Mes souvenirs (Reiset)/Tome II/02

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Plon-Nourrit et Cie (p. 35-64).

CHAPITRE II

LA QUESTION D’ORIENT.

La société russe. — Mauvais accueil fait par la cour de Russie au projet de rétablissement de l’empire. — Retour de M. de Kisselef. — Départ du prince Auguste de Wurtemberg..


La maison du comte et de la comtesse Strogonoff restait ouverte pendant tout l’été. Le comte Strogonoff, qui, après avoir été page de l’impératrice Catherine, avait été ambassadeur en Espagne et en France, était âgé de quatre-vingt-cinq ans ; il était aveugle. Sa femme, âgée de soixante-cinq ans, recevait tous les soirs dans une magnifique maison de campagne, aux Îles ; son salon était le rendez-vous du corps diplomatique. Le vieux comte Strogonoff, malgré son grand âge, était fort intéressant ; la comtesse faisait avec une grande amabilité les honneurs de sa maison. Dès mon arrivée, j’y fus invité à un dîner de trente couverts. Mon voisin, le comte de Traun, secrétaire de la légation d’Autriche, me parla de Kossuth, intendant d’un de ses oncles en Hongrie.

Après le départ du général de Castelbajac, l’ambassade de France était composée du comte Aloys de Rayneval, frère de l’ambassadeur de France à Rome, et de M. Camille Dolfus, tous deux loyaux, bons et spirituels camarades. Notre entente était parfaite. Chaque soir, après le dîner, nous allions aux Îles, unique et fort agréable promenade des environs de Pétersbourg. Elles forment comme un immense jardin anglais. Une des principales de ces îles, entourées par les bras de la Newa, est l’île Jélaghine, remplie de charmantes villas dont l’une appartenait à l’Impératrice. La mode est d’y aller en voiture découverte, attelée à la russe et conduite avec une rapidité extraordinaire par un moujik. Le rendez-vous mondain est à la pointe de cette ue, qu’on désigne par ces simples mots : la Pointe. On s’arrête, on cause d’une voiture à une autre, on descend pour se promener jusqu’à la mer et pour voir à vingt minutes de là les pêcheurs lever leurs filets. Une grande attraction est l’achat de leur pêche avant que les filets soient sortis de la mer. On paye environ quatre ou cinq roubles (de 16 à 20 francs). Quelquefois, le filet renferme cinq ou six gros saumons, mais quelquefois aussi il ne ramène rien du tout. Ce jeu passionne ceux qui y prennent part.

Il y avait à l’île Jétaghine un théâtre français où les acteurs parisiens les plus fameux venaient donner pendant l’été des représentations très suivies.

J’allais souvent, soit chez la comtesse Strogonoff, soit chez lady Seymour. Un soir qu’il y avait nombreuse réunion chez le ministre d’Angleterre et que le futur vice-roi des Indes, lord Napier, alors premier secrétaire de la légation anglaise, y assistait avec lady Napier, sir Hamilton Seymour raconta qu’il avait reçu le matin même une lettre de M. de Humboldt lui disant que l’expérience des tables tournantes, dont on commençait à parler, avait été faite en sa présence chez le roi de Prusse, et qu’au grand effroi de la reine, qui avait failli se trouver mal, elle avait réussi. M. de Humboldt engageait sir Hamilton Seymour à faire en famille la même épreuve. Parmi les personnes présentes, les unes croyaient à la réalité de ce phénomène, les autres n’y voyaient que l’illusion d’esprits portés au merveilleux ou pur charlatanisme. On se décida à en tenter l’expérience : le tapis de la table du salon fut enlevé ; hommes et femmes se tinrent debout tout autour, les mains étendues sur le bois, se touchant et formant une chaîne vivante. Lady Seymour se trouvait entre moi et M. Lumley, attaché à la légation d’Angleterre, Mlle Gertrude Seymour entre ce dernier et son père, Mlle Augusta Seymour entre son père et moi. Aucun de nous n’était capable d’une supercherie. Nous nous regardions en riant et nous attendions dans des dispositions diverses, prêts à nous moquer les uns des autres. Au bout de quelques minutes, quelques-uns crurent sentir comme un frémissement sous leurs doigts, les croyants provoquant du regard les sceptiques, qui répondaient en secouant la tête. Au bout d’une heure, la table parut s’animer tout à fait. « Elle remue ! » s’écrièrent les uns. « C’est une illusion », répondaient les autres. Mais comme pour répondre à tous les doutes, la table s’échappe sous nos mains, ses pieds glissent avec bruit sur le parquet en se portant rapidement et par soubresauts vers le nord, et elle se met décidément à tourner. Nous fûmes si surpris par ce mouvement que nous fûmes contraints de quitter nos chaises pour suivre le déplacement de la table. Lord Napier et Mme Knoring, qui assistaient à cette expérience, partageaient notre étonnement. Les deux filles de sir Hamilton Seymour se reculèrent effrayées : Mlle Augusta semblait près de s’évanouir. Les croyants triomphent, les sceptiques sont confondus ; mais les dames étaient si épouvantées que nous dûmes tourner la chose en plaisanterie pour les rassurer. Nous pûmes ainsi constater la puissance de notre fluide, et nous ne recommençâmes plus.

