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Notre avenir à tous - Rapport Brundtland/Chapitre 11

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Chapitre 10 Rapport Brundtland Chapitre 12




Commission mondiale sur l’environnement et le développement

Chapitre 11
Paix, sécurité, développement et environnement



Introduction

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Parmi les dangers qui confrontent l’environnement, le plus grave est incontestablement l’éventualité d’une guerre nucléaire ou d’un conflit militaire de moindre ampleur, mais avec emploi d’armes de destruction massive. Certains aspects des questions de paix et de sécurité concernent directement la notion de développement durable. En fait, ils ont une importance primordiale pour celui-ci.

La perturbation de l’environnement est à la fois une cause et un effet de tensions politiques et de conflits militaires (1). Des pays ont souvent combattu pour acquérir ou résister à un contrôle sur des matières premières, des sources d’énergie, des territoires, des bassins fluviaux, des détroits maritimes et d’autres éléments clefs de l’environnement. Il est vraisemblable que des différends de ce genre deviendront de plus en plus fréquents, à mesure que ces ressources se raréfieront et que la concurrence pour en disposer s’intensifiera.

C’est dans l’hypothèse d’une guerre thermonucléaire que les conséquences d’un conflit armé seraient le plus désastreuses pour l’environnement. Mais les armes classiques, biologiques ou chimiques, ainsi que le bouleversement de la production économique et de l’organisation sociale, imputable à des hostilités ou à des migrations massives de réfugiés, provoqueraient également des effets dommageables. Même si l’on parvenait à prévenir la guerre et restreindre le conflit, un état de « paix » pourrait fort bien comporter un détournement vers la fabrication d’armement d’amples ressources qui pourraient, en partie tout au moins, servir à promouvoir telles ou telles modalités de développement durables.

Plusieurs facteurs affectent les rapports qui existent entre la perturbation de l’environnement, la pauvreté et la sécurité, au nombre desquels on peut citer des politiques de développement inappropriées, des tendances défavorables dans l’économie internationale, des injustices au sein de sociétés multiraciales et les pressions exercées par la croissance démographique. Ces liens entre l’environnement, le développement et les conflits sont complexes et souvent mal compris. Mais une approche globale de la sécurité internationale et nationale doit transcender l’accent traditionnellement mis sur la puissance militaire et sur la compétition armée. Les véritables sources de l’insécurité comprennent également un développement non durable, dont les effets peuvent se combiner avec des formes de conflit traditionnelles qui sont susceptibles d’élargir et d’approfondir ces dernières.

I. La perturbation de l’environnement en tant que source de conflit

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Il est rare que la perturbation de l’environnement soit l’unique cause de conflits importants à l’intérieur ou entre des pays. Néanmoins, ces conflits peuvent être dus à une marginalisation de tels ou tels secteurs de la population et à la violence qui s’ensuit. Cela arrive lorsque l’on ne parvient pas à maîtriser, par des processus politiques, les effets d’une perturbation de l’environnement causés, par exemple, par l’érosion ou la désertification. La perturbation de l’environnement peut donc représenter un maillon important de la chaîne de causalité d’un conflit et jouer même parfois le rôle d’un catalyseur.

La pauvreté, l’injustice, la dégradation de l’environnement et les conflits réagissent les uns sur les autres d’une manière complexe et active. Un aspect qui suscite une préoccupation croissante au sein de la communauté internationale est le phénomène des « réfugiés écologiques » (2). La cause immédiate d’un mouvement massif de réfugiés peut être des troubles politiques ou des violences militaires. Mais parmi les causes sous-jacentes on trouve fréquemment la détérioration du patrimoine de ressources naturelles et de la capacité de celui-ci de pourvoir aux besoins de la population.

Les événements survenus dans la Corne de l’Afrique en fournissent un bon exemple. Vers le début des années 1970, la sécheresse et la famine ont frappé l’Éthiopie. Pourtant, on a constaté que, plus qu’à la sécheresse, la faim et la misère humaine étaient imputables à des années de surexploitation des sols sur les hauts plateaux éthiopiens et à la grave érosion qui en a été la conséquence. Un rapport établi à la demande de l’Ethiopian Relief and Rehabilitation Commission est arrivé à la conclusion que la « principale cause de la famine n’était pas la sécheresse, d’une sévérité sans précédent, mais la conjonction d’une mauvaise utilisation prolongée des sols et d’une augmentation persistante de la population et du cheptel durant des décennies » (3).

Les guerres ont toujours obligé des gens à quitter leurs foyers et leurs terres, à devenir des réfugiés. À notre époque également, les guerres ont contraint un grand nombre de personnes à quitter leur patrie. De plus, nous nous trouvons maintenant en présence du phénomène des « réfugiés écologiques ». En 1984-85, quelque 10 millions d’Africains ont fui leurs foyers; ils représentent les deux tiers du nombre total de réfugiés dans le monde. Leur fuite n’a été guère surprenante, dans une région où 35 millions d’êtres humains ont été victimes de la famine. Un grand nombre de ces migrants ont envahi les villes. Mais beaucoup d’autres ont franchi des frontières nationales et accru, de ce fait, les tensions entre des États. La Côte-d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria ont fait preuve de générosité en accueillant des réfugiés venus du Sahel en cours de désertification. La Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe ont également reçu un grand nombre de réfugiés. La Côte-d’Ivoire, par exemple, qui est tributaire du bois pour une large part de ses recettes d’exploitation, souffre d’un déboisement accéléré dû en partie à une pénurie de terres arables, alors qu’un tiers des personnes qui n’en ont pas sont des immigrants. En Côte-d’Ivoire, l’agriculture détruit 4,5 fois plus de forêt que ne le fait l’exploitation forestière (4).

