Noel-Chapsal - Nouveau dictionnaire/1re éd., 1826/Index Tome 1

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NOUVEAU

DICTIONNAIRE

DE LA

LANGUE FRANÇAISE.
TOUL, IMPRIMERIE DE J. CAREZ.
NOUVEAU

DICTIONNAIRE

DE LA

LANGUE FRANÇAISE,

RÉDIGÉ SUR LE PLAN DU DICTIONNAIBE ANGLAIS DE JOHNSON,

ENRICHI D’EXEMPLES TIRÉS DU DICTIONNAIRE ANGLAIS DE JOHNSON.

ET DANS LEQUEL ON TROUVE

Les étymologies, la prononciation, des définitions claires et précises, toutes les acceptions propres et figurées des mots, avec l’indication de leur emploi aux différents genres de styles ; les termes propres au sciences, aux arts, aux manufactures ; un vocabulaire géographique ; la conjugaison des verbes irréguliers ; enfin, la solution des principales difficultés que présentent la concordance, le régime et la place des mots dans le discours ;

PAR M. NOËL,

INSPECTEUR-GÉNÉRAL DE L’UNIVERSITÉ, CHEVALIER DE LA LÉGION-D’HONNEUR,

ET M. CHAPSAL,

PROFESSEUR DE GRAMMAIRE GÉNÉRALE ;

Auteurs de la nouvelle Grammaire française adoptée par le Conseil royal de l’Instruction publique, etc., etc.

A TOUL,

CHEZ J. CAREZ, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,

ET A PARIS, RUE DE SEINE, N° 2l.

_____

1826.

PRÉFACE

On désirait depuis long-temps un Dictionnaire de la Langue française, qui, sans être aussi volumineux que ceux della Crusca en Italie, et de Johnson en Angleterre, déterminât, à leur exemple, par des autorités irrécusables, la juste valeur des mots de la langue et leurs acceptions, tant propres que figurées. C’est, sans aucun doute, une autorité respectable que celle du Dictionnaire de l’Académie ; mais, pour l’ordinaire, on n’y doit chercher, et l’on n’y trouve en effet que les phrases usuelles qui sont dans le génie de la langue, ou qui rentrent dans le domaine de la conversation, dont l’habitude amis l’intelligence à la portée d’un grand nombre de lecteurs. Le problème à résoudre était donc de composer un nouveau Dictionnaire, qui, dans le cadre resserré d’un seul volume in-8o, pût suppléer, par la modicité du prix et par la réunion de leurs avantages, au Dictionnaire de l’Académie et à l’ouvrage important de M. Laveaux, tous les deux en deux volumes in-4o, et, par conséquent, d’une acquisition coûteuse.

Celui qu’on publie aujourd’hui aura-t-il résolu ce problème. C’est au public à en juger. Pour éclairer son jugement, nous demandons qu’il nous soit permis d’entrer dans quelques détails sur le plan que nous nous sommes fait, sur la marche que nous avons suivie, et sur les obligations que nous nous sommes imposées.

Et d’abord, nous nous sommes fait une loi de n’omettre aucun de mots qui se trouvent dans les lexiques antérieurs, et d’en marquer soigneusement la prononciation. On a contesté, dans les derniers temps, la nécessité de cette méthode, sous prétexte que c’est grossir artificiellement un ouvrage qui, par sa nature, est déjà assez volumineux. Sans vouloir élever une controverse à ce sujet, nous nous contenterons de faire observer que ce Dictionnaire étant destiné spécialement à la jeunesse des deux sexes, tant française qu’étrangère, cette destination a paru un motif déterminant, et probablement cette omission trouverait plus de censeurs que d’apologistes.

Quant aux étymologies dont sont accompagnés les mots qui en sont susceptibles, l’un des deux auteurs ([1]) est le premier qui les ait fait entrer dans la composition de ses Dictionnaire classiques. Cette innovation qu’on peut appeler une amélioration, a été justifiée par l’approbation publique ; et l’on sait assez que son exemple a té généralement suivi. On n’attribuera donc pas à l’esprit d’imitation le soin qu’il a pris, de concert avec son collaborateur, de placer, autant qu’il a été possible, après chaque mot l’étymologie, non seulement grecque et latine, mais quelquefois orientale, et souvent tirée des langues modernes, de manière cependant à n’en admettre aucune de bizarre ni de forcée.

Pour les définitions, nous ne nous sommes pas bornés à transcrire servilement celles de nos devanciers ; toutes les fois qu’il s’en est présenté, soit à nos recherches, soit à nos méditations, qui nous ont paru plus justes, plus claires, plus précises, nous n’avons point hésité à les adopter, et l’on sent combien cette justesse, cette clarté, cette précision sont propres à faire contracter insensiblement à l’esprit l’habitude d’une logique pratique, sans le rebuter par l’appareil dogmatique de la science.

