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Notes sur le Grand-Pressigny et ses environs

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Notes sur le Grand-Pressigny
et ses environs


Avant-propos


La satisfaction d’un simple sentiment de curiosité personnelle, celle de connaître l’histoire du canton que j’habitais, m’a amené à chercher dans les quelques auteurs que je possède, dans les anciens titres dont je pouvais disposer, dans les archives communales et privées que l’on a bien voulu me communiquer, tout ce qu’il y avait de spécial au Grand-Pressigny et à en prendre note.

Le travail qui suit n’est que la reproduction, après les avoir coordonnées, des notes dont il s’agit.

Il ne faudrait pas donner à ce travail une importance qu’il n’a pas. Je n’ai pas entendu écrire « l’histoire du canton du Grand-Pressigny. » Cette tâche est trop au-dessus de mes forces pour que la pensée me soit venue de l’entreprendre. Il ne faut donc y voir que ce qui y est réellement et ce que je me suis proposé, c’est-à-dire une réunion de matériaux puisés un peu partout, classés et mis en ordre, ou, si l’on veut, une compilation plus ou moins méthodique pouvant éviter des recherches, et à ce titre, être utile à ceux qui voudront essayer d’écrire cette histoire.

C’est dans l’intéressante collection des mémoires de la Société archéologique de Touraine, dans les ouvrages de Dufour, de Chalmel, de Moréri, etc., etc., que j’ai recueilli la majeure partie de mes renseignements. Les archives communales et privées que l’on a bien voulu me permettre de compulser, m’en ont fourni un certain nombre d’inédits.


Commune du Grand-Pressigny


Pressigny-le-Grand, ou le Grand-Pressigny, bourg qualifié aussi du titre de petite ville, notamment par l’annuaire de la Touraine de l’année 1787, est situé au confluent et sur la rive droite des rivières l’Egronne (Gumesia) et la Claise (Clasia). Il forme l’un des six chefs-lieux de canton de l’arrondissement de Loches.

II est désigné dans les titres, chartes et écrits de l’antiquité sous les noms de Pressigny, Précigny, Precigni, Pressigny-le-Souverain, Pressigny-les-Quatre-Églises, Prisciniacum, Præsigniacus, Preciniacum, Precigneium-superior, Pressigne, Priscigniacus.

Les auteurs sont d’accord pour reconnaître que le Grand-Pressigny est une des plus anciennes communes du département d’Indre-et-Loire, et notre célèbre historien du VIe siècle, Grégoire de Tours, le cite dans ses ouvrages, spécialement à l’occasion d’une remise de reliques de saint Nicet, faite à l’église de Pressigny.

Il est probable qu’avant la consolidation de la féodalité, Pressigny, ainsi que les localités voisines, n’avait pas une grande importance ; en effet, c’est sous la modeste qualification de locus qu’on le trouve généralement indiqué antérieurement au XIe siècle.

Au cours du moyen âge, Pressigny reçut le titre de baronnie qu’il conserva jusqu’à l’abolition du régime féodal en France. Plusieurs familles illustres en ont été les possesseurs ; nous en donnerons la liste.

Un nombre assez considérable de châtellenies, seigneuries et domaines, relevaient de la baronnie du Grand-Pressigny, les uns à foi et hommage simple[1] ; de plus cette baronnie avait droit de haute, moyenne et basse justice et de fourches patibulaires[2]. Un champ situé proche le bourg, où avaient lieu les exécutions, a conservé le nom de champ de la Justice.

En 1789, Pressigny faisait partie du ressort de l’élection de Chinon, dépendant de la Généralité de Tours[3], et cette baronnie était régie par la coutume de Touraine.

La paroisse du Grand-Pressigny a pour patrons saint Gervais et saint Protais ; celle de saint Martin d’Etableau y a été réunie depuis la révolution de 1789.

Le doyenné du Grand-Pressigny, tel qu’il existait encore en 1787, se composait de onze paroisses :

1o Le Grand-Pressigny, à la présentation de l’archevêque ;

2o St-Martin d’Etableau, — de l’abbé de Pontlevoy ;

3o Guerche, — de l’abbé de Preuilly ;

4o Barrou, — id id

5o Chambon, — de l’archevêque ;

6o Chaumussay, — de l’abbé de Fongombault ;

7o La Celle-Draon — du seigneur de la Celle-Guenand ;

8o Le Petit-Pressigny — de l’abbé de Pontlevoy ;

9o Retz, — de l’archevêque ;

10o Ferrière-Larcon, — id

11o Paulmy, — du seigneur de Paulmy.

Ce doyenné, lors de la division qui eut lieu, vers 1673, du diocèse en trois archidiaconnés, cinq archiprêtés et vingt-trois doyennés, fut compris dans l’archidiaconné d’Outre-Vienne et dans l’archiprêtré de sainte-Maure.

Depuis le décret de l’assemblée constituante du 26 février 1790, le Grand-Pressigny est chef-lieu de canton et en même temps siège d’une justice de paix.

La composition du canton du Grand-Pressigny, telle qu’elle avait été primitivement organisée par le décret de 1790 a été modifiée par un autre décret en date du 5 vendémiaire an X. La commune de St-Flovier qui, dans le principe, avait été constituée chef-lieu de canton et de justice de paix a été réunie à partir de cette dernière époque, au canton du Grand-Pressigny, qui, depuis lors, est demeuré formé des communes :

1o du Grand-Pressigny, à laquelle a été réunie, depuis, celle de St-Martin-d’Etableau ; 2o de Barrou ; 3o Retz ; 4o La Celle-Guenand ; 5o Ferrière-Larçon ; 6o la Guerche ; 7o Paulmy ; 8o Le Petit-Pressigny et 9o St-Flovier.

Château du Grand-Pressigny.

L’antique château féodal du Grand-Pressigny a subi le sort commun aux monuments de ce genre. Les spéculateurs et les démolisseurs l’ont réduit en presque totalité à l’état de ruines, mais ces ruines sont suffisantes pour attester son importance passée.

