Michel Kohlhaas/4

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Traduction par A.-I. et J. Cherbuliez.
(Contes, volume Ip. 79-102).
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CHAPITRE IV.

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Ce fut alors que le docteur Martin Luther, voulant essayer d’user de son influence pour ramener à l’ordre cet homme extraordinaire, fit afficher dans les villes et les villages de l’électorat, le placard suivant, adressé à Kohlhaas.

« Kohlhaas, toi qui te donnes comme envoyé du ciel pour manier le glaive de la justice, téméraire ! aveuglé par la passion de la vengeance, tu t’es couvert de crimes et d’injustices ! Parce que dans une affaire de peu d’importance la cour a refusé de soutenir ton droit, tu te saisis du fer et du feu, et, semblable au loup furieux du désert, tu te jettes avec rage sur les paisibles contrées de ton prince ! Toi qui fais la guerre d’une manière pleine d’astuce et de perfidie, penses-tu, pécheur, être épargné devant le tribunal de ton Dieu, quand le jour viendra où seront examinés les cœurs ?

» Comment pourras-tu dire que la justice te fut refusée, toi, homme haineux, qui, séduit par l’attrait de la vengeance, t’es rebuté d’un premier refus, afin de pouvoir te livrer à toute ta fureur ?

» Est-ce donc un banc de conseillers et d’avocats qui ont refusé ta plainte que tu prends pour ton maître ?

» Et si je te disais, insensé, que ton prince ne sait rien de ton affaire ; que dis-je ? que le prince contre lequel tu te déclares ne connaît pas même ton nom ; que si au jour du jugement tu parais devant Dieu avec la pensée de te plaindre de lui, il pourra répondre : « Seigneur, je ne fis aucun mal à cet homme ; son existence me fut même étrangère ! »

» Sache donc que l’épée que tu portes est celle du brigand et de l’assassin ; tu es un rebelle et non point un serviteur de Dieu. Ce que tu mérites sur la terre, c’est la roue, et dans l’éternité, la damnation que Dieu réserve aux malfaiteurs et aux impies.

» Martin Luther. »


Le soir, lorsque Sternbald et Waldmann rentrèrent au château, ils virent avec une grande surprise ce placard affiché sur la porte cochère. Ils n’en parlèrent point à Kohlhaas, pensant qu’il ne tarderait pas à l’apercevoir. Mais celui-ci, concentré en lui-même et nappé d’une noire mélancolie, ne sortait que rarement, à la tombée de la nuit, pour donner des ordres rapides. Ce ne fut donc qu’au bout de quelques jours que, sortant en grande cerémonie pour faire exécuter deux hommes qui s’étaient rendus coupables de pillage malgré sa défense, il remarqua cette feuille et la lut d’un bout à l’autre.

Il serait impossible d’exprimer ce que son âme éprouva en voyant la signature de l’homme qu’il aimait et qu’il respectait le plus au monde. Une vive rougeur couvrit son visage, il parut profondément touché, et se tournant vers ses domestiques, il ordonna à Waldmann de seller son cheval, et à Sternbald de le suivre au château.

Cette courte exhortation avait suffi pour le retirer de son iniquité ; il dit à Sternbald qu’une affaire de la plus grande importance l’appelant à Wittemberg, il lui laissait pendant son absence, qui devait durer trois jours, le commandement du château de Lutzen et de sa troupe. Puis prenant le costume d’un paysan de la Thuringe, il partit.

Arrivé à Wittemberg, il descendit dans un hôtel où il attendit la nuit ; lorsqu’elle fut venue, enveloppé de son manteau et armé de deux pistolets il se rendit chez Luther, et entra dans sa chambre sans se faire annoncer.

Celui-ci, qui était assis à une table couverte de manuscrits et plongé dans de savantes méditations, surpris de voir un homme d’une tournure étrange entrer brusquement et fermer la porte à clef, lui demanda qui il était et ce qu’il voulait. Mais Kohlhaas, tenant respectueusement son chapeau à la main, n’eut pas plutôt prononcé son nom avec le pressentiment de l’horreur qu’il allait causer, que Luther s’écria : « Sors d’ici, ton haleine est la peste, tout ton être est plein d’iniquité ! » et se levant, il courut à la sonnette.

Kohlhaas, sans reculer d’un pas et sortant l’un de ses pistolets de sa ceinture, lui dit : « Seigneur, si vous agitez la sonnette, cette arme va m’étendre mort à vos pieds. Asseyez-vous, et daignez m’écouter ; vous ne sauriez être plus en sûreté parmi les anges qui veillent sur vous, que vous ne l’êtes auprès de moi.

— Kohlhaas, dit Luther en reprenant sa place, que me veux-tu ?

