Marc Aurèle ou La fin du monde antique/Chapitre XXV

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Calmann-Lévy (p. 447-463).


CHAPITRE XXV.


STATISTIQUE ET EXTENSION GÉOGRAPHIQUE
DU CHRISTIANISME.


En cent cinquante ans, la prophétie de Jésus s’était accomplie. Le grain de sénevé était devenu un arbre qui commençait à couvrir le monde. Dans le langage hyperbolique qui est d’usage en pareille matière, le christianisme était répandu « partout »[1]. Saint Justin affirmait déjà, vers 150, qu’il n’y avait pas un coin de terre, même chez les peuples barbares, où l’on ne priât au nom de Jésus crucifié[2]. Saint Irénée s’exprime de la même manière[3]. — « Ils poussent et se répandent comme la mauvaise herbe ; leurs lieux de réunion se multiplient de toutes parts[4] », disaient les malveillants. — Tertullien, d’un autre côté, écrira dans vingt ans : « Nous sommes d’hier, et déjà nous remplissons tous vos cadres, vos cités, vos places fortes, vos conseils, vos camps, vos tribus, vos décuries, le palais, le Sénat, le forum ; nous ne vous laissons que vos temples. Sans recourir aux armes, auxquelles nous sommes peu propres, nous pourrions vous combattre en nous séparant de vous ; vous seriez effrayés de votre solitude[5], d’un silence qui paraîtrait la stupeur d’un monde mort. »

Jusqu’au temps d’Adrien, la connaissance du christianisme est le fait des gens qui sont dans les secrets de la police et d’un petit nombre de curieux[6]. Maintenant la religion nouvelle jouit de la plus grande publicité. Dans la partie orientale de l’empire, nul n’ignore son existence ; les lettrés en parlent, la discutent, y font des emprunts[7]. Loin d’être renfermée dans le cercle juif, la religion nouvelle recueille dans le monde païen le plus grand nombre de ses convertis[8], et, du moins à Rome, surpasse en nombre l’Église juive, d’où elle est sortie[9]. Elle n’est ni le judaïsme ni le paganisme ; c’est une troisième religion définitive[10], destinée à remplacer tout ce qui a précédé.

Les chiffres sont, en pareille matière, impossibles à préciser, et certainement ils différaient beaucoup selon les provinces. L’Asie Mineure continuait d’être la province où la population chrétienne était le plus dense. Elle était aussi le foyer de la piété. Le montanisme semblait le ferment de l’universelle ardeur qui brûlait le corps spirituel de l’Église. Même, en le combattant, on s’animait de ce qu’il y avait en lui de flamme sacrée. À Hiérapolis et dans plusieurs villes de Phrygie[11], les chrétiens devaient former la majorité de la population. Depuis le règne de Septime Sévère, Apamée de Phrygie prend sur ses monnaies un emblème biblique, l’arche de Noé, par allusion à son nom de Kibotos[12]. Dans le Pont, on vit, dès le milieu du iiie siècle, des villes détruire leurs anciens temples et se convertir en masse[13]. Toute la région voisine de la Propontide participait au mouvement. La Grèce proprement dite, au contraire, s’attardait à ses vieux cultes, qu’elle ne devait abandonner qu’en plein moyen âge et presque à contrecœur[14].

En Syrie, vers 240, Origène trouve que, par rapport à l’ensemble de la population, les chrétiens sont « très peu nombreux[15] », à peu près ce qu’on dirait des protestants ou des israélites à Paris. Quand Tertullien nous dit : Fiunt non nascuntur christiani[16], il nous indique par cela même que la génération chrétienne antérieure avait compté peu d’âmes. L’Église de Rome, en 251, possède quarante-six prêtres, sept diacres, sept sous-diacres, quarante-deux acolytes, cinquante-deux exorcistes, lecteurs et portiers ; elle nourrit plus de quinze cents veuves ou indigents[17], ce qui ferait supposer environ trente ou quarante mille fidèles[18]. À Carthage, vers l’an 212, les chrétiens sont le dixième de la population[19]. Toute la partie grecque de l’empire comptait des chrétientés florissantes ; il n’y avait pas une ville quelque peu importante qui n’eût son Église et son évêque. En Italie, il y avait plus de soixante évêques ; même des petites villes presque inconnues en avaient[20]. La Dalmatie était évangélisée[21]. Lyon, Vienne avaient des colonies chrétiennes composées d’Asiates et de Syriens, se servant du grec, mais exerçant leur apostolat sur les populations voisines qui parlaient latin ou gaulois[22]. Le monde gallo-romain et hispano-romain, néanmoins, était, en réalité, à peine entamé. Un polythéisme local très superstitieux devait offrir dans ces vastes continents une masse bien difficile à percer.

