Nouvelle Encyclopédie poétique, tome XVIII, 1819/7

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Texte établi par P. Capelle, Ferra (Tome XVIIIp. 83-116).

DU CHANT ROYAL
ET
DE LA BALLADE.




L’espèce de poésie connue autrefois sous le nom de chant-royal, est un poëme composé de cinq strophes, chacune de onze ou de douze vers, et tellement disposées, que le dernier de la première, qui est le refrain de la pièce, cadre avec la fin de toutes les autres. Cette pièce se termine par un envoi, qui doit toujours commencer par le mot prince ou roi, attendu que le chant-royal (pris ordinairement dans la mythologie ou dans quelque trait éclatant de nos héros) était toujours adressé à des princes, comme étant ce qu’il y avait de plus majestueux parmi les petits poëmes.

Les rimes de la première strophe règlent celles des strophes suivantes, lesquelles doivent être les mêmes et dans le même ordre.

Les chants royaux les plus réguliers sont ceux qui ne comptent en tout que 62 vers, savoir, cinq strophes de chacune onze vers, et un envoi de sept.

Si l’on considère combien la liberté du poëte était gênée par toutes les difficultés que ce genre entraîne avec lui, on conviendra qu’un chant royal sans défaut devrait être regardé encore aujourd’hui sinon comme un effort du génie, au moins comme un modèle d’application et d’esprit.


DE LA BALLADE.


La ballade se rapporte au chant royal comme le triolet au rondeau ; elle n’a que trois couplets, et l’envoi, composé ordinairement de quatre ou six vers, selon que le couplet est un huitain ou un dixain. Il faut que les mêmes rimes régnent dans tous les couplets chacune à la place qui lui a été réglée dans le premier.

La ballade, comme le chant royal, n’a été en vogue que dans les 16.e et 17.e siècles ; elle existait cependant au 15.e, comme on le verra par celle que nous donnerons de Clotilde de Surville, et qui, comme toutes les poésies de cette femme célèbre, respire une grâce, un sentiment capables de faire oublier ces vers de Boileau :

La ballade asservie à ses vieilles maximes,
Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes.

La matière des ballades est arbitraire ; elle est badine ou sérieuse.




CHANTS ROYAUX.

A CHARLES VIII.

(1495).

Qui fait enfler ton cours, fleuve bruyant du Rosne ?
Pourquoi roulent si fiers tes flotz tumultueulx ?[1]
Que la nymphe de Sayne, au port majestueulx,[2]
De ses bras argentins aille entourant le trosne ;
Tu luy faiz envier tes bonds impestueulx ! 5
Les fleuves, tes esgaulx, coulent en assurance
Parmy des champz flouris, des plaines et des boiz :
Toy, qu’un gouffre parfond absorbe à ta nayssance,
Mille obstacles divers combattent ta puyssauce ;
Tu triomphes de touz[3]. Tel, vengeur de sesdroictz, 10
Charles brave l’Europe et faict dire à la France :
« Rien n’est tel qu’ung héroz soubz la pourpre des royz ! »[4]

Où courent ces guerriers dont la tourbe foyzonne[5]
Entour du Pô, d’effroy soudain tourmentueulx ?[6]
Naguere ils courboient touz un front respectueulx15
Devant l’ost où des lyz la trompette rezonne :[7]
Pensent donc t’arrester, conquesrant vertueulx ?[8]
De tes baults faitz rescentz la seule remembrance[9]
Desjà, par la terreur, n’enchaisne leurs exploictz ?[10]
N’a donc assez cogneu leur parjure alliance[11] 20
Que pour desconforter noz preulx et ta vaillance,[12]
Alpes, voire Apennins sont fragiles paroyz ?[13]
Va ! les frappe d’ung coup parte icel cry de France :[14]
« Rien n’est tel qu’unghéroz soubz la pourpre des royz ! »