Près d’un million de « rescapés de la mer » haïtiens, un sixième de la population entière, ont fui leur patrie insulaire; cet exode est, pour une large part, motivé par la dégradation de l’environnement. Haïti pâtit de l’une des érosions les plus graves du monde, allant jusqu’à la roche sous-jacente sur de vastes étendues dans certaines régions, ce qui fait que même les agriculteurs qui disposent d’une surface raisonnable de terres ne peuvent en retirer de quoi vivre; Selon un rapport de l’Agency for International Development des États-Unis, « Les effets sociaux et économiques de la dégradation de l’environnement sont considérables et contribuent à l’exode croissant de la population des campagnes. Des milliers de paysans haïtiens quittent chaque année leurs foyers pour aller à Port-au-Prince, dans d’autres îles des Antilles et aux États-Unis, afin d’y chercher du travail et des conditions de vie meilleures (5). El Salvador, un des pays les plus perturbés d’Amérique centrale, est aussi l’un des plus appauvris du point de vue de l’environnement, le taux d’érosion y étant l’un des pires de la région. Selon un projet de profil d’environnement établi par l’Agency concernant El Salvador, « les causes fondamentales du conflit actuel tiennent tout autant à l’environnement qu’à la politique, étant liées aux problèmes que pose la répartition des ressources dans un territoire surpeuplé » (6).

Des problèmes du même ordre se posent à propos de l’Afrique du Sud. La politique inhumaine de l’apartheid est au cœur de la situation politique conflictuelle qui prévaut en Afrique australe. Une des nombreuses façons dont l’apartheid institutionnalise à la fois conflit et dégradation de l’environnement consiste à attribuer, grâce au système des homelands, 14 pour cent des terres à 72 pour cent de la population (7). De jeunes Noirs en âge de travailler quittent les homelands surcultivés et surpâturés, pour aller chercher du travail dans les villes où, en plus de la sordidité qui règne dans les cités surpeuplées, ils se heurtent à une extrême inégalité socio-économique et à la ségrégation raciale. Ils réagissent. La répression s’intensifie, ses victimes se réfugient au-delà des frontières et, sur ces entrefaites, le régime sud-africain élargit le conflit vers les États voisins. La région tout entière est ainsi gagnée par la violence qui s’ensuit, laquelle pourrait bien allumer un conflit plus étendu impliquant les grandes puissances.

En plus des problèmes connexes que suscitent la pauvreté, l’injustice et la perturbation de l’environnement, la compétition pour des matières premières non renouvelables, des terres ou des sources d’énergie peut également être génératrice de tensions. C’est la recherche de matières premières qui a été, pour une large part, à l’origine des compétitions entre puissances coloniales pour la conquête de leurs possessions. C’est en partie à cause de l’intérêt que le pétrole présente sur le plan international que les conflits au Moyen-Orient recèlent inévitablement les germes d’une intervention des grandes puissances et d’une conflagration mondiale.

À mesure que les formes non durables de développement acculeront certains pays à des contraintes d’environnement, les différences considérables entre les patrimoines environnementaux des pays, où entre la diversité des réserves de terres et de matières premières disponibles, pourraient précipiter et exacerber des tensions et des conflits internationaux. Et la compétition pour l’utilisation d’éléments du patrimoine commun de l’humanité, tels que les pêcheries hauturières et l’Antarctique, ou pour celle de ressources communes plus localisées et moins abondantes telles que fleuves, rivières et eaux côtières, pourrait conduire à un conflit international et, partant, menacer la paix et la sécurité internationales.

La consommation mondiale d’eau a doublé entre 1940 et 1980 et l’on s’attend à ce qu’elle double encore d’ici l’an 2000, les deux tiers des quantités prévues allant à l’agriculture. Et pourtant, 80 pays représentant 40 pour cent de la population mondiale souffrent déjà de sérieuses pénuries d’eau (8). Il y aura une compétition croissante pour de l’eau destinée à l’irrigation, à des usages industriels et à l’économie domestique. Des différends relatifs à des eaux fluviales ont déjà surgi en Amérique du Nord (le Rio Grande), en Amérique du Sud (le Rio de la Plata et le Parana), en Asie du Sud et du Sud-Est (le Mékong et le Gange), en Afrique (le Nil) et au Moyen-Orient (le Jourdain, le Litani, l’Oronte ainsi que l’Euphrate).

La pêche, qu’elle soit côtière ou hauturière, est fondamentale pour l’alimentation dans de nombreux pays. Pour certains pays, elle constitue un secteur économique clef et la prise de quantités excessives de poisson présente un danger direct pour plusieurs économies nationales. En 1974, l’Islande, qui est largement tributaire de son industrie de la pêche, s’est trouvée engagée dans une « guerre de la morue » avec le Royaume-Uni. Des tensions analogues existent dans les mers japonaises et coréennes ainsi que des deux côtés de l’Atlantique sud. En 1986, la déclaration instituant une zone de pêche exclusive autour des îles Malouines a perturbé encore davantage les relations entre le Royaume-Uni et l’Argentine. Des différends au sujet des droits de pêche dans le Pacifique sud et de la pêche au thon pratiquée par des flottilles hauturières ont intensifié, de la part des grandes puissances, la recherche d’avantages diplomatiques et en matière de pêche dans cette région. Il est fort possible que les différends concernant des pêcheries deviennent plus fréquents à mesure que les prises de poissons excèderont le niveau des rendements durables.

Les menaces écologiques contre la sécurité commencent également à apparaître à une échelle mondiale. Les plus préoccupantes d’entre elles découlent des conséquences éventuelles d’un réchauffement de la planète, causé par une accumulation de gaz carbonique et d’autres composés gazeux dans l’atmosphère (9). (Voir Chapitre 7). Un changement climatique de cette nature aurait très probablement des effets inégaux, perturbant les systèmes agricoles dans des régions qui fournissent une part appréciable des récoltes mondiales de céréales et déclenchant peut-être des mouvements massifs de population dans des régions où la faim est déjà endémique. Au cours de la première moitié du prochain siècle, il se pourrait que le niveau des mers et des océans s’élève suffisamment pour modifier de façon radicale le tracé et l’importance stratégique des voies d’eau internationales – effets qui, l’un et l’autre, aggraveraient probablement les tensions internationales. Les changements du climat et du niveau des mers et des océans auraient également pour effet probable de porter atteinte aux aires de reproduction d’espèces économiquement importantes de poissons. Ralentir le réchauffement de la planète, ou s’y adapter, devient une tâche d’importance cruciale si l’on veut diminuer les risques de conflit.

