Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris/07

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CHAPITRE VII.

Des outils, instruments et machines.

Observation. — Nous nous écartons sans doute de l’usage, en plaçant ici les murs et les puits au nombre des instruments et outils nécessaires à la culture maraîchère ; mais, puisque les murs remplacent les brise-vent et sont beaucoup plus avantageux, puisque les puits sont d’une nécessité absolue dans nos marais, il nous a semblé qu’il valait mieux en parler dans le chapitre des instruments que partout ailleurs.

Arrosoirs. — Quoique l’on fasse des arrosoirs en zinc, en fer-blanc, en cuivre jaune, les maraîchers ne se servent que d’arrosoirs en cuivre rouge, plus lourds et plus chers, mais plus solides et de plus longue durée. Les maraîchers n’emploient que des arrosoirs à pomme, avec lesquels ils exécutent des bassinages très-légers, des arrosements en plein et des arrosements à la gueule, c’est-à-dire que, dans des cas, il est plus avantageux de verser l’eau par la bouche de l’arrosoir que par la pomme.

Un arrosoir ordinaire pèse, étant vide, 2 kilogrammes, et contient 10 litres d’eau. Dans les arrosages, un homme porte deux arrosoirs pleins, un à chaque main, et, par un certain mouvement, les vide tous les deux à la fois pour abréger le temps, qui est toujours précieux dans notre état. La perfection d’un arrosoir consiste surtout dans l’inclinaison de sa pomme, dans le nombre et la largeur des trous dont elle est percée. Le nombre d’arrosoirs nécessaire dans un établissement est subordonné au nombre d’hommes qui peuvent arroser en même temps dans l’été : chaque paire d’arrosoirs en cuivre rouge (on les nomme aussi cruches dans quelques marais) coûte de 28 à 32 fr. ; terme moyen 30 fr.

Bêche. — La bêche est la charrue du jardinier. C’est une lame de fer en carré long, renforcée d’une arête en dessous, munie d’une douille par en haut, pour recevoir un manche en bois long d’environ un mètre, et acérée et tranchante par en bas. La bêche sert à labourer, retourner et diviser la terre jusqu’à la profondeur de 8 à 10 pouces (22 à 28 centimètres). Il y a des bêches de différentes grandeur et qualité, proportionnées aux forces de celui ou de celle qui les emploie. Une bêche coûte environ 5 fr. ; ci. 5 fr.

Binette. — C’est une petite lame acérée, munie d’une douille recourbée en quart ou en demi-cercle, dans laquelle est inséré un manche en bois long de 1 à 2 mètres. La binette sert à remuer la terre dans les plantations où l’herbe commence à croître, afin de la faire mourir ; elle coûte 75 c. ; ci. 75 c.

Bordoir. — On appelle ainsi un bout de planche en bois, long d’environ 1 mètre et large de 20 centimètres, muni, dans son milieu, d’un côté, d’un petit manche rond en bois, long de 12 centimètres : cet outil sert à border le terreau des couches à cloches ou qui n’ont pas de coffre ; pour s’en servir, on le pose de champ sur le bord du fumier de la couche, on attire et on presse le terreau contre le bordoir, pour donner de la consistance et de la solidité au terreau. Quand le terreau fait bien la muraille, on glisse le bordoir un peu plus loin ; on fait la même opération jusqu’à ce que toute la couche soit bordée.

Avec cet outil, un seul homme peut border une couche ; au moyen de son manche, il peut encore battre et affaisser le terreau de la couche quand elle en est garnie, pour qu’il soit moins creux et s’affaisse moins. Les maraîchers font quelquefois leur bordoir eux-mêmes ; s’ils le font faire, il coûte 1 fr. 50 c. ; ci 1 fr. 50 c.

Brise-vent. — Les brise-vent sont de forts paillassons qui, au lieu d’être cousus en ficelle, sont tenus par trois rangs de lattes attachées avec de l’osier ; ils servent à clore les marais qui n’ont ni murs ni haie, et à faire des abris pour certains semis et plantations : on les plante debout soutenus par de forts piquets. Paille, lattes et piquets compris, 2 mètres de brise-vent coûtent environ 2 fr. le double mètre ; ci 2 f.