Dominant les vallées de l’Egronne et de la Claise, non loin des principales voies de communication avec les provinces voisines et protégé par d’importants travaux de fortification que le temps et la pioche n’ont pas réussi à faire disparaître entièrement, ce château, par sa position et par ses moyens de défense a dû, pendant les guerres-civiles des temps féodaux ainsi que pendant les troubles religieux du XVIe siècle, être le théâtre ou le témoin de faits d’armes que nous aurions été heureux de retrouver consignés dans l’histoire ou rappelés par la tradition. Le souvenir de ces luttes s’est effacé et la seule donnée historique que nous ayons à consigner ici nous est fournie par Belleforest. On lit dans cet historien « qu’en 1417 le duc de Bourgogne, Jean-sans-Peur, après avoir délivré la reine Ysabeau, femme de Charles VI, du château de Tours où elle était gardée à vue, et s’être rendu maître de cette ville, s’empara de Pressigny et y mit garnison. » Le duc ne conserva pas longtemps sa conquête ; Charles VII, la lui enleva l’année suivante.

Dès avant l’année 1200, la seigneurie du Grand-Pressigny était fortifiée.

En 1202, cette seigneurie et celle de Sainte-Maure appartenaient à Guillaume de Pressigny. A cette époque, Arthur, duc de Bretagne, était en guerre avec son oncle Jean-sans-Terre, roi d’Angleterre. Guillaume de Pressigny combattait dans les rangs des partisans de Philippe-Auguste, contre les Anglais. Arthur s’étant laissé surprendre à Chinon par son ennemi le 1er août 1202, fut fait prisonnier, et Jean-sans-Terre, par ses lettres patentes datées de Chinon du 4 du même mois, enjoignit à Guillaume des Roches, sénéchal du Poitou, d’avoir à remettre à Girard d’Athée, qui tenait pour les Anglais, les terres de Guillaume de Pressigny et de raser les forteresses du Grand-Pressigny et de Sainte-Maure.

Peu de temps après, Guillaume de Pressigny rentra en possession de ses domaines et se hâta de réparer les désastres que les résultats défavorables de cette guerre lui avaient fait éprouver.

En 1213, il fit construire ce qu’on appelle aujourd’hui le vieux château du Grand-Pressigny. Trois siècles plus tard ce vieux château fit place au château moderne dû au marquis de Villars qui possédait la terre de Pressigny au XVIe siècle.

Il existe encore quelques parties remarquables du vieux château, entre autres le magnifique donjon quadrangulaire, la porte fortifiée du pont-levis, des douves et plusieurs autres restes d’ouvrages de fortification.

La majeure partie du château moderne a disparu à son tour sous le marteau des démolisseurs, après les événements de 1789 ; le principal corps d’habitation notamment a été rasé en entier, ainsi que la chapelle et les cuisines.

Le donjon ou vieille tour carrée, les anciennes galeries, la tour octogone, dite tour vironne, la porte fortifiée du pont-levis, les douves, les souterrains et le puits composent l’ensemble de ce que Pressigny possède aujourd’hui de plus remarquable de son château seigneurial.

I. Donjon. — La tour carrée date de la même époque que le vieux château dont elle faisait partie : il est probable qu’elle formait la pièce principale de défense et le dernier refuge des assiégés.

Ce donjon était divisé en plusieurs, étages au moyen de voûtes et de planchers intérieurs auxquels on communiquait par un escalier tournant pratiqué dans l’épaisseur du mur. De plus, il était surmonté par une haute toiture en charpenté, qui donnait à l’édifice une. hauteur totale double environ de celle qu’elle a actuellement. La toiture en charpente, les voûtes et les planchers intérieurs ont été démolis depuis 1789.

Dans la partie supérieure du donjon se trouvait « le Trésor des titres » ; c’était là qu’étaient déposés les titres, chartes et papiers concernant la terre de Pressigny ; ces papiers ont été détruits ou dispersés en totalité à la suite de la révolution de 1789. Un inventaire dressé en mars 1728, au château, par Tenèbre, notaire au Grand-Pressigny, donne l’énumération de ceux que contenait une armoire à quinze guichets, placée dans cette tour.

Après 1789, le donjon et les autres dépendances du château et de la terre de Pressigny ont été saisis au profit de l’État sur M. Gilbert de Voisins, alors propriétaire de cette terre et vendus comme biens nationaux provenant d’émigré. M. Guillaume-François Poyard, demeurant à Tours, s’en rendit adjudicataire et, après son décès, le donjon et le château furent partagés entre ses enfants ; ils échurent à Madame Renée-Emilie Poyard sa fille, épouse de M. Stanislas Moreau, directeur de diligences à Tours.

De Madame Moreau-Poyard, le donjon passa, au moyen de ventes successives à Hippolyte Delaunay père et à Louis Hippolyte Delaunay son fils ; enfin, et pour en assurer la conservation la commune du Grand-Pressigny en fit l’acquisition, suivant contrat de vente passé devant Me Malardier, notaire au Grand-Pressigny, le 24 décembre 1856. Classée maintenant au rang des monuments historiques et placée sous la protection immédiate de l’administration, cette tour échappera, nous l’espérons, à la destruction.

II. Anciennes galeries. — Les anciennes galeries du château forment un vaste corps de bâtiment, élevé sur un rez-de-chaussée à arcades cintrées avec tourelle à la tète orientale, orné d’une façade à colonnades du côté du nord, et communiquant par le côté occidental à la tour octogone dont nous allons parler.

Ce corps de bâtiment fut transmis à Mme Moreau-Poyard par son père, de la même manière que le donjon ; il fut acheté ensuite avec la tour octogone par M. Hospice Guérin, puis, en sont successivement devenus acquéreurs les époux Pasquier-Cellerin, M. Legry, M. Vigeant-Moreau, M. Auguste Page, et enfin le département d’Indre-et-Loire, qui en a fait l’acquisition par contrat passé devant Me Malardier, notaire, au Grand-Pressigny, pour y établir la caserne de gendarmerie.

Les différents propriétaires des anciennes galeries du château ont fait éprouver à cet édifice diverses modifications et mutilations : la toiture, qui se terminait autrefois à angle aigu, a été abaissée d’une manière sensible, les tourelles ont été dégarnies de leur charpente supérieure, et la distribution intérieure a été complètement dénaturée.