Cette vie facile et aimable contrastait avec la gravité des événements qui se préparaient.

Dès 1850, le Prince Président, désireux de s’attacher le parti dont MM. de Montalembert et de Falloux étaient les chefs à l’Assemblée nationale, avait soulevé, en opposition avec la Russie, la question assez oubliée des Lieux Saints. Par des capitulations conclues entre la France et la Turquie, les religieux latins devaient conserver en Terre Sainte les lieux de pèlerinage qu’ils possédaient depuis un temps immémorial. Par suite des empiétements des Grecs et des Arméniens soutenus par la Russie, ils avaient perdu neuf sanctuaires sur dix-neuf. À plusieurs reprises la France avait tenté de résoudre la question par voie de conciliation. Des démarches récentes avaient été faites vis-à-vis du Tzar pour régler d’accord avec lui ce différend ; elles n’avaient pas abouti.

Nicolas Ier, confiant dans la suprême influence dont il jouissait en Europe[1], jugeait le moment favorable pour atteindre son but. Il est permis de penser que le Prince Président ne soupçonnait pas toutes les conséquences possibles de ce désaccord.

En 1851, M. Thouvenel, un de ses futurs ministres, qui était alors ministre de France à Munich, donnait à ce sujet de sérieux avertissements au ministère des affaires étrangères. « Je connais l’Orient, disait-il, et je puis vous affirmer que la Russie ne cédera pas. C’est pour elle une question de vie ou de mort, et il est à désirer qu’on le sache bien à Paris, si l’on veut pousser l’affaire jusqu’au bout. »

Il le répétait avec plus de force encore en 1853 : « En dépit de l’Univers, écrivait-il le 24 avril, le vent des croisades ne souffle même pas à Rome, et, excepté les Pères latins de Jérusalem, personne, il faut bien le dire, ne songe aux Lieux Saints. Dans une pareille situation, le plus sage est de rentrer de nos voiles et de ne pas risquer la tempête. Cette épine hors du pied, nous ne serons plus seuls et, dans les choses d’un ordre vraiment politique, nous aurons raison de la Russie. »

À Constantinople, la diplomatie française et la diplomatie russe étaient en présence, luttant sur un terrain où tous les moyens sont bons et où notre grande loyauté risquait d’avoir le dessous. Chaque jour, le conflit devenait plus acerbe, ce qui n’empêchait pas mon chef, le général de Castelbajac, personnellement très bien accueilli par le Tzar, de se montrer des plus optimistes. M’apercevant que le bon général se laissait prendre aux caresses de l’empereur Nicolas, je ne cessai très loyalement de chercher à réagir contre un aveuglement et une faiblesse qu’il ne pouvait me faire partager. Pour mieux réussir, j’entrepris même un travail biographique sur le Tzar, essayant de montrer sous toutes leurs faces son caractère et ses tendances ; mais je ne parvins pas à ébranler la confiance de M. de Castelbajac.

La situation intérieure de la France aggravait encore ces difficultés. En août 1852, la société russe s’attendait à ce que l’Empire fût rétabli en France. Les voyages du Président, l’enthousiasme avec lequel il était accueilli, son discours de Bordeaux, où il avait prononcé la parole célèbre : L’Empire, c’est la paix, annonçaient un dénouement imminent qui ne surprit personne à Saint-Pétersbourg.

L’empereur Nicolas avait pris en mauvaise part une phrase du discours de Bordeaux où le Prince Président disait : « Lorsque la France est satisfaite, l’Europe est tranquille. » — « La France se croit donc dans l’axe du monde ? » dit-il. Le prince de Schwarzenberg tenait cependant à peu près le même langage sous une forme humoristique : « Lorsque la France est enrhumée, l’Europe éternue. »

Ce discours préoccupait tout le monde ; ces assurances de paix sont bonnes, sans doute, disait-on ; mais ce n’est que plus tard que l’on pourra en connaître les effets. M. de Nesselrode avait dit en parlant des événements de France : « Si l’on comptait toutes les probabilités de guerre qu’il y a en ce moment en Europe, on devrait craindre qu’elle n’eût lieu ; mais pour moi, qui suis homme pratique et longuement habitué aux affaires, je n’y crois pas et je pense que tout se passera tranquillement. »

L’Empereur avait donné l’ordre à M. de Kisselef, ainsi qu’à plusieurs de ses ministres, entre autres à ceux de Vienne et de Munich, de se rendre à Pétersbourg pour le 16 octobre, époque de son retour et de celui de M. de Nesselrode. On attribuait ces ordres à l’attente de la restauration de l’Empire, qui devait, croyait-on, avoir lieu à Paris au mois de décembre.