Tel, des dieulx, qu’Hézios et cygne de Sulmone[15] 25
(Trop souvent deshontez plus que voluptueux)
Ont despainct vindicteurs, poltronz, incestueulx,
L’arbitre soubverain qu’eust sien temple à Dodone,
De la Terre escraza les enfantz monstrueulx.
En vain ils menaçoient l’auguste demourauce ;[16] 30
En vain sur Pélion Ossa jusqu’à trois foiz
Entassé, surmontoit l’Olympe en apparence :
Ainz se rist Jupiter de leur persévérance ;[17]
Et, des montz fouldroyez les broyant soubz le poidz,
Apprist à l’univers ce qu’ores voyd la France :[18] 35
« Rien n’est tel qu’ung héroz soubz la pourpre des royz ! »

Aux armes, paladins ! votre sang ne bouillonne ![19]
Des Romains desgradez l’Aigle tempestueulx,[20]
Le Griffon, la Licorne aux palaiz somptueulx,[21]
L’Ours blanc, et de Saint-Marc la superbe Lyonne, 40
Soutiennent de Milan le Dragon tortueulx.
L’Éridan, de voz braz attend sa délivrance ;
Hastez-vouz ! disputez ces passages estroictz !
Ne vouz aurait le Ciel confié sa vengeance,[22]
Si de voz devanciers portant vaine semblence,[23] 45
Vouz ne sçaviez jouster qu’en spacieulx tournoyz…
Aux mainz ! n’oyez quel son rendent écboz de France :[24]
« Rien n’est tel qu’ung héros soubz la pourpre des royz ! »

Ainsy, bravant la mort qui jà vouz environne,[25]
Fondez sur l’ennemy lasche et présomptueulx. 50
Tu ne t’attendoiz paz, pontife fastueulx,[26]
Aux affrontz qu’en ce jour, sur ta triple couronne

Verseroient tes efforts tousjours infructueulx !
Quoy ! se peut-il encor que Victoire balance ?
Dieulx seraient incertains où se montre Valoyz ?[27] 55
Non, non : sur l’hydre mesme, en Hercule il s’eslance ;
Perfide Mantouan, rompz ta derraine lance ![28]
L’air au loing en mugist : Ludovic, aux aboyz,[29]
Paslit, tombe et s’escrye : « O trop heureuse France,
« Rien n’est tel qu’ung héroz soubz la pourpre des royz ! » 60


ENVOY.


Prince, en qui luict valeur, sagesse et tempérance,[30]
Du premier de ton nom, qu’en despriz du grégeoiz,[31]
A l’empeyre romain comme au reigne gauloiz[32]

Rendist, en deulx hyvers, leur prime transparence,[33]
T’offre les derniers sonz qu’eschappent à ma voix,[34] 65
Fiere que de tel chant retentisse la France :
« Glaire à Charles, héroz soubz la pourpre des royz ! »


Clotilde de Sorville.



ANTÉE[35].




Modèle des héros, Alcide infatigable.
Toi qu’un père immortel rendit trop odieux,
Des fureurs de Junon écueil inébranlable,
Toujours haï des cieux, toujours digne des cieux,
Ta valeur se fit jour jusqu’au sombre rivage ;
De l’Olympe et des dieux lorsqu’Atlas se soulage,
Tu soutiens le fardeau qui fait plier Atlas.

Après douze travaux, après mille combats,
Tu penses respirer au bout de la carrière ;
Et tu ne t’attends pas à te voir sur les bras
Un tyran qui triomphe en mordant la poussière.

Ivre de sang humain, de sang insatiable,
Antée, affreux Titan, croit honorer les dieux
Gardant pour leurs autels les reliefs de sa table :
Que ne couvre-t-on point d’un zèle spécieux !
De crânes entasses par un triste carnage,
Il prépare à Neptune un sanguinaire hommage :
Tout un temple bâti de ce funeste amas.
Jusqu’où va la fureur des dévots scélérats !
A celle de ce monstre oppose une barrière,
Immole au dieu des flots, qui hait tels attentats,
Un tyran qui triomphe en mordant la poussière.

Vois, te tendant les mains, un reste déplorable
Des barbares repas d’un géant furieux ;
A la trace du sang, suis, vengeur équitable,
L’homicide altéré qui dépeuple ces lieux.
L’implacable Junon, qui met tout en usage
Pour se venger sur toi de son époux volage,
Plus timide que toi, te devance où tu vas :
Brave de son courroux les impuissans éclats ;
Brave le désespoir d’une épreuve dernière,
Qui garde pour trophée, à ton bras déjà las,
Un tyran qui triomphe en mordant la poussière.

