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Malte-Brun - la France illustrée/0/7/5

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Jules Rouff (1p. cxi).
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INDUSTRIE

§ Ier. Avant l’invasion romaine, l’industrie chez les Gaulois était moins développée encore que l’agriculture. Les restes de constructions qui remontent à cette époque, les ruines de monuments mégalithiques épars sur notre sol révèlent une architecture aussi rudimentaire, aussi sauvage que le culte auquel ils étaient consacrés. Les armes, instruments et ustensiles divers recueillis dans nos musées dénotent une fabrication pénible, inhabile, individuelle. Chaque village, chaque famille, chaque individu produisait ce que lui commandaient ses besoins. Les exceptions à cet état de choses à peu près général sont peu nombreuses. Les Celtes fabriquaient avec des étoupes de lin et des rognures de drap des matelas dont les Romains adoptèrent l’usage. Le tissage et la teinture d’étoffes grossières pour vêtements étaient encore une des industries du pays. On doit supposer que les procédés phéniciens pénétrèrent peu à peu de Marseille dans l’intérieur des Gaules, et amenèrent cet art à un point qui permit plus tard aux Romains de se fournir dans les provinces occupées par eux.

Ce qui semble avoir appartenu. en propre au génie de nos ancêtres, c’est une savante exploitation des mines. Jules César témoigne dans ses Commentaires de l’habileté des mineurs gaulois, qui déployèrent leur expérience dans la défense de Lectoure, d’Aire et de Bourges. Tandis qu’ailleurs le travail des mines était abandonné aux esclaves, cette profession chez les Gaulois n’avait rien de servile. C’est le fer et le cuivre qui étaient surtout exploités. On n’apprécia que beaucoup plus tard la valeur des mines de combustibles.

Aux yeux des Romains, la Gaule étant une contrée essentiellement agricole, c’est principalement au point de vue des subsistances qu’ils cherchèrent à utiliser leur conquête. Chez eux d’ailleurs l’industrie était peu en honneur ; ses produits, comme ceux des arts, étaient le tribut des vaincus. L’occupation romaine modifia donc peu l’état industriel de la Gaule.

C’est dans tout ce qui se rattache à l’art de construire que le progrès fut le plus sensible ; la nécessité donna bientôt aussi quelque développement à la fabrication des armes ; la création des routes, en facilitant les échanges, concentra sur quelques points plus propices la production de certains objets ; mais rien dans ces premiers essais n’indique un système, rien ne peut faire pressentir une organisation industrielle telle que la civilisation moderne nous la fait concevoir, telle qu’elle avait existé déjà en Grèce, à Carthage et sur les côtes de Syrie.

Et cependant cette faible lueur s’éteignit encore au souffle des tempêtes que déchaînèrent les barbares. Sous les rois de la première race, l’industrie n’eut pour asile que quelques monastères et quelques métairies royales où se fabriquaient les ornements des églises et les vêtements des princes. Toutefois, si les documents ne nous faisaient pas défaut, c’est peut-être là que nous retrouverions les premiers éléments de la division du travail industriel.