II. Le conflit en tant que cause de développement non durable

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La compétition en matière d’armement et les conflits armés peuvent dresser de redoutables obstacles sur la voie d’un développement durable. Ils hypothèquent lourdement des ressources matérielles insuffisamment abondantes. Ils exercent une préemption sur des ressources humaines et des richesses qui pourraient être employées à lutter contre l’effondrement des systèmes de protection de l’environnement, contre la pauvreté et contre le sous-développement qui, dans leur ensemble, sont responsables pour une large part de l’insécurité politique actuelle. Ils peuvent favoriser un état d’esprit hostile à la coopération entre des pays dont l’interdépendance écologique et économique exige qu’ils surmontent des antipathies nationales ou idéologiques.

L’existence des armes nucléaires et le potentiel de destruction inhérent à la rapidité et à l’intensité de la guerre classique moderne ont engendré une nouvelle approche des conditions nécessaires pour assurer la sécurité des pays. À l’ère nucléaire, ceux-ci ne peuvent plus obtenir une sécurité aux dépens des uns et des autres. Ils doivent la rechercher grâce à la coopération, à des ententes et à une modération mutuelle; ils doivent rechercher une sécurité commune (10). Il s’ensuit que l’interdépendance, qui joue un rôle tellement fondamental dans les domaines de l’environnement et de l’économie, constitue également un facteur dans le domaine de la course aux armements et de la sécurité militaire. L’interdépendance est devenue un facteur contraignant, qui oblige les pays à concilier leurs approches en matière de « sécurité ».

1. La guerre nucléaire – Une menace pour la civilisation

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Les conséquences probables d’une guerre nucléaire font apparaître insignifiantes les autres menaces contre l’environnement. Les armes nucléaires représentent une étape qualitativement nouvelle dans l’art de la guerre. Une seule bombe thermonucléaire peut avoir une puissance explosive supérieure à celle de tous les explosifs utilisés au combat depuis l’invention de la poudre. En plus des effets destructeurs du souffle et de la chaleur, immensément accrus par ces armes, celles-ci font intervenir un nouvel agent létal – le rayonnement ionisant – qui prolonge les effets létaux aussi bien dans l’espace que dans le temps.

Ces dernières années, les savants ont en outre attiré notre attention sur la perspective d’un « hiver nucléaire ». Quelque 300 scientifiques venus des États-Unis, de l’URSS et de plus de 30 autres pays, travaillant en collaboration malgré leurs divergences idéologiques, ont étudié cette question avec toute l’autorité qui s’attache à leur compétence (11).

Selon cette théorie, les fumées et les poussières projetées dans l’atmosphère par une guerre nucléaire pourraient absorber suffisamment de rayonnement solaire et y demeurer un certain temps, empêchant ainsi la lumière solaire d’atteindre la surface de la Terre et provoquant un refroidissement généralisé et prolongé dans certaines zones terrestres. Cela aurait, pour le milieu végétal en général et l’agriculture en particulier, de graves répercussions qui bouleverseraient la production vivrière nécessaire pour subvenir aux besoins de ceux qui auraient survécu à la guerre. D’importantes incertitudes subsistent en ce qui concerne l’ampleur et l’enchaînement des effets sur l’environnement, mais on pense que les perturbations subies par celui-ci seraient probablement fort étendues. Une guerre nucléaire ne ferait pas de vainqueur et ne devrait jamais être menée. Dans son sillage, il n’y aurait aucune différence entre prétendus vainqueurs et vaincus. Les États dotés d’armement nucléaire ne doivent négliger aucun effort pour conclure un accord dûment vérifiable interdisant tous les essais d’armes nucléaires.

Les conclusions relatives à l’hiver nucléaire sont également fort importantes pour les pays non alignés, surtout dans le Sud, qui ne sont pas parties à la confrontation Est-Ouest. Ils ne sauraient espérer échapper aux conséquences potentiellement désastreuses d’une guerre nucléaire dans l’hémisphère nord. Les suites d’une telle guerre se feraient sentir dans le monde entier. Il y a danger que les armes nucléaires s’étendent à un nombre croissant de pays et soient utilisées dans ce qui commencerait par un conflit régional limité. En plus des cinq États dotés d’armes nucléaires dûment reconnus comme tels, six autres au moins sont largement considérés comme ayant une capacité potentielle en matière d’armes nucléaires et une douzaine d’autres ne sont pas loin derrière. En l’absence de progrès véritables sur la voie du désarmement nucléaire, les États dotés d’armes nucléaires ne sauraient s’attendre à ce que les États non dotés de ces armes s’abstiennent de recourir à l’option nucléaire. Il importe donc au premier chef que les conséquences probables d’une guerre nucléaire soient universellement perçues et que tous les États s’engagent dans des efforts visant à prévenir la prolifération et surtout l’utilisation des armes nucléaires.

2. Autres armes de destruction massive

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D’autres formes de guerre et d’autres armes de destruction massive auraient des effets de grande portée aussi bien pour les collectivités humaines que pour l’environnement de l’homme. Une guerre biologique pourrait libérer de nouveaux agents pathogènes qui s’avéreraient difficiles à combattre. Des progrès récents accomplis en biotechnologie multiplient les applications potentiellement légales de ces armes. De même, la manipulation délibérée de l’environnement (sous formes d’inondations ou de séismes artificiellement provoqués, par exemple) aurait, si jamais on y avait recours, des conséquences s’étendant bien au-delà des frontières des parties à un conflit. Des agents chimiques peuvent sérieusement endommager l’environnement, comme l’ont montré les défoliants utilisés en Asie du Sud-Est. Les conséquences dangereuses et imprévisibles pour l’environnement des armes biologiques et chimiques ont amené la signature d’accords internationaux prohibant leur emploi (12). Mais il faut déployer de nouveaux efforts pour renforcer les mesures auxquelles contribuent ces accords. En particulier, le Protocole de Genève prohibant l’emploi d’armes chimiques devrait être complété par des accords interdisant la fabrication et le stockage de ces armes.