— Je veux changer l’opinion que vous avez de moi. Je veux vous prouver que je ne suis point un homme injuste. Vous m’avez dit que mon prince ne connaissait point mon affaire ; eh bien ! procurez-moi un sauf-conduit, et je vais à Dresde la lui exposer.

— Scélérat ! s’écria Luther, qui donc t’a donné le droit de poursuivre partout le gentilhomme de Tronka, et, parce que tu ne le trouvais point dans son château de Tronkenbourg, de ravager sans pitié tout le pays qui le protége ?

— Personne, digne seigneur. Une dure réponse que je reçus de la cour de Dresde m’a séduit et égaré. J’en conviens, la guerre que j’ai entreprise contre la société est un crime, si, comme vous m’en avez donné l’assurance, je ne suis point rejeté par elle.

— Rejeté ! répéta Luther en le fixant avec surprise. Quelle folie s’empare de ton esprit ? Qui aurait pu te rejeter de la société ? Qui a jamais vu, en aucun cas, un homme repoussé par elle ?

— J’appelle rejeté, répondit Kohlhaas en joignant les mains, l’homme à qui les lois refusent leur protection. J’ai besoin de cette protection pour la réussite d’un commerce honnête ; c’est elle qui me permet de vivre en paix dans mon pays ; mais si elle m’est refusée, je deviens semblable au sauvage furieux, et je puis sans crime m’armer, contre la société qui rompt avec moi, de la massue qui seule peut me protéger.

— Qui t’a refusé la protection des lois ? Ne t’ai-je pas écrit que la supplique que tu as adressée au monarque lui était restée inconnue ? Si des juges, si des conseillers refusent, sans l’en informer, de rendre justice à qui elle est due, et s’ils exposent ainsi son saint nom au mépris, quel autre que Dieu a le droit de lui demander compte de son mauvais choix ? Est-ce à toi, criminel ! est-ce à toi à le condamner ?

— Eh bien ! dit Kohlhaas, s’il est vrai que le prince ne m’a point rejeté, je rentre dans la société qu’il protége. Je vous le demande encore, procurez-moi un sauf-conduit pour Dresde ; je licencie la troupe que j’ai laissée à Lutzen, et je porte de nouveau ma plainte devant le tribunal. »

Luther garda le silence quelques instans ; son visage était sévère. Il ne pouvait souffrir l’orgueilleuse position dans laquelle se plaçait cet homme extraordinaire. Il lui demanda enfin ce qu’il voulait du tribunal de Dresde.

« Punition du gentilhomme selon la loi, répondit Kohlhaas ; restitution de mes chevaux dans leur état antérieur, et remboursement des dommages soufferts par moi et par mon valet Herse, mort à Muhlberg.

— Remboursement des dommages ! s’écria Luther. Par Juifs et Chrétiens, ta propre vengeance ne t’a-t-elle pas indemnisé bien au-delà de tes dommages ?

— Dieu me préserve de demander plus qu’il n’est juste. Ma maison et ma ferme et le bien-être que je possédais, je ne les redemande point, pas davantage que le prix de la sépulture de ma femme. Mais la pauvre vieille mère de Herse doit recevoir la valeur des objets laissés à Tronkenbourg par son fils, et le dommage que j’ai éprouvé en manquant la vente de mes chevaux doit être raisonnablement estimé par la cour.

— Insensé ! homme coupable et incompréhensible ! Après que ton épée t’a vengé de la manière la plus sanglante que l’on puisse imaginer, comment oses-tu exiger la réparation d’un tort si minime ?

— Seigneur, répliqua doucement Kohlhaas, tandis qu’une larme roulait sur sa joue, il m’en a coûté ma femme ; je veux montrer au monde que ma chère Lisbeth ne se mêla point d’une chose injuste. Permettez que j’agisse selon mon désir en ceci ; en toute autre chose je me conformerai à votre volonté.

— Considère, Kohlhaas, combien il eût mieux valu t’adresser au prince avant d’agir comme un furieux ; il t’aurait pleinement satisfait, je n’en doute pas, et si cela n’était point arrivé, n’aurais-tu pas mieux fait encore de pardonner au gentilhomme pour l’amour de ton Sauveur, et de reprendre tes chevaux pour les rétablir dans ton écurie à Kohlhaasenbruck.

— C’est possible, répondit Kohlhaas en faisant quelques pas dans la chambre ; il se peut que j’eusse fait comme vous dites, si j’avais su que le sang de ma femme devait couler. Mais à présent que cette affaire m’a tant coûté, elle doit être poussée à bout, et le gentilhomme sera contraint à restaurer mes chevaux. »

Après un instant de réflexion, Luther dit qu’il écrirait au prince électeur à son sujet ; qu’en attendant, il lui recommandait de se tenir tranquille à son château de Lutzen, où il apprendrait par un nouveau placard si le prince lui accordait une amnistie. « Cependant, ajouta-t-il, pendant que Kohlhaas s’inclinait pour lui baiser la main, il est possible que le prince te refuse cette grâce, car je sais qu’il prépare des troupes pour te surprendre à Lutzen. »

À ces mots, il se leva pour le congédier ; mais Kohlhaas mettant un genou en terre dit qu’il avait encore une grâce à lui demander, c’était de vouloir bien, sans de plus longues préparations, lui accorder le bienfait de la sainte cène.