Ah ! je vous vois aux mains. Le Typhée effroyable
Ecumant de la bouche, étincelant des yeux,
Te destine en son temple un endroit remarquable :
Il pense y voir ta tête, ornement curieux.
Mais qu’elle soutient mal, cette inutile rage,
De tes coups redoublés le foudroyant orage !
Il chancelle : c’est fait ; il tombe : quel fracas !
Victoire ! Mais que vois-je ? il se relève, hélas !
Et sa chute lui rend sa vigueur tout entière.
Je vois reprendre haleine et raffermir ses pas
Un tyran qui triomphe en mordant la poussière.

La Terre en ce danger, mère trop pitoyable, i
A son fils qui l’embrasse offre un secours pieux.
Étendu sur la poudre il devient indomptable,
Et le coup qui l’abat le rend victorieux.
Héros, tu n’en es point à ton apprentissage ;
Tu lui fais perdre terre, il perd son avantage :
Les dieux qu’il crut servir font gloire d’être ingrats.
Lors, moins rude lutteur que pesant embarras,
Il vomit dans les airs son âme carnassière.
Ainsi devait trouver dans le ciel son trépas
Un tyran qui triomphe en mordant la poussière.


ENVOI.


Prince, l’Antiquité, dans cette noble image,
Nous a peint le Plaisir assailli du Courage.
Le souvenir du ciel affaiblit ses appas,

Trop puissans sur un cœur voluptueux et bas,
Qui trouve leur amorce au sein de la matière.
Terrestre, impérieux, le plaisir n’est-il pas
Un tyran qui triomphe en mordant la poussière !


Le P. Mourgues.


Chapelle s’est écarté des règles prescrites pour ce genre de poésie, en donnant à son chant royal sur le mariage du Dauphin treize vers à chaque strophe, et en ne s’astreignant à l’ordre des rimes que pour terminer ces mêmes strophes. Cette pièce néanmoins est citée avantageusement par les critiques du temps, et nous croyons remplir nos devoirs en la donnant.

On crut jadis que l’habitant du Tage,
Pour au couchant du soleil se trouver,
En amassoit l’or sur son beau rivage ;
Mais plus de biens luy sont prests d’arriver
Par le soleil, qu’un illustre message
Luy donne espoir qu’il verra s’y lever.
Pour te marquer une joye immortelle,
Par ton moyen d’avoir si viste appris
Cette importante et si grande nouvelle,

Qu’il mette au jour tout ce qu’il a de prix.
Et quand viendra reine tant noble et belle,
Que tous ses bourgs retentissent de cris :
« Rien de si beau, rien de si noble qu’elle. »

Aussi, quand Dieu vit sur la terre et l’oude
Tout par l’Envie en désolation,
Enfin touché de la compassion
Qui dans son sein pour nous toujours abonde,
Il resolut que, pour calmer le monde,
Il y falloit une sainte union.
Dans ce dessein, sa bonté paternelle
En tous lieux roule, et sur tous les païs,
La clair-voyante et lointaine prunelle,
Dont la princesse il découvre à Paris,
Où contemplant la royale pucelle :
« Non, le ciel n’a (dit-il) sous son pourpris
» Rien de si beau, rien de si noble qu’elle. »

Lors il voulut descendre dans son cœur,
Et de nos lys y trouvant l’innocence,
Il la jugea la digne récompense
Qu’au jeune roy devoit le roy vainqueur,
Et ne crut pas sa sage providence
Mieux pouvoir rendre aux chrestiens leur bonheur.
D’un seul clin d’œil dont le pôle chancelle,
Il fait venir un de ses purs esprits,
Luy parle ainsi : « Va joindre à tire d’aile

» Des Espagnols le monarque, et luy dis :
» Dieu t’offre en France une épouse, mais telle
» Que de Goa n’est jusques à Cadis
» Rien de si beau, rien de si noble qu’elle. »