Mais la plus grande difficulté, sans doute, est de placer les acceptions des mots dans un ordre qui fasse au moins soupçonner le passage des sens propres aux sens figurés, qui en indique la filiation, pour ainsi dire, en suivant en idée, les progrès de la civilisation, et quoi poursuive un terme jusque dans ses plus grandes extensions, et dans les ramifications qui paraissent les plus éloignées du tronc primitif. Cette classification peut, au premier coup d’œil, sembler arbitraire ; mais on peut assurer qu’on a suivi, pour ce Dictionnaire, celle dont un des auteurs a donné le premier exemple, et qui a été généralement approuvée.

Il y avait un moyen de diminuer cet arbitraire apparent ; c’était de justifier, non-seulement les acceptions tranchantes et déterminées, mais encore les nuances les plus délicates, et pour ainsi dire les dégradations de couleur, les sens détournés, les tours neufs, les alliances de mots, les hardiesses heureuses, par autant d’exemples appropriés et décisifs. Dans un idiome enrichi, assoupli sous la main de tant d’excellents auteurs, ces exemples ne manquaient pas ; mais il fallait choisir, et le choix était une nouvelle difficulté. Nous avons cherché à la vaincre, en attachant à chacune de ces acceptions, tant ancienne que nouvelle, une phrase qui pût faire autorité. Et pourquoi dissimulerions-nous que nous nous sommes efforcés de sauver d’une injuste proscription des mots, des idiotismes qu’une superbe délicatesse frappe d’une réprobation qui ne peut tourner qu’à l’appauvrissement d’une langue déjà trop dédaigneuse ? Nous avouons que nous avons le plus souvent mis à contribution ces auteurs du siècle de Louis XIV, dont le nom seul est un éloge, comme capables de nous fournir la plus riche moisson ; et, quant au dernier siècle, ceux qui ont le plus suppléé à leur défaut, et dont nous avons fait le plus grand usage, sont leurs plus dignes héritiers, c’est-à-dire, Massillon, Vertot, d’Aguesseau, Montesquieu, Buffon, Barthélémy, et quelquefois Voltaire et J. J. Rousseau ; encore le hasard n’a-t-il pas présidé à ce choix : on a tâché que chacun de ces exemples fût une leçon religieuse ou morale, rappelât un trait historique, ou contînt quelque instruction.

Nous n’avons admis qu’avec une extrême réserve les mots nouveaux, dont Balzac disait : « Vous en userez trois fois la semaine. » Mais, considérant que le temps amène de nouvelles formes qui entraînent de nouvelles exigences, nous nous sommes arrêtés à ceux dont il nous a assemblé que la langue ne pouvait plus se passer, et le lecteur est averti de leur importation nouvelle par cette abréviation : néol. (néologisme) ou m. nouv. (mot nouveau).

L’orthographe adoptée par l’Académie nous a servi de règle, car elle seule peut faire autorité à cet égard.

L’exemple de nos prédécesseurs nous imposait la loi d’ajouter aux mots de la langue usuelle et à ceux de la langue oratoire et poétique, le plus grand nombre possible de termes de sciences et d’arts, en le restreignant pourtant d’après les limites que nous devions nous prescrire ; mais nous en avons retranché sans scrupule tous ceux qui pouvaient réveiller des idées inconvenantes.

Il entrait dans notre plan de joindre à ce travail la solution des principales difficultés de la langue ; et des notions élémentaires, placées en tête du dictionnaire, complètent, sous le rapport grammatical, ce qui n’a pu entrer dans le corps de l’ouvrage.

Nous avons donné une attention particulière aux verbes irréguliers, dont les anomalies se trouvent plus naturellement et plus commodément placées à la suite de chacun d’eux.

A l’égard du Vocabulaire géographique, qui ne comportait pas une nomenclature trop étendue, nous avons pensé devoir la préférence aux villes de notre pays ; mais nous y avons ajouté le nom des provinces et des villes les plus importantes des autres États de l’Europe et des autres parties du monde, et de celles surtout auxquelles se rattache quelque évènement mémorable.

Tout le travail a subi la révision la plus minutieuse ; après nous être concertés pour qu’il n’offrit aucune disparate, soit dans la forme, soit dans le fond, chacun de nous a été pour son collaborateur un censeur dont la sévérité pût désarmer celle du public.

Enfin, la correction étant de rigueur dans un ouvrage de la nature de celui-ci, les soins les plus scrupuleux ont été donnés à la partie matérielle. Chaque épreuve a été relue attentivement, et tour-à-tour, par chacun des collaborateurs.