La Bretagne avait sans doute déjà vu des missionnaires de Jésus. Ses prétentions à cet égard sont fondées beaucoup moins sur les fables dont l’île des Saints, comme toutes les grandes chrétientés, entoura le berceau de sa foi[23], que sur un fait capital, savoir l’observance de la pâque selon le rite quarto-déciman, c’est-à-dire à l’ancienne façon de l’Asie Mineure[24]. Il est possible que les premières Églises de Bretagne aient dû leur origine à des Phrygiens, à des Asiates, comme ceux qui fondèrent les Églises de Lyon, de Vienne. Origène dit que la vertu du nom de Jésus-Christ a passé les mers pour aller chercher les Bretons dans un autre monde[25].

La condition des croyants était, en général, fort humble[26]. À part quelques exceptions, toutes sujettes au doute, on ne vit aucune grande famille romaine passer au christianisme, avec ses esclaves et sa clientèle, avant Commode[27]. Un homme du monde, un chevalier, un fonctionnaire se heurtaient dans l’Église à des impossibilités. Les riches y étaient comme hors de leur élément. La vie en commun avec des gens qui n’avaient ni leur fortune ni leur rang social était pleine de difficultés, et les relations de société se trouvaient pour eux à peu près interdites[28]. Les mariages surtout présentaient d’énormes difficultés ; beaucoup de chrétiennes épousaient des païens plutôt que de se résigner à un mari pauvre[29]. De ce que l’on trouve dans les cimetières chrétiens de l’époque de Marc-Aurèle et des Sévères les noms des Cornelii, des Pomponii, des Cæcilii[30], il est hasardeux de conclure qu’il y eût des fidèles portant ces grands noms par le droit du sang. La clientèle et la servilité étaient l’origine de ces ambitieux agnomina. — De même, l’étiage intellectuel fut d’abord assez bas[31]. Cette haute culture de la raison que la Grèce avait inaugurée fit généralement défaut dans les deux premières générations. Avec Justin, Minucius Félix, l’auteur de l’Épître à Diognète, la moyenne s’élève ; bientôt avec Clément d’Alexandrie et Origène, elle s’élèvera encore ; à partir du iiie siècle, le christianisme possédera des hommes ayant avec les hommes éclairés du siècle une commune mesure.

Le grec est encore essentiellement la langue chrétienne. Les plus anciennes catacombes sont toutes grecques. Au milieu du iiie siècle, les sépultures des papes ont des épitaphes en grec[32]. Le pape Corneille écrit aux Églises en grec[33]. La liturgie romaine est en langue hellénique ; même quand le latin a prévalu, on l’écrit souvent en caractères grecs ; des mots grecs prononcés à la façon iotaciste, qui était celle du peuple en Orient[34], restent comme des marques d’origine[35]. Un seul pays avait réellement une Église parlant latin, c’était l’Afrique[36]. Nous avons vu Minucius Félix ouvrir la littérature latine chrétienne par un chef-d’œuvre[37]. Tertullien, dans vingt ans[38], après avoir hésité entre la langue grecque et la langue latine pour la composition de ses écrits[39], préférera heureusement la seconde, et présentera le phénomène littéraire le plus étrange : un mélange inouï de talent, de fausseté d’esprit, d’éloquence et de mauvais goût ; grand écrivain, si l’on admet que sacrifier toute grammaire et toute correction à l’effet soit bien écrire. Enfin, l’Afrique donnera au monde un livre fondamental, la Bible latine. Une au moins des premières traductions latines de l’Ancien et du Nouveau Testament a été faite en Afrique[40] ; le texte latin de la messe, des parties capitales de la liturgie, paraissent également d’origine africaine. La lingua volgata d’Afrique[41] contribua ainsi dans une large part à la formation de la langue ecclésiastique de l’Occident, et ainsi elle exerça une influence décisive sur nos langues modernes. Mais il résulta de là une autre conséquence ; c’est que les textes fondamentaux de la littérature latine chrétienne furent écrits dans une langue que les lettrés d’Italie trouvèrent barbare et corrompue, ce qui plus tard donna occasion de la part des rhéteurs à des objections et à des épigrammes sans fin[42].