Les applications militaires de nouvelles technologies menacent à présent de faire de l’espace extra-atmosphérique un foyer de compétition internationale et d’affrontement. (Voir Chapitre 10). La plupart des pays de la communauté internationale considèrent l’espace comme étant un patrimoine commun de l’humanité, qui devrait profiter à celle-ci dans son ensemble; ce sentiment est reflété dans le Traité de 1967 sur l’espace extra-atmosphérique, aux termes duquel les pays ont convenu de ne pas déployer d’armes de destruction massive dans ce milieu. Les gouvernements devraient maintenant s’entendre au sujet des mesures visant à prévenir une course aux armements dans l’espace et à y mettre fin sur la Terre. À défaut d’un tel accord, la course aux armements pourrait s’étendre à l’espace, avec les conséquences funestes que cela aurait pour l’humanité.

3. Le coût de la « culture d’armement »

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L’absence de guerre n’est pas la paix et elle n’offre pas obligatoirement les conditions nécessaires pour un développement durable. Une course aux armements compétitive engendre l’insécurité entre les pays, en suscitant des spirales de crainte réciproque. Les pays doivent mobiliser des ressources pour combattre la dégradation de l’environnement et la pauvreté massive. En orientant de façon erronée l’utilisation de ressources insuffisamment abondantes, la course aux armements contribue à accroître l’insécurité.

La coexistence d’importantes dépenses militaires et de besoins humains non satisfaits est depuis longtemps un sujet de préoccupation. Par exemple, à la fin de son mandat, le président Eisenhower a fait observer que « chaque canon fabriqué, chaque navire de guerre mis à flot, chaque fusée lancée représente, en dernière analyse, un vol commis au préjudice de ceux qui ont faim et ne sont pas nourris, de ceux qui ont froid et ne sont pas vêtus » (13).

En 1985, les dépenses militaires mondiales ont nettement dépassé 900 milliards de dollars (14). C’était plus que le revenu total de la moitié la plus pauvre de l’humanité. Cela représente l’équivalent de presque 1 000 dollars pour chacun du milliard des plus déshérités du monde. En d’autres termes, les dépenses militaires ont excédé les produits nationaux bruts combinés de la Chine, de l’Inde et des pays africains du sud du Sahara. En outre, les dépenses militaires mondiales ont augmenté non seulement en valeur absolue, mais aussi en valeur relative, passant d’un montant estimatif de 4,7 pour cent de la production mondiale en 1960 à plus de 6 pour cent, ce qui représente une augmentation d’environ 150 pour cent en termes réels (en prix constants). À l’heure actuelle, les trois quarts des dépenses se situent dans le monde industrialisé (15).

Le coût véritable de la course aux armements est la perte de ce qui aurait pu être produit en lieu et place des armes avec les capitaux, les compétences professionnelles et les matières premières, dont les disponibilités ne sont pas illimitées. Les usines de fabrication d’armes, le transport de ces armes et l’extraction des minéraux nécessaires à leur fabrication consomment tous d’énormes quantités d’énergie et de ressources minérales et contribuent largement à la pollution et à la détérioration de l’environnement.

C’est dans le déploiement du personnel scientifique que les effets de distorsion de la « culture d’armement » sont les plus frappants. Un demi-million de scientifiques sont engagés dans la recherche en matière d’armes dans le monde et absorbent environ la moitié de toutes les dépenses de recherche-développement (16). Cela dépasse le montant total des dépenses consacrées à l’élaboration de technologies relatives à de nouvelles sources d’énergie, à l’amélioration de la santé publique, à l’augmentation des rendements dans l’agriculture et à la lutte contre la pollution. La recherche-développement militaire – 70 à 80 milliards de dollars dans le monde en 1984 – s’accroît à un rythme deux fois plus rapide que l’ensemble des dépenses militaires (17). Dans le même temps, il y a une pénurie de moyens pour observer les changements de climat dans le monde, pour surveiller les écosystèmes des forêts tropicales humides en voie de disparition et des déserts en progression ainsi que pour élaborer des technologies appropriées pour une agriculture tropicale dans les régions de forte pluviosité.

Les pays sont à la recherche d’une nouvelle ère de croissance économique. Le niveau des dépenses d’armement amoindrit les perspectives d’une telle ère, surtout une ère mettant l’accent sur une utilisation plus efficace des matières premières, de l’énergie et des compétences humaines. Il exerce également une influence, fût-ce indirectement, sur la volonté des pays riches d’aider les pays en développement à se développer. Bien entendu, il n’existe aucun rapport simple entre une diminution des dépenses militaires et un accroissement de l’aide. En dehors des contraintes matérielles d’ordre interne, il y a d’autres raisons qui expliquent une réticence à accroître cette aide et les pays ne sauraient s’attendre à un désarmement avant de consacrer davantage de ressources pour assurer un développement soutenu. Néanmoins, une augmentation des dépenses de défense exerce une pression sur les autres postes budgétaires et l’aide est une cible tout désignée, bien qu’elle représente une dépense relativement faible pour la plupart des pays donateurs (18).

Bien qu’un déplacement des ressources soit manifestement possible, les ressources actuellement consacrées à des applications militaires ne sauraient être rapidement ou aisément déployées ailleurs – dans d’autres secteurs ou dans d’autres pays. Cette transformation se heurte à des problèmes techniques, dont le moindre n’est pas celui de la contribution que les dépenses militaires apportent à la création d’emplois dans des économies à taux de chômage élevé. Et au-delà des problèmes techniques, il y a des questions de volonté politique. Néanmoins, certains pays – la Chine, l’Argentine et le Pérou, par exemple – ont récemment montré qu’il était à la fois techniquement et politiquement possible de remplacer en peu de temps les dépenses militaires par des dépenses civiles (19).

