, les monts du Limousin se bifurquent ; ils envoient vers le nord-ouest le long rameau des monts du Poitou, qui se termine par les hauteurs de Gâtine, et vers le sud-ouest les collines du Poitou, qui se relèvent à leur extrémité vers le nord-ouest pour former les collines de Saintonge : ces dernières se terminent à la pointe de la Coubre, en face de celle de Grave.

Des monts de Vivarais s’échappe un contrefort très important, séparant le cours supérieur de la Loire de celui de l’Allier sous le nom de montagnes du Velay, du Forez et de la Madeleine ; les pics culminants sont le Puy de Montoncelle (1,652 mètres) et Pierre-sur-Haute (1,640 mètres).

La chaîne des Vosges a sa direction générale du sud au nord, en inclinant un peu vers l’ouest ; elle court entre le Rhin et la Moselle ; sa longueur est de 280 kilomètres depuis le ballon d’Alsace jusqu’au confluent de la Moselle ; le versant oriental est plus abrupt que le versant septentrional. Nous n’avons à nous occuper ici que des Vosges françaises, qui s’étendent du ballon d’Alsace au Grand-Donon. Cette partie des Vosges diminue de hauteur

à mesure que l’on s’avance vers le nord. Ses points principaux sont : le ballon de Servance, 1,210 mètres ; le ballon d’Alsace, 1,244 ; le ballon de Guebwiller, 1,426 ; le Hoheneck, 1,366 ; les Hautes-Chaumes, 1,300 ; le Climont, 974 mètres, et le Donon, 1,007 mètres. À Remiremont, la largeur
Puy de Sancy (Mont-Dore).

Puy de Sancy (Mont-Dore).

des Vosges est de 80 kilomètres, et, à Saverne, elle n’est plus que de 8 kilomètres. À partir du Donon, les Vosges entrent en Allemagne et y vont former la série de collines du Hundsrücken (Dos de chien), ainsi nommées à cause de leur apparence.

Les principales ramifications des Vosges sont : les collines de Belfort, les monts Faucilles, le plateau de Langres et les monts de la Côte-d’Or. Chacune d’elles donne naissance à ces chaînes secondaires qui séparent entre eux les bassins des fleuves et des rivières de la France septentrionale.

Les collines de Belfort se détachent des Vosges méridionales et se dirigent au sud-est du ballon d’Alsace au col de Valdieu, par où passe le canal du Rhône au Rhin. Celles de ces collines qui semblent unir les Vosges au Jura sont peu élevées ; elles ne forment pas de chaîne continue. Là se trouve la fameuse trouée de Belfort, point stratégique bien important, surtout depuis la désastreuse guerre de 1870-1871.

Les monts Faucilles se détachent aussi des Vosges au ballon d’Alsace ; ils courent du sud-ouest au nord-ouest jusqu’aux sources de la Meuse ; leur hauteur moyenne est d’environ 400 mètres ; ils ont pour point culminant les Fourches, dont l’altitude est d’environ 490 mètres. Les monts Faucilles donnent naissance à l’Argonne orientale, qui se dirige du sud au nord entre Meuse et Moselle et dont l’élévation ne dépasse pas 300 mètres ; les Ardennes orientales les continuent et vont hors de France former quelques ramifications dans les provinces belges de Liège, de Namur, de Luxembourg, et dans la Prusse rhénane. Le plateau de Langres est un point bien important dans l’orographie et l’hydrographie de la France. Il envoie des eaux dans chacune des mers qui baignent nos côtes, et ses ramifications s’étendent sous différents noms vers toutes les orientations. Sa longueur totale est de 80 kilomètres. Il court du sud-ouest au nord-est, et son altitude varie de 430 à 473 mètres. Une de ses principales ramifications sépare le bassin de la Meuse de celui de la Seine et le versant de la mer du Nord de celui de la Manche, sous les noms de monts de Meuse, Argonne occidentale, Ardennes occidentales. Elles se terminent par les collines de l’Artois, de Picardie et de Belgique. Les collines de l’Artois viennent former le cap Gris-Nez, et les collines de Picardie se soudent aux collines du pays de Caux, qui viennent mourir au cap de La Hève.

Au plateau de Langres succèdent les montagnes qui doivent à l’apparence de leurs côtes plantées de vignes, dont les feuilles sont dorées par le soleil d’automne, le nom de montagnes de la Côte-d’Or ; elles se dirigent vers le sud depuis le mont Tasselot (593 mètres) jusqu’au canal du Centre, sur une longueur d’environ 50 kilomètres ; le mont Affrique, qui a 584 mètres d’altitude, est un de leurs principaux sommets.