Une des cheminées de ce bâtiment est remarquable par les ornements d’architecture qui terminent son tuyau.

C’est à M. le marquis de Villars que l’on doit la construction des anciennes galeries, et son chiffre, consistant en deux V entrelacées de deux S, se voit encore dans les vestiges des belles peintures murales qui les décoraient.

III. Tour octogone, dite tour vironne. — D’une architecture hardie et élégante, cette tour parfaitement conservée est terminée en forme de dôme et couronnée par une galerie circulaire extérieure. On y monte par un escalier tournant pratiqué à l’intérieur, et, du sommet de la galerie supérieure, on domine tous les environs qui viennent réjouir la vue par le spectacle d’un panorama magnifique.

Cette tour se reliait autrefois au château, mais les parties voisines ont été démolies et elle se trouve à peu près isolée.

Elle est comprise dans l’acquisition faite par le département.

IV. Porte fortifiée. — A la partie occidentale de l’enceinte du château se trouve la porte d’entrée encore garnie de la majeure partie de ses anciennes fortifications, telles que tours crénelées, bastions, etc. Un pont-levis jeté au-dessus des douves, venait s’abaisser devant cette porte.

V. Doûves, souterrains, puits. — Le puits à eau, garni d’un couronnement à colonnes a été conservé pour l’usage des habitants. Ce puits, creusé à une grande profondeur, ne tarit pas, même par les plus grandes sécheresses. Un souterrain, actuellement comblé, permettait autrefois de descendre jusqu’au vaste bassin qui forme le fond de ce puits.

Les douves de ceinture encore garnies en partie de murs et flanquées de leurs bastions en ruine, sont transformées en terres cultivées, et les nombreux souterrains qui existaient dans l’enceinte du château et dont on voit encore plusieurs embouchures, sont comblés.

Nous ne ferons pas ici une description plus étendue de ces ruines : nous constatons seulement qu’elles méritent tout l’intérêt de l’archéologue, et nous terminons en appelant sur elles l’attention de l’artiste et de l’observateur.

M. Breton-Dubreuil, ancien maire du Grand-Pressigny, possède une gravure du XVIIe siècle, représentant le château de Pressigny tel qu’il était alors. A l’aide de la photographie, M. Breton a fait reproduire cette gravure à un certain nombre d’exemplaires qu’il a bien voulu offrir aux personnes qui s’intéressent aux souvenirs historiques de la localité.

L’inventaire fait au château en 1728, et dont nous avons conservé une copie, dénomme ainsi les divers appartements où le mobilier inventorié se trouvait placé : 1° la chambre du sieur Moreau, concierge ; 2° la cuisine à côté ; 3° la chambre à côté de celle du concierge ; 4° le cabinet sous un escalier, près la chambre de Madame ; 5° la chambre de Madame ; 6° la chambre à coucher de Madame ; 7° le cabinet dit de la reine-mère ; 8° la petite salle à manger ; 9° la grande salle voûtée du château ; 10° la chambre des demoiselles ; 11° le petit cabinet à côté ; 12° un autre cabinet à côté ; 13° la chambre jaune ; 14° une autre petite chambre ; 15° la chambre de la tour, sur la prison ; 16° un cabinet au-dessus des remises ; 17° un autre cabinet au-dessus des remises ; 18° la chambre au-dessus de celle de Madame ; 19° le cabinet doré ; 20° la chambre bleue ; 21° la chambre d’Holopherne ; 22° le petit cabinet à côté ; 23° la garde-robe de la même chambre ; 24° la grande salle ; 23° la chambre du mauvais riche ; 26° la garde-robe de la dite chambre ; 27° la petite chambre verte ; 28° la grande galerie ; 29° la chambre de M. le marquis ; 30° le cabinet à côté ; 31° le cabinet à écrire ; 32° la chambre des serpents ; 33° le cabinet à côté ; 34° une chambre de domestique ; 35° la chambre vis-à -vis le grand garde-meuble ; 36° la chambre des laquais ; 37° la chambre des officiers ; 38° la chambre du maître-d’hôtel ; 39° la cuisine ; 40» l’office ; 41° la serre ; 42° la chapelle ; 43° le grand garde-meuble ; 44° les caves du château ; 45° les écuries ; 46° la chambre sur l’écurie ; 47° une autre écurie ; 48° le pressoir.

Parc du château. — Il dépendait du château du Grand-Pressigny un parc d’une grande étendue, entièrement entouré de murs, ayant dans son enceinte une orangerie remarquable, des jardins, des parterres, etc.

A l’angle nord-est se trouve une tourelle en ruine.

Vers l’extrémité septentrionale il existe un bassin d’eau vive qui sert à irriguer les prairies voisines. L’un des seigneurs de Pressigny, M. de Maison-Rouge, dit-on, avait projeté d’amener l’eau de ce bassin jusqu’à la place publique du bourg. Des travaux assez importants ont même été commencés dans ce but, et la charrue a mis à jour encore tout récemment, dans plusieurs endroits du parc, des tuyaux de conduite appropriés à cette destination, mais l’entreprise a été abandonnée avant d’être terminée, et elle n’a pas été reprise depuis.

On remarque encore dans le parc une grotte construite en maçonnerie, garnie d’une belle voûte en pierre de taille, avec une façade ornée de médaillons, niches et autres détails d’architecture ; le chiffre de la famille de Villars s’y rencontre sculpté dans plusieurs endroits. Cette grotte était surmontée par un belvédère qui n’existe plus. Dans son voisinage, on voit les excavations où les glacières du château étaient pratiquées.

Capitaines-gouverneurs du Château du Grand-Pressigny.

La garde du château du Grand-Pressigny a été, à plusieurs reprises, confiée à des capitaines-gouverneurs chargés des intérêts des seigneurs du lieu, pendant que ceux-ci, investis de fonctions importantes ou occupés à guerroyer, se tenaient éloignés de leur terre.

Nous citerons notamment comme ayant porté le titre de capitaine du château du Grand-Pressigny :

1. — Antoine François, écuyer, sieur de la Marre, capitaine du château en 1575. Il avait épousé en 1568 Perrine Mesgret ; son fils, ci-après, lui succéda.

