Meschacébéennes/À Madame ***, II

La bibliothèque libre.
Librairie de Sauvaignat (p. 87-88).

 
Je me voyais enfant, heureux comme autrefois,
Et malgré moi des pleurs étouffèrent ma voix.
(V. HUGO.)



Monsieur !…Et c’est ainsi qu’on accueille, Madame,
Un ami du passé !
Monsieur !…Oh ! ce mot-là brise, contriste l’âme,
Le cœur en est glacé.


J’attendais mieux de vous ; oui, j’espérais qu’Adèle
Se souviendrait encor
Des jours où je lisais, assis à côté d’elle,
Enfant, dans l’âge d’or.

Mais le passé n’est plus hélas ! qu’une ombre vaine ;
Mais l’oubli, je le vois,
Des jours évanouis efface chaque scène,
Etouffe toute voix.

L’oubli, de votre cœur, a dissipé sans peine,
Après quelques saisons,
Cette sainte amitié qui, d’une douce chaîne,
Liait nos deux maisons.







Paris, juillet 1838.