Manuel des expressions vicieuses les plus fréquentes/M

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Imprimerie MacLean, Roger et Cie (p. 33-36).


M


MACE.Macis. Écorce intérieure de la noix muscade et dont on se sert comme épice.

MAÇONNE. — C’est une erreur très commune d’employer ce mot pour maçonnage, qui est le travail du maçon, et pour maçonnerie, qui est l’ouvrage achevé.

MAGANER.Maganer une personne, un habit, se dit souvent, au lieu de malmener une personne, friper un habit, etc.

MAIN (). — La main a pour objet de fixer l’attention sur des notes ou observations en tête desquelles elle est placée. C’est par erreur qu’elle est appelée index dans nos imprimeries.

MAÎTRE DE POSTE. — Traduction de postmaster. En France, on appelle cet employé directeur de poste. Maître de poste signifie maître de relais de chevaux établis de distance en distance pour le service des personnes qui veulent voyager diligemment. Également, le ministre qui préside au service postal devrait être appelé directeur-général des postes et non maître-général. — Voir Commis.

MAÎTRE DE STATION. — Traduction mot à mot de station master. Sur les chemins de fer français, cet employé est désigné sous le nom de chef de gare.

MALGRÉ.Malgré que s’emploie fréquemment, mais à tort, au lieu de bien que, quoique. Exemple : Un tel a fait ceci ou cela malgré que je le lui eusse défendu. On ne doit se servir de cette locution que dans le cas suivant : « Malgré qu’il en ait, » c’est-à-dire : mauvais gré qu’il en ait.

MANCHE. — Ne dites pas manche, mais tuyau de pipe.

MANGLE.Calandre, machine dont on se sert pour lustrer, presser les draps, les toiles et les étoffes. Beaucoup d’entre nous ne connaissent et n’emploient que le mot anglais. Il en est de même du verbe, car ils disent mingler au lieu de calandrer.

MANQUABLEMENT. — Ce mot n’est pas français, mais nos classes laborieuses l’emploient d’ordinaire au lieu de probablement.

MARBRES.Bille est le nom de la petite boule de marbre ou de pierre qui sert de jouet aux enfants. Il faut donc dire jouer aux billes, et non pas jouer aux marbres.

MARCHEPIED. — Un grand nombre désignent à tort par ce mot le montoir, gradin de pierre ou de bois, dont on se sert pour monter plus aisément à cheval ou en voiture.

MARIER. — Ce solécisme : marier une personne, pour se marier À une personne, est d’un usage fréquent dans toutes les classes de notre société.

MARINADES. — Ce terme ne s’applique qu’aux viandes, et non pas, comme nous paraissons le croire, aux légumes conservés dans le vinaigre. Exemple : marinade de pieds de veau, ou pieds de veau marinés.

MATCH. — Ce mot est d’un fréquent usage parmi nous. Exemple : ce garçon et cette fille feraient une bonne match, et par là l’on entend : ce garçon et cette fille se conviendraient ou feraient des époux bien assortis. Cet exemple seul indique qu’il est temps de mettre un frein à cette mauvaise habitude de se servir de mots anglais.

MENOIRES. — Ce mot s’emploie pour désigner les deux pièces de bois d’une voiture entre lesquelles le cheval est attelé ; mais il n’est pas français. Limonière est le terme voulu, et lorsqu’on veut indiquer l’une des branches de la limonière, limon est celui dont il faut se servir.

MENOTTES. — Lien avec lequel on attache des prisonniers. C’est donc à tort que les personnes du sexe désignent par ce terme la mitaine de soie qui ne recouvre que la moitié de la main.

MERISIER. — Petit arbre du genre cerisier, dont le fruit est appelé merise. C’est donc à tort que l’on désigne par ce nom les trois variétés de bouleau, le rouge, le jaune et le noir.

MESS (Officers’).Ordinaire des officiers militaires.

MINUTE. — Se dit fréquemment, mais à tort, pour procès-verbal d’une réunion quelconque.

MISDEAL. — Expression anglaise généralement employée au jeu de cartes. On dit en français : Cartes mal données ou maldonne.

MISÈRE. — S’emploie dans cette phrase : « J’ai eu de la misère à faire telle chose. » Dites : j’ai éprouvé de la difficulté, misère signifiant souffrances causées par la pauvreté, etc.

MODEUSE. — Se dit à tort pour modiste.

MONEY ORDER.Mandat d’articles d’argent ou mandat de poste. Money order offices, Bureaux d’expédition d’argent.

MONS. — Abréviation de monsieur. S’emploie par mépris. Il faut éviter d’abréger le mot monsieur de cette manière.

MONTER EN HAUT, DESCENDRE EN BAS. — Locutions des plus vicieuses et très usitées. Il serait sage de s’en corriger en les remplaçant par celles-ci : aller là-haut, aller en bas. Selon Bescherelle, ces deux manières de s’exprimer seraient bonnes, et à l’appui, il cite Racine, qui a dit : « Qu’on ne laisse monter aucune âme là-haut. » Mais Littré signale la première de ces locutions comme pléonastique. Larousse et l’Académie (dans la dernière édition de son dictionnaire) sont muets sur ce point, et c’est ce qui nous porte à maintenir la correction ci-dessus.

MOP. — Se dit à tort au lieu de Balai de matelot, et aussi pour houppe à poudrer.

MOTEUR. — Ne s’emploie en français que comme terme de mécanique ; mais nos hommes de loi, nos législateurs, lui ont donné — bien entendu sans en avoir le droit — une acception de plus, comme cela a lieu pour le mot anglais mover ; car, par lui, ils veulent toujours désigner celui qui fait une proposition ou motion dans un corps délibérant. En pareil cas, the mover signifie le proposant ou l’auteur d’une proposition ou motion.

MOTIVÉ. — Nos hommes de loi transforment inutilement ce participe en substantif, lorsqu’ils disent le motivé pour la clause motivale d’un jugement.

MOTTOES. — Dragées de sucre enveloppées dans un morceau de papier. Papillotes est le mot français propre aux sucreries ainsi enveloppées.

MOUILLER. — Se dit improprement au lieu de pleuvoir.