Pour ce qui regardait M. de Kisselef, l’Empereur désirait que son agent ne se trouvât pas à Paris afin qu’il ne fût pas entraîné à un acte quelconque qui pût faire pressentir ou engager la conduite future de la Russie, entendant réserver à tout événement sa liberté d’action.

Quant aux autres ministres, MM. de Meyendorffet de Severine, l’Empereur ne les rappelait que pour mieux connaître les dispositions des cours d’Allemagne et leur tracer plus promptement, le cas échéant, la ligne de conduite qu’ils devraient suivre en retournant à leurs postes.

On parlait également du rappel de lord Cowley, qui serait remplacé à Paris par le ministre des affaires étrangères d’alors. Le retour de M. de Kisselef attirait vivement l’attention du corps diplomatique. Ce départ si peu justifié et si contraire au désir bien connu de ce diplomate était en effet fort significatif.

Le hasard m’avait singulièrement favorisé en me faisant faire une partie de mon voyage avec M. de Sydow, ministre de Prusse à Bade, et ma traversée sur mer dans l’intimité du prince Albert de Saxe, héritier présomptif de la couronne[2], du prince Auguste de Wurtemberg, frère de la grande-duchesse Hélène, ainsi que de MM. de Rochow et de Mensdorff, le premier, ministre de Prusse à Saint-Pétersbourg depuis bien des années et ami de l’Impératrice qu’il voyait plusieurs fois par semaine lorsqu’il ne demeurait pas au palais de Peterhoff ; le second, ministre d’Autriche près de l’empereur Nicolas, un des généraux distingués de l’armée autrichienne.

En voyage, les entretiens ayant plus de franchise et d’abandon que dans un salon, j’avais été facilement à même de connaître les préoccupations et les pensées de ces hommes politiques.

Les gouvernements du Nord avaient peu de sympathie pour la France. Ce qu’on éprouvait à son égard était un mélange de crainte et de défiance. Ces sentiments se trahissaient surtout dans l’appréciation fausse que l’on faisait de sa situation politique ; on ne rendait pas la justice que l’on devait au Président pour tous les services qu’il avait rendus à l’Europe, avant et après le 2 décembre. Pour eux, le gouvernement du Prince ne datait que de neuf mois, et encore ils n’en reconnaissaient les bienfaits que pour la France. On entendait partout le même langage : « Nous admirons sa fermeté, son courage, il a sauvé la France ; maintenant nous verrons comment il agira vis-à-vis de l’Europe ! »

Le peu de justice avec lequel on parlait quelquefois du Président était pénible. On le méconnaissait trop souvent. On n’osait pas se déclarer nettement ennemi de la France, mais on cherchait à amoindrir l’influence de son chef, en dénaturant ses actes. En Allemagne on affectait de ne parler que de l’empereur de Russie, en Russie que de l’Allemagne ; quant à la France, il semblait qu’elle n’existât pas. On ne lui reconnaissait de force que pour se conserver elle-même contre l’influence des idées socialistes et révolutionnaires.

Ce sentiment peu bienveillant que je remarquai chez la plupart des hommes politiques n’était toutefois pas ouvertement exprimé par ceux qui gouvernaient. Ces derniers avaient trop de tact, trop de prudence et d’habileté pour laisser voir le fond de leur pensée. Ils s’efforçaient au contraire de la cacher par les procédés les plus polis, par les paroles les plus flatteuses. On devinait aisément cependant dans leurs réticences ce qu’ils avaient au fond du cœur, et on trouvait dans cette réserve la preuve d’une disposition peu amicale. Tout est forme à la cour de Russie ; si l’on ne demande que des paroles, on en est prodigue ; mais lorsqu’il s’agit de prouver ce qu’on dit par des actions, alors tout devient difficile.

Lorsque l’Empereur parlait du Prince Président, il se servait constamment des formes les plus aimables, mais à leur suite venait toujours une phrase dans laquelle perçait, malgré lui, l’inquiétude. « Il faut, disait-il, que le Prince ne gâte pas sa position, qu’il continue à gouverner avec sagesse. » La véritable signification de son langage était que le Président ne devait pas, selon lui, songer à changer la forme de son gouvernement.

Cette pensée se manifestait tout entière et d’une façon plus franche et même imprudente chez d’autres dont la position, quoique éminente, ne leur imposait cependant pas les mêmes ménagements. Ce qui me faisait croire, à n’en pas douter, que les sentiments témoignés par ceux-ci envers la France étaient, en effet, les dispositions de l’Empereur, c’est qu’à Saint-Pétersbourg, surtout dans la région la plus élevée de la société, on est trop courtisan pour n’être pas le reflet de la cour et trop prudent pour oser émettre une pensée, exprimer un sentiment, sans s’être bien assuré qu’ils sont les pensées, les sentiments même de l’Empereur.