De Carthage, le christianisme rayonna puissamment en Numidie et en Mauritanie[43]. Cirta produisait les adversaires et les défenseurs les plus ardents de la foi en Jésus[44]. Une ville perdue au fond de la province d’Afrique, Scillium[45], à cinquante lieues de Carthage, fournit, quelques mois après la mort de Marc-Aurèle, un groupe de douze martyrs, conduits par un certain Speratus, qui montra une fermeté inébranlable, tint tête au proconsul et ouvrit glorieusement la série des martyrs africains[46].

Édesse devenait de jour en jour un centre chrétien d’importance majeure. Placée jusque-là dans le vasselage des Parthes, l’Osrhoène était soumise aux Romains depuis la campagne de Lucius Verus (165) ; mais elle garda sa dynastie d’Abgars et de Manous jusque vers le milieu du iiie siècle[47]. Cette dynastie, qui se rattachait aux Izates juifs de l’Adiabène, se montra extrêmement favorable au christianisme[48]. En 202, à Édesse, une église est détruite par une inondation[49]. L’Osrhoène possédait de nombreuses communautés chrétiennes à la fin du iie siècle[50]. Un certain Palut, évêque d’Édesse, ordonné par Sérapion d’Antioche (190-210), resta célèbre par ses luttes contre les hérésies[51]. Enfin, Abgar VIII bar Manou (176-213)[52] embrassa définitivement le christianisme du temps de Bardesane, et, d’accord avec ce grand homme[53], fit une rude guerre aux coutumes païennes, surtout à la pratique de l’émasculation, vice profondément enraciné dans les cultes syriens. Ceux qui continuèrent à honorer Targatha de cette étrange manière eurent la main coupée[54]. Bardesane, pour combattre la théorie des climats, fait remarquer que les chrétiens répandus en Parthie, en Médie, à Hatra et dans les pays les plus reculés, ne se conforment nullement aux lois de ces pays[55]. Le premier exemple d’un royaume chrétien, avec une dynastie chrétienne, fut donné par Édesse. Cet état de choses, qui fit beaucoup de mécontents, surtout parmi les grands, fut renversé en 216 par Caracalla[56] ; mais la foi chrétienne n’en souffrit guère. Dès lors, furent probablement composées les pièces apocryphes destinées à prouver la sainteté de la ville d’Édesse, et surtout cette lettre prétendue de Jésus-Christ à Abgar, dont Édesse devait être si fière plus tard[57].

Ainsi fut fondée, à côté de la littérature latine des Églises d’Afrique, une nouvelle branche de littérature chrétienne : la littérature syriaque. Deux causes la créèrent, le génie de Bardesane et le besoin de posséder une version araméenne des livres saints. L’écriture araméenne était depuis longtemps employée dans ces contrées, mais n’avait pas encore servi à fixer un vrai travail littéraire. Des judéo-chrétiens posèrent la base d’une littérature araméenne en traduisant l’Ancien Testament en syriaque[58]. Puis vint la traduction des écrits du Nouveau ; puis on composa des récits apocryphes. Cette Église syrienne, destinée plus tard à un vaste développement, paraît avoir renfermé, à cette époque, les plus grandes variétés, depuis le judéo-chrétien jusqu’au philosophe comme Bardesane et Harmonius.

Les progrès de l’Église hors de l’empire romain étaient beaucoup moins rapides. L’importante Église de Bosra[59] avait peut-être des Églises suffragantes parmi les Arabes indépendants. Palmyre comptait déjà sans doute des chrétiens[60]. Les nombreuses populations araméennes soumises aux Parthes embrassaient le christianisme avec l’empressement que la race syrienne montra toujours pour le culte de Jésus[61]. L’Arménie reçut, vers le même temps, les premiers germes de christianisme, auxquels il est possible que Bardesane n’ait pas été étranger[62]. On parle de martyrs dans l’Arménie perse dès le iiie siècle[63].