2. — Honorat François, sieur de la Borde, devenu depuis, propriétaire des Courtils ; il était capitaine du château en 1605. Marié à Anne Quantin.

3. — Etienne Mathé, écuyer, sieur de la Verdure et de Crançay ; d’abord maître-d’hôtel du marquis de Villars, puis capitaine du château, fonction qu’il exerçait en 1629. Il mourut âgé de 84 ans, le 14 février 1637 ; marié à Elisabeth de Gabet.

4. — Théophile de Casenoue, d’abord précepteur des enfants du marquis de Sillery, puis capitaine du château, fonction qu’il exerçait en 1645. Décédé le 20 juillet 1649 ; marié à Jeanne Gouaillon.

5. — Guillaume Pol, sieur de Malbastit, vivait en 1658. Il avait épousé Gabrielle Maret.

6. — Jean-Mathieu de la Mothe, écuyer, sieur du Monsel ; marié à Anne François des Rosiers.

7. — Vautier de Roy, sieur des Voustes, commença son exercice en 1664 ; il avait épousé Denise Haran.

8. — Charles Gardret, capitaine du château en 1676.

9. — Marin Lucas exerçait en 1714 ; mort le 1er février 1721.

Les registres de l’état civil de l’époque, nous fournissent sur M. du Monsel, capitaine 6e nommé, un article nécrologique contenant certains détails utiles à consulter pour notre histoire locale. Nous les reproduisons ici.

« Le 23 décembre 1713 a été inhumé Jean-Mathieu du Monsel, gouverneur du château de Pressigny. Il était originaire de Gascogne, et après plusieurs campagnes en Italie et en Flandre, il vint ici vers l’année 1650, au service de Monseigneur le marquis de Sillery, qui le choisit pour être gouverneur de M. le marquis de Puisieux, son fils aîné, ci-devant ambassadeur en Suisse et gouverneur d’Orives, et le conduire à l’armée dans ses premières campagnes. Il resta auprès M. de la Basinière après qu’il eut acheté le Grand-Pressigny de M. de Sillery, pendant lequel temps il épousa Mlle des Rosiers, et après la mort de M. de la Basinière, Mme la comtesse de Nancré, sa fille s’étant trouvée dame de ce lieu, l’a conservé dans sa maison où il a vécu toujours fort exemplairement et avec une fidélité si inviolable à ses maîtres, qu’étant tombé dans un âge décrépit, sa maîtresse a cru ne pouvoir reconnaître ses services, qu’en lui faisant fournir abondamment tout le nécessaire à la vie jusqu’au dernier soupir. Son humilité l’a porté à être enterré sans cercueil dans le cimetière, immédiatement derrière l’autel. Messieurs du Chapitre ont assisté à ses funérailles. »

(Signé) Davaillau, curé.

Église du Grand-Pressigny.

A l’exception des peintures murales de la sacristie, l’église du Grand-Pressigny n’offre rien de bien remarquable. L’abside est de forme circulaire, elle se rattache au style roman ; la nef et les autres portions du vaisseau présentent une distribution irrégulière qui indique des retouches et des augmentations faites sans uniformité de composition et à des époques assez éloignées les unes des autres.

Depuis longtemps, Pressigny est en possession d’une église. Grégoire de Tours la cite dans ses ouvrages, et il indique qu’elle était bâtie bien avant le temps où il écrivait (VIe siècle). Il nous apprend aussi (vie de saint Nicet) qu’il lui donna des reliques de saint Nicet, évêque de Lyon. Les reliques n’ont pas été conservées et notre église n’en possède plus.

Saint Gervais et saint Protais sont ses patrons.

Une litre seigneuriale, encore apparente, entourait l’église à l’extérieur ; les armoiries en ont été effacées.

Clocher. — Le clocher a été reconstruit en 1656 aux frais de M. Brulard de Sillery, baron du Grand-Pressigny, par Jacques Poitou, charpentier, décédé le 6 avril 1638.

Inscription. — Au-dessus de la principale porte latérale, du côté du nord, à l’extérieur, on remarque une inscription occupant trois pierres superposées, et gravée eu caractères gothiques. La lecture en est devenue assez difficile par suite de quelques dégradations et aussi par l’effet de la couche de badigeon qui la recouvre.

Avec le concours de M. l’abbé Hersant, alors vicaire du Grand-Pressigny, j’ai étudié cette inscription, j’en ai dressé un fac-similé que j’ai adressé à la Société archéologique de Touraine, et il en a été rendu compte dans la séance du 25 novembre 1863 (v. le tome 17 des mémoires, page XXXVIII*).

La première pierre, celle supérieure, paraît avoir été occupée par des armoiries, effacées avec l’aide du marteau et du ciseau. La surface des deux autres est occupée par l’inscription qui contient douze lignes.

Voici les phrases et parties de phrases que M. Hersant et moi avons déchiffrées : « ..... mette en son mémoire qu’en ceste église a fait faire feu messire Jacques de Tigne, chevalier, sieur de Pressigne, qui espousa dame Hardouyne de Laval, c’est chose certayne, l’an mil cinq cent et ung en may le quart jor trépassa ..... céans en ... Dieu en ayt l’âme en paradis. Amen ... ceux qui près ci passe prie Dieu pour les trespassés Jehan de Laurene, servitur dudit signur. »

Ces fragments sont assez complets pour permettre de supposer que ces pierres faisaient partie d’un monument funèbre élevé dans l’église du Grand-Pressigny, à la mémoire de Jacques de Tigny, l’un des barons du Grand-Pressigny, et que le déplacement de ce monument étant devenu nécessaire, probablement en raison de l’agrandissement de l’église par l’addition d’une aile supplémentaire, les pierres contenant l’inscription ont été placées dans le mur de la partie ajoutée, à la place où on les voit maintenant, afin d’en assurer la conservation.

Crypte. — Sous l’abside, il existe une crypte, mais l’entrée est murée par le dallage.

Sacristie ; chapelle seigneuriale. — La sacristie est placée dans une chapelle voûtée qui, autrefois, était la chapelle seigneuriale du lieu.