4. Armements mondiaux et expansion de la « culture d’armement »

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Les pays ont traditionnellement adhéré à une « culture d’armement ». Ils se trouvent engagés dans des courses aux armements, entre autres, par de puissants intérêts acquis au sein du « complexe militaro-industriel » ainsi que des forces armées elles-mêmes. La part prépondérante des dépenses militaires et de la fabrication et du transfert des armes dans la collectivité internationale revient aux pays industrialisés. Toutefois, l’influence de cette « culture d’armement » ne se limite pas à ces pays. Elle s’exerce également dans le monde en développement, favorisée à la fois par le désir de nombreux gouvernements d’assurer leur sécurité par l’acquisition d’armes et par l’expansion du commerce mondial des armements.

Depuis le début des années 1960, les dépenses militaires dans l’ensemble des pays en développement ont quintuplé. Leur part dans les dépenses totales est passée de moins d’un dixième à près d’un quart d’un total bien supérieur (20). Quelques pays en développement, tels que la République de Corée, ont réussi à atteindre un niveau de développement élevé, en dépit des dépenses militaires. Mais une analyse méthodique incite à penser que les accroissements des dépenses militaires ont eu des effets négatifs sur les performances des économies (21).

De plus, les dépenses de la défense représentent une des activités les plus fortes consommatrices d’importations qui entraînent habituellement une forte demande indirecte de pièces de rechange, de munitions, de services d’entretien, de formation de personnel et de combustibles qu’il faut aussi importer. Selon certaines estimations, 20 pour cent de la dette extérieure encourue par des pays en développement non producteurs de pétrole au cours de la décennie précédant 1982 seraient attribuables à des importations d’armements (22). Et les niveaux élevés des dépenses d’armement, motivés par diverses raisons, ont incontestablement contribué à aggraver la sévérité des crises du développement en Afrique, où les dépenses militaires ont augmenté, en termes réels, de 7,8 pour cent par an entre 1971 et 1982, et les importations d’armes, de 18,5 pour cent (23).

L’essor d’une « culture d’armement » dans de nombreux pays en développement présente des dangers particuliers en raison des perturbations subies par l’environnement ou des problèmes dus à la pauvreté. Il existe déjà de nombreux différends qui fermentent dans le Tiers Monde – plus d’une quarantaine non encore réglés – dont bon nombre concernent des frontières définies à l’époque coloniale.

Des armes sophistiquées peuvent contribuer à transformer un conflit potentiel en conflit réel. Selon le Groupe d’experts gouvernementaux des Nations Unies sur les rapports entre le désarmement et le développement; il ne fait désormais absolument aucun doute que la pénurie de ressources et les contraintes écologiques font peser des menaces réelles et imminentes sur le bien-être futur de tous les peuples et de toutes les nations. Ces problèmes revêtent un caractère essentiellement non militaire et il est absolument nécessaire qu’ils soient traités en tant que tels. Si cet état de fait n’est pas reconnu, on risque de se trouver devant une situation de crise si grave qu’elle semblerait justifier, même avec une faible chance de succès, le recours à la force pour aboutir à des résultats suffisamment rapides. Cette possibilité n’est pas entièrement à exclure. Au cours des dernières années, les relations internationales ont été caractérisées par une tendance marquée au recours à la menace ou à l’emploi de la force militaire, en réponse à des menaces à la sécurité revêtant un caractère non militaire (24).

La situation qui existe dans de nombreux pays en développement présente des dangers particuliers, en raison des perturbations d’environnement dues à la pauvreté. Les mouvements massifs de réfugiés, la compétition pour des ressources hydrauliques et des terres fertiles insuffisamment abondantes ou pour des gisements de pétrole et de matières premières, des frontières mal définies et d’autres facteurs encore contribuent à alimenter les tensions et à accroître les possibilités de conflit. Les importations d’armes par des pays en développement ont également augmenté à cause de ces conflits, potentiels ou réels. Elles sont parfois encouragées parles fabricants d’armes, à cause des gros bénéfices qu’elles rapportent, lesquels, à leur tour, peuvent soutenir la fabrication d’armes dans les pays exportateurs. Selon les estimations, le commerce des armements a absorbé plus de 300 milliards de dollars au cours des deux dernières décennies, dont les trois quarts reviennent aux ventes à des pays en développement (25).

III. Vers la sécurité et un développement durable

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1. Principes

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La première mesure à prendre afin de créer une base plus satisfaisante pour gérer les corrélations entre la sécurité et un développement durable consiste à élargir notre vision des choses. Des conflits peuvent surgir non seulement à cause des menaces politiques ou militaires contre la souveraineté nationale, mais ils peuvent être aussi la conséquence d’une dégradation de l’environnement et des orientations.

Il n’existe pas, bien entendu, de solutions militaires à l’« insécurité de l’environnement ». Et une guerre moderne peut elle-même engendrer à l’échelle internationale des risques pour l’environnement. En outre, l’idée de souveraineté nationale a été radicalement modifiée du fait de l’interdépendance sur les plans économique, écologique et de la sécurité. Le patrimoine commun de l’humanité ne saurait être géré à partir d’un centre national, quel qu’il soit; un État seul ne saurait maîtriser des menaces contre des écosystèmes s’étendant à plusieurs pays. On ne peut pallier des menaces contre la sécurité de l’environnement que par une gestion commune et que par des procédures et des mécanismes multilatéraux.

2. Gestion coopérative

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Les contraintes écologiques encouragent déjà les pays à coopérer et donnent quelques indications quant aux moyens à utiliser à cette fin. L’Antartique fait l’objet d’un accord de grande portée qui prévoit une approche collective en matière de gestion (voir Chapitre 10). Il existe à l’heure actuelle divers systèmes institutionnels, souvent assez complexes et perfectionnés, ayant pour objet de promouvoir une coopération bilatérale et régionale dans le domaine de la pêche maritime, de manière à réglementer les rendements maximums durables et la répartition des prises. Une des principales menaces contre les océans – l’immersion de déchets hautement toxiques – a été jusqu’à présent réglementée par la Convention de Londres sur les opérations d’immersion. En ce qui concerne les plans d’eaux internationaux, des progrès impressionnants ont été accomplis par la Commission bilatérale américano-canadienne des Grands Lacs. La Convention de la Méditerranée, qui n’est que l’un des nombreux instruments de ce genre conclus dans le cadre du Programme pour les mers régionales, du PNUE, regroupe des États côtiers dans un arrangement visant à surveiller et à combattre la pollution des mers.