Brouette à civière. — Cette brouette est formée d’une roue en buis et de deux longs mancherons joints par plusieurs barres transversales qui lui font un fond à jour ; elle n’a rien sur les côtés, mais seulement une ridelle par devant ; elle sert à transporter ce qui a un gros volume et peu de poids, tel que fumier neuf. Son prix est d’environ 11 fr. ; ci 11 fr.

Brouette à coffre. — Celle-ci est moins longue que l’autre. Le fond, le devant et les deux côtés sont en planches minces ; elle sert pour transporter du fumier consommé, du terreau, de la terre, des immondices ; il y en a de plus ou moins grandes : celles dont nous nous servons coûtent 9 fr. l’une ; ci 9 fr.

Calais. — Nous appelons ainsi un petit mannequin creux, formé de petites lames en buis de bourgène, dans lequel nous mettons de l’oseille, des laitues, etc. : ils coûtent 1 fr. 20 c. la douzaine ; ci 1 fr. 20 c.

Cale ou tasseau. — C’est un morceau de bois épais de 5 centimètres, large de 10 centimètres et long de 18 centimètres : il sert pour soulever les châssis par derrière quand on veut donner de l’air aux plantes qui sont dessous ; on le place sur le bord du coffre à plat, de champ ou debout, selon la quantité d’air qu’on veut leur donner.

Cannelle. — Il en faut une grosse en cuivre au bas de l’auge ou du réservoir, du prix de 35 fr.

Il en faut une de moindre dimension à chaque tonneau, dans le prix de 8 à 10 fr. ; terme moyen 9 fr.

Charrette. — Les charrettes dont les maraîchers se servent pour mener leurs légumes à la halle et charroyer leur fumier sont à un cheval : leur prix est de 500 à 550 fr. ; terme moyen 525 fr.

Chargeoir. — C’est une espèce de trépied grossièrement fait, muni, en dessus, de deux bras ou bâtons servant de dossier, et sur lequel on pose le hottriau pour le charger de fumier, terre ou terreau, etc. : ce chargeoir coûte 5 fr. ; ci 5 fr.

Châssis. — Châssis et panneau de châssis sont synonymies. C’est un carré en bois de chêne, peint de deux couches à l’huile, qui a 1 mètre 33 centimètres sur chaque face et est divisé en quatre par trois petits bois pour soutenir le verre ; les châssis sont indispensables en culture forcée, en ce qu’ils maintiennent la chaleur et l’humidité de la couche, et que la lumière du jour, la chaleur du soleil pénétrant au travers du verre, tient les plantes qui sont dessous dans une température favorable à leur croissance ; quand on juge la chaleur trop grande ou que l’on veut faire un peu durcir les plantes, on leur donne de l’air en levant plus ou moins le châssis par derrière. Il va sans dire que, puisque nous n’employons des coffres et des châssis que pour élever des primeurs, ils doivent être inclinés autant que possible toujours vers le midi. Un panneau de châssis en bois de chêne, peint et vitré, coûte de 10 à 12 fr. ; terme moyen 11 fr.

Civière. — La civière se compose de deux bras longs de 2 mètres 66 centimètres, assemblés par quatre barrettes longues de 70 à 80 centimètres, placées au centre, à 16 centimètres l’une de l’autre. Dans nos marais, la civière sert particulièrement à transporter les châssis du hangar sur les coffres et des coffres sous le hangar. Deux hommes peuvent porter cinq ou six châssis sur une civière.

Cloches. — Les cloches à maraîchers ont 40 centimètres de diamètre à la base, environ 20 centimètres dans le haut, et leur hauteur est de 36 à 37 centimètres. Autrefois les cloches étaient d’un verre plus vert qu’aujourd’hui ; les maraîchers s’en sont plaints, et maintenant elles sont d’un verre plus blanc, mais plus fragile. L’utilité des cloches dans la culture des primeurs est moins efficace que celle des châssis ; mais leur usage est plus général en ce qu’il est moins dispendieux. Le prix des cloches varie un peu : aujourd’hui on les paye de 80 à 85 fr. le cent ; terme moyen 82 fr. 50 c.

