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Notes d’une frondeuse/16

La bibliothèque libre.
H. Simonis Empis (p. 97-).


OPINIONS
SUR
LES COULISSES DU BOULANGISME

DÉCLARATION
DES
DÉPUTÉS RÉVISIONNISTES


« Sur la convocation de MM. Castelin et Laguerre, les députés révisionnistes présents à Paris se sont réunis hier soir au Café Riche. Après une longue délibération, ils ont arrêté les termes de la déclaration suivante :

» Les députés soussignés déclarent sur l’honneur :

» Que d’accord avec le général Boulanger et suivant en cela ses conseils, ils ont mené dans les comités, dans les réunions publiques ou privées, à Paris ou dans les départements, une loyale campagne en faveur de la réconciliation nationale et de ! a révision républicaine.

» Ils blâment sévèrement la publication des Coulisses du Boulangisme à laquelle ils opposent les affirmations républicaines maintes fois répétées du général Boulanger ; ils livrent à l’appréciation publique ceux qui ont attendu les jours de défaite pour essayer de jeter le discrédit sur leur ami proscrit.

» Les députés soussignés resteront inébranlablement fidèles au programme sur lequel ils ont été élus : Révision de la Constitution dans le sens de l’établissement d’une République libérale, démocratique et sociale. »

Les députés présents à Paris :
Aimel, Castelin, Chiché, Dumonteil, Gabriel, Goussot, Jourde, G. Laguerre, Laur, Le Veillé, Millevoye, Paumn-Méry, Revest, Richard, Boudeau, Saint-Martin
.
(La Presse, 6 septembre 1890.)

OPINION
DU
COMMANDANT BLANC


« SALES HISTOIRES »

« Sous ce titre : Coulisses du Boulangisme, le Figaro inaugure aujourd’hui une nouvelle campagne contre le général Boulanger.

» …Ce qu’il y a de plus affligeant dans cette machination, que l’on dit être une vengeance de femme, c’est qu’elle serait conduite par deux des députés boulangistes qui passaient pour les meilleurs amis du Général au temps de sa splendeur. Le pauvre diable était bien singulièrement entouré.

» On nous promet plusieurs lavages de linge sale du même genre. Nous n’hésiterons pas à faire connaître toute notre pensée au sujet de ces ordures. »

(Petit Caporal, 22 août 1890.)

OPINION
DE
LUCIEN MILLEVOYE


« — Je pense, dit M. Millevoye, dans une conversation dont nous citons des fragments, que si l’auteur des articles du Figaro était, comme on le dit, un des anciens amis et collaborateurs du général, ce serait un manquement à l’honneur que devrait flétrir la conscience de tous les partis. »

(La Lanterne, 28 août 1890.)

OPINION
DE
CHARLES LAURENT


« Il y a quelque chose de mille fois plus lâche encore que de frapper sur un ennemi tombé, c’est de cracher sur un ami à terre. Quel qu’il soit, l’auteur des Coulisses du Boulangisme, que publie le Figaro, a nécessairement appartenu, pendant un jour au moins, à l’entourage du César manqué qui n’a trouvé que Sainte-Brelade pour Sainte-Hélène ; — eh bien ! il peut se dire qu’il provoque à la fois, en ce moment, la juste indignation de ses compagnons de la veille et l’indicible écœurement des adversaires mêmes que ses révélations amusent. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« C’est là surtout ; c’est dans le peuple, qu’un enthousiasme immérité mais pardonnable avait recruté pour vous, et c’est là qu’on ne trouvait pas de Judas à tant la ligne pour sortir et pour laver dans la rue tout le linge sale de votre syndicat de ratés. »

(Le Matin, 29 août 1890.)

OPINION
DE
LISSAGARAY


« Jadis, quand madame de Maufrigneuse choisit Mermeix pour député, nous ne pûmes nous retenir de dire : Fi ! duchesse !

» Elle avait raison cependant de s’encanailler, ayant besoin d’un… pour ses petites vengeances… Elle a été parfaitement servie par le facchino Mermeix. »

(La Bataille, 1er septembre 1890.)

OPINION
DE
« LA LANTERNE »


« INSINUATIONS PERFIDES »

« Nous ne savons pas au juste d’où part la publication des Coulisses du Boulangisme et le nom de l’auteur à qui on les attribue ne nous renseigne guère à ce sujet, car il autorise toutes les suppositions, rend toutes les origines également possibles.

» Mais ce que nous voyons déjà bien clairement, c’est l’usage que comptent faire de cette publication les opportunistes et les modérés. Ils auraient organisé cette campagne eux-mêmes, — ce qui, d’ailleurs, n’aurait rien d’invraisemblable — qu’ils ne l’exploiteraient pas avec plus d’empressement.

(1er septembre 1890.)

« POUAH ! »

« Nous ne savons quel est le but que vise l’auteur des Coulisses.