Son âme aspire à cette pieté
Dont ta maison croit tenir sa puissance.
Sur son front prend sa chaste residence,
Un air d’auguste et douce majesté,
Qui n’appartient qu’au royal sang de France,
Et dans son pere a si fort éclaté.
Elle a de luy quelque vive étincelle
De ce qui brille en ses faits inouïs ;
Elle prendra pour tes armes un zele
A meconnoistre et Philippe et Louis,
Pour qui, laissant leur haine naturelle,
Diront les tiens, étonnez, ébloüis :
« Rien de si beau, rien de si noble qu’elle. »

De la vertu le solide mérite
Qu’elle prefere à ses divins appas,
Du moindre mal et l’horreur et la fuite,
Qui vers le bien guident toujours ses pas,
Sont les tresors dont ta juste poursuite
Va t’enrichir, toy prince, et tes estats.
Pour sa beauté sçache mesme qu’Apelle
Rien de pareil ne produisit jadis ;
Le grand Miguar confesse, et point ne cele.

Qu’à pas un d’eux la peindre n’est permis :
En la voyant tous ses portraits rappelle ;
Et tu diras que dans eux tu ne vis
Rien de si beau, rien de si noble qu’elle.


ENVOY.


Roy des François, que ta valeur a mis
Trop au-dessus de tous tes ennemis,
Pour craindre encor quelque guerre nouvelle ;
Roy très-chrestien, qui jamais ne la fis
Que pour fonder une paix éternelle,
Qui puisse un jour dans la vaste Memphis,
Et dans Bizance allarmer l’infidelle ;
Par un présent bien cher tu l’établis,
Puis qu’excepté ton magnanime fils
Tu n’eus jamais dans l’empire des Lys
Rien de si beau, rien de si noble qu’elle.


Chapelle.


FIN DES CHANTS ROYAUX

BALLADES.

A MON ESPOULX,

lors, quand tornoit emprez un an d’absence, miz en ses braz nostre fils enfançon[36].


Aux premiers jours du printemps de mon âge
Me pavanoy, sans craincte et sans dezir,
Rozes et lyz issoient sur mon vizage ;[37]
Tous de mirer, et nul de les cœillir :
Maiz quand l’autheur de mon premier souspir 5
Les fust livrant au plus tendre ravage,
Lors m’escriay, me sentant frémoliir :[38]
« Faut estre deulx pour avoir du playzir ;
» Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage ! »

Tousjours despuyz, caressant le servage 10
Que par tes yeulx l’amour m’a faict subir,[39]
Se ne te voy, me seroit affolage
Joye espérer, fors de ton soubvenir :
Maiz se reviens, soudain de tressaillir,

De te presser à mon tremblant corsage, 15
Et m’esgarer, pour trop bien le sentir,
Qu’il n’est qu’à deulx d’espuyzer le playzir ;
Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage !

Oh ! toutesfois, de ce triste rivage
S’alloiz partant, emportoit le zéphir[40] 20
Mes longs regretz ; et ce précieulx gage
De tant d’ardeurs, ne les souloit blandir :[41]
Maiz, grâce à luy, plus ne sçauroy languir ;
Lors qu’en mes bras serreray ton ymage,
Entre les tienz me cuyderay tollir :[42] 25
Ung tiers si doulx ne faict tort au playzir :
Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage !


ENVOY.


Gentil espoulx, si Mars et ton courage
Plus contraignoient ta Clotilde à gesmir,
De luy monstrer, en son petiot langage, 30
A t’appeler feray tout mon playzir :
Playzir ne l’est qu’autant qu’on le partage !


Clotilde de Surville.

LES CONTREDITS DE FRANC GONTIER.[43]




Sur mol duvet, assis un gras chanoine,
Lez[44] un brasier, en chambre bien natée[45],
A son costé, gisant dame Sydoine,
Blanche, tendre, pollie, et attaintée[46]
Boire ypocras, à jour et à nuyctée,
Boire, jouer, mignonner, et baiser,
Et nud à nud (pour mieux leurs corps ayser)
Les vy tous deux par un trou de mortaise.
Lors je congneu que, pour dueil appaiser,
Il n’est tresor, que de vivre à son aise.