« Oui, dit Luther en lui jetant un regard scrutateur, je le veux. Tu sais que notre Seigneur, dont tu demandes le corps et le sang, pardonnait à ses ennemis, veux-tu pardonner de même au gentilhomme, reprendre tes chevaux et retourner à Kohlhaasenbruck ?

— Digne seigneur, s’écria Kohlhaas en rougissant et en saisissant la main de Luther, notre divin Sauveur ne pardonna pas à tous ses ennemis. Demandez-moi de pardonner au prince, au châtelain, à l’intendant, aux seigneurs Winz et Kunz de Tronka, à tous ceux enfin qui m’ont nui dans cette affaire ; mais pour que je puisse pardonner au gentilhomme, il faut d’abord qu’il ait restauré mes chevaux. »

À ces mots, Luther lui tournant le dos avec dédain tira la sonnette pour qu’un domestique vînt éclairer Kohlhaas, et il se remit à son bureau.

Le marchand, confus et les yeux baissés, ouvrit la porte fermée en dedans que le domestique cherchait vainement à forcer.

Luther jetant un regard de côté sur Kohlhaas dit au domestique de l’éclairer, et celui-ci se plaçant devant la porte entr’ouverte, attendit qu’il sortît.

« Ainsi, mon seigneur, dit timidement Michel en faisant tourner son chapeau entre ses deux mains, vous me refusez le bienfait de la réconciliation ?

— Avec ton Dieu, oui, répondit sèchement Luther ; avec ton prince, c’est une épreuve que je tenterai, comme je te l’ai promis ; » puis il fit signe au domestique de reconduire aussitôt l’étranger. Kohlhaas, posant ses deux mains sur sa poitrine avec l’expression du plus amer chagrin, sortit de la chambre et disparut.

Le lendemain Luther adressa au prince électeur une lettre où, après avoir jeté un coup d’œil amer sur les seigneurs Hinz et Kunz de Tronka, qui avaient comme tout le monde, en étant instruits, rejeté la plainte du maquignon contre leur cousin, il faisait considérer au prince dont il connaissait toute la générosité, qu’il n’y avait rien de mieux à faire dans de si malheureuses circonstances, que d’accorder au maquignon une amnistie, qui lui permettrait de renouveler sa plainte devant les tribunaux.

L’électeur de Saxe reçut cette lettre en présence du prince Christiern de Meissen, généralissime du royaume, oncle du prince Frédéric, qui avait été blessé à Muhlberg ; du grand chancelier du tribunal, le comte de Wrede ; du comte de Kahlheim, président de la chancellerie, et des deux gentilshommes Kunz et Hinz de Tronka, le premier chambellan, le second grand échanson, les amis de jeunesse et les favoris du monarque.

Le chambellan Kunz, qui avait, en qualité de conseiller privé de la correspondance, la faculté de se servir des armes et du nom du prince, prit le premier la parole. Après avoir parlé de la plainte du maquignon, qu’il avoua n’avoir point prise en considération, la regardant comme une bagatelle de peu d’importance, il en vint à l’état actuel des choses. Il observa que ni les lois célestes, ni les lois humaines n’avaient pu permettre au maquignon de se faire droit lui-même d’une manière si horrible ; il peignit d’une part l’éclat qu’une négociation avec lui jetterait sur sa tête damnée, et de l’autre l’ignominie qui en résulterait pour la personne sacrée du prince. Cela lui parut si insupportable, que dans le feu de son zèle il prétendit qu’il aimerait mieux que le désir de cet enragé rebelle fût accompli, et voir son cousin forcé à remplir le rôle de palefrenier dans l’écurie de Kohlhaasenbruck, plutôt que de souffrir que le prince acceptât la proposition de Luther.

Le grand chancelier du tribunal comte de Wrede, se tournant à demi vers lui, exprima un vif regret qu’il n’eût pas montré dès l’origine de cette affaire cette vive sollicitude pour la gloire de son maître. Il ajouta qu’il était d’avis que le prince fît usage de son pouvoir pour réparer publiquement l’injustice commise contre le maquignon, considérant que cette seule démarche pourrait calmer le peuple et délivrer le pays des nouveaux malheurs que lui faisaient craindre les forces toujours croissantes de l’incendiaire.