» Il y a dans cette publication une telle absence de sens moral, une telle candeur d’immoralité, une si profonde inconscience et même une méconnaissance si absolue des ressorts politiques qu’il est permis de conserver tous les doutes et tous les soupçons. »

(4 septembre 1890.)

OPINION
DE
ALBERT DUBRUJEAUD



« Il s’en est trouvé un, plus avisé que les autres, habitué aux péripéties d’une existence besoigneuse qui, sans scrupule et de grand appétit, s’est prémuni contre les risques de l’avenir. Il a écouté dans les assemblées secrètes et pris des notes, compilé des documents, ramassé de petits papiers et de grosses anecdotes : et quand la dégringolade fut décisive, que les mauvais jours arrivèrent, il a vidé contre un honnête salaire cette hottée de curieux renseignements sur la tête de ses amis. Qu’importe si ce faisceau de révélations rendait décisive l’accusation, définitive la condamnation contre le contumace : qu’importe si les hôtes, de bonne foi égarés en cette bagarre, seraient pour jamais éclaboussés : qu’importe si les associés de la veille étaient frappés d’un discrédit sans exemple : on est historien et annaliste à la manière de Tacite… et de Vidocq. »

(Écho de Paris, 5 septembre 1890.)

OPINION
DE
« LA BATAILLE »


« Son œuvre ! — Dans tous les partis. — C’est de famille.

« Vivre aux crochets d’un homme, tirer de lui argent et honneurs, surprendre ses secrets, pour ensuite aller les vendre, cela s’appelle en français faire œuvre de........ de la pire catégorie.

» Le sieur Terrail s’est d’ailleurs fait une spécialité de ces sortes de besognes.

» C’est chez lui plus qu’une vocation. C’est un don héréditaire.

» Seulement le fils travaille « en plus grand » que son auteur.

(Samedi, 6 septembre 1890.)

» Il aurait fallu, au lieu de se faire grassement payer ses révélations par un journal royaliste, qu’il les imprimât à ses frais et n’en fit pas un coup de librairie.

» Il aurait fallu enfin rendre l’argent de son élection aux royalistes qui l’avaient payée et son mandat de député aux électeurs qu’il avait trompés.

» Alors, mais seulement alors, ses délations auraient un motif avouable. »

(Lundi, 8 septembre 1890.)



OPINION
DE
JULES ROQUES


« Mermeix n’a pas le sou : or, il a calculé que ses Coulisses feraient la valeur de vingt-quatre articles.

» Vingt-quatre articles à cinq cents francs donnent douze mille francs. En outre le livre lui sera payé environ trois mille par un imprimeur.

» Total quinze mille francs de bénéfice.

» Ce n’est pas déjà si mal compté, n’est-ce pas ?

» Quinze mille francs valent bien qu’on vende son général — un général qui ne lui aurait certainement pas donné autant pour se taire. »

(Égalité, 7 septembre 1890.)

OPINION
DE
PAUL DE CASSAGNAC


« Que M. Mermeix parle de son « courage », il a raison.

» Il a fait une chose que personne n’a jamais faite.

» Avec une étrange impudeur, il a livré son ami de la veille, son chef, son parti, les a bafoués, les a déshonorés.

» Comme « courage » c’est, en effet, effrayant.

» M. Mermeix parle aussi de « sa conscience. »

» Sur ce point, il n’a pas tort non plus, car c’est une « conscience » tout à fait à part. Tellement à part qu’on l’appelle ordinairement et dans le monde où l’on s’y connaît : « l’inconscience »… »

(L’Autorité, 24 octobre 1890.)

OPINION
DE
GASTON LAPORTE, BORIE, Dr TURIGNY,
A. NAQUET, R. LE HÉRISSÉ


« La Presse nous apprend ce matin que M. Mermeix approuve la déclaration que nous avons cru devoir signer ensemble.

» C’est le droit du député du VIIe arrondissement ; mais il est de notre devoir de déclarer publiquement que pas plus aujourd’hui qu’hier nous acceptons une solidarité quelconque avec l’auteur des Coulisses du Boulangisme. »

Gaston Laporte, Dr Turigny, Borie,
A. Naquet, R. Le Hérissé.
(La Presse, 14 mai 1891.)

OPINION
DU
PRINCE NAPOLÉON


« Ce que je désire savoir, c’est l’auteur des Coulisses du Boulangisme, d’une façon certaine, et le but poursuivi dont je ne puis me rendre compte. »


« …Je m’en doutais, mais la confirmation est pénible. C’est à prendre les hommes et les femmes en dégoût. »


« …Boulanger a fait assez de bêtises pour que nous puissions reconnaître que les royalistes se sont fort mal conduits vis-à-vis de lui. Les Coulisses du Boulangisme viennent d’eux, uniquement. »

Paul Lenglé.
(Le Neveu de Bonaparte, pp. 294, 300, 301.)