Mes paradis/Viatiques/Les trois feux

La bibliothèque libre.


IV

LES TROIS FEUX


Les dragons ne sont pas si mauvais que tu crois,
Ô Princesse. À me voir qui risque la partie,
Ils ont miséricorde et presque sympathie
Envers si riche audace en si pauvres arrois.

Et donc à ma rencontre il en est venu trois
M’apporter des joyaux de sagesse sertie
Dans du houx, de l’ajonc, des ronces, de l’ortie.
Le premier était vieux avec des yeux très froids.

Le deuxième était jeune avec des yeux de flamme.
Le troisième semblait n’avoir plus rien que l’âme ;
Ses yeux étaient crevés et pourtant grands ouverts.

Et de leurs trois joyaux, quand mon poing se soulève,
Étincellent les feux, pâles, rouges, et verts,
Que sème dans la nuit le pommeau de mon glaive.