Des peintures murales du plus grand mérite, et dont l’auteur n’est pas connu, ornaient, il y a peu de temps encore, tout l’intérieur de cette chapelle. Le badigeon, des ouvrages de menuiserie et de maçonnerie nous en ont enlevé la majeure partie, au grand regret des amis des arts ; cependant ce qui a été épargné est encore un digne sujet d’admiration, et M. le comte de Galembert, dans une notice publiée dans les mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome V, page 226, en a donné une description aussi intéressante qu’exacte. Nous y renvoyons.

Comme nous venons de le dire, l’auteur de ces peintures est encore inconnu ; le champ des suppositions est donc ouvert. Les devons-nous au pinceau d’un grand maître tel que le Primatice ou Philippe de Champagne, ainsi que quelques personnes le pensent, ou bien devons-nous les attribuer à un nom moins célèbre ? Nous n’avons pas les éléments suffisants pour répondre d’une manière satisfaisante à cette question, mais, sans émettre ici notre opinion, nous ferons remarquer, à titre de simple renseignement, que sur les registres des actes de baptême de la paroisse du Grand-Pressigny, se trouve inscrit, à la date du 28 mai 1620, un acte où figurent : comme marraine « demoiselle Jeanne de Saulx, fille de M. le vicomte de Tavannes, étant près de la marquise de Villars, sa tante, » et comme parrain, « Jean Dichyer, peintre de Monseigneur le marquis (de Villars, baron du Grand-Pressigny). »

Ce Jean Dichyer ne serait-il pas l’auteur des peintures murales dont il s’agit ? Nous serions assez disposé à le croire.

Caveau sous cette chapelle. — Ce caveau était destiné à recevoir les restes mortels des seigneurs du Grand-Pressigny.

Dans une notice adressée à la société archéologique de Touraine, insérée dans le tome 3 du bulletin de cette Société et que nous ne reproduisons pas ici, nous avons rendu compte d’une excursion que nous avions faite en 1867 en ce caveau avec M. Breton-Dubreuil, alors maire du Grand-Pressigny, et M. le docteur Léveillé. Nous y avons établi la description du caveau, l’indication des inscriptions qui y existaient, ainsi que l’inventaire des ossements que nous y avons trouvés, ossements qu’avaient contenus autrefois des cercueils brisés et enlevés à l’époque révolutionnaire. Enfin, dans notre conclusion, nous avons expliqué que, parmi ces ossements, une partie appartenait aux cinq personnages suivants :

1° Honorât de Savoie, marquis de Villars, baron du Grand-Pressigny, décédé le 20 septembre 1580 ;

2° Jeanne de Foix, sa femme, décédée le 30 mai 1542 ;

3° Philibert-Emmanuel des Prez de Montpezat, marquis de Villars, baron du Grand-Pressigny, tué au siège de Montauban, le 5 septembre 1621 ;

4° Henri de Lorraine ;

5° Et Macé Bertrand, fils aîné de Macé Bertrand de la Basinière, baron du Grand-Pressigny, tué le 14 novembre 1672 par le sieur de la Prade.

Chapelle dite actuellement de sainte Barbe. — Une autre chapelle, située dans la partie méridionale de l’église, est dédiée à sainte Barbe. Elle attire particulièrement les dévotions des habitants de la campagne, qui viennent, chaque année, invoquer la protection de la sainte contre la grêle.

Chapelle dite de sainte Anne, autrefois de sainte Barbe ou de la Borde, — La chapelle actuelle de sainte Barbe n’est pas celle qui, dans l’origine, avait été placée sous ce vocable. Cette dernière reconnaît maintenant sainte Anne pour patronne. Elle est située dans la partie septentrionale de l’église, à côté de la porte d’entrée ; elle forme une annexe en saillie sur la place, et un petit clocheton où se trouvait autrefois une cloche la surmonte.

C’est à la générosité d’un prêtre nommé Robert Chesneau, bachelier en droit, seigneur de la Borde, près de la Joubardière, et curé de Romainville, au diocèse de Chartres, que l’on doit la chapelle primitive de sainte Barbe, aujourd’hui de sainte Anne, et que quelques anciens titres désignent aussi sous le nom de chapelle de la Borde.

Elle fut construite en 1552 : les travaux commencèrent le 1er août de la même année ; le fondateur en posa la première pierre et il ordonna qu’il y serait inhumé, en réglant en même temps les cérémonies religieuses et les prières qui auraient lieu après son décès pour le repos de son âme.

Afin d’assurer le service du culte divin dans sa chapelle, Robert Chesneau y institua un chapitre composé d’un certain nombre de chapelains, et au moyen de diverses donations, il pourvut à l’entretien de cette chapellenie.

La date de l’acte de fondation et du chapitre est du 1er mars 1553. Pour les renseignements concernant le chapitre du Grand-Pressigny et sa composition, voir ci-après.

Liste des curés du Grand-Pressigny.

Les archives communales fournissent les éléments nécessaires pour établir cette liste d’une manière complète depuis 1579 ; les documents nous manquent pour l’époque antérieure.

Massot (Jean), curé en 1559.

Il faisait partie de l’assemblée des notables réunie à Tours pour la révision de la coutume le 3 octobre 1569.

Barre, curé en 1575 jusqu’en 1590.

On remarque de lui, sur les registres de l’état civil un acte de baptême à la date du 13 août 1579 où les parrains étaient Honorat de Savoie, comte de Tende, amiral de France, et Philippe de Créqui, chevalier de l’ordre du roi, sieur des Bordes, et la marraine madame Anne de Rochechouard dame de Villequier et d’Etableau.

Roy, de 1590 à 1638.

Vanneur, de 1638 à 1641.

