Mon frère Yves/042
XLII
Nous habitons pour aujourd’hui un logis de hasard, rue de Siam, à Brest, où l’Ariane est revenue mouiller ce matin.
En réponse à l’avis de son arrivée, Yves a reçu de Toulven, du vieux Keremenen, la dépêche suivante :
« Petit garçon né cette nuit. Se porte très bien, Marie aussi.
La nuit venue et nous couchés, impossible de dormir. J’entendis Yves dans son lit qui se tourne, se vire, comme il dit avec son accent breton. À l’idée qu’il ira demain à Toulven voir ce petit nouveau-né, son bon et brave cœur déborde de toute sorte de sentiments dans lesquels il ne se reconnaît plus.
… Deux jours après lui, je dois, moi aussi, me rendre à Toulven pour le baptême.
Et il fait mille projets pour cette cérémonie :
— Je n’ose pas vous dire, mais, si vous vouliez, à Toulven, manger chez nous ? Dame, vous savez, chez mon beau-père, ça n’est pas comme à la ville, bien sûr.