Mirages (Renée de Brimont)/Au jardin du harem

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MiragesEmile-Paul Frères (p. 41).

AU JARDIN DU HAREM

Tunis, Janvier 1914.

Au jardin d’orangers, de jasmins et de roses,
persistent les senteurs du long jour languissant ;
une brise s’attarde aux corolles écloses…

Orangers de Fathma, le soleil qui descend
glisse des javelots à travers vos enceintes
et colore vos fruits d’une goutte de sang !…

Effeuillons le jasmin, la rose aux pourpres teintes,
mêlons avec nos doigts leurs pétales légers
dans un vase arrondi de porcelaine peinte…

Allons cueillir des fleurs parmi les orangers.
Le ramier dort… L’aragne est pendue à sa toile…
L’heure fraîchit. — Bien loin des regards étrangers

nos yeux feront pâlir les yeux de mille étoiles !
— Le rossignol, déjà, sur un rythme inégal
prélude aux jeux du soir… Paix ! Dépouillons nos voiles…

Il chante — et le jet d’eau s’égoutte, musical.