Notice historique sur L’Abord-à-Plouffe/Biographie

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Typographie L’Action populaire (p. 66-71).


CHAPITRE IX


LE RÉVEREND M. LEBLANC CURÉ DE ST-MARTIN, 1881-1920


BIOGRAPHIE — ŒUVRES

Il nous est impossible de passer sous silence, en écrivant ce modeste volume, la belle figure de M. Maxime LeBlanc, curé de St-Martin. Sa vie est si intimement liée à la vie de l’Abord-à-Plouffe, son séjour parmi nous a été si avantageux, son nom si connu et aimé que nous serions incomplet sans lui. Mgr Fabre en 1881, appelait ce digne prêtre à la succession de M. Urgel Archambault, qui n’avait fait que passer, et le 14 mars de la même année M. LeBlanc nous arrivait avec le désir « de se faire tout à tous » pour gagner les âmes à Jésus-Christ. Monsieur Leblanc administre donc la paroisse, à laquelle les fidèles de l’Abord-à-Plouffe ont le plaisir et le bonheur d’appartenir, depuis 39 ans. 39 ans à la tête d’une paroisse : quelle mission et quelle couronne d’œuvres et de mérites !

Le Révérend Maxime Leblanc est né à St-Jacques de l’Achigan — cette pépinière de prêtres, de religieux et de religieuses — le 13 mars 1840. Son père, un brave et bon cultivateur, avait nom Pierre LeBlanc, et sa mère Josephte Majeau. Il fréquenta d’abord l’école du Ruisseau St-Georges où il se fit déjà remarquer par sa bonté de cœur et sa piété. En 1853 après avoir fait sa première communion à l’église paroissiale et sous M. Paré le Saint Curé d’alors, il partait pour le collège l’Assomption. Il y fit partie du 20e Cours et eut pour condisciples feu Sir Wilfrid Laurier et le Notaire Elie Marsolais seul survivant avec lui, d’une classe qui fournit des hommes illustres à la Religion et à la Patrie. En 1860 il entrait au Grand Séminaire de Montréal. En 1863 il devenait professeur et en 1864 le 12 mars Monseigneur Bourget l’élevait au sacerdoce.

Une fois prêtre, M. LeBlanc fut nommé vicaire à St-Philippe de Laprairie (1864 — 66), puis à Berthier (1866 — 68), il revint de nouveau vicaire à Berthier (1869). La même année il fut nommé curé (le deuxième) de Ste-Agathe des Monts. Il y demeura 7 ans (1869 — 1876). Compagnon de Monseigneur Labelle, curé de St-Jérôme, il fut son collaborateur précieux et zélé. Avec lui il aida à peupler le Nord. L’humble Se-Agathe comprenait autrefois La Rondelle Ste-Jovite et St-Faustin.

M. Leblanc aimait ses gens de là-bas : il en parle souvent et répète avec âme : « j’y ai vécu les plus belles années de ma vie. » Tous les bonheurs sont éphémères et Mgr Bourget le nomma en 1876 à la cure de St-Félix de Valois. C’est là à quelques lieues de Joliette et en relations directes et fréquentes avec eux que Monsieur LeBlanc devint l’ami et le confident des Clercs de St-Viateur qui surent toujours trouver en lui un bienfaiteur solide et généreux. Enfin en 1881 il fut appelé à la cure de St-Martin, comme nous le disions au début de ce chapitre


L’administration de M. Dubé avait laissé la paroisse presque en pleine crise. Les temps étaient durs et les esprits montés. La dette énorme $39,000,00, l’église inachevée, le presbytère à construire, les écoles à améliorer : autant de choses qui rendaient la position difficile. Le départ précipité de M. Archambault n’était pas de nature à attirer le nouveau curé. Homme de foi et ne comptant que sur Dieu, M. LeBlanc accepta le poste. On raconte dans les familles comment il s’y prit pour calmer les esprits : il fut patient et pria avec les fidèles. « Allons, mettons-nous sous la protection de St-Joseph et tout ira bien » (19 mars 1881). La question d’argent était secondaire. De fait tout alla bien. Lentement mais sûrement il se concilia les esprits et les cœurs : il adoucit les difficultés, il réorganisa les finances. Contents de lui et fidèles à suivre ses conseils sages et prudents, les paroissiens firent terminer l’église (1883), construire le nouveau presbytère, agrandir le cimetière. L’ornementation du lieu saint lui était chère. Ce fut sous son inspiration que le Chemin de Croix fut érigé avec ses belles stations, que le sanctuaire fut enrichi et que le plancher de bois franc fut construit. En


M. l’abbé MAXIME LEBLANC, curé de St-Martin depuis le 31 mars 1881.

1914, lors de ses noces d’or, la dette était totalement éteinte,

les écoles étaient agrandies et améliorées, la Maison des Retraites fermées était construite et fréquentée, la Maison Mère des Sœurs du Bon Pasteur était fondée, le pensionnat des Sœurs de Ste-Croix considérablement augmenté.

Auparavant (1900) il avait permis la division de St-Elzéar (109 familles furent prises sur St-Martin). Plus tard il accordera 54 familles au nouveau curé du Pont-Viau (1915) et 150 au fondateur de Laval des Rapides. (1917) M. LeBlanc veut le bien de ses ouailles et ne cherche qu’une chose : leur faire plaisir en leur étant utile. Aussi en 1916 il se rendit à la demande des citoyens de l’Abord-à-Plouffe et leur accorda une desserte. Il voulut lui-même y dire la première messe le 3 juin de la même année.

M. Leblanc dirige encore sa paroisse et avec succès. Le 12 mars, il célébrait son 56e anniversaire d’ordination, les 13 et 14 son 80e d’âge et son 39e d’arrivée à St-Martin.

Souhaitons que le Bon Dieu nous garde encore longtemps ce prêtre si paternel, si prudent et si dévoué !

C’est le vœu que nous formulons en finissant notre tâche.