Tout en croyant à la fausseté d’un prétendu traité contre la France, dont avaient parlé quelques journaux anglais, et qui avait été hautement désavoué par l’Empereur, j’étais arrivé cependant à la conviction que l’auteur de cette note avait su pénétrer sa pensée la plus intime, car plus d’une fois j’entendis énoncer non seulement les mêmes Idées, mais souvent les expressions même de cette pièce apocryphe.

Depuis mon arrivée à Pétersbourg, je m’appliquais à combattre l’opinion que l’on se complaisait à avoir de la France et surtout à bien pénétrer les hommes politiques de cette vérité que le Prince Président avait une conscience trop vive, trop profonde de son droit et de sa force pour se croire obligé de rechercher l’approbation ou le consentement des étrangers au sujet des changements qu’il croirait utile de faire dans la forme de son gouvernement, et que du moment qu’il le ferait par un acte quelconque inspiré du sentiment national, il n’aurait jamais de conseil à prendre de personne, ni même de mécontentement à redouter.

En tenant ce langage, je ne me proposais pas de convaincre les Russes de notre force, ils savaient à quoi s’en tenir là-dessus, mais plutôt de leur prouver que nous n’étions aucunement leurs dupes lorsqu’ils voulaient nous faire croire que nous étions faibles, que nous avions des avis à recevoir et dans certaines éventualités les plus grands dangers à courir.

Je n’avais pas encore vu l’Empereur ; il se préparait à se rendre aux grandes manœuvres qui devaient avoir lieu à Tchougougeff, mais, comme tout lui était répété, j’étais certain qu’il connaissait dans quel sens je m’exprimais par la grande-duchesse Marie, duchesse de Leuchtenberg, belle-fille du prince Eugène de Beauharnais, qui s’intéressait tout particulièrement aux nouvelles destinées de la France.

S’il y avait en Russie un parti qui nous était peu favorable, il en était cependant un autre qui, aimant à voir dans la France le contrepoids du pouvoir absolu, était bien disposé en faveur du Prince Président.

Tout ce qui promettait chez nous un acheminement à un ordre de choses plus assuré était vu par ce parti avec un extrême plaisir. La dernière note du Moniteur, dans laquelle on annonçait que de longtemps il n’y aurait plus de changement dans le cabinet français, avait produit la meilleure impression.

Néanmoins, sous les procédés les plus polis, aussi bien que sous les belles paroles dont on nous berçait, se cachaient en général des dispositions peu sympathiques. Quoique les esprits de Pétersbourg fussent de plus en plus préoccupés des nouvelles qui arrivaient de France, on affectait d’en parler le moins possible, en s’étudiant à cacher les impressions qu’elles produisaient.

Je continuais à me tenir sur une grande réserve. Cependant toutes les fois qu’une occasion favorable se présentait, je cherchais à préparer les esprits à un événement qui semblait devenir chaque jour plus prochain et surtout à mettre en lumière les avantages qui en résulteraient, non seulement pour nous, mais pour toute l’Europe.

J’eus souvent l’occasion de constater que plus le Prince recueillait d’hommages sur ses pas, plus l’opinion publique lui devenait favorable en Russie. Je m’étonnais même de la rapidité avec laquelle cette transformation s’accomplissait. Je n’entendais plus prononcer derrière moi des mots qui me blessaient dans les premiers temps de mon arrivée. Le ton de la conversation était changé, il devenait sérieux ; quelquefois je surprenais des personnes discutant quel serait le nom que prendrait le Prince en montant sur le trône.

On avait déjà arrêté la marche à suivre dans cette éventualité.

Le chargé d’affaires de Russie à Paris, pendant l’absence de M.  de Kisselef qui devait durer quatre mois, avait reçu l’ordre, dans le cas où une communication officielle du rétablissement de l’Empire lui serait notifiée, de répondre qu’il en devait référer au comte de Nesselrode.

Ces allées et venues permettraient à la Russie de connaître les dispositions des autres États de l’Europe à cet égard ; elle profiterait de son éloignement pour répondre la dernière dans ce sens

« Nous reconnaîtrons l’Empire à la condition que les traités de 1815 soient respectés ou ne reçoivent de modification qu’avec notre concours. »

L’accueil que le Prince Président recevait sur ses pas, le discours qu’il avait prononcé à Dijon et les articles du Moniteur produisaient une très grande impression ; cependant on en parlait le moins possible. Ce silence, cette réserve affectés étaient une preuve qu’on y pensait d’autant plus, et ce n’était certainement pas par hasard qu’on avait vu dans le même journal de Pétersbourg, à la suite du discours du Prince, des considérations tirées de l’Indépendance belge dans un sens contraire au rétablissement de l’Empire.