Coffres. — Il y a des coffres à un ou deux châssis, mais dans nos marais ils sont presque tous à trois châssis. Un coffre à trois panneaux de châssis est un carré long de 4 mètres, large de 1 mètre 33 centimètres, construit en planches de sapin et qui se pose sur une couche ; le derrière est haut de 27 à 30 centimètres, et le devant de 19 à 22 centimètres : nous le préférons en sapin, parce qu’il est moins lourd et moins cher qu’en chêne ; nous ne le peignons pas, parce que la peinture à l’huile peut nuire aux racines des plantes. Le devant du coffre est muni de petits taquets, pour empêcher les châssis de couler, et le dessus est garni de trois traverses fixées à queue-d’aronde, pour maintenir l’écartement et soutenir le bord des châssis. Nos coffres n’ont ni la profondeur ni l’inclinaison de ceux des jardins bourgeois, parce que nous voulons que les plantes soient près du verre ; mais, si nous voulions forcer plus longtemps les plantes qui deviennent hautes, telles que tomates, aubergines, choux-fleurs, nous mettrions deux coffres l’un sur l’autre. Un coffre à trois panneaux de châssis coûte de 7 fr. à 7 fr. 50 c. ; terme moyen 7 fr. 25 c.

Cordeau. — Un cordeau est indispensable avec le double mètre, pour dresser convenablement les planches et les sentiers. Quant à la grosseur, elle est assez arbitraire. Il se vend au poids, à raison de 1 fr. le demi-kilogramme ; ci 1 fr.

Côtière. — C’est, en terme de maraîcher, une plate-bande plus ou moins large, abritée ou protégée par un mur, un brise-vent, une haie contre les vents froids, et où l’on sème ou plante des légumes qui viennent plus tôt qu’en plein carré.

Crémaillère. — C’est un bout de latte en chêne, long de 20 à 24 centimètres, sur un côté duquel sont trois entailles ou crans allongés, à 5 centimètres l’un de l’autre, pour soutenir les cloches plus ou moins élevées, lorsqu’on veut donner de l’air aux plantes qu’elles recouvrent.

Double mètre ferré. — Nous avons remplacé la toise par le double mètre, qui a à peu près la même longueur ; il nous sert pour mesurer la largeur de nos planches, afin qu’elles aient de l’uniformité. Quant au tracé des rayons dans une planche avec le bout du double mètre, pour planter des salades, de l’oignon, etc., il n’est pas en usage chez nous ; nous traçons autrement, comme on le verra plus loin. Le double mètre, ferré aux deux bouts, coûte de 1 fr. à 1 fr. 50 c. ; terme moyen 1 fr. 25 c.

Fléau. — Un fléau se compose d’un manche long de 1 mètre 50 centimètres, au bout duquel est jointe par des courroies une latte ou batte du moitié plus courte et beaucoup plus grosse que le manche. Le fléau sert à battre les légumes mûrs dont la graine ne tombe pas aisément, tels que la chicorée : il coûte 1 fr. 50 c. : ci 1 fr. 50 c.

Fourche. — Outil indispensable pour charger et décharger du fumier, pour façonner des couches et briser les mottes de terre sur les planches labourées. La fourche est en fer, composée de trois grandes dents pointues, un peu coudées près de leur origine, pour leur donner la direction convenable à leur usage. Le côté opposé aux dents a une douille pour recevoir un fort manche en bois long de 1 mètre 50 centimètres. Le prix d’une bonne fourche est de 5 fr. à 5 fr. 50 c. ; terme moyen 5 fr. 25 c.

Gibet. — On appelle ainsi, dans les marais, trois morceaux de bois plantés en triangle autour d’un puits, hauts de 3 mètres, réunis par en haut d’où pend une poulie sur laquelle passe une corde ayant à chaque bout un seau qu’un homme fait monter et descendre à force de bras. Cet appareil ne peut être mis en usage que dans les puits peu profonds ; son emploi diminue journellement dans les marais, et il est remplacé par les manèges et les pompes à engrenages : il coûte, tout monté, de 28 à 30 fr. ; ci 29 fr.

Hotte. — Les hottes des maraîchers sont à claire-voie et moins grandes que les hottes ordinaires ; il en faut au moins deux douzaines dans la plupart des établissements maraîchers. C’est sur ces hottes que l’on arrange, avec un certain art, les légumes qui doivent aller à la halle, et, quand une hotte est ainsi chargée de légumes, le tout se nomme voie : ainsi on dit une voie de choux-fleurs, une voie de melons. Un maraîcher dira : J’ai envoyé aujourd’hui vingt voies de marchandises à la halle. Les femmes sont plus adroites que les hommes pour monter avec goût la marchandise sur une hotte ; aussi ce sont presque toujours elles qui font ce travail. Une hotte coûte de 2 fr. à 2 fr. 50 c. ; terme moyen 2 fr. 25 c.

