Monographie de l’abbaye de Fontenay/2-44

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Librairie Saint-Joseph (p. 213-217).

44e abbé
10e abbé commendataire

Anet Coustin de Masnadaut, 1679-1709

Cet abbé, venu du Limousin, était abbé-prieur du Prieuré de Chalard, arrondissement de Saint-Irieix (Haute-Vienne), d’où il vint en Bourgogne avec son frère et son oncle, curé de Pagéas, et Jean Nadaut, qui fut la souche des Nadaut de la Bourgogne ; leur nom était Masnadaut. (Montbard, par Mallard, 241.) Il était l’élu du clergé aux États de Bourgogne : il est question de lui dans la 1331e lettre du comte Bussy-Rabutin à Madame de Sévigné : « Un jour que nous dînions chez l’abbé de Fontenay, l’élu du clergé »[1]

Par ordonnance du roi il fit arpenter par un Carre d’Ancy-le-Franc les bois que Fontenay possédait à Fontaines-les-Sèches, à Planay, Étormay, la Villeneuve, Morville, le Tramblay. Il a compté 2298 arpents desquels on a distrait 699 arpents pour l’usage de l’abbé, des moines, des tuileries et des Fours banaux[2].

Sous cet abbé, le parlement de Paris a déclaré que toutes les terres de Cîteaux et de ses filles étaient exemptes de dîmes et autres redevances soit qu’elles fussent cultivées par les moines ou par des mains mercenaires. Le même parlement en 1684 prend un arrêté par lequel les religieux de Fontenay devaient être compris dans les dépenses assignées sur les domaines de Bourgogne pour 6 livres et 6 deniers en argent à prendre sur la prévôté de Montbard, avec une redevance de trois setiers froment et 6 setiers avoine sur le Moulin du Pont[3].

Comme seigneur et gros décimateur de Marmagne, il touchait tous les revenus de l’abbaye, et donnait 50 écus à Thomassin, curé de Marmagne, pour l’encourager à bien l'aire le catéchisme. Le curé habitait Montbard, parce qu’il n’y avait point de Presbytère à Marmagne[4].

Sous cet abbé, Marchand, curé de Touillon, disait des moines de Fontenay a gens de probité à leur aise, a ce que l’on dit, quoiqu’ils se plaignent toujours ; ils sont 13 ou 14 tant prêtres que clercs »[5].

En 1685, Louis XIV commande aux gros décimateurs de donner aux curés 300 livres, au vicaires 150, sans compter leur casuel et autres honoraires. Les curés et vicaires auxquels était due la portion congrue sont cités plus haut au chapitre des églises dépendantes de l’abbaye[6]. (Chap. xiv p. 88.)

Louis XIV en 1675 avait déclaré qu’il maintenait en possession-des biens ecclésiastiques ceux qui les avaient achetés, à condition qu’ils paieraient une somme déterminée au fisc royal et autorisait en même temps les religieux à rentrer en jouissance de leurs biens vendus injustement ou usurpés, pourvu qu’ils donnassent une indemnité pour le travail qui avait procuré aux terres une plus-value[7].

Le 13 janvier 1698, Louis XIV commande de faire le grand armorial de la France. Dans la partie cotée Bourgogne, les armes de Fontenay sont 2 barbeaux et en tête une fleur de lis. Dans ces armes sont trois souvenirs, du roi, des ducs et de la famille des Bernard de Montbard[8].

Anet Coustin avait vendu, aliéné injustement plusieurs propriétés conventuelles, négligé les réparations des bâtiments, dissipé les titres, enlevé les livres de la bibliothèque, causé un si grand tort que les moines obtinrent du roi l’autorisation de le poursuivre lui et surtout son frère qui doit lui succéder pour l’obliger à réintégrer ce qui avait disparu, ou au moins à donner une juste indemnité[9]. Sur les pressantes sollicitations des abbés généraux de Clairvaux, de Marcilly-les-Avallon, de Trois-Fontaines, visiteurs de Fontenay, et surtout des religieux, Anet Coustin de Masnadaut, consent à partager tous les revenus de l’abbaye, mais il en garde les deux tiers pour lui, et laisse l’autre tiers aux moines qui ne pourront supporter longtemps un partage aussi injuste et aussi inégal[10].

En 1686, M. Baillet, président au Parlement de Dijon, et Mme Bretagne, son épouse, promettent de donner 30 livres sur Baigneux-les-Juifs. Masnadaut et Joseph Tisserand sous-prieur étaient aux États de Bourgogne, en 1694. Masnadaut et Laurent, prieur, en 1700 ; les mêmes en 1703 ; Masnadaut et Dom Cercelet en 1706. À son retour des États de Bourgogne, l’abbé reçut au château de Saint-Remy, le maire, les Échevins et syndics de Montbard, qui allaient le remercier de la protection qu’il avait accordée à la ville, et le prier de la lui continuer. Ils lui offrirent 10 livres de truffes qui coûtaient 10 francs la livre[11].

Sous lui étaient religieux à Fontenay, Dom Cercelet prieur, qui recueillit tous les titres de l’abbaye en 4 volumes. Ils sont restés manuscrits et ont beaucoup servi à Ridct, archiviste de Semur, qui fit le même recueil en 1777 et 1785 ; Dom Gabriel Brocard, Dom Henri Perrier, Dom P. Andant, Dom Gille Cœurdoux, P. Doigneux, Ét. Love], Dom Barthélemy, Absolat, P. Chausseau, René Giffray, 11 moines.

En 1705, les marchands de bois de Paris qui faisaient flotter le bois sur le ruisseau de Fontenay promirent de réparer les dégâts occasionnés au grand bâtiment longé par le ruisseau[12].

Anet Coustin de Masnadaut, après avoir été 27 ans abbé, mourut au Petit-Fontenay de Dijon, en 1709.

  1. Lettres de Madame de Sérigné, vol x, page 51.
  2. Cart. Font. 159.
  3. Cart. Font. 93. — Arch. de Dijon. 3 cart. 421.
  4. Arch. d’Autun.
  5. Arch. d’Autun.
  6. Cart. de Tonnerre.
  7. Cart. Font. 88. — Cart. Marmagne, 296.
  8. Armorial génér. 1er vol. 173. — Courtépée, 3e vol. 550. — Man. Chât.
  9. Cart. Font. 86-119.
  10. Cahiers de visites aux arch.
  11. Registres de Montb.
  12. Archiv. communales. — Arch. de Dijon. — Montbard par Mallard, 241.