Si Franc Gontier, et sa compaigne Heleine[47]
Eussent ceste douce vie hantée,
D’aulx et civotz,[48]qui causent forte alaine,
Ne mangeassent bise crouste frottée.
Tout leur mathon[49], ni toute leur potée,
Ne prise un ail : je le dy sans noisier.
S’ilz se vantent coucher soubz le rosier,
Ne vaut pas mieux lit costoyé de chaise ?
Qu’en dictes-vous ? faut-il a ce musier ?
Il n’est tresor que de vivre à son aise.

De gros pain bis vivent, d’orge et d’avoine,
Et boivent eau tout au long de l’année.
Tous les oyseaux d’icy en Babyloyne,
A tel escot, une seule journée,
Ne me tiendroient non une matinée.
Or s’esbatant (de par Dieu) Franc Gontier,
Heleine et luy souz le bel esglantier.
Si bien leur est, n’ay cause qu’il me pese :
Mais, quoy qu’il soit du laboureux mestier,
Il n’est tresor que de vivre à son aise.


ENVOY.


Princes, jugez, pour tous nous accorder.

Quant est à moy (mais qu’à nul n’en déplaise)
Petit enfant, j’ai ouï recorder,
Qu’il n’est tresor que de vivre à son aise.


Villon.




Il y a encore une autre espèce de ballade qui a deux refrains différens à chaque strophe, comme on peut le voir dans celle-ci, que Clément Marot fit sur un frère Lubin. Elle est composée de trois strophes, dont chacune a huit vers (excepté la première), avec un envoi de quatre, au nombre desquels se trouvent les deux refrains. Les vers sont de huit syllabes, et généralement tous les féminins sont de deux rimes, l’une en ile, l’autre en aire, et tous les masculins ont la même rime en ien.


Pour courre en poste par la ville,
Vingt fois, cent fois, ne sais combien ;
Pour faire quelque chose vile,
Frère Lubin le fera bien.
Mais d’avoir honnête entretien,
C’est à faire à un bon chrétien :
Frère Lubin ne le peut faire.

Pour mettre, comme un homme habile,
Le bien d’autrui avec le sien,
Et vous laisser sans croix ni pile,
Frère Lubin le fera bien.
On a beau dire je le tien,
Et le presser de satisfaire,
Jamais ne vous en rendra rien :
Frère Lubin ne le peut faire.

Pour amuser par un doux style
Quelque fille de bon maintien,
Point ne faut de vieille subtile :
Frère Lubin le fera bien.
Il prêche en théologien’,
Mais pour boire de belle eau claire,
Faites-la boire à notre chien :
Frère Lubin ne le peut faire.


ENVOI.


Pour faire plutôt mal que bien,
Frère Lubin le fera bien.
Mais si c’est quelque bonne affaire,
Frère Lubin ne le peut faire.


Les exemples que nous venons d’offrir font assez voir combien le goût a eu raison de proscrire ces genres de petits poëmes, qui offrent des difficultés infinies, et dont le mérite consiste presque dans les efforts qu’on a faits pour les vaincre.

La ballade, qui s’éteignit, pour ainsi dire, avec Marot, fut reproduite au grand siècle, si fécond dans tous les genres de poésie. En voici une du bon-homme ; elle a pour titre :


BALLADE SUR ESCOBAR.


C’est à bon droit que l’on condamne à Rome
L’évêque d’Ypre, auteur de vains débats.
Ses sectateurs nous défendent en somme
Tous les plaisirs que l’on goûte ici-bas.
Ce paradoxe allant au petit pas,
On y parvient, quoiqu’Arnauld nous en die.
La volupté sans cause il a bannie.
Veut-on monter sur les célestes tours ?
Chemin pierreux est grande rêverie :
Escobar sait un chemin de velours.

Il ne dit pas qu’on peut tuer un homme
Qui sans raison nous tient en altercas
Pour un fétu ou bien pour une pomme,
Mais qu’on le peut pour quatre ou cinq ducats :
Même il soutient qu’on peut, en certain cas,
Faire un serment plein de supercherie ;
S’abandonner aux douceurs de la vie ;

S’il est besoin, conserver ses amours.
Ne faut-il pas après cela qu’on crie :
Escobar sait un chemin de velours ?