Hottriau. — Ce mot, qui semble un diminutif de hotte et devoir signifier une petite hotte, désigne, au contraire, une hotte deux ou trois fois plus grande que les autres. Le hottriau est fait de petit bois et d’osier, comme les hottes ordinaires, et se porte de même sur le dos au moyen de deux bretelles ; par son moyen, un homme porte un volume considérable de fumier au moment de faire les couches, et passe où l’on ne pourrait passer avec une brouette : il sert à porter du terreau sur les couches, sur les planches ; il sert pour emporter le vieux fumier des tranchées ; enfin le hottriau est un meuble très-utile dans un marais : il coûte 5 ou 6 fr. ; terme moyen. 5 fr. 50 c.

Manège. — On appelle ainsi, dans les jardins, un appareil en forte charpente, servant à tirer l’eau d’un puits au moyen d’un cheval. Il y a des manèges plus ou moins compliqués, en raison des fortunes et des besoins. Voici une description abrégée de ceux qui sont d’un prix intermédiaire. Aux deux côtés opposés de la margelle d’un puits, on plante et on scelle debout, à 2 mètres au moins de distance l’un de l’autre et solidement, deux forts morceaux de bois équarris, hauts d’environ 3 mètres sur 22 centimètres d’équarrissage : on les joint au sommet par une traverse de même équarrissage ; ensuite on place une seconde traverse de même diamètre à environ 90 centimètres au-dessous de la première, et il en résulte un cadre ou châssis que l’on divise en trois parties égales par deux forts morceaux de bois équarris, ajustés à mortaise dans les deux traverses : ces deux morceaux de bois sont percés et évides au milieu, pour recevoir chacun une poulie. Juste en face et à 5 ou 6 mètres du puits, on plante un autre morceau de bois de mêmes hauteur et diamètre, et on le joint au premier bâti par une traverse qui donne de la solidité au tout. Au centre, ou à 3 mètres du puits, on place un arbre tournant verticalement sur deux pivots en fer, l’un en bas sur un dé en pierre, et l’autre dans la traverse supérieure ; cet arbre tournant a dans sa partie haute un gros tambour, et une queue ou levier fixé à l’arbre, long de 2 ou 5 mètres, qui descend obliquement jusqu’à 84 centimètres de terre, et au bout duquel on attelle un cheval pour tourner l’arbre et le tambour.

On se pourvoit, ensuite, de deux fortes cordes, assez longues pour que, après avoir été attachées au tambour par un bout, l’une dans le bas, l’autre dans le haut, et avoir passé sur les poulies, elles puissent descendre jusque dans l’eau du puits, et qu’elles aient encore 6 à 7 mètres de longueur, pour rester enroulées, l’une à droite, l’autre à gauche, sur le tambour. Ensuite on attache à chaque bout un grand seau de la contenance de 80 à 100 litres, et, quand le cheval fait tourner le tambour, un seau vide descend dans le puits et l’autre remonte plein d’eau. Dans plusieurs marais, une personne est là pour verser l’eau dans une auge ou réservoir ; mais, dans quelques autres, un crochet arrête le seau et le force à se vider de lui-même. Un manège tout monté coûte de 500 à 600 francs ; terme moyen 550 fr.

Mannes. — Les mannes sont des espèces de corbeilles ou paniers sans anses ; elles sont plus ou moins grandes et profondes, et construites en osier. On doit en posséder un certain nombre dans un établissement maraîcher. Elles servent a mettre différents légumes, particulièrement des herbages, pour porter à la halle. Une manne coûte 90 cent. ; ci. 90 c.

Mannettes. — Il y en a de deux sortes ; elles sont l’une et l’autre en forme de corbeilles en osier et servent à mettre des melons, des choux-fleurs pour porter à la halle : leur prix est de 50 à 75 centimes l’une ; terme moyen 65 c.