Le prince de Meissen, sur l’invitation que lui fit l’électeur de donner son avis, dit en s’adressant au grand chancelier, qu’il était rempli de respect pour l’opinion qu’il venait d’énoncer ; que cependant, tout en voulant accorder à Kohlhaas le droit qui avait été injustement refusé, il ne pensait pas que le mal fait par lui à Wittemberg, à Leipsick et en d’autres lieux encore, dût rester impuni. La paix et l’ordre établi avaient été tellement troublés par cet homme, qu’il serait bien difficile, avec quelque connaissance en droit, de pouvoir le justifier et l’absoudre. C’est pour cela, continua-t-il, qu’il se rangeait à l’opinion du chambellan : il trouvait qu’il n’y avait rien de mieux à faire qu’à marcher contre Lutzen, pour s’y saisir de Kohlhaas.

Le chambellan, prenant deux chaises pour lui et l’électeur, dit, en s’avançant dans la chambre d’un air affable, qu’il se réjouissait qu’un homme d’un si grand mérite et de tant d’esprit se trouvât du même sentiment que lui dans une affaire aussi importante. Mais l’électeur, tenant la chaise qu’il lui présentait sans s’y asseoir, rassura qu’il n’avait aucune raison de se réjouir, parce qu’avant d’employer ce moyen, il se croirait obligé de lui intenter un procès au nom de l’État pour le mauvais usage qu’il avait fait du pouvoir ; « car, s’écria-t-il, avant de punir Kohlhaas, n’est-il pas de toute justice de prononcer une sentence contre celui qui a mis l’épée entre ses mains ? »

Mais, voyant qu’il avait affligé le chambellan, il se retira en rougissant vers la fenêtre.

Le comte de Kallheim, après une pause embarrassante pour les deux parties, fit observer que l’on pourrait, avec le même droit, faire un procès au prince Frédéric, qui avait marché contre Kohlhaas, et que de cette manière on ne sortirait pas du cercle magique dans lequel on se trouvait.

L’échanson Hinz de Tronka, s’approchant de la table, déclara qu’il ne comprenait pas que des hommes d’une si haute sagesse se trouvassent embarrassés sur le choix d’une détermination qui semblait si simple. Le maquignon avait, à sa connaissance, promis de renvoyer sa troupe, si on lui accordait un sauf-conduit ; mais il ne s’ensuivait point que l’on dût lui accorder une amnistie pour les atrocités dont il s’était chargé, deux choses que le docteur Luther ainsi que le prince ne devaient point confondre. « Si sa plainte contre le gentilhomme a été rejetée, ajouta-t-il en posant l’index sur le bout de son nez, cela n’excuse ni ses meurtres, ni ses brigandages. »

Ce sage stratagème satisfit également tous les assistans, et il méritait certainement l’approbation du monde et de la postérité.

L’électeur, voyant que le prince ainsi que le chambellan ne répondaient à ce discours que par un regard d’approbation, leva la séance en disant qu’il examinerait lui-même jusqu’au prochain conseil les différentes opinions qui venaient d’être débattues.

Il paraît que la mesure préliminaire dont le prince avait parlé, étant trop cruelle à son cœur sensible à l’amitié, lui ôta tout désir d’entreprendre l’expédition préparée contre Kohlhaas. Il se tint, au contraire, à l’opinion plus modérée du grand chancelier, comte de Wrède, qui lui fit judicieusement observer que l’armée de Kohlhaas, de quatre cents hommes, ne tarderait pas à tripler, vu le mécontentement général causé par l’injustice et la dureté du chambellan.

Se décidant à suivre le conseil de Luther, l’électeur remit toute la conduite du procès qui allait avoir lieu, entre les mains du comte de Wrède.

Peu de jours après, on vit paraître l’édit suivant :

« Moi, etc., etc., prince électeur de Saxe, en considération de la prière du docteur Martin Luther, j’accorde à Michel Kohlhaas, marchand de chevaux du Brandebourg, un sauf-conduit pour Dresde, sous la condition qu’il posera les armes d’ici à trois jours et licenciera sa troupe. Dans le cas où il refuserait de profiter de cette grâce pour venir présenter sa plainte devant la cour, il sera poursuivi et puni avec toute la rigueur des lois, pour avoir entrepris de se venger lui-même ; dans le cas contraire, il obtiendra complète amnistie pour lui et pour tous les complices de ses violences. »

Kohlhaas n’eut pas plutôt connaissance de cet édit, qu’il congédia ses gens, donnant à chacun de l’argent et des directions. Il laissa tout ce qu’il avait en armes et en équipage de guerre dans le château de Lutzen, comme propriété de l’État, et après avoir remis à Waldmann une lettre adressée à son voisin de Kohlhaasenbruck, pour tenter de racheter sa ferme, et envoyé Sternbald à Schwérin chercher ses enfans, qu’il voulait avoir auprès de lui, il se rendit à Dresde, emportant, en papier, le peu d’argent qui lui restait.

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