Certains des problèmes les plus délicats requièrent une coopération entre des pays dont les systèmes de gouvernement diffèrent ou dont les rapports sont même antagoniques. L’accident du réacteur de Tchernobyl survenu en 1986 en Union soviétique a eu pour conséquence deux accords relatifs à une coopération internationale en cas d’accident de ce genre. Dans l’avenir, le pays en cause avertira sans délai les États voisins, qui, de leur côté, offriront une assistance au prix coûtant et sans responsabilité de leur part (26). La Convention de 1979 sur la pollution transfrontières a fourni un cadre pour surveiller et évaluer les dommages imputables à des polluants ayant provoqué des pluies acides en Europe (27).

La coopération entre les pays en développement à propos de questions d’environnement a souvent été rendue difficile par la médiocrité des communications. Néanmoins, de nombreux pays participent à présent au Programme pour les mers régionales, du PNUE. Les pays du Sahel ont créé une organisation régionale pour s’occuper de la désertification et un corpus d’excellentes monographies sur l’aménagement des bassins fluviaux est en train de se constituer, ainsi qu’en témoignent, en Afrique, les programmes de gestion commune pour le bassin du Sénégal.

3. L’importance d’une alerte précoce

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Étant donné que c’est souvent l’incertitude ou l’insécurité qui est à l’origine d’un conflit international, il importe au premier chef que les gouvernements prennent conscience d’une perturbation imminente de l’environnement, avant que les dommages ne menacent effectivement des intérêts nationaux d’importance vitale. Les gouvernements ne sont généralement pas très bien équipés pour ce genre de prévisions.

Il serait hautement souhaitable que des organisations internationales appropriées, y compris les organismes compétents des Nations Unies et telles ou telles organisations régionales mettent en commun leurs moyens – et fassent appel aux techniques de surveillance les plus perfectionnées dont on dispose – pour créer un système fiable d’alerte précoce en matière de risques ou de conflits touchant l’environnement (voir Chapitre 12). Ce système permettrait de surveiller les indicateurs de risques et de différends potentiels tels que l’érosion des sols, la croissance des immigrations régionales et les utilisations de biens communs qui s’approcheraient des seuils de « non-durabilité » de ces ressources. Les organisations offriraient également leurs services pour aider les pays concernés à définir des principes et à créer des organismes de gestion commune.

4. Désarmement et sécurité

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Une action visant à réduire les menaces écologiques contre la sécurité exige une redéfinition des priorités, sur le plan national et mondial. Cette redéfinition pourrait prendre la forme d’une large acceptation généralisée de modalités plus larges d’évaluation de la sécurité et englober les sources de conflits militaires, politiques, écologiques et autres.

Une approche plus large à l’évaluation de la sécurité permettrait sans doute d’identifier de nombreux cas où la sécurité nationale, régionale ou mondiale pourrait être renforcée grâce à des dépenses fort modestes, par comparaison aux niveaux des dépenses militaires. Quatre des besoins mondiaux les plus urgents du point de vue de l’environnement – ceux qui ont trait aux forêts tropicales, à l’eau, à la désertification et à la démographie – pourraient être financés avec l’équivalent de moins d’un mois des dépenses militaires mondiales (voir Encadré 11-1). Il est difficile de réorienter des ressources budgétaires, mais certains gouvernements ont déjà montré qu’une transformation était possible, à condition qu’il existe une volonté politique à cet effet. Dans quelques-uns des pays les plus sérieusement affectés par les perturbations de l’environnement et par la pauvreté, les sommes requises pour améliorer la situation sont modestes comparativement à ce que l’on dépense actuellement pour les secours en cas de catastrophes, sans parler des activités militaires. Mais ces sommes devront être dépensées rapidement, avant que la détérioration de la situation ne nécessite des dépenses beaucoup plus considérables.

Toutefois, du point de vue du montant total des ressources requises pour faire face aux dépenses d’armement et à la menace potentielle que la guerre représente pour l’environnement, la nécessité primordiale est d’améliorer les relations entre les grandes puissances qui sont en mesure de déployer des armes de destruction massive. C’est indispensable pour parvenir à s’entendre au sujet d’un contrôle plus strict sur la prolifération et sur l’essai de différents types de destruction massive – nucléaire et non nucléaire – y compris ceux qui ont des incidences sur l’environnement.

Un nombre appréciable d’accords en vigueur illustrent déjà la possibilité d’arriver à des solutions multilatérales négociées. Le président Reagan et le secrétaire général Gorbatchev ont accompli des progrès substantiels en vue d’un accord sur les armements stratégiques; ces progrès doivent être poursuivis pour inverser les tendances alarmantes de plusieurs décennies. Apparemment, les deux grandes puissances sont venues près de s’entendre au sujet des systèmes de missiles de portée intermédiaire en Europe, entente qui devrait être suivie d’accords interdisant le déploiement avancé de systèmes de plus courte durée. Cela allégerait considérablement les pressions que les armes nucléaires exercent sur la sécurité en Europe. En outre, ces puissances se dirigent vers un accord réduisant de 50 pour cent les systèmes stratégiques, accord qui devrait être suivi d’ententes prévoyant leur élimination totale. Il faut également qu’elles s’entendent au sujet de la prévention d’une course aux armements dans l’espace. Des négociations fructueuses contribueraient de façon très appréciable à freiner la diffusion des armes nucléaires, à mesure que les principaux États dotés de ces armes s’acquitteraient de leur promesse de réduire leurs arsenaux nucléaires. Ces progrès répondraient aux besoins fondamentaux de notre temps et au droit de l’humanité de voir le spectre de la destruction nucléaire effacé de la surface du globe.