Maniveau. — C’est une sorte de petit chaseret en osier, qui ne sert guère qu’à mettre des fraises et des champignons pour la vente en détail : ces petits ustensiles se vendent 1 fr. 25 c. le cent ; ci 1 fr. 25 c.

Mur. — Le plus convenable à clore un marais, du côté du levant, du nord et du couchant, doit avoir 6 à 7 pieds (2 mètres à 2 mètres 35 centimètres) de hauteur, non compris le chaperon qui le surmonte, et 15 pouces (40 centimètres d’épaisseur). Ce mur, construit en moellon et en plâtre, coûte à Paris, le mètre courant, la somme de 10 à 11 fr. ; terme moyen 10 fr. 50 c.

Paillassons. — Partout les jardiniers font leurs paillassons eux-mêmes : il y en a de plusieurs grandeurs et épaisseurs ; les nôtres ne sont pas très-grands ni très-épais, afin qu’ils ne soient pas trop lourds et qu’ils sèchent promptement après avoir été mouillés par la pluie ; leur longueur est de 2 mètres et leur largeur de 1 mètre 33 centimètres. Nous nous en servons pour couvrir nos couches, nos cloches, nos châssis contre le froid et contre la grêle, et quelquefois contre le soleil ; nous en employons toujours un très-grand nombre. Il y a des établissements maraîchers qui en ont jusqu’à un mille.

Voici la manière de faire un paillasson de jardinier : sur un sol bien uni et en terre, on fixe de champ deux planches longues de 2 mètres et larges de 10 centimètres, parallèlement à 1 mètre 33 centimètres l’une de l’autre ; ces deux planches ainsi placées se nomment métier à paillasson, et servent à en fixer la largeur. On divise l’intervalle qu’il y a entre ces deux planches en quatre parties égales, par trois lignes placées à 33 centimètres l’une de l’autre et aussi longues que les planches, et aux deux bouts de chaque ligne on enfonce solidement un petit piquet en bois de la grosseur du doigt, et qui offre une saillie de 4 centimètres au-dessus du sol : les 6 piquets déterminent la longueur qu’aura le paillasson, comme les planches latérales en déterminent la largeur ; ensuite on prend de la ficelle dite à paillasson, on la tend fortement d’un piquet à l’autre dans le sens longitudinal en la fixant aux piquets par une patte ou boucle. On a ainsi trois lignes de ficelle longues chacune de 2 mètres ; mais on n’a pas dû couper la ficelle à la boucle des piquets du bas du métier ou du côté où l’on doit commencer le paillasson, parce que l’expérience a appris qu’il faut juste le double de ficelle pour coudre le paillasson de ce qui est tendu en dessous : ainsi, après la boucle faite, il faudra mesurer deux fois la longueur de la ficelle tendue, et ménager cette double longueur, ou 4 mètres avant de couper la ficelle ; cela apprend de suite, en outre, qu’il faut 18 mètres de ficelle pour faire un paillasson de 2 mètres de longueur.

Les bouts de ficelle ménagés s’embobinent chacun sur un petit morceau de bois en fuseau long de 12 centimètres et dont nous allons voir l’usage.

Les ficelles ainsi tendues, on prend de la paille de seigle bien épurée, bien égluiée ; on en pose un lit sur les ficelles, épais de 1 centimètre et demi, en appuyant le pied de la paille contre la planche qui est de ce côté ; on en pose autant de l’autre côté de manière à ce qu’elle se trouve tête bêche sur la première ; on égalise toute l’épaisseur autant que possible ; ensuite on procède à la couture. Un ou deux hommes peuvent coudre en même temps un paillasson ; on se met à genoux au bas du métier où sont les bobines ; de la main gauche on prend une pincée de paille de la grosseur du doigt et on soulève en même temps la ficelle qui est dessous ; de suite, avec la main droite, on passe la bobine à droite sous la ficelle tendue, et on la retire à gauche en l’engageant ou la faisant passer entre la pincée de paille et la ficelle de dessus pour former une maille ou un nœud coulant ; on reprend une autre pincée de paille, on refait un autre nœud, et tout cela avec moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Enfin, tout compris, un paillasson de 2 mètres de longueur sur 1 mètre 40 centimètres de hauteur revient à 50 c. ; ci 50 c.