Des montagnes de la Côte-d’Or et du mont Moresol se détache une chaîne de 600 kilomètres de longueur, séparant le versant de la Manche de celui de l’océan Atlantique ou du golfe de Gascogne. Elle porte les noms de monts du Morvan, ondulations de l’Orléanais, plateau d’Orléans (130 mètres), collines du Perche, collines de Normandie. Elle tourne brusquement au sud sous le nom de collines du Maine ; rencontre alors, près des sources de la Vilaine, les monts de la Bretagne et Méné, dont le principal sommet est le Méné Hom, 330 mètres ; près du mont Méné Bré (304 mètres), ces montagnes se bifurquent pour former les monts d’Arrée, qui se terminent à la pointe nord-ouest par le cap Saint-Matthieu, et les montagnes Noires, qui au sud-ouest viennent former la pointe de Raz.

3° On sait que le système orographique des Alpes, le plus important de l’Europe, couvre de ses ramifications un seizième de la surface de ce continent ; il a sur le sol français : les montagnes du Jura central et méridional, avec quelques rameaux occidentaux, une partie des Alpes occidentales centrales et le massif du mont Blanc, qui avec leurs contreforts couvrent la partie sud-est de notre territoire.

La chaîne du Jura s’étend dans une direction du sud-ouest au nord-est, entre le Rhône et le Rhin, sur une largeur d’environ 60 kilomètres et une longueur de plus de 300. Elle se compose de six chaînes parallèles entre elles, séparées par des vallées longitudinales. Ces chaînes et ces vallées vont en s’étageant successivement, comme d’immenses gradins, de l’ouest vers l’est de telle sorte que la plus occidentale des chaînes, dont les pentes se confondent avec la vallée de la Saône, n’a que 300 à 400 mètres d’élévation moyenne, tandis que la plus orientale a une élévation moyenne d’au moins 1,000 mètres.

On divise le Jura en Jura méridional, depuis le Grand-Crédo jusqu’au col de Saint-Cergues ; en Jura central, depuis le col de Saint-Cergues jusqu’au mont Risous (1,423 mètres), vers les sources du Doubs, et en Jura septentrional jusqu’au Rhin. Les principales sommités du Jura français sont : le Grand-Crédo ou plutôt le Grand-Créteau (1,627 mètres) ; le Crêt de la Neige (1,723 mètres) ; le Reculet (1,720 mètres) ; le mont Tendre (1,690 mètres) ; le Dôle (1,683 mètres).

Les Alpes, qui s’étendent sur notre frontière orientale du lac de Genève à la Méditerranée, sur une longueur de 370 kilomètres, appartiennent à la France pour leur versant occidental et leurs ramifications occidentales. Elles présentent les divisions suivantes : 1° les Alpes Maritimes, qui s’étendent du col de Tende au col de Saint-Véran, à l’ouest du mont Viso, sur une longueur d’environ 100 kilomètres. Leurs sommets principaux sont : l’Aiguille-de-Chambeyron, 3,400 mètres ; le Grand-Rubren, 3,341 mètres ; la Tête-de-Moyse, 3,110 mètres et le Pic de l’Encastraye, 2,956 mètres. Près de la Tête-de-Moyse est le col de la Madeleine ou de l’Argentière (1,905 mètres), par lequel François Ier descendit en Italie ; 2° les Alpes Cottiennes, qui s’étendent du mont Viso au mont Cenis, sur une longueur de 60 kilomètres. Leurs sommets principaux sont : le mont Viso, 3,845 mètres (il est sur le territoire italien) ; le mont Thabor, 3,025 mètres, et le mont Cenis, 3,610 mètres. Sous la Pointe de Fréjus, qui a 2,944 mètres d’altitude, et qui n’est à proprement parler qu’un contrefort de l’Aiguille-de-Scolette, 3,500 mètres, a été percé le tunnel de 12,500 mètres, qui permet au chemin de fer français de franchir les Alpes pour pénétrer en Italie. C’est dans cette partie des Alpes que se trouve le col du Mont-Genèvre(1,854 mètres), par lequel Louis XIII passa en 1629 en Italie. Le col du mont Cenis, passage autrefois très fréquenté des Alpes, avant la percée du tunnel, est à 2,082 mètres d’altitude. À l’ouest du mont Viso est le col d’Agnello, autre passage des Alpes, qui est à 2,699 mètres. 3° Les Alpes Graies ou Grées s’ étendent sur une longueur de 68 kilomètres du mont Cenis au col de la Seigne, du sud-est au nord-nord-ouest ; leurs principaux sommets dépassent 3,000 mètres ; tels sont ceux de la Levanna, 3,640 mètres ; de la Galise, 3,342, et de la Grande-Sassière, 3,756 mètres. Le col du Petit-Saint-Bernard, 2,157 mètres, en est la plus grande dépression. 4° Le Massif du mont Blanc, qui commence au delà du col de la Seigne, couvre une superficie de 28,250 hectares, trois fois et demie la superficie de Paris, ainsi que le fait remarquer M. E. Levasseur (la France, avec ses Colonies). Les principaux sommets sont : le Petit-Mont-Blanc, 3,917 mètres ; le mont Blanc, 4,810 mètres ; le mont Maudit, 4,470 mètres ; la Dent-du-Géant, 4,019 mètres ; les Grandes-Jorasses, 4,206 mètres. Les seuls passages fréquentés sont le col de la Miège, dont l’altitude est de 3,376 mètres, et le col du Géant, 3,362 mètres.