Des traditions fabuleuses, avidement accueillies à partir du ive siècle, attribuèrent au christianisme des conquêtes bien plus lointaines. Chaque apôtre fut censé avoir choisi sa part du monde pour la convertir. L’Inde surtout, par l’indécision géographique du nom qu’elle porte et l’analogie du bouddhisme avec le christianisme, fit de singulières illusions. On prétendit que saint Barthélemy y avait porté le christianisme et y avait laissé un exemplaire en hébreu de l’Évangile de saint Matthieu. Le célèbre docteur alexandrin Pantænus y serait retourné sur les traces de l’apôtre et y aurait retrouvé ledit Évangile[64]. Tout cela est douteux. L’emploi du mot Inde était extrêmement vague ; quiconque s’était embarqué à Clysma et avait fait la navigation de la mer Rouge était censé avoir été dans l’Inde. L’Iémen était souvent désigné par ce nom[65]. En tout cas, il ne résulta certainement des voyages de Pantænus aucune Église durable. Tout ce que les manichéens racontèrent des missions de saint Thomas dans l’Inde est fabuleux[66], et c’est artificiellement que l’on rattacha plus tard à cette légende les chrétientés syriennes qui s’établirent au Moyen âge sur la côte de Malabar. Peut-être se mêla-t-il à ce tissu de fables quelque confusion de Thomas et de Gotama. La question de l’influence que le christianisme put exercer sur l’Inde brahmanique et en particulier dans le culte de Krichna[67] est en dehors des limites où nous devons nous arrêter.