Pelle en bois. — Tout le monde connaît la forme d’une pelle de bois ; il y en a de plus ou moins grandes : la moyenne convient aux maraîchers ; elle leur sert particulièrement pour charger de terre les couches qu’ils font dans des tranchées, quelquefois aussi pour charger quelques-unes de celles qu’ils font sur terre, pour charger un hottriau, une brouette de terreau, de fumier consommé, enfin pour ramasser en tas toute sorte de débris. Une pelle en bois coûte de 1 fr. à 1 fr. 50 c. ; terme moyen 1 fr. 25 c.

Pelle anglaise. — Celle-ci peut, jusqu’à un certain point, remplacer la pelle en bois dans tous ses usages ; mais, ayant sa lame en fer battu et assez poli, elle est plus commode que l’autre pour manier la terre et le terreau. Une pelle anglaise coûte de 6 à 8 fr. ; terme moyen 7 fr.

Plantoirs en bois. — Ce sont des morceaux de bois ronds de 4 centimètres d’épaisseur, longs d’environ 26 centimètres, terminés en pointe émoussée par en bas, courbés en bec à corbin par en haut, avec lesquels nous plantons nos salades, oignons, et tout ce qui n’est pas trop délicat à la reprise. Après avoir fait le trou avec le plantoir et y avoir fait entrer les racines de la plante, on les fixe convenablement en pressant de la terre contre par un autre coup de plantoir. Nous faisons nous-mêmes ces plantoirs en bois.

Plantoirs ferrés. — Ceux-ci ne diffèrent des précédents qu’en ce qu’ils ont le bas ferré et qu’ils durent plus longtemps : ils servent aux mêmes usages et ne sont peut-être pas aussi bons pour les plantes, à cause de leur dureté et de l’oxyde qu’ils peuvent déposer près des racines. Quoi qu’il en soit, ces plantoirs ferrés coûtent de 1 franc à 1 franc 50 centimes la pièce ; terme moyen 1 fr. 25 c.

Pompes à engrenage. — Ces appareils sont encore nouveaux dans les jardins maraîchers de Paris, et il n’y en a encore que peu d’établis, sans doute à cause de leur prix élevé ; mais nous ne doutons pas qu’ils ne se multiplient rapidement, car leurs avantages sont incontestables : ils sont d’ailleurs plus ou moins compliqués, sans doute en raison de la profondeur du puits et de la hauteur où ils poussent l’eau au-dessus du niveau du sol ; et, quoique l’un de nous en ait fait établir un à son puits, nous nous abstiendrons de le décrire, dans la crainte de n’en donner qu’une idée inexacte ; mais nous pouvons dire que les plus simples coûtent de 1,500 à 1,600 francs, et qu’il y en a qui coûtent jusqu’à 2,600 francs ; terme moyen 2,200 fr.

Puits. — Il peut être plus ou moins profond ; on peut rencontrer, dans la fouille, des difficultés imprévues ; les terres peuvent exiger une bâtisse plus ou moins épaisse, de sorte qu’il n’est pas aisé de dire à l’avance ce que coûtera un puits. Le sous-sol de Paris étant assez bien connu, il y a des entrepreneurs qui font des puits à tant le mètre, en raison de la perfection du travail ; mais un puits de maraîcher n’ayant besoin que de solidité, il peut coûter de 90 à 100 fr. le mètre ; terme moyen 95 fr.

Râteau. — Un râteau est composé d’un morceau de bois, appelé tête, long d’environ 32 à 45 centimètres, dans lequel sont placées douze ou seize dents en fer. Cette tête de râteau est percée dans son milieu d’un trou dans lequel on insère le bout d’un long manche. Le râteau sert à racler, diviser, rendre uni et meuble le dessus des planches où l’on veut faire quelque semis ; il sert encore à nettoyer, à enlever les herbes, les ordures qui se trouvent dans les allées et les sentiers : il coûte de 2 fr. à 2 fr. 50 c. ; ci 2 fr. 50 c.

Ratissoire. — Il y a des ratissoires à pousser et des ratissoires à tirer ; il y en a en fer forgé et en fer de faux : celles à pousser sont composées d’une lame large de 7 centimètres et longue de 27 centimètres, ayant une douille au milieu pour recevoir un long manche. La ratissoire à pousser sert pour sarcler d’une manière expéditive dans les grandes plantations, comme dans un carré de choux ; la ratissoire à tirer n’en diffère qu’en ce qu’elle est plus courte et que sa douille est courbée en demi-cercle, pour qu’on puisse la tirer à soi en travaillant ; elle sert à ratisser les sentiers et les endroits durs. L’une et l’autre coûtent 2 f. 25 c. : ci 2 f. 25 c.

