Mes heures de travail/La guerre et la charité

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Société générale d’imprimerie (p. 49--).

NOTE ADDITIONNELLE AU CHAPITRE II

A. — La Guerre et la Charité.


Les personnes désireuses de s’occuper de la création de Sociétés de secours pour les militaires blessés, auraient cherché en vain, dans la littérature antérieure à 1863, des informations de quelque valeur sur les expériences de ce genre tentées jusqu’alors. Aussi la Société prussienne, qui se mit une des premières sur la brèche, fut-elle bien inspirée en ouvrant un concours, dès 1865, pour se procurer une sorte de manuel, dont l’auteur aurait à tirer parti des rares essais déjà tentés, en complétant ses indications par d’autres purement théoriques.

Je fus tenté d’entreprendre cette étude, qui devait m’appeler à approfondir le caractère plus ou moins acceptable du programme que la Conférence de Genève avait esquissé. Seulement, ne me sentant pas de force à courir seul cette aventure, je ne pris la plume qu’après m’être assuré la collaboration de mon collègue, M. le Docteur Appia, dont les connaissances médicales devaient m’être précieuses à consulter. Dès que nous eûmes dressé ensemble la liste des problèmes que nous devrions aborder et des points de vue sous lesquels nous aurions à envisager notre sujet, nous nous partageâmes le travail et en fîmes neuf parts, pour six desquelles il s’en remit pleinement à moi du soin de les traiter, tandis que les trois autres constituèrent son propre lot, si bien que lorsque notre tâche fut terminée, il se fit scrupule de laisser figurer son nom à côté du mien comme celui d’un véritable associé. Je fus très sensible à son désintéressement mais ne l’acceptai pas, et je m’en félicitai quand j’appris que le jury de Berlin avait considéré notre manuscrit comme digne du prix de cent frédérics d’or (ou deux mille francs) qu’il avait promis au lauréat.

Notre travail fut publié sous le titre de La guerre et la charité, et dut aider les pionniers de la Croix-Rouge à se tracer une ligne de conduite, en attendant que des expériences nouvelles leur permissent d’en mesurer la justesse.