Ayant demandé à M.  de Seniavine, d’une manière incidente, combien de temps passerait à Pétersbourg M.  de Kisselef, il me répondit assez brusquement : « Ah ! cela, je n’en sais rien ! » Cette réplique et l’expression de sa physionomie n’étaient pas encourageantes. J’eus à me plaindre, à l’occasion de la fête du 15 août, de la conduite peu courtoise du gouverneur de Moscou. M.  de Seniavine me répondit qu’il en parlerait à l’Empereur à son retour, tout en répétant de nouveau ce qu’il avait plusieurs fois dit : « Que le 15 août n’était pas le jour de la fête du Prince, puisque, d’après les journaux, il avait le 25 fêté la Saint-Louis à Saint-Cloud… Du reste, ajouta-t-il, d’ici à l’année prochaine nous avons du temps devant nous.

Je ne voulus pas insister ; je me bornai à lui dire que nous entendions célébrer la fête du chef de l’État quand et comme il nous plairait, ainsi que le faisaient les autres missions pour celle de leurs souverains. Je tenais à accentuer notre entière indépendance. Dans le même entretien je trouvai occasion de dire à M.  de Seniavine que si le gouvernement français n’avait pas conclu de traité de commerce avec la Belgique, c’était qu’il n’avait pu s’entendre avec elle, et que si nous avions élevé le prix d’entrée des houilles, cette mesure nous était dictée non pas par des dispositions peu amicales envers ce pays, mais par un intérêt purement commercial.

Malgré la grande bienveillance dont le général de Castelbajac était l’objet de la part de l’empereur Nicolas, la situation n’était pas facile pour les représentants de la France à Pétersbourg. En septembre, des Français arrivés à Cronstadt sans passeport non seulement n’avaient pu débarquer, mais ils avaient été expulsés de la manière la plus brusque. Une grande courtoisie tempérait ce que de pareilles mesures avaient de blessant. Quand je vis à son retour le chancelier de l’Empire, comte de Nesselrode, je n’eus qu’à me louer de son accueil. J’aime beaucoup les jeunes diplomates me dit-il.

Je tins à prouver que ma jeunesse n’excluait pas la fermeté. Un Français, nommé Le Turc, au service du riche banquier Stieglitz, le Rothschild de la Russie, avait été jeté dans un cachot de Cronstadt. Ayant appris que la seule faute dont on l’accusait était d’avoir courtisé une femme de la maison de son maître, et que son arrestation n’avait eu lieu que par pure complaisance de la police envers M.  Stieglitz, je me rendis immédiatement chez le général Dubelt, adjoint au chef de la police générale, pour demander sa mise en liberté qui avait été jusqu’alors inutilement réclamée par sa famille.

Le général Dubelt m’ayant reçu en me faisant des démonstrations que je ne croyais pas sincères, je lui dis aussitôt qu’avant de serrer la main qu’il me présentait je voulais savoir ce qu’il comptait faire à l’égard d’un de mes compatriotes injustement incarcéré.

Je lui déclarai en même temps que la légation ne souffrirait jamais qu’un Français fut traité comme un moujik (que le premier maître venu peut, dans ce pays, faire emprisonner et fouetter de verges), et que j’exigeais par conséquent l’élargissement de cet individu avant la fin du jour.

Frappé de ma contenance et convaincu par la fermeté avec laquelle j’exprimais cette demande que nous ne supporterions jamais une pareille injustice, le lieutenant général de police se confondit aussitôt en excuses et me promit de faire mettre immédiatement notre compatriote en liberté. Il était au moment d’être dirigé sur la Sibérie avec une chaîne de déportés. J’eus la satisfaction de le rendre à sa famille, qui le fit partir elle-même pour la France peu de jours après.

Toutes les fois que je voyais M.  de Nesselrode, il me parlait d’une manière toute naturelle de la France, mais en glissant légèrement sur les faits et en écartant tout ce qui pouvait se rapporter au rétablissement de l’Empire. Cependant, lors du discours de Bordeaux, il m’en fit l’éloge à cause des espérances de paix qu’il faisait concevoir. Le chancelier ne s’était pas autrement expliqué, et, de mon côté, je n’avais pas cru devoir rechercher un plus grand épanchement de sa part. Sortant ensuite de la réserve que lui imposait ce sujet, le comte de Nesselrode me parla avec abandon et avec intérêt du temps où, faisant partie de l’ambassade russe à Paris, il avait connu la reine Hortense et le Prince dans son enfance.

Nous étions reçus dans la haute société russe avec une politesse affectée. Au bout de dix ans, me disaient mes collègues arrivés à Saint-Pétersbourg bien avant moi, on est ici étranger comme au premier jour. Les événements se précipitaient, et le général de Castelbajac m’écrivait le 8 octobre 1853 du département du Gers une lettre bien caractéristique.

