Monographie de l’abbaye de Fontenay/Chapitre 15

La bibliothèque libre.
Librairie Saint-Joseph (p. 92-95).

CHAPITRE XV

Petits-Fontenay


L’abbaye avait plusieurs succursales qui portaient son nom. 1° le Petit—Fontenay de Tonnerre, 2° d’Autun, 3° de Beaune ou Pommard, 4° de Semur, 5° de Montbard, 6° de Dijon.

1° M. Dormois, économe de l’hôpital de Tonnerre a composé la monographie du Petit-Fontenay de cette ville. Son origine remontait à 1255, aux sires de Noyers qui avaient donné Soulangy et Marsoif, qui, dans la suite, se sont augmentés de plusieurs autres donations faites par différentes personnes des environs. Il avait à la rue de Rougemont une chapelle dont on voit encore un pilier dans une maison en face de la Poste actuelle. Ayant été ruinée par les Anglais et les Bourguignons, elle ne fut jamais rebâtie. Les bâtiments de la ferme étaient sur la rivière prés du Pont-Notre-Dame.

Un procès verbal d’arpentage d’un sieur Arbellot de Tonnerre en 1776, contenait :

La maison et la cour 1 arpent 2 c.
Quatorze pièces de terre 50      76
Huit pièces de vignes 10      73
Trois pièces de prés 2        21

Pour la terre de Tonnerre, l’abbé de Fontenay était taxé en cour de Rome à 20 écus. 2° Le Petit-Fontenay d’Autun comprenait les biens que les Ducs et le monastère de Saint-Martin avaient donnés, ainsi que le droit d’éminage sur la vente des blés. Le plus important de ces biens était le moulin qui existe encore et qui est la propriété de M. Harold de Fontenay. Pour toutes ces donations, ainsi que celles d’Étormay, Fontenay devait donner chaque année quatre muids et demi de blé. Cette convention fut négligée pendant quelques années, donna lieu à un procès qui fut terminé en cour de Rome en 1445 contre notre abbaye qui fut obligée de livrer les 250 setiers de blé qu’elle devait. (Pérard, 400.)

3° Le Petit-Fontenay de Beaune ou Pommard, fut commencé en 1908, par le Duc de Bourgogne, Eudes III, qui donna ses terres, mais en 1234, Eudes IV reprit ces terres et donna au couvent en échange, le château de Saint-Remy, la terre de Fresne et d’Éringes, Morville. La même année, le Duc y établit les Chartreux, au nombre de 152, se bâtit un petit appartement tout à côté, d’où il assistait à l’office, communiant sous les deux espèces avec la permission de Clément VI. Il voulut qu’après sa mort son cœur fût placé dans le Chapitre. Philippe de Rouvres fut encore bienfaiteur de cette chartreuse, qui fut détruite en 1579 par les Huguenots et surtout plus tard par Galas. (Courtépée, n. 294.)

4° Adossé à la montagne du télégraphe à 50 mètres de l’Armançon, entre les prés et les vignes, le Petit-Fontenay de Semur révèle sa position par la blancheur de ses bâtiments. Il est dû à Jean et à Philippe de Torre, seigneurs de Venarey qui partant l’un pour la croisade, l’autre pour Saint-Jacques de Compostelle, donnèrent à Fontenay les dîmes de Vic, de Borbcillot et de Semur. Il fut construit pour recevoir les rentes d’autre l’eau. C’était ainsi que se nommaient les biens que l’abbaye possédait près de Semur, à Viserny, Charentois, Saint-Euphrône, Genay, Puligny.

5° Le Petit-Fontenay de Montbard était dans la rue de Crébillon, touchait par le côté nord aux remises et laboratoire de Buffon. Il appartient maintenant a M. Roux-Desgrands et de Lautel. Dès sa création, l’abbaye reçut une maison d’un certain Pont-Aubert, et sous l’abbé Jean de Laignes, un bourgeois Ithier et sa femme donnèrent une autre maison avec aisances et dépendances pour agrandir ce Petit-Fontenay, où étaient reçues les redevances et dîmes de Montbard dues à l’abbaye. En 1710, l’abbé commendataire Coustin de Manasdaut échangea avec Jean Nadaut, son homme de chambre la ferme de Lachereuille pour quelques maisons attenant au Petit-Fontenay. Plus tard la partie nord fut accordée à Buffon pour y établir son laboratoire. (Cart. Font.)

6“ Le Petit-Fontenay de Dijon était près de l’hôtel du Petit-Clairvaux, sur la paroisse Notre-Dame, sur le Suzon près du rempart, à l’extrémité d’une petite rue qui débouche sur la place de la Banque derrière la Préfecture. On y voit encore quelques ogives aux fenêtres. Quand les abbés allaient à Dijon pour faire leur cour aux Rois, aux Ducs ou qu’ils étaient députés par le clergé aux États de Bourgogne, ils habitaient leurs appartements du Petit-Fontenay. C’est là que Coustin de Manasdaut donnait l’hospitalité à Bussy—Rabutin qui la rappelle dans sa 1331e lettre à Mme de Sévigné. Les caves de ce Petit-Fontenay recevaient leur vin de la vigne de Pouilly, et les greniers le blé de leur ferme de Neuilly-lès-Dijon.

Ces succursales ne manquaient pas d’importance, surtout celle de Dijon, qui était placée la pour faire ressortir la grandeur de la mère-abbaye. La première fondation de ce Petit—Fontenay était due a un de Saulx qui avait déjà donné Saint-Georges de Lucenay-le-Duc.


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