  1. Pasteur d’Hermas, sim. ix, 17 ; Épitre à Diognète, ch. vi ; voir ci-dessus, p. 425 et suiv.
  2. Dial., 117 ; cf. 110, 121 ; Apol. I, 53. Cf. Orig., Adv. Cels., I, 26 ; III, 8.
  3. Irénée, I, x, 1, 2 ; III, iii, 1 ; iv, 2 ; xi ; V, xx, 1.
  4. Minucius Félix, 9 ; Celse, voyez ci-dessus, p. 369 et suiv. Celse se contredit, selon les besoins de sa polémique, tantôt présentant les chrétiens comme réduits par les exécutions à un petit nombre de fugitifs, tantôt les adjurant de ne pas persister dans leur abstention, qui tue la patrie et la livre aux barbares.
  5. Apol., 1, 21, 37, 41, 42. Cf. Ad nat., I, 7 ; Ad Scapulam, 2, 3, 4, 5 ; Adv. Judæos, 13. Cf. Arnobe, I, 24. Corrigez ces exagérations par Origène, In Matth. comm. series, p. 857, 2e col., f, Delarue.
  6. Voir ci-dessus, p. 54, 56, 110, les opinions de Marc-Aurèle, d’Épictète, de Galien, d’Aristide, d’Apulée. Pour Phlégon, voir Origène, Contre Celse, II, 14, 33.
  7. Épictète (Dissert., II, ix, 20 et suiv.), Dion Cassius (LXVII, 14) confondent cependant encore les juifs et les chrétiens. Notez même, dans Lucien, Peregr., 16, ce qui est dit des nourritures défendues. Voir aussi Lampride, Carac., 1. Les absurdités de Plutarque sur les juifs (Quæst. conv., IV, quæst. vi) nous surprennent.
  8. Justin, Apol. I, 53.
  9. II Clem., ii, 3.
  10. Τρίτον γένος, genus tertium. Petri et Pauli Præd., Hilg., p. 58-59 ; Tertullien, Scorp., 10 ; Ad nat., I, 8-9 ; Epist ad Diogn., 2, 3, 4, 8-9. Voir ci-dessus, p. 424 et suiv. Cf. Constit. apost., VI, 24, 25.
  11. Voir Saint Paul, ch. xiii. Notez l’inscription Θεῷ ὁσίῳ καὶ δικαίῳ, Θεῷ ὑψίστῳ, dans Μουσεῖον τῆς εὑαγγ. σχολῆς, 1880, p. 161, 169 (Smyrne).
  12. Eckhel, 1re part., vol. III, p. 130 et suiv. L’explication d’Eckhel a définitivement prévalu et est tenue aujourd’hui pour certaine. Voir De Witte, Ch. Lenormant, dans les Mélanges des PP. Cahier et Martin, t. III, p. 169 et suiv., 199 et suiv.
  13. Grég. de Nysse, Vie de Grég. Thaumat., dans le t. III de ses Œuvres, Paris, 1638.
  14. Sathas, Docum. relat. à l’hist. de la Gr. au moyen âge, 1re série, t. I, p. xi et suiv.
  15. Πάνυ ὀλίγοι. Orig., Adv. Cels., VIII, 69. Ailleurs, Adv. Cels., I, 26, il dit οὐκ ὀλίγοι.
  16. Apol., 18.
  17. Lettre du pape Corneille à Fabius d’Antioche, dans Eusèbe VI, xliii, 11-12.
  18. Μετὰ μεγίστου καὶ ἀναριθμήτου λαοῦ. Saint Corneille, l. c. Saint Jean Chrysostome (In Matth., homil. lxvi (al. lxvii), t. VII, p. 658, Montf.) dit que l’Église d’Antioche nourrissait plus de trois mille veuves ou vierges, sans compter toutes les autres personnes qui avaient besoin d’être assistées. La population chrétienne d’Antioche était alors la moitié de la population totale de la ville (Adv. Jud., i, 5), c’est-à-dire d’environ cent mille âmes (voir les Apôtres, p. 215-216). Les rapprochements tirés des statistiques de nos jours ont ici peu de valeur.
  19. Tertullien, Ad Scap., 5.
  20. Eusèbe, VI, xliii, § 2 ; Corneille, ibid., § 8. « Évêque », en pareil cas, est synonyme de « curé » ; toute paroisse avait un évêque.
  21. II Tim., 4, 9. Cf. Tit., iii, 12.
  22. Ce sont là ces barbares qui croient en Christ, « ayant le salut écrit dans leur cœur par le ministère de l’Esprit, sans papier ni encre », dont parle Irénée, III, iv, 2.
  23. Gildas, ch. vi, vii ; Bède, l. I, ch. iv.
  24. Voir ci-dessus, p. 204 ; Bède, l. II, ch. ii et suiv.
  25. In Lucam, homel. vi, p. 939, édit. Delarue (t. III).
  26. Origène, Contre Celse, III, 48-50.
  27. Eusèbe, H. E., V, xxi, 1.
  28. Voir l’Église chrétienne, p. 393 et suiv., et ci-dessus, p. 99 et suiv.
  29. Tertullien, Ad ux., II, 8. Cf. Philos., IX, 11.