Je veux vous dire que je viens de voir de mes yeux et entendre de mes oreilles ce que je n’avais jamais vu et n’avais jamais entendu dans nos villes du Midi, à aucune de nos époques politiques ; il est impossible, si l’on n’en a été témoin, de se faire une idée de l’enthousiasme frénétique des populations sur le passage du Prince Président. À Toulouse, après la revue des troupes, il y a eu ce qu’on a appelé la revue civile : c’était la réunion de la population valide, accourue de tous les points du département, chaque commune ayant sa bannière, la plupart aux armes des anciens seigneurs, ce qui, vous m’avouerez, est bien singulier dans le temps où nous vivons. Cette masse énorme de plus de cent mille personnes a défilé devant le Prince aux cris frénétiques, c’est le mot de : Vive l’Empereur ! chaque homme ayant ces mêmes paroles écrites sur le devant de son chapeau. Dans les rues de la ville pavoisées de drapeaux, et les rues jonchées de fleurs, au spectacle, enfin partout, mêmes cris, même enthousiasme. Le Prince, au milieu de cette agitation fébrile des populations, toujours calme, mélancolique même, ne repoussant pas, mais éloignant, calmant cet entraînement universel, auquel cependant il serait peut-être dangereux de résister trop longtemps. Je l’ai toujours cru et j’en suis certain maintenant, il n’y a en France que deux sentiments politiques, deux courants puissants, les principes moraux et monarchiques en faveur du prince Louis-Napoléon, et les principes socialistes, démagogiques, barbares, marchant sous la bannière de Ledru-Rollin et consorts. Le premier courant, le seul bon courant qui ait un lit profond, entraîne tout en ce moment vers l’Empire si on le laisse s’écouler sans but, la portion dangereuse, destructive, se séparera et coulera vers le lit du torrent démagogique, et alors quelle sera la digue assez puissante pour l’arrêter ?

« Voilà, mon cher comte, ce que les partis conservateurs et les rois de l’Europe doivent examiner de sang-froid et dans l’intérêt de l’avenir monarchique. Que Dieu les éclaire et nous évite de nouvelles révolutions ! »

Le 31 octobre, j’eus à dîner M.  de Kisselef, dont le retour à Saint-Pétersbourg avait causé une si vive émotion, le baron Georges de Meyendorff, les ministres d’Angleterre, d’Autriche, de Bavière, et le maître des cérémonies de la cour impériale, M.  de Hitroff. M.  de Kisselef se montra très empressé auprès de moi, et dans toutes les occasions qu’il trouva de me parler il exprima ces sentiments.

« Je n’ai vu l’Empereur qu’avant-hier à TzarskoéSiélo, et je l’ai trouvé tellement bien disposé pour le Président que je n’ai pas même eu le temps d’en faire l’éloge, comme je me t’étais proposé. Il s’est exprimé à l’égard de Son Altesse en termes si flatteurs que je n’ai plus eu qu’à l’écouter. Vous savez qu’on peut compter sur les paroles de l’Empereur, il est toujours franc et tient ses promesses. L’Empereur a de si bons sentiments qu’il faut espérer que tout s’arrangera. Mais, a-t-il ajouté, il faudrait éviter ce qui pourrait le choquer. C’est surtout la manière dont la chose sera présentée et annoncée qui décidera de son succès ; vous le savez, les puissances sont engagées par des traités, des principes qu’elles ont proclamés. Il faut chercher à ne point commettre les fautes qui ont été faites au début du règne du roi Louis-Philippe et qui ont alors vivement froissé le gouvernement impérial. Il faut trouver le moyen de concilier toutes les exigences et ne pas dire : « Acceptez, c’est à prendre ou à laisser. »

Lui ayant demandé ce qu’il entendait dire par le moyen de concilier toutes les exigences, il me répondit qu’à Paris on trouverait certainement les termes les plus convenables pour ne pas effrayer l’Europe en lui annonçant un si grand événement.

Cette conversation, entrecoupée de réticences, n’avait à mon sens d’autre signification que celle-ci La Russie acceptera le fait accompli pourvu que le nouvel empereur déclare d’une manière explicite, en montant sur le trône, reconnaître tous les articles du traité de 1815 qui ont rapport aux limites actuelles des États de l’Europe.

Après avoir exprimé à M.  de Kisselef combien j’étais charmé d’apprendre les bonnes dispositions de l’Empereur, je lui dis que comme le but de nos deux gouvernements était le même, c’est-à-dire le bien, l’ordre et la stabilité, il ne serait pas difficile de s’entendre et de marcher de concert.

Enfin, M.  de Kisselef termina ainsi :

« Tout ce que je viens de vous dire, j’aurais été heureux de pouvoir l’exprimer à M.  Drouyn de Lhuys, car j’aime la France, où j’ai si longtemps vécu, et c’est pour cela que je désire tant qu’on évite tout ce qui pourrait altérer les bonnes relations entre nos deux pays. »

Un de mes amis, attaché à la direction politique au ministère des affaires étrangères, m’écrivait de Paris, le 15 octobre 1852 :

« Le ministre ayant demandé à Frézals un rapport sur son voyage à Pétersbourg, il l’a terminé en déclarant qu’il ne pouvait passer sous silence combien il avait été frappé de votre position en Russie.