Ce curé constata en ces termes, sur les registres, de l’état civil, la prise de possession de sa cure. « J’ai sousigné, pris possession de la cure des bienheureux saint Gervais et saint Protais du Grand-Pressigny en Touraine, le 24 février 1638 à l’issue de la grand’messe et vespres, environ midi, en vertu de mon visa, obtenu à Tours, le 19 du même mois et an et signé Bertrandus d’Eschaus ar. Turonensis, ayant en mains mes provisions de Rome, en date du 3 décembre 1637, lesquelles ont été expédiées suivant le contenu de la procure ad resignandum de messire Louis Roy, mon prédécesseur, passées en ma faveur par Dethays, notaire royal, demeurant à Sainte-Julitte le 26 octobre de la même année. »

Le dernier acte de baptême signé par ce curé porte la date du 16 avril 1641. Il y eut ensuite vacance dans la cure jusqu’en 1648. Pendant cette vacance, un délégué était chargé du service.

Bouguereau, de 1648 à 1657.

Son premier acte de baptême porte la date du 9 février 1648.

Delafond, de 1657 à 1666.

Le premier acte de baptême signé par ce curé est daté du 13 août 1657.

Ayant été appelé à protester contre les propositions de Jansenius, il a laissé sur les registres de l’état-civil la teneur de sa protestation ; elle est ainsi conçue :

« J’ai, prêtre, curé et chanoine de l’église de St-Gervais et de St-Protais du Grand-Pressigny étant en synode de ce diocèse de Tours, tenu par M. Victor le Bouthelier, archevêque, signé avec tous les curés les constitutions des papes Innocent X et Alexandre VII touchant les cinq propositions de Cornélius Jansenius, et les ai depuis fait signer dans le présent registre à Messire Charles-Louis Yvert, mon vicaire et maître du collège dudit lieu en la forme et teneur qui s’en suit :

« Je me soumets sincèrement à la constitution du pape Innocent X, du 31 mai 1653, selon son véritable sens qui a été déterminé par la constitution de N. S. P. le pape Alexandre VII, du 16 octobre 1656. Je reconnais que je suis obligé d’obéir à ces constitutions et je condamne de cœur et de bouche la doctrine des cinq propositions de C. Jansenius contenues dans, son livre intitulé : Augustinus, que ces deux papes et les évêques ont condamnées, laquelle doctrine n’est point celle de saint Augustin que Jansenius a mal expliqué contre le vrai sens de ce docteur. »

« (Signé) Delafond, curé, chanoine du Grand-Pressigny, Hyvert, vicaire du Grand-Pressigny et maître du collège. »

M. Delafond consigna encore sur les mêmes registres une ordonnance de l’archevêque de Tours en date du 2 juin 1661, qui défendait aux prêtres de son diocèse de fréquenter les cabarets et de dire la messe en justaucorps.

Imbault, de 1666 à 1683.

Trouvé, chanoine et curé, de 1683 à 1687.

Aviron, chanoine et curé, de 1687 à 1695.

Dumont, chanoine docteur en Sorbonne, de 1695 à 1699.

Davaillau, de 1699 à 1717 ; il fut inhumé le 31 janvier 1717.

Regnard, curé et chanoine, de 1717 à 1747 ; décédé le 7 mars 1747 à 67 ans.

Ténèbre, de 1747 à 1772 ; décédé le 26 septembre 1772.

Dutertre, de 1772 à la fin de 1817.

Il suspendit ses fonctions de curé pendant l’époque révolutionnaire qui suivit 1789 ; il ne les reprit, pour les exercer d’une manière régulière qu’en 1802.

Pendant cette période, le curé Martineau, prêtre assermenté, dit constitutionnel, exerçait le ministère du culte d’une manière ostensible, et le curé Drouard, de Saint-Martin d’Etableau, prêtre non assermenté, dit catholique, administrait secrètement les sacrements aux fidèles qui ne voulaient pas avoir recours au curé constitutionnel. M. Drouard avait reçu à cet effet de l’archevêque une autorisation qui s’étendait à tout le diocèse.

Ganne, de 1818 à 1830.

Pouant, de 1830 à 1868.

Baillif, exerce depuis 1868.

Chapitre du Grand-Pressigny.

Robert Chesneau, seigneur de la Borde, curé de Romainville, après avoir fait bâtir en 1552 de ses propres deniers, et avoir placé sous l’invocation de sainte Barbe « une belle chapelle au costé senestre entrant en l’église paroisse de St-Gervais et St-Protais du Grand-Pressigny, » pourvut cette chapelle de toutes choses nécessaires à l’exercice du culte, telles que nappes, linge, livres, calice et cloche, pour y célébrer à perpétuité le service divin ; puis, par acte passé devant notaire au Grand-Pressigny, le 1er mars 1552, il institua un chapitre composé de sept chapelains et de deux enfants de chœur,

Entre autres dispositions réglementaires que les chapelains devaient observer à peine d’amende, M. Chesneau ordonna que le service religieux se dirait paisiblement, posément et intelligiblement, sans précipitation ; que les chapelains seraient munis de leur surplis et chaperon ; qu’ils chanteraient matines ou vigiles depuis le jour de Pâques jusqu’à la Toussaint, à 5 heures du matin et depuis la Toussaint jusqu’à Pâques, à 6 heures ; qu’enfin ils diraient vêpres en tout temps à 3 heures après midi.

Le curé de la paroisse du Grand-Pressigny, mais non son vicaire, devait faire partie de droit du chapitre.

Pour former la première composition du personnel de ce chapitre, M. Chesneau désigna, outre Messire Jehan Massot, curé du Grand-Pressigny, savoir :

Comme premier et principal chapelain, Gérard Barre, clerc tonsuré, étudiant à l’Université de Poitiers, non encore prêtre, mais se disposant à le devenir ; jusqu’à sa nomination à la prêtrise l’un de ses collègues devait le suppléer.

Le premier chapelain présidait le Chapitre ; il émettait le premier, si bon lui semblait, son opinion aux conseils ; il recueillait l’avis des autres et en cas de partage des voix, la sienne était prépondérante. Il prélevait chaque année, en plus que les autres chanoines, 50 sols sur les ressources communes.

Comme deuxième chapelain, M. Pierre Dechartre, chargé de l’office de sacristain et de marguillier. Il avait la garde des clefs et des ornements ; il sonnait les offices, allumait et éteignait les cierges et fournissait l’encens. Il lui était alloué aussi une somme de 50 sols à prélever sur les ressources communes ; en cas de négligence, il pouvait être puni d’amende et privé de son traitement.

