Mes paradis/Dans les remous/Poète, ne sois pas clairon ; mais cornemuse

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LXVIII


Poète, ne sois pas clairon, mais cornemuse,
Mais crincrin de bastringue aux refrains engageants.
Mieux encor ! Prends patente, et, sous l’œil des sergents,
Viens aux bourgeois repus prostituer ta Muse.

Retrousse-lui le nez en faunesse camuse,
La jupe aussi. Qu’elle ait les tétons indulgents,
La cuisse gaie. Et sois son maquereau. Les gens
Te paieront bien, si la petite les amuse.

Ainsi tu te feras un avenir cossu.
Tu seras un monsieur qu’on décore, et reçu,
Gendre futur, au sein des familles honnêtes.

Pourquoi sonner la charge en nos calmes cités ?
Nos ventres gras à lard ont peur des baïonnettes,
Et nos bas-ventres seuls veulent être excités.