  30. De Rossi, Bull., 1866, p. 24. Voir, Le Blant, Inscr. chr. de la Gaule, I, p. 118 et suiv. ; Revue arch., avril 1880, p. 322 et suiv. « de ultima fæce ». Min. Fel., 8 (cf. 36) ; Celse, voir ci-dessus, p. 362 et suiv. ; saint Jérôme, In Gal., III, prol. ; Actes des martyrs, Le Blant, Revue arch., l. c.
  31. Justin, Apol. II, 10 ; Athénag., 11. Facilité à se laisser duper : Lucien, Peregr., 13.
  32. Catacombe de saint Calliste : de Rossi, Roma sott., II, p. 27 et suiv. La première épitaphe latine est celle de saint Corneille, mort en 252.
  33. Eusèbe, H. E., VI, xliii, 3 et suiv.
  34. Kyrie eleïson imas, ischyros, athanatos, etc., office du vendredi saint.
  35. Voir Caspari, Quellen zur Gesch. des Taufsymbols und der Glaubensregel, t. III (Christiania, 1875), p. 267-466.
  36. Dans les écoles de Carthage, on enseignait surtout le grec. Apulée, né à Madaure, et qui avait fait ses études à Carthage et à Athènes, ne savait pas encore le latin quand il vint à Rome. Métam., l. I, ch i. Voir aussi son Apologie, 98.
  37. Selon certains, l’écrit dont nous possédons un fragment connu sous le nom de Canon de Muratori aurait été écrit primitivement en latin. Il nous paraît probable que l’original était grec. En effet, cet original fut essentiellement un ouvrage romain, écrit à Rome vers 180. Or, à Rome, à cette époque, les chrétiens écrivaient en grec. Les africanismes du texte, s’il y en a, s’expliqueraient par la supposition que le morceau fut traduit en Afrique, peu après sa composition.
  38. L’Apologétique, le premier ouvrage de Tertullien, est de l’an 197, 198 ou 199. Voir Bonwetsch, Die Schriften Tertullians, nach der Zeit ihrer Abfassung (Bonn, 1878) ; cf. Zeitschrift für K. G., II (1878), p. 572 et suiv. ; Keim, Aus dem Urchristenthum, p. 194-198 (Zurch, 1878) ; Aubé, Revue hist., t. XI (1879), p. 272 et suiv.
  39. De corona, 6 ; De virgin. vel., 1 ; De bapt., 15. Je crois que l’original des Actes des martyrs scillitains, qui sont de l’an 180, était en grec. (Acyllinus en certains manuscrits pour Aquilinus. Lætantius pour Καιλεστῖνος, και ayant été pris pour la copule.) Usener, Acta mart. Scylit. græce, Bonn, 1881 ; Aubé, Étude sur un nouveau texte des Actes des martyrs scillitains, Paris, 1881.
  40. Voir les éditions et travaux de Vercellone, Rœnsch, Reusch, Ziegler, E. Ranke, surtout Ziegler, Die latein. Bibelübersetz. vor Hieronymus, Munich, 1879. Le Codex Lugdunensis, récemment publié par M. Ulysse Robert (Paris, 1881), contient une version qui paraît africaine. Voir p. cxxv et suiv., cxli et suiv.
  41. Se rappeler certaines inscriptions (par exemple Guérin, Voy. en Tun., I, p. 289, 313 et suiv.) ; les rapprocher de Commodien et du Canon de Muratori.
  42. Arnobe, Adv. gentes, I, 45, 58, 59.
  43. Origène, In Luc., hom. vi, p. 939, Delarue.
  44. Voir l’Égl. chrét., p. 493, et ci-dessus, p. 390 et suiv.
  45. Voir Guérin, Voy. en Tunisie, I, p. 308 et suiv. Notez, dans l’inscription p. 302, le nom de Speratæ.
  46. M. Usener (op. cit.) a démontré ce qu’avait déjà bien entrevu M. Léon Renier (Œuvres de Borghesi, t. VIII, p. 615), savoir que les Actes des martyrs scillitains sont de l’an 180. Ruinart, Acta sinc., p. 84 et suiv. ; Tillemont, Mém., III, p. 131 et suiv., 638 et suiv. Le texte grec, publié par M. Usener, me paraît l’original. Voir page précédente, note 1.
  47. Tillemont, Hist. des emp., II, p. 352-354 ; III, p. 114-115. Cf. Lucien, Quom. hist. conscr., 22, 24.
  48. C’est par erreur cependant qu’on a cru voir la croix dans l’ornement de perles que présente, sur certaines monnaies d’Édesse, la tiare de l’Abgar [de Longpérier].
  49. Chron. d’Édesse, dans Assem., Bibl. or., I, 391.
  50. Eus., H. E., V, xxiii, 3.
