Mes paradis/Dans les remous/Assez chanté pour eux de ces lâches chansons

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LXIX


Assez chanté pour eux de ces lâches chansons !
Non, la Muse n’est point une fille de joie.
Viens, guerrière, en habits d’acier, et non de soie !
C’est dans un ouragan de mort que nous passons.

Au combat ! J’ai jeté ma viole aux buissons,
J’ai fait de mon archet un glaive qui flamboie.
Ô chapons, le poète est un oiseau de proie.
Allons, tas d’engraissés, en garde ! Commençons.

Sans honneurs, sans profits, sans disciple qui m’aime,
Au combat ! Et, bourgeois, vous danserez quand même,
Mais ainsi que les ours qu’on mène par le nez.

Au grand soleil je vous traînerai hors des antres,
Et pour marquer le pas à mes vers forcenés
Je battrai du tambour sur la peau de vos ventres.