Malte-Brun - la France illustrée/0/7/4

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Jules Rouff (1p. cx-cxi).
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On compte, sous le rapport de la culture, sept espèces différentes de sol, réparties dans chaque département à peu près ainsi qu’il suit :

1° Terres grasses : Aisne, Aude, Eure, Eure-et-Loir, Nord, Oise, Hérault, Pas-de-Calais, Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Lot, Loiret, Seine-Inférieure, Somme, Tarn, Haute-Garonne, Deux-Sèvres, Vendée ;

2° Terres à bruyères ou de landes : Côtes-du-Nord, Loire-Inférieure, Finistère, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Maine-et-Loire, Orne, Calvados, Manche, Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Ariège, Hautes et Basses-Pyrénées, Landes, Gers, Aveyron, Gard ;

3° Terres à craie : Marne, Ardennes, Aube, Haute-Marne, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Charente, Charente-Inférieure, Vienne ;

4° Terres à gravier : Nièvre et Allier ;

5° Terres pierreuses : Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges, Haut-Rhin (Territoire de Belfort), Côte-d’Or, Haute-Saône, Doubs, Saône-et-Loire, Jura, Ain, Yonne, Rhône, Loire ;

6° Terres de montagne : Cantal, Lozère, Ardèche, Pyrénées-Orientales, Corrèze, Haute-Loire, Drôme, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Savoie, Haute-Savoie, Var, Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Isère, Puy-de-Dôme ;

7° Terres sablonneuses : Cher, Creuse, Indre, Mayenne, Sarthe, Haute-Vienne.

Chacune de ces diverses qualités du sol est l’objet d’incessantes expérimentations ; aussi les produits en ont-ils doublé depuis trente ans ; on les évalue à une somme de 18 milliards de francs, qui se répartit ainsi :

Culture
5.000.000.000
Pâturages
2.000.000.000
Cultures diverses industrielles
1.500.000.000
Vignes, cidre, poiré
1.500.000.000
Forêts et bois
2.000.000.000
Animaux domestiques
6.000.000.000
Total
18.000.000.000

Nous résumerons en quelques points principaux les progrès de l’agriculture dans cette dernière période. Tels sont : le repos stérile des jachères remplacé par l’alternement des cultures, la pratique des prairies artificielles, l’introduction de la pomme de terre et de la betterave, le perfectionnement des instruments aratoires, l’indispensable nécessité des engrais mieux comprise, et enfin l’assainissement des terres humides par l’application beaucoup trop restreinte encore du drainage, les encouragements et l’exemple donnés par les Sociétés d’agriculture et les comices agricoles. La voie dans laquelle est entrée l’agriculture est assurément la bonne, le progrès ne s’arrêtera plus ; mais, dans notre impatience d’améliorations nouvelles, n’oublions pas qu’elles ne pourront sortir que de la consolidation des résultats déjà obtenus ; sans doute la terre paye généreusement les sacrifices qu’on lui fait, mais la semence doit précéder la moisson, et ce qui manque au cultivateur bien plus que le zèle, bien plus que l’intelligence, c’est l’argent. Ce qu’il faut donc lui désirer par-dessus tout, c’est l’aisance, qui sera pour lui l’objet de succès nouveaux ; c’est la richesse, qui enrichira le sol plus encore que lui.