Au nom de Dieu, lisez-moi quelque somme
De ces écrits dont chez lui l’on fait cas.
Qu’est-il besoin qu’à présent je les nomme ?
Il en est tant qu’on ne les connaît pas :
De leurs avis servez-vous pour compas ;
N’admettez qu’eux en votre librairie ;
Brûlez Arnauld avec sa coterie.
Près d’Escobar ce ne sont qu’esprits lourds ;
Je vous le dis, ce n’est pas raillerie :
Escobar sait un chemin de velours.


ENVOI.


Toi que l’orgueil poussa dans la voierie,
Qui tiens la-bas noire conciergerie,
Lucifer, chef des infernales cours,
Pour éviter les traits de ta furie,
Escobar sait un chemin de velours.


La Fontaine.[50]

A UNE VIEILLE.




C’est tout de bon, Vénus aux cheveux gris ;
Après vingt ans des glaces du veuvage,
Le feu d’amour échauffe vos esprits :
Il se rallume aux yeux d’un jeune page.
Mais, pour fixer ce jouvenceau volage,
Très-peu vous sert de brûler comme un four ;
Pareil oiseau n’est fait pour votre cage :
A cinquante ans, serviteur à l’amour.

Mieux vous sieroit songer au paradis ;
La Mort est proche, et vous guette au passage :
Et cette ardeur dont vos sens sont épris
Ne servira qu’à hâter le voyage.
Jadis les cœurs vous rendirent hommage ;
Jadis chez vous les Ris firent séjour :
Mais maintenant il faut plier bagage :
A cinquante ans, serviteur à l’amour.

Il vous souvient d’avoir lu que jadis,
Ainsi que vous sur le déclin de l’âge,
La bonne Antée eut semblables soucis.
Mais, grâce à Dieu, Bélérophon fut sage :

Ce prince étoit un gentil personnage ;
Aussi d’abord, sans prendre un long détour,
En quatre mots il lui tint ce langage :
A cinquante ans, serviteur à l’amour.


ENVOI.


Dame qu’amour tient encore en servage
Si vous fardiez cet antique visage
D’or ou d’argent, ce seroit un bon tour ;
Mais non, j’ai tort : malgré cet avantage,
A cinquante ans, serviteur à l’amour. »


J.-B. Rousseau.


SUR L’AMOUR.




Si l’amour est un doux servage,
Si l’on ne peut trop estimer
Les plaisirs où l’amour engage,
Qu’on est sot de ne pas aimer !
Mais si l’on se sent enflammer
D’un feu dont l’ardeur est extrême,
Et qu’on n’ose pas l’exprimer,
Qu’on est sot alors que l’on aime !

Si, dans la fleur de son bel âge,
Fille, qui pourrait tout charmer,
Vous donne son cœur en partage,
Qu’on est sot de ne pas aimer !
Mais s’il faut toujours s’alarmer,
Craindre, rougir, devenir blême,
Aussitôt qu’on s’entend nommer,
Qu’on est sot alors que l’on aime !

Pour complaire au plus beau visage
Qu’Amour puisse jamais former,
S’il ne faut rien qu’un doux langage,
Qu’on est sot de ne pas aimer !
Mais quand on se voit consumer,
Si la belle est toujours de même,
Sans que rien la puisse animer,
Qu’on est sot alors que l’on aime !


ENVOI.


En amour si rien n’est amer,
Qu’on est sot de ne pas aimer !
Si tout l’est au degré suprême,
Qu’on est sot alors que l’on aime !

Marigny.

AU DUC DE SAINT-AIGNAN[51].




A caution tous amans sont sujets.
Cette maxime en ma tête est écrite.
Point n’ai de foi pour leurs tourmens secrets ;
Point auprès d’eux n’ai besoin d’eau bénite.
Dans cœur humain probité plus n’habite.
Trop bien encore a-t-on les mêmes dits,
Qu’avant qu’Astuce au monde fût venue :
Mais pour d’effets, la mode en est perdue.
On n’aime plus comme on aimait jadis.

Riches atours, tables, nombreux valets,
Font aujourd’hui les trois quarts du mérite.
Si des amans soumis, coustans, discrets,
Il est encor, la troupe en est petite.
Amour d’un mois est amour décrépite.
Amans brutaux sont les plus applaudis.
Soupirs et pleurs feraient passer pour grue.
Faveur est dite aussitôt qu’obtenue.
On n’aime plus comme on aimait jadis.