La Savoie est sillonnée par les ramifications des Alpes. On les désigne sous le nom d’Alpes de Savoie. Les sommets les plus remarquables sont : entre le lac de Genève, le Rhône et l’Arve, la Dent-d’Oche, 2,225 mètres, dans les montagnes du Chablais ; la montagne de Voirons, 1,486 mètres, et la Dent-du-Midi, 3,285 mètres. Cette dernière se rattache aux monts du Faucigny. Le Buet a 3,109 mètres, et le mont Dolent, 3,880 mètres.

Entre l’Isère et l’Arc se trouve le Massif de la Vannoise, qui a pour sommets principaux : la Vannoise, 3,619 mètres, et l’Aiguille du Péclet, 3,566 mètres. Entre l’Arc et la Romanche, nous voyons : le Grand-Galibier, 3,242 mètres ; les Trois-Évêchés, 3,120 mètres, et les Grandes-Rousses. On franchit un chaînon au col du Lautaret, qui a 2,075 mètres. Enfin ces mêmes Alpes de Savoie vont former, entre le Rhône et l’Isère, la ramification des Beauges, qui vient se terminer par le Massif de la Grande-Chartreuse, dont les sommets sont : le Grand-Som, 2,033 mètres ; le Chamechaude, 2,087 mètres, et les montagnes du Graisivaudan, 1,988 mètres.

Les Alpes envoient encore en France deux autres contreforts principaux, sous les noms d’Alpes du Dauphiné et d’Alpes de Provence.

Les Alpes du Dauphiné se détachent au mont Thabor, et se divisent à peu de distance de leur point de départ en deux branches : l’une qui court entre l’Arve, la Romanche et le Drac, et a pour point culminant la Montagne des Trois-Ellions, dont l’altitude est de 3,888 mètres ; l’autre, qui court au sud-ouest, longe la Durance et la sépare du Drac, de la Drôme et de l’Aigues, en portant les noms de monts de Lure et du Lubéron. Le mont Olan, qui a 4,212 mètres ; le mont Pelvoux, qui en a 3,954 ; la Barre-des-Écrins ou Pointe des Arsines, 4,103 mètres ; la Meije ou Aiguille-du-Midi, 3,987 mètres ; et le mont Ventoux, qui en a 1,912 mètres, dépendent des Alpes du Dauphiné.

Les Alpes de Provence donnent aussi naissance à deux rameaux : l’un, au nord, suit la rive droite du Verdon jusqu’à son confluent avec la Durance ; l’autre, qui suit la rive gauche de cette même rivière, va former les monts de l’Esterel, les Alpines, la chaîne de la Sainte-Baume (1,001 mètres), et les montagnes des Maures. Le mont Sainte-Victoire, 970 mètres, est un des points principaux de cette chaîne.

Système sardo-corse. — La Corse est parcourue dans toute sa longueur, qui du nord au sud est de 200 kilomètres, par une grande chaîne de montagnes qui a une hauteur moyenne de 2,000 mètres, et dont les pics principaux sont : le Monte-Cinto, 2,710 mètres ; le Monte-Rotondo, situé au centre, qui a 2,675 mètres ; le Monte-Cardo, 2,454 mètres, et le Monte-d’Oro, qui en a 2,391 ; enfin le Padro, 2,393 mètres.

Ces montagnes sont très escarpées ; elles forment un grand nombre de gorges redoutables et envoient une multitude de contreforts qui rendent les plaines rares et les vallées étroites, surtout sur le versant occidental.

Les grandes plaines de la France sont au nombre de six : la plaine de Lorraine, la plaine de Bourgogne, la plaine Océanique, la plus étendue de toutes, et qui comprend la partie basse des bassins de la Seine, de la Loire et de la Garonne, et la plaine Méditerranéenne, qui se forme des terrains compris entre les Pyrénées, les Cévennes et les Alpes.

La liaison la plus ordinaire entre les plaines et montagnes de la France se fait par les plateaux. Les plateaux les plus remarquables de la France sont : le plateau de Lannemezan, entre la Garonne et le Gers ; le plateau central ou d’Auvergne, avec la région des Causses, entre la Loire et la Garonne ; le plateau de Gâtine, entre la Loire et la Sèvre niortaise ; le plateau de l’Armorique, en Bretagne ; le plateau d’Orléans, entre la Loire et la Seine ; le plateau de la Brie, entre la Marne et la Seine ; le plateau de Langres, entre la Côte-d'Or et les monts Faucilles, enfin, le petit plateau de Saint-Quentin, d’où descendent deux fleuves, la Somme, l’Escaut, et une rivière, la Sambre. Les deux plus importants sont le plateau d'Auvergne et le plateau de Langres.