Comme troisième chapelain, M. Pierre Perrot, pointeur, avec mission de pointer les chapelains qui seraient présents et feraient leur devoir, et ceux qui s’absenteraient aux heures du service. Il devait, chaque semaine, placer dans la chapelle un tableau contenant la liste des chapelains, avec l’indication des devoirs et charges que chacun d’eux avait à remplir. Il prélevait sur les revenus du chapitre 25 sols.

Comme quatrième et cinquième chapelains, MM. Pierre Bernier et Pierre Groignard.

Quant au sixième, le droit de le présenter fut accordé à Madame Anne de Rochechouart, dame d’Étableau, sa vie durant, en reconnaissance de ses bienfaits, et cette dame présenta Adam du Mont.

Enfin, ont été désignés : pour premier enfant de chœur, Léonard Barre, et pour second, Émery Bidon. Onze sols tournois leur furent accordés à chacun annuellement sur le revenu de la fondation, et dans le cas où ils se feraient recevoir prêtres, ils pouvaient se faire recevoir chapelains par préférence à tous autres au fur et à mesure qu’il y aurait vacance de titres.

M. Chesneau se réserva pendant sa vie le droit de patronage et de présentation des chapelains ; après son décès ce droit revenait à l’archevêque.

Pour faire face aux charges de cette fondation, il consentit à l’abandon de différents cens, rentes, revenus et immeubles ; le titre qui nous fournit ces renseignements n’en contient pas l’énumération, mais d’autres documents font connaître que le domaine de la Borde, notamment, était compris dans l’abandon.

Cette dotation fut augmentée peu de temps après au moyen d’une nouvelle donation que M. Chesneau fit au Chapitre, par acte, en date du 21 février 1554.

La fondation du chapitre du Grand-Pressigny fut autorisée par Mgr Simon de Maillé, archevêque de Tours, en 1554, et elle fut confirmée par lettres patentes de Henri II, en date à Compiègne du mois de juillet 1557.

Par un testament en date de 1574, et des codiciles d’avril et de mai 1579, Honorat de Savoie, marquis de Villars, baron du Grand-Pressigny, donna au Chapitre de Ste-Barbe, érigé en l’église du Grand-Pressigny, une rente de 1000 livres, destinée à être employée à l’entretien d’un doyen, de six chanoines, de quatre chapelains et de deux enfants de chœur.

Sa fille Henriette, par contrat du 15 juin 1594, augmenta cette donation de 210 livres, ce qui portait la rente à 1210 livres. Plus tard, Henriette de Savoie revenant sur ces dispositions et abusant très probablement de son influence et de son autorité, fit accepter par le mandataire des chanoines, une convention passée devant deux notaires du Châtelet de Paris, le 18 septembre 1602, par laquelle elle se libérait envers les chanoines des dons qui leur avaient été faits, tant par elle que par Honorat de Savoie, son père, en échange de l’abandon qu’elle leur faisait d’une rente de 500 livres, due par Florentin Ruau, rachetable au capital de 6000 livres. — Les chanoines retenus par la crainte n’attaquèrent cette convention qu’après le décès d’Henriette de Savoie, et elle fut annulée comme entachée de lésion par lettres patentes de Louis XIII, en date du 23 juillet 1614.

M. Gilbert de Voisins, baron du Grand-Pressigny, fit supprimer le chapitre du Grand-Pressigny en 1785, par l’archevêque de Tours.

On lit à ce sujet sur les registres de l’état civil :

« Le 27 novembre 1785, le décret d’extinction du chapitre du Grand-Pressigny a été fulminé au prône de la messe paroissiale du dit Grand-Pressigny par le sieur Dutertre, curé de la dite. paroisse, en conséquence, l’office canonial a cessé dudit jour, lequel avait été établi en l’année 1552, et avait été fondé par Robert Chesneau, et depuis doté par les seigneurs de Pressigny. Il est aujourd’hui détruit à la réquisition de M. Gilbert de Voisins, président du Parlement de Paris, seigneur dudit Pressigny et Étableau. Les habitants des deux paroisses et autres circonvoisines ont marqué la sensibilité la plus grande à la destruction du dit Chapitre. »

Signé, Drouard, curé.

Le curé de la paroisse et les chanoines n’étaient pas toujours d’accord sur leurs prétentions respectives, si nous devons en juger par une note laissée par M. Dutertre, curé de Pressigny, sur le registre des baptêmes ; nous la rapportons ici textuellement :

« Comme les chanoines ont fait depuis qu’ils sont entrés dans l’église paroissiale, en 1630, bien des usurpations sur les droits honorifiques de la cure, de crainte qu’ils ne s’arrogent une armoire à deux battants qui y est placée derrière les stalles, je déclare qu’elle y a été placée par un curé et qu’elle leur a toujours servi seuls jusqu’en 1728, que M. Regnard, curé, en céda la moitié à M. Dupuy, chanoine. »

La rente que les seigneurs du Grand-Pressigny servaient au chapitre s’élevait à 2400 livres en 1664.

Voici les noms de quelques-uns des chanoines du Grand-Pressigny : En 1662, Noël Delafond, François Lambert, Charles Champanois, Pierre Chevalier, Claude Champanois, Mathieu Chaslant ; — en 1673, Jacques Imbault, Charles et Claude Champanois, Mathieu Chaslant, Charles-Louis Yvert, Gabriel Devant et Louis Girard ; — en 1730, Joseph Moreau, Guillaume Regnard, Emery Thibœuf, Théodore-Acton de Marsay, Charles Villeret, Mathieu Chrestien et Pierre Tenèbre.

Place de l'église

La plus grande partie de la place publique qui se trouve devant l’église était occupée autrefois par le cimetière.

Le curé Tenèbre la fit enclore en 1754. Les désagréments financiers que ce travail lui suscita sont racontés par lui dans une note que nous retrouvons sur les registres de l’état civil et que nous rapportons ici :

« Au mois d’octobre 1754, j’ai, curé soussigné, acheté de la paroisse sept gros ormeaux qui étaient sur la place en assez mauvais ordre : je les ai achetés 90 livres, de laquelle somme j’ai retenu 50 livres pour le prix de la croix argentée que j’ai rapportée de Paris. Le surplus de la dite somme a été employé à faire renfermer la dite place par des poteaux de six en six pieds et des membrures de l’un à l’autre. M. de Maisonrouge, seigneur de ce lieu, a fourni le bois qui a été pris dans le parc.