Jeunes beautés en vain tendent filets ;
Les jouvenceaux, cette engeance maudite,
Fait bande a part ; près des plus doux objets
D’être indolent chacun se félicite.
Nul en amour ne daigne être hypocrite ;
Ou si parfois un de ces étourdis
A quelques soins s’abaisse et s’habitue,
Don de merci seul il n’a pas en vue.
On n’aime plus comme on aimait jadis.

Tous jeunes cœurs se trouvent ainsi faits.
Telle denrée aux folles se débite ;
Cœurs de barbons sont un peu moins coquets :
Quand il fut vieux, le diable fut ermite.
Mais rien chez eux à tendresse n’invite ;
Par maints hivers désirs sont refroidis ;
Par maux fréquens humeur devient bourrue.
Quand une fois on a tête chenue,
On n’aime plus comme on aimait jadis.


ENVOI.


Fils de Vénus, songe à tes intérêts ;
Je vois changer l’encens en camouflets :
Tout est perdu, si ce train continue.
Ramène-nous le siècle d’Amadis.
Il est honteux, qu’en cour d’attraits pourvue,
Où politesse au comble est parvenue,
On n’aime plus comme on aimait jadis.


M.me Deshoulières.

RÉPONSE

DU DUC DE SAINT-AIGNAN.




A caution tous ne sont pas sujets.
Autre maxime en ma tête est écrite ;
Et, pour parler de mes tourmens secrets,
Oncques de cour ne connus l’eau bénite.
Si dans maints cœurs probité plus n’habite,
Au mien les faits suivent toujours les dits.
Par moi l’astuce au monde n’est venue.
D’amans loyaux si la mode est perdue,
Moi, j’aime encor comme on aimait jadis.

Nul riche atour, nul nombre de valets
Ne contribue à mon peu de mérite ;
Toujours me tiens au rang des plus discrets.
Tant mieux pour moi si la troupe est petite
Amour chez moi n’est jamais décrépite ;
Et, quand les sots sont les plus applaudis,
Dussé-je en tout passer pour une grue,
Faveur se cache aussitôt qu’obtenue,
Tant j’aime encor comme on aimait jadis.

Jeunes beautés, qui tendez vos filets,
Chassez bien loin cette engeance maudite
De jouvenceaux : quand, près des beaux objets,
D’être indolent chacun se félicite,
Je sens l’amour sans faire l’hypocrite,
Et le sers mieux qu’un de ces étourdis.
Mais si pour vous aux soins je m’habitue,
Don de merci j’aurai toujours en vue ;
Car j’aime encor comme on aimait jadis.

Quand jeunes cœurs se trouvent ainsi faits,
Présent meilleur à dame ou ne débite.
Cœurs de barbons peuvent être coquets :
Le diable eut tort quand il se fit ermite.
Si ma personne à tendresse m’invite,
Mes sens au moins point ne sont refroidis.
Par aucuns maux mon humeur n’est bourrue,
Et peu m’en chaut si j’ai tête chenue ;
Car j’aime encor comme on aimait jadis.


ENVOI.


Fils de Vénus, songe à tes intérêts ;
Reprends l’encens, et rends les camouflets.
Accorde à tous que ce train continue ;
Nous reverrons le siècle d’Amadis ;
Et si jamais dame d’attraits pourvue
A m’enflammer se trouve parvenue,
Je l’aimerai comme on aimait jadis.

A UNE BELLE.




Vous de qui l’œil est mon vainqueur,
Belle, qui causâtes l’orage
Qui souffla premier en mon cœur
Les feux de l’amoureuse rage,
Dans l’ardent brasier qui m’outrage,
Vous ne sauriez plus me garder,
Si vous ne me donnez pour gage
Ce que je n’ose demander.

Je ne souhaite le bonheur
D’avoir un empire en partage,
Ni les pompes de cet honneur
A qui le monde fait hommage ;
Toutes les richesses du Tage
Je ne prétends pas posséder,
Et j’estimerais, davantage
Ce que je n’ose demander.

