Matelot (Loti)/45

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Matelot (1892)
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 198-199).
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XLV


À Saïgon, au même moment, ils étaient nombreux à rapatrier, les soldats ou les marins de la station locale ayant fini leur temps de colonie. Et, en plus, tout l’équipage de cette Circé, qu’on avait désarmée là pour servir de ponton dans le fleuve. Alors, par mesure d’économie, on avait mis beaucoup de monde sur une certaine Saône, qui avait de grandes voiles et devait rentrer par la route ancienne en contournant le cap de Bonne-Espérance.

Jean avait demandé et obtenu de revenir par cette Saône, pour éviter les accablements de la mer Rouge ; surtout pour se retrouver avec Le Marec, Joal, Kerboulhis, tous les amis de la Résolue et de la Circé.

Ceux-là aussi, du reste, avaient été un peu frôlés par le même mal, mais bien moins, et il y paraissait à peine ; — c’est que, pendant ces dix-huit mois, ils avaient beaucoup vécu en pleine mer, tandis que lui, tout le temps dans les fleuves et les marécages, sous les malsaines verdures…