« Le temps est magnifique, et la cérémonie de demain s’annonce à merveille. Le Prince trouvera un trône au débarcadère, où il recevra toutes les autorités constituées. D’André a rencontré hier Kourakin, qui tient un langage favorable à l’Empire, malgré le congé pris par Kisselef.

M.  de Frézals, dont il était question dans cette lettre, m’écrivait à la même date : « Mon premier soin en arrivant au ministère a été d’aller voir M.  Drouyn de Lhuys. Il a été beaucoup question de vous dans les audiences que m’a accordées Son Excellence, et j’ai recueilli de sa bouche les témoignages les plus flatteurs sur votre compte. Il m’a paru extrêmement satisfait de votre correspondance. Je n’ai pas besoin de vous dire combien j’ai insisté sur l’excellente position que vous avez à Pétersbourg.

Le Président rentre demain à Paris, et on lui prépare une réception magnifique. Il est question d’une convocation extraordinaire du Sénat pour la proclamation de l’Empire. Au surplus, cet événement ne se fera pas attendre longtemps, et je ne serais pas étonné que vous en apprissiez la nouvelle par un des plus prochains courriers.

Il n’était pas douteux que l’événement attendu était de plus en plus proche. Il paraît que lorsqu’on engageait à l’avance le Prince Président à exclure du trône les princes de sa famille et à choisir un héritier là où il voudrait, il répondait : « Mais on ne peut faire une omelette avec un seul œuf ! » Notre diplomatie d’ailleurs ne se laissait pas intimider, si j’en juge par une lettre que m’écrivait le 15 octobre M.  Thouvenel :


« Paris, le 15 octobre 1852.
Mon cher comte,

Je veux joindre quelques lignes à la lettre ouverte que M.  de Castelbajac vous écrit. Je n’ai rien à ajouter à nos dépêches officielles, mais je suis charmé d’avoir une occasion de vous dire que les vôtres sont excellentes. Continuez à observer le curieux pays où vous êtes, et faites-moi de temps à autre part de vos découvertes.

M.  de Severines doit être déjà à Saint-Pétersbourg. Je doute qu’on l’y ait appelé pour assister à un congrès. Il ne connaît guère que l’Allemagne, et je doute que son opinion soit d’un grand poids auprès de l’Empereur. Dès l’an dernier, quand j’étais à Munich, il avait obtenu un congé et paraissait fort contrarié qu’après le 2 décembre on lui eut donné l’ordre de n’en pas user. Quant à M.  de Meyendorff, M.  de Lacour nous parlait de son départ depuis six mois, et quelques politiques de Vienne le désignaient comme le successeur de M.  de Nesselrode. Pour M.  de Kisselef, je ne le crois pas fâché de nous quitter avant le grand moment. Il n’a vu le ministre que deux fois en tout depuis le mois d’août pour un bonjour et un bonsoir. Pour moi, je ne l’ai même pas aperçu depuis certain jour de janvier dernier où il était venu me faire une communication quasi confidentielle au sujet des répugnances de l’empereur Nicolas pour l’empire en France. Comme je l’avais fort mal reçu, il n’a pas jugé à propos de revenir. Malgré tout cela, je suis sans inquiétude. L’Europe ne saurait sans folie se mettre à la traverse du courant qui entraîne notre pays, et je crois à une reconnaissance immédiate.

Croyez-vous que M.  Zographo joue franc jeu dans la question de succession au trône de Grèce ? Vous savez qu’il est fort papiste ; il est aussi très fin, mais nous parviendrons peut-être à démêler ce qu’il pense.

Agréez, mon cher comte, l’expression de mes sentiments les plus dévoués.

Thouvenel. »

Sur ces entrefaites, je reçus du Piémont une lettre de Massimo d’Azeglio, me priant de sonder le terrain en vue du rétablissement des relations diplomatiques rompues entre la Russie et le Piémont. Les ouvertures que je fis en ce temps m’amenèrent à constater que le moment n’était pas propice pour la réalisation de ce désir.

Le prince Auguste de Wurtemberg me fit inviter par son aide de camp à venir chasser avec lui dans le parc de sa sœur, la grande-duchesse Hélène, à Ortanienbaum. Je dus arriver la veille en partant de Saint-Pétersbourg à six heures du soir par le bateau à vapeur conduisant à Peterhof, puis de là me faire conduire dans une petite voiture en trois quarts d’heure au château de la grande-duchesse. Quand j’y arrivai, le prince chassait encore ; on m’avait réservé un appartement charmant, composé de deux petits salons et d’une chambre au rez-de-chaussée. De ce pavillon, bâti par Pierre le Grand, on a une belle vue sur Cronstadt et sur la mer. Ce domaine a appartenu à Menschikoff, le favori de Pierre le Grand, mais fit retour à la couronne, lorsque celui-ci fut envoyé en Sibérie. La soirée était admirable, le ciel et la mer reflétant une teinte rosée d’une délicatesse extrême il faisait assez jour – le 20 août – pour lire facilement dehors à neuf heures du soir. Je me promenai dans le parc avec l’aide de camp du prince, le baron de Gager, dont la famille est des environs de Cologne, et avec le général de Krüdner, grand maître de la maison de la grande-duchesse. Le baron de Gager me dit que l’empereur Napoléon l’avait nommé page un peu avant sa chute.