Les pays doivent renoncer à la logique destructrice d’une « culture d’armement » et se concentrer plutôt sur leur avenir commun. Le niveau des armements et les destructions qu’ils pourraient causer sont sans commune mesure avec la situation politique conflictuelle qui a initialement déclenché la course aux armements. Les pays ne doivent pas devenir les otages de leur propre course aux armements. Ils doivent faire face au danger commun inhérent aux armes de l’ère nucléaire. Ils doivent relever le défi commun d’assurer un développement durable et agir de concert pour éliminer les sources de conflit croissantes qui se rapportent à l’environnement.

Notes

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(1) Pour quelques analyses préliminaires en la matière, voir L. Timberlake et J. Tinker, Environment and Conflict : Links Between Ecological Decay, Environmental Bankruptcy and Political and Military Instability, Earthscan Briefing Document, Earthscan, Londres, 1984; N. Myers, « The Environmental Dimension to Security Issues », The Environmentalist, hiver 1986; R.H. Ullman, « Redefining Security, » International Security, été 1983; et A.H. Westing (ed.), Global Resources and International Conflict (Oxford : Oxford University Press, 1986).

(2) E. El-Hinnawi, Environmental Refugees (Nairobi : PNUE, 1985).

(3) Relief and Rehabilitation Commission, Drought and Rehabilitation in Wollo and Tigrai, Addis Abeba, 1975.

(4) L. Timberlake, Africa in Crisis (Londres : Institut international pour l'environnement et le developpement et Earthscan, 1985).

(5) Project Paper for Haiti Agroforestry Outreach Project (Project 521-0122), U.S. Agency for International Development (Washington, D.C., 1981).

(6) National Park Service/U.S. Man and the Biosphere Secretariat, « Draft Environmental Profile of El Salvador », Bureau of Science and Technology, U.S. Agency for International Development (Washington, D.C., April 1982). Voir aussi T.P. Anderson, The War of the Dispossessed : Honduras and El Salvador 1969 (Lincoln, Neb. : University of Nebraska Press (1981) : W.H. Durham, Scarcity and Survival in Central America : Ecological Origins of the Soccer War (Stanford, Calif. : Stanford University Press, 1979).

(7) D. Smith, « Update : Apartheid in South Africa », (Queen Mary College, Londres, 1984).

(8) M. Falkenmark, « New Ecological Approach to the Water Cycle : Ticket to the Future », Ambio, vol. 13, no 3, 1984; S. Postel, Water : Rethinking Management in an Age of Scarcity, Worldwatch Paper 62 (Washington, D.C. : Worldwatch Institute, 1984).

(9) B. Bolin et coll., The Greenhouse Effects Climatic Change and Ecosystems (Chichester, R.-U. : John Wiley & Sons, 1986); National Research Council, Changing Climate (Washington, D.C. : National Academy Press, 1983); S. Seidel et D. Keyes, Can We Delay a Greenhouse Warming? (Washington, D.C. : U.S. Environmental Protection Agency, 1983).

(10) Commission indépendante pour les questions de désarmement et de sécurité sous la présidence d’Olof Palme, Common Security (Londres : Pan Books, 1982).

(11) SCOPE, Environmental Consequences of Nuclear War (Chichester, R.-U. : John Wiley & Sons, 1985). Quelques-unes des autres études importantes sur le scénario de l’hiver nucléaire sont R. Turco et coll., « Nuclear Winter : Global Consequences of Multiple Nuclear Explosions », Science, (23 décembre 1983); P. Ehrlich et coll., The Cold and the Dark : The World After Nuclear War (New York : W.W. Norton, 1984); M.A. Hartwell et T.C. Hutchinson, Environmental Consequences of Nuclear War, Volume II’ Ecological and Agricultural Effects (Chichester, R.-U., John Wiley & Sons, 1985); National Research Council, The Effects on the Atmosphere of a Major Nuclear Exchange (Washington, D.C. : National Academy Press, 1985); A. Ginsberg et coll., « Global Consequences of a Nuclear War : A Review of Recent Soviet Studies », World Armaments and Disarmament, SIPRI Yearbook 1985 (Londres : Taylor & Francis, 1985); A.B. Pittock et coll., Environmental Consequences of Nuclear War, Volume I. : Physical and Atmospheric Effects (Chichester, R.-U. : John Wiley & Sons, 1986); S.L. Thompson et S.H. Schneider, « Nuclear Winter Reappraised », Foreign Affairs, été 1986. « Les effets d’une guerre nucléaire sont étudiés » dans Y.I. Chazor et coll., The Danger of Nuclear War : Soviet Physicians Viewpoint (Moscou : Novosti Press, 1982); S. Glasstone et P.J. Dolan (eds), The Effects of Nuclear Weapons, 3e éd. (Washington D.C. : U.S. Government Printing Office, 1977); National Academy of Sciences, Longterm Worldwide Effects of Multiple Nuclear Weapon Detonations (Washington, D.C. : National Academy Press, 1975); Office of Technology Assessment, US Congress, The Effects of Nuclear War (Washington, D.C. : US Government Printing Office, 1980), Nations Unies, Étude d’ensemble des armes nucléaires (A/35/392), (New York, 1980); Organisation mondiale de la santé, Effets de la guerre nucléaire sur la santé et les services de santé (Genève, 1984).

(12) L’interdiction pure et simple d’armes particulièrement légales a son origine dans la Déclaration de Saint-Petersbourg interdisant l’emploi de « balles doumdoum » et dans les lois de la guerre de La Haye réglementant l’emploi de projectiles à charge creuse (1899). D’autres instruments pertinents sont le Protocole de Genève prohibant l’emploi à la guerre d’armes chimiques et bactériologiques (1925); la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage d’armes bactériologiques ou à toxines (1975) et la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou à toutes autres fins hostiles (1978).

(13) La citation du président Eisenhower est tirée de son allocution d’adieu (discours prononcé devant l’American Society of Newspaper Editors, Washington, D.C., avril 1953), qui contient également la référence fort connue au complexe militaro-industriel.