  51. Bickell, Conspectus rei Syr. lit., p. 16-17 ; Cureton, Ancient syr. doc., p. 18, 43, 71 ; Mœsinger, Acta SS. mart. edessenorum (Inspruck, 1874), p. 97, 103-104 ; Zahn, Gœtt. gel. Anz, 1877, p. 180 et suiv. Cf. l’Antechrist, p. 64-65, note.
  52. De Gutschmid, dans le Rhein. Mus., 2e série, t. XIX (1864), 171 et suiv. ; Lipsius, Die edessenische Abgar-Sage (Brunswick, 1880), p. 8 et suiv.
  53. Cet Abgar Manou paraît aussi avoir été en rapports avec Jules Africain. Fragments des Κεστοί dans Thévenot, Mathem. vet., p. 300-301 ; Gutschmid, l. c.
  54. De fato, dans Eus., Præp., VI, ch. x, p. 279, plus explicite dans Cureton, p. 31-32 ; Eus. (d’après Jules Africain), Chron., année de Macrin ; Épiphane, hær. lvi, 1.
  55. Dans Eus., l. c., p. 279-280 ; Cureton, p. 32-33. L’énumération diffère dans le syriaque, dans Eusèbe et dans le latin de Recognitiones ; il est clair, du reste, qu’il ne faut pas la prendre trop à la rigueur.
  56. Dion Cassius, LXXVII, 5, 12 ; Spartien, Carac., 7.
  57. V. l’Antechrist, p. 64-65. Ajoutez G. Phillips, the Doctrine of Addaï. Londres, 1876 (voy. Revue crit., 6 janv. 1877, p. 5-7 ; 6 déc. 1880, p. 447-449 ; Zeitschrift für K. G., II, p. 92-94, 194-195) ; Lipsius, ouvrage cité. Comp. la Διδαχὴ Ἀδδαίου dans Lagarde, Rel. jur. eccl. ant., p. 89 et suiv. ; Tischendorf, Acta apost. apocr., p. 261 et suiv. ; saint Éphrem, Carmina Nisibena, p. 138 (trad. Bickell). La légende de Bérénice (la Véronique ; comparez la Πετρονίκη des fables édessiennes, et Nicéphore, II, 7) est aussi rapportée à Édesse (Macarius Magnes, dans Pitra, Spic. Sol., I, p. 332-333), et il y a peut-être un rapport entre la statue de l’hémorrhoïsse et le portrait du Christ que prétendait posséder la ville sainte de Syrie.
  58. L’Église chrétienne, p. 287-288 ; Nœldeke, Litt. Centralblatt, 20 nov. 1875.
  59. Eusèbe, VI, ch. xx, xxxiii, xxxvii.
  60. Zénobie et Wahballath paraissent avoir été juifs. Mommsen, Zeitschrift für Numismatik de Sallet, V, p. 229-231 ; Derenbourg, Journal asiat., mars-avril 1869, p. 373 et suiv.
  61. Bardesane, Dialogue, p. 32-33, Cureton. Notez le passage des Κεστοί déjà cité (p. 444, note) : Βαρδησάνης Πάρθος.
  62. Moïse de Khorène, II, 66. Notez dans les Philosophumena, VII, 31, Βαρδησιάνης ὁ Ἀρμένιος.
  63. Moïse de Khorène, II, ch. lxxv. L’esprit de rivalité des Syriens et des Arméniens a porté ensuite ces derniers à exagérer l’ancienneté de leurs origines et à s’attribuer Abgar comme un compatriote.
  64. Eus., H. E., V, x, 2, 3. Saint Jérôme, De viris ill., 36, traduit très inexactement Eusèbe. Comp. Nicéphore, IV, 32.
  65. Ἰνδοὶ οἱ καλουμένοι εὐδαίμονες. Cf. Letronne, Mém. de l’Acad. des inscr., nouv. série, t. IX, p. 158 et suiv. ; t. X, p. 235 et suiv. ; Journ. des Sav., 1842, p. 665 et suiv. ; nonobstant Reinaud, Journ. asiat., mai-juin 1863, p. 313 et suiv.
  66. Actes de saint Thomas, dans Tischendorf, Acta apost. apocr., p. 190 et suiv. (Le nom du roi Γουνδάφορος a seul de l’authenticité, Reinaud, Mém. de l’Acad. des inscr., t. XVIII, 2e partie, p. 95-96 ; de Gutschmid, Rhein. Mus., 2e série, t. XIX, 1864, p. 161 et suiv., 182). Avant la rédaction des Actes manichéens, c’est en Parthie qu’on faisait voyager saint Thomas. Origène, dans Eusèbe, H. E., III, 1 ; Recognit., IX, 29. Saint Jérôme et Socrate suivent cette version, par suite de laquelle on plaça le tombeau de l’apôtre à Édesse. Saint Éphrem, Carm. nisib., p. 163 (trad. Bickell, Leipzig, 1866) ; Germann, Die Kirche der Thomaschristen, Gütersloh, 1877 ; Lassen, Ind. Alt., II, p. 1119 et suiv., 2e édit.
  67. A. Weber, Ind. Skizzen, p. 28-29, 37-38, 92 et suiv., et autres travaux de M. Weber. Cf. Barth, Les religions de l’Inde, p. 131 et suiv.