Le prince Auguste revint de la chasse à neuf heures et demie, et l’on se mit à souper fort gaiement pour se retirer à onze heures du soir ; on devait partir pour la chasse à deux heures du matin. La nuit fut courte ; à l’heure dite on partit, après avoir pris à la hâte un peu de café. Nous montâmes en voiture dans un droshki, le prince, son aide de camp et moi, pendant que les chasseurs et les chiens partaient en avant. En route, un général russe, invité par le prince, se joignit à nous avec sa voiture. Nous nous arrêtâmes à une auberge, sorte de chalet en bois, appartenant à un Finnois, qui nous offrit à boire du kvasse, boisson fermentée faite avec de la farine. C’est une sorte de cidre très aigre qu’on ne peut boire qu’en grinçant les dents et auquel je préfère beaucoup une autre boisson russe, l’hydromel, la fameuse liqueur que les preux chevaliers buvaient du temps des croisades.

Nous chassâmes, tantôt à pied, tantôt à cheval, pendant dix-neuf heures, enfonçant souvent dans des bruyères et dans des mousses que l’on ne peut traverser qu’à cheval. Je supportai bien cette grande fatigue et je tuai huit perdreaux ; à dix heures, nous étions rentrés à Oranienbaum pour souper.

Le lendemain, le prince Auguste me fit visiter le château, puis nous revinmes d’Oranienbaum à Peterhof, le prince, le baron de Gager et moi, dans un char à bancs de la cour. À onze heures et demie, le bateau à vapeur m’avait ramené à Pétersbourg.

Jusqu’à la fin de son séjour, le prince de Wurtemberg me combla de prévenances. Lorsqu’il partit, il m’invita à l’accompagner sur le bateau à vapeur impérial qui le conduisait jusqu’à Cronstadt, et lorsque je le quittai il m’engagea à venir le voir à Potsdam quand je traverserais la Prusse. De retour à Berlin, il m’écrivit une fort aimable lettre dans taquelle il paraissait avoir tout à fait pris son parti du rétablissement de l’Empire


« Berlin, 30 novembre 1852.

« Recevez mes remerciements, mon cher comte, pour votre aimable lettre du 19 de ce mois, ainsi que pour le livre intéressant de Jacques du Fouilloux sur la vénerie. C’est une bonne acquisition pour ma bibliothèque, et ce sera un souvenir de la chasse que j’ai eu le plaisir de faire avec vous à Oranienbaum.

« Il paraît que le choléra augmente à Saint-Pétersbourg, comme on me dit que beaucoup de personnes commencent « se mettre au régime depuis que ce fléau a perdu son caractère sporadique ; ici il y a eu aussi quelques cas, mais jusqu’à présent l’état des choses n’est pas aussi alarmant que dans quelques petites villes de province où le dixième des habitants a été atteint de la maladie ; les cures avec de la glace et de la bière blanche ont été couronnées du plus grand succès.

« La mort du pauvre duc de Leuchtenberg a fermé toutes les maisons de Pétersbourg pour une grande partie de l’hiver ; il en sera de même du salon de Mme Apraxine que vous fréquentiez de mon temps et où on trouvait des éléments fort agréables de la société.

« Encore deux jours, et vous serez en France en plein Empire. Nous connaissons déjà le nombre de presque tous les votes ; le résultat parait encore plus le satisfaisant que la première fois.

« Agréez, mon cher comte, l’expression de la parfaite considération avec laquelle je suis votre a affectionné

« AUGUSTE,
« Prince de Wurtemberg. »

« P.-S. Mes compliments au comte Zeppelin[3], ainsi qu’à M. de Regina[4]. »

  1. Nicolas Ier et Napoléon III, par Thouvenel.
  2. Albert, roi de Saxe actuellement régnant, né à Dresde le 23 avril 1828, fils de feu le roi Jean, né le 12 décembre 1801, mort le 29 octobre 1873, marié à Dresde, le 18 juin 1853, à Caroline de Holstein-Gottorp-Wasa, née le 5 août 1833. Le roi Albert de Saxe a pour sœur la princesse Élisabeth, née en 1830, mariée le 22 avril 1850 à Ferdinant, duc de Gênes, mort le 10 février 1855.
  3. Chargé d’affaires du Wurtemberg.
  4. Ambassadeur de Naples.