(14) Estimations tirées de R.L. Sivard, World Military and Social Expenditures (Washington, D.C. : World Priorities Inc., 1986). Des détails supplémentaires figurent dans M. Brzoska et coll., « World Military Expenditures and Arms Production », SIPRI Yearbook, op. cit. Le montant total des dépenses militaires est forcément approximatif, à cause des énormes difficultés de fusionner des dépenses exprimées en monnaies différentes – et souvent non convertibles – et se rapportant à des pays ayant des systèmes statistiques différents. Selon Sivard, le montant total des dépénses militaires en 1983 était de 728 milliards de dollars. Se fondant sur les tendances et des données préliminaires, il paraît raisonnable de prévoir pour 1986 un montant d’au moins 900 et peut-être de 1 000 milliards de dollars, au prix et taux de change courants.

(15) Sivard, édition de 1986, op. cit.; SIPRI Yearbook, op. cit.

(16) Sivard, édition de 1986, op. cit.; SIPRI Yearbook, op. cit.

(17) M. Ackland-Hood, « Military Research and Development Expenditure », SIPRI Yearbook, op. cit.

(18) D’après des calculs basés sur des données du Comité d’aide au développement de l’OCDE, qui ne sont pas universellement acceptés, ainsi que d’après Sivard, le montant total de l’aide non militaire au développement, mesuré en flux concessionnels nets en provenance de pays industrialisés et à destination de pays en développement, représente approximativement 5 pour cent des sommes dépensées par tous les pays industrialisés au titre des armements. Aux États-Unis, l’aide extérieure représente 4 pour cent des dépenses d’armement et en URSS, 1,5 pour cent. Par comparaison, cette proportion est voisine de 30 pour cent en Autriche, au Danemark, en Norvège, aux Pays-Bas et en Suède et elle excède 10 pour cent en Australie, en Belgique, au Canada, en France, en RFA et en Suisse.

(19) Selon L.R. Brown et coll., dans State of the World 1986 (Londres : W.W. Norton, 1986), la Chine, en 1972, a consacré 14 pour cent de son produit national brut (PNB) à des fins militaires, un des plus hauts niveaux du monde. Depuis 1970 (sauf en 1979), le gouvernement a systématiquement réduit cette proportion de sorte qu’elle n’atteignait plus que 7,5 pour cent en 1985. Vers la mi-1985, le gouvernement a annoncé qu’il réduirait les effectifs des forces armées à 3,2 millions, soit une diminution de 24 pour cent. En Argentine, en 1984, le nouveau président, Raul Alfonsin avait ramené les dépenses d’armement à la moitié du niveau culminant de 1980 (près de 4 pour cent du PNB), en réaménageant les priorités et en réorientant les ressources sur des programmes sociaux. Le président du Pérou, Alan Garcia Pérez, en assumant ses fonctions vers le milieu de l’année 1985, a annoncé qu’il réduirait les dépenses militaires, qui totalisaient à l’époque 5 pour cent du PNB, soit un quart du budget fédéral. Pour commencer, il a réduit de moitié la commande de 26 chasseurs Mirage français.

(20) Au cours de la période 1960-1981, les dépenses militaires du Tiers-Monde ont augmenté de quelque 7 pour cent par an, comparativement à 3,7 pour cent dans le monde industrialisé. En 1960, les dépenses militaires du Tiers-Monde représentaient moins d’un dixième du total mondial, alors qu’en 1981, elles atteignaient un cinquième d’un total très supérieur. R.L. Sivard, World Military and Social Expenditures (Washington, D.C. : World Priorities Inc., 1985).

(21) L. Taylor, Military Economics in the Third World; établi pour la Commission indépendante pour les questions de désarmement et de sécurité, 1981.

(22) R. Tullberg, « Military Related Debt in Non-Oil Developing Countries », SIPRI Yearbook, op. cit.

(23) R. Luckham, « Militarization in Africa », SIPRI Yearbook, op. cit.

(24) I. Thorsson et al, Rapports entre le désarmement et le développement, Série d’études sur le désarmement No 5 (A/36/536), (New York : Nations Unies, Département des affaires politiques et des affaires du Conseil de sécurité, 1982).

(25) Données sur les exportations d’armes, tirées de L.R. Brown et coll., op. cit., d’après l’Arms Control and Disarmament Agency des États-Unis; estimation des dépenses cumulatives pour le commerce des armements dans Sivard, édition de 1985, op. cit.

(26) « Les négociations sur un accord relatif à la sécurité nucléaire aboutissent à un consensus », communiqué de presse (PR8-86/17), AIEA, 15 août 1986.

(27) « Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance », conclue le 13 novembre 1979 et entrée en vigueur le 16 mars 1983, résumée dans M.J. Bowman et D.J. Harris (eds), Multilateral Treaties : Index and Current Status (Londres : Butterworths, 1984).

(28) La somme que l’Organisation des Nations Unies a récemment inscrite au budget pour l’Éthiopie en vue de combattre l’érosion, de procéder à des reboisements et de prendre d’autres mesures connexes dans le cadre de son plan d’action pour lutter contre la désertification incite à penser que guère plus de 50 millions de dollars par an auraient été nécessaires pour résoudre une bonne partie du problème des hauts plateaux, si les investissements avaient été effectués en temps utile. Par comparaison, le montant nécessaire pour pallier la famine en Éthiopie au cours de l’année 1985 s’est élevé à 500 millions de dollars pour les seules mesures de secours. Entre 1976 et 1980, l’Éthiopie a dépensé en moyenne 225 millions de dollars par an pour des activités militaires.

(29) Parmi les traités internationaux spécifiquement destinés à protéger le patrimoine commun de l’humanité contre la militarisation, figurent le Traité sur l’Antarctique (1959); le Traité de Moscou interdisant les essais d’armes nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace extra-atmosphérique et sous l’eau (1963); le Traité sur l’espace extra-atmosphérique (1967); le Traité de Tlatelolco; le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (1968) et le Traité sur les fonds marins (1971).