Modernités/Mondaines/III

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E. Giraud et Cie, éditeurs (p. 98).
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III


Presqu’un bouge.
Presqu’un bouge.Une salle infâme, empuantie :
Des filles en cheveux dansant, une lueur
Dans l’œil, entre les bras de gros gars en sueur,
Et la chute des pas dans la crasse amortie.

C’est de ce bal hideux qu’elle est un jour sortie,
Elle qu’on voit conduire au Bois chaque matin,
Attelée au poneys, la charrette en bois peint,
Dans sa robe en cheviot écossais bien sertie.

Quand le comte et absent, c’est là qu’en satin noir
Dissimulée, obscure et seulement trahie
Par ses pendants d’oreille, elle revient le soir
De bal…
De bal…Et là, dans l’ombre assise et l’œil en flammes,
Elle épie, elle suit les ébats de ces dames
Au bras de gars, bâtis en garçons de lavoir,
Qui ne paient pas leurs bocks et qui battent les femmes.