Les caractères ont été fondus, et le papier a été fabriqué tout exprès pour cette entreprise. L’éditeur n’a épargné ni peines, ni dépenses ; mais il a combiné le choix et l’emploi de ses matériaux de manière à pouvoir donner à peu près au même prix que les lexiques ordinaires un volume qui renferme près de moitié en sus de leur contenu.

NOTIONS
DE
GRAMMAIRE FRANÇAISE.

Nous ne parlons que pour faire connaître au autres ce que nous éprouvons et pensons. Supposons que mes regarda se portent vers le ciel : une admiration subite s’empare de tous mes sens,la beauté du firmament étonne ma vue, et je m’écrie : le ciel est magnifique. Chacun de ces mots peint les sensations qui m’affectent ; tous concourent à présenter le tableau de ma pensée, et donnent à ceux qui m’écoulent la connaissance de l’objet qui occupe mon esprit, et du jugement que j’en porte.

L’énonciation d’un jugement se nomme proposition.

Toute proposition se compose de trois termes : le sujet,le verbe, et l’attribut.

Le sujet est l’objet de mon jugement ; c’est la chose à juger.

L’attribut peint la chose jugée ; il exprime la manière d’être du sujet.

Le verbe marque la convenance de l’attribut avec le sujet ; il sert à lier l’un à l’autre.

Ainsi dans cette proposition : le ciel est magnifique ; le ciel est le sujet ; est le vorbe, et magnifique l’attribut.

Les mots qui entrent dans une proposition pour exprimer le sujet, le verbe. l’attribut. et les diverses circonstances qui peuvent s’y rapporter, sont de neuf espèces différentes ; savoir: le substantif, le pronom,l’adjectif, le verbe,le participe,l’adverbe, la préposition, la conjonction et l’interjection.

DU SUBSTANTIF.

Le substantif ou nom est un mol qui, sans avoir besoin d’nncun autre mot, snbsisle par lai-même dans Je discours, el sirnilie un être ou un objet, soitréellemenl,comme homme, }emme, clzeval, maison, soit seulement dans noire ima~;ination, comme bonté, ardeur, reromurissance.

Parmi les substantifs, il y en a qui ne sont propres qu’l un seul être ou à un seul objet: tels sont Alexandre, Charles, Paris; on les nomme, pour celle ra isou, subslantirs propre.• .

D’autres aont communs à tous les individus de la même espèce; teh sont lion, livre, lll’bre ; on les appelle à cause de cela substantifs communs.

Enfin il! en a qui, quoique au sinr,uliel’, expriment la réunion, la collection de plusieurs ~Ires ou de plusieurs oLjelsde la. mème espèce comme mullilude, tokllill!,nomhre, etc., d’oi& Ils prennent le nom de substanhfs colfectif.f.

Les substantifs ont deu.t propriétés: le r,cnre elle nombre.

Le genre est la propriéfti qu’ontles substantifs de représenter la distinction des sexes; delà tleux genres: le masculin, qui re11résen1e toul ce qui est mâle, elle féminin qui rep1·éseulo toul ce qui est femelle. Pour ma "Ioer celle différence, on a souvent donné aux substantifs det terminaisons différentes suivant la différence des sexes,telles que lion, lioune, chien, chienne. Quelquefois 101si on n’a donné aux substaulifs qu’une seule terminaison pour représenter lons les individus d’une même espèce, taol mâles que femelles, tels sont los sabstantilit’orbenu, écureuil,pcrroquet. A l’égard des subslautil’s qni représentent des êtres aans leJe, c’est-à .-dire inanimés, ils devraient ètre sans r,enre. ou ce qui est la même chose, être d’ua ;enre négatif ou neuh·c;cepeudanl on leur a 3onnéleGenremascalin elle genre. féminin. quelquefois par anaiO(ie, el le plus souvent sans qu’ils aient aucun npport.avec l’an ou l’autre sf!lll; e est ainsi que centime, épiderme .li"n’ • .sabre. etc. ont été m11 &Il 1ombre des substantif.~ mascalins, et tfptrç, (wrc. ouïe au rang des subslaDtifs réminins.

Le nomhrc est la propriété qu’ont les sub’stantifs Ile rPin’ésenler l’unité ou la pluralitll; delà dux nombres: Je singulier, quand il ne s’agil qu" dun seul objal, el le plu!•iel, lur.~ ~uïl s’agil de deux 011 de rlasieurs objets. Ainsi un llomme est du numb•·e 5iugnlHJI cl dit hommes liu no~re ptnrie • Page:Noel et Chapsal - Nouveau dictionnaire, 1826.djvu/15 Page:Noel et Chapsal - Nouveau dictionnaire, 1826.djvu/16 Page:Noel et Chapsal - Nouveau dictionnaire, 1826.djvu/17 Page:Noel et Chapsal - Nouveau dictionnaire, 1826.djvu/18 Page:Noel et Chapsal - Nouveau dictionnaire, 1826.djvu/19

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