Manuel de la parole/15/58

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J.-P. Garneau (p. 252-253).

LA FORÊT


Séjour mystérieux, solitude profonde,
Forêt qu’avec effroi l’œil du poète sonde,
Dans tes ravins obscurs jamais le jour ne luit,
Et le pied du chasseur marche seul dans la nuit.

Sinistre labyrinthe, image de ce monde,
Toujours une rumeur dans ton silence gronde,
Et la voix des torrents et du vent qui bruit
Étouffe les chansons des oiseaux par son bruit.

Le chêne et le bouleau, qui sont ici les maîtres,
Dérobent le soleil aux ramilles des hêtres
Et prennent aux gazons l’air pur et la clarté.

Est-ce donc là la loi sur la terre où nous sommes !
Forêt, cité des loups, — cités, forêts des hommes,
Qu’avez-vous, dites-moi, fait de la Charité !

André Van Hasselt.