Comme je faisais tirer par un câble et un tour un des plus gros ormeaux qui était placé entre la croix nouvellement placée au coin du cimetière et la maison de madame Robin, un vent impétueux s’éleva tout d’un coup du sud-ouest et renversa l’arbre sur la maison qui était en fort mauvais état, la dite dame Robin étant absente. J’ai fait mettre à neuf sa maison, comptant qu’elle entrerait pour quelque chose dans la dépense, mais elle n’a jamais voulu y entendre. J’ai mieux aimé laisser la chose que d’en venir aux extrémités. La croix, avant cette nouvelle plantation, était où se trouve le premier arbre à droite de l’allée qui est le long de la halle. J’ai tiré les jeunes arbres de chez M. le marquis de la Grange, dont je suis fort l’ami.

M. de Maisonrouge m’a fait payer 100 livres le bois qu’il avait promis fournir gratis pour renfermer la place. »

Halles

Pressigny possédait d’anciennes halles, accompagnées d’un corps de bâtiment composé de deux pièces dont l’une servait de salle d’audience. Ces halles, dues probablement à la libéralité d’un des seigneurs du Grand-Pressigny, ne présentaient rien que de très disgracieux dans leur forme. Elles ont été démolies en 1864 ; sur leur emplacement et sur celui d’une petite maison y attenant, a été construit l’édifice communal dont le rez-de-chaussée est resté affecté à la destination de halles et dont le. premier étage sert de mairie et de justice de paix.

Collège

Le grand corps de bâtiment que l’on désigne sous le nom de collège est dû, suivant Dufour, à la générosité de l’un des seigneurs du Grand-Pressigny.

La destination qu’il reçut alors et que son nom indique, lui a été conservé jusqu’à nos jours : il est aujourd’hui le siège de l’école primaire de la commune, après avoir été celui d’un établissement d’enseignement public qui n’a pas laissé que d’avoir autrefois une certaine importance.

Quelle qu’ait pu être jadis cette importance, il est à remarquer que l’influence d’une bonne école s’est fait sentir dans la contrée, depuis la fin du XVIe siècle jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Pendant cette période, les actes de l’état civil et les actes notariés portent presque toujours la signature des parties contractantes, et à la hardiesse de cette signature on reconnaît une plume exercée.

On voit figurer dans les archives locales, en 1150, comme maître ou directeur du collège le nommé Charles-Louis Yvert, vicaire au Grand-Pressigny. — En 1787, le collège avait pour principal l’abbé Deletang.

En 1660, François Dieulefit, de Châtellerault, devait au collège du Grand-Pressigny une rente, et il en consentait titre nouvel devant Tenèbre, notaire, le 23 de la même année.

Four banal

Tout seigneur, haut et moyen justicier, possédant bourg, avait, d’après les coutumes, un four banal où chaque habitant du bourg relevant de la seigneurie, était tenu de faire cuire son pain à peine d’amende et même de confiscation.

Le four banal du Grand-Pressigny était situé dans la rue qui en porte encore aujourd’hui le nom, sur l’emplacement d’une grange appartenant maintenant à François Coursault, boucher.

Après la révolution, il fut adjugé à M. Victor-Nazaire Chevrier-Favier, suivant procès-verbal dressé au district de Preuilly, le 21 nivôse an 2, et par un acte passé devant Millé, notaire à Neuilly, le 19 messidor suivant, ce four devint la propriété commune de M. Chevrier-Favier et de quelques autres habitants de Pressigny que M. Chevrier s’associa dans son acquisition.

Malardier.



  1. Il y avait, comme on le sait, deux sortes d’hommage : 1o le lige (celui qui lie), engagement absolu, dont le serment se prêtait à genoux, sans épée ni éperons, les mains dans celles du seigneur: l’homme lige devait le service personnel à l’armée ; il était en quelque sorte attaché à la glèbe comme le serf, car il ne pouvait affranchir sa personne de la vassalité en renonçant au fief. 2o Le simple, dont le serment se prêtait debout, l’épés au coté, les mains libres. Le simple vassal pouvait se faire remplacer dans le service militaire et il pouvait renoncer à l’obéissance du seigneur en rendant le fief (Henri Martin).
  2. Les justices seigneuriales s’exerçaient an nom des seigneurs et par des juges qu’ils instituaient et dont le chef se nommait communément bailli ; elles se divisaient en hautes, moyennes et basses justices suivant le degré plus ou moins éminent des seigneurs. Tous les fiefs n’avaient pas le droit de justice, ce qui faisait dire que fief et justice n’avaient rien de commun. La coutume de Touraine réglait la compétence de ces diverses classes de justices.
  3. Les généralités étaient ainsi nommées parce que chacune d’elles formait le ressort des receveurs généraux ou d’un bureau de finances. Les receveurs généraux nommaient, inspectaient, destituaient les élus, greneliers, contrôleurs, receveurs particuliers, sergents des aides. Chaque généralité avait plusieurs élections. Les élections jugeaient en première instance la plupart des affaires relatives aux impôts dont les Cours des aides connaissaient par appel. Les officiers qui les composaient étaient en outre chargés de la répartition de l’impôt et d’en faire opérer la perception par des collecteurs. Il y avait en outre dans chaque généralité un Intendant et des subdélégués nommés par lui, dont les attributions avaient beaucoup de rapport avec les préfets et les sous-préfets de nos jours. Ils étaient chargés de maintenir le bon ordre et d’exécuter les commissions ou ordres que les rois ou leur conseil leur donnaient. La généralité de Tours s’étendait dans le Maine, l’Anjou et la Touraine, et ses élections étaient : le Mans, Laval, Château-du-Loir, Angers, Beaugé, la Flèche, Châleau-Gontier, Saumur, Montreuil-Bellay, Tours, Amboise, Loches, Chinon, Mayenne, Richelieu et Loudun (Paillet).