Serfouette. — Il y a des serfouettes doubles et des serfouettes simples. Les doubles ont l’œil au milieu pour recevoir un manche en bois ; d’un côté est une petite lame acérée et de l’autre deux dents : elles sont peu usitées dans nos marais, quoique commodes. Les simples ont l’œil à l’une des extrémités pour recevoir le manche, et l’autre a une lame ou deux dents qui servent à béquiller la terre dans les plantations et la mieux disposer à recevoir les arrosements. Une serfouette coûte 75 c. : ci 75 c.

Tonneaux. — Nous avons déjà dit que les maraîchers placent dans leur marais, et à des distances convenables, des tonneaux pour recevoir l’eau qui leur arrive du puits au moyen de tuyaux enterrés ou de caniveaux sur terre. Ces tonneaux, enterrés aux trois quarts et plus, sont de deux sortes : les uns sont des barriques à vin, ils sont cerclés en cerceaux de bois liés avec de l’osier et ne coûtent que 5 ou 6 fr. l’un ; mais, outre qu’ils ne peuvent contenir qu’une petite quantité d’eau, ils ont encore l’inconvénient de ne durer que trois ou quatre ans, et leur usage finit par devenir plus cher que l’emploi des suivants.

On préfère aujourd’hui les pipes ou tonneaux à huile, d’abord parce qu’ils sont plus grands, ensuite parce qu’ils sont cerclés de huit à dix cercles de fer, et que leur bois est imbibé d’huile qui le fait résister à la pourriture douze ou quinze ans. Ces grands tonneaux à huile contiennent environ 540 litres d’eau, et elle y perd de sa crudité comme dans un petit bassin ; et, quoiqu’ils nous coûtent 14 et 15 fr. l’un, il y a encore du profit à les préférer aux tonneaux à vin : ci 14 fr. 50 c.

Tuyaux. — L’eau tirée du puits par un manège ou une pompe à engrenage est versée dans une auge ou petit réservoir plus élevé que le sol du marais. Le fond de ce réservoir, ordinairement doublé en plomb ou en zinc, est percé d’un trou auquel est ajusté un bout de tuyau en plomb, divisé en deux par une grosse cannelle en cuivre, que l’on ouvre et ferme au besoin. Ce tuyau en plomb doit descendre à peu près perpendiculairement jusqu’à 6 ou 8 pouces dans la terre, et là se diriger horizontalement et de manière à ce qu’on puisse y souder la tête du tuyau souterrain qui doit porter l’eau à tous les tonneaux du marais.

Ce tuyau pourrait être en plomb ou en fonte ; mais les maraîchers le préfèrent en grès, c’est-à-dire en bouts de tuyaux de grès ajustés bout à bout et mastiqués avec du mastic de fontainier, et, comme il y a de ces tuyaux courbés en forme de T, on peut établir autant d’embranchements que l’on veut sur le tuyau principal.

L’eau entre ordinairement dans les tonneaux par le trou de la bonde et déborderait souvent par en haut et se perdrait, si l’on n’y remédiait pas de la manière suivante : au lieu que le bout du tuyau qui entre dans le tonneau soit en grès, on le remplace par un bout de tuyau en plomb, muni d’une cannelle en cuivre, que l’on ouvre pour emplir le tonneau et que l’on ferme lorsqu’il est plein.

Il y a des tuyaux en grès de deux diamètres intérieurs : ceux dont le diamètre a 5 centimètres et demi coûtent 68 c. le mètre, tout posés : ci 68 c.

Ceux qui ont 8 centimètres de diamètre coûtent 75 c. le mètre, également tout posés : ci 75 c.

Van. — Ouvrage de vannerie, de la forme d’une coquille à écrémer, muni de deux anses, et qui nous sert à vanner et nettoyer nos graines. Il y a des vans de plusieurs grandeurs ; ceux dont nous nous servons coûtent de 3 à 4 fr. Terme moyen, 3 fr. 50 c. : ci 3 fr. 50 c.

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