Comment puis-je voir la douceur
Qu’Amour a peinte en ce visage,
Les feux de cet œil ravisseur,
La grâce de ce beau corsage,

Cette belle et divine image
À qui tout autre doit céder,
Sans désirer en mon courage
Ce que je n’ose demander ?

Mon respect et votre rigueur
Retiennent ma langue trop sage ;
Mais le mal causant ma langueur
Par mes yeux a trouvé passage :
Ils vont pour mon cœur en message ;
Et quand j’ose vous regarder,
Ils demandent en leur langage,
Ce que je n’ose demander.


Voiture.


M.me DESHOULIERES

À SA FILLE.


Votre bonne foi m’épouvante ;
Vous croyez trop légèrement.
Si l’on aimait fidèlement,
Serais-je encore indifférente ?
Être la dupe des douceurs
D’une troupe vaine et galante,
Est le destin des jeunes cœurs.
De cette conduite imprudente
Il n’est cœur qui ne se repente :
Tous les hommes sont des trompeurs.

Jeune, belle, douce, brillante,
Le cœur tendre, l’esprit charmant,
Des malheurs de l’engagement
Ne prétendez pas d’être exempte.
Affectons-nous quelques rigueurs ?
On se rebute, dans l’attente
Des plus précieuses faveurs.
La tendresse est-elle contente ?
On entend dire à chaque amante :
Tous les hommes sont des trompeurs.

Vous croyez que la crainte invente
Les dangers qu’on court en aimant ;
S’il plaît à l’Amour, quelque amant
Un jour vous rendra plus savante.
Vers les dangereuses langueurs
Vous avez une douce pente ;
Vous soupirez pour des malheurs
Dont vous paraissez ignorante.
Vous mériterez qu’on vous chante :
Tous les hommes sont des trompeurs.


ENVOI.


Si, pour vous épargner des pleurs,
Ma raison n’est pas suffisante,
Regardez ce que représente
Le serpent caché sous les fleurs.
Il nous dit : Tremblez, Amarante :
Tous les hommes sont des trompeurs.

  1. Vers 2. Pourquoi tes flots… roulent-ils avec tant de fierté ?
  2. Vers 3. Sayne pour Seine.
  3. C’est la bataille de Fornoue… On sait que Charles VIII, en sortant d’Italie, battit et dispersa l’armée combinée des puissances belligérantes de l’Europe, liguées en faveur de Ludovic, usurpateur du Milanais. Le duc de Mantoue était leur généralissime. Clotilde écrivit donc ce chant en 1495 ; elle était âgée alors de quatre-vingt-dix ans et plus. (Note de M. de Surville.) fleuris au lieu de flouris, et en supprimant l’ancienne orthographe, on pourrait la croire faite de nos jours. Il n’en est pas ainsi des suivantes, et surtout de la troisième, dont les cinq premiers vers sont presque barbares. Il faut que M. de Surville, qui recueillit les poésies de son aïeule, ou l’éditeur de ces mêmes poésies, ait grandement retouché cette première strophe.)
  4. Vers 12. (Cette première strophe est sans doute ce qu’il y a de plus inconcevable dans toutes les poésies de Clotilde. En écrivant
  5. Vers 13… Dont la, troupe (tourbe, de turba) abonde.
  6. Vers 14. Autour (sur les bords) du Pô, dont les vagues se soulèvent d’effroi.
  7. Vers 16. Devant l’armée (l’ost)…
  8. Vers 17. Pensent-ils donc t’arrêter…
  9. Vers 18. (Rescents, récents ; remembrance, souvenir.)
  10. Vers 19… n’enchalnent-ils pas ?…
  11. Vers 20. Leur ligue parjure n’a-t-elle pas assez reconnu.
  12. Vers 21. Que pour rebuter…
  13. Vers 22. Les Alpes, même les Apennins, sont de fragiles remparts (parois, de paries, mur.)
  14. Vers 23. Va, frappe-les… parte ce cri…
  15. Vers 25 à 29. (Pour entendre ces cinq vers, il faut passer tout de suite du premier au cinquième : Tel Jupiter écrasa les enfans de la Terre, voilà le sens résumé de cette phrase si longue et si embarrassée : nous allons à présent l’expliquer dans ses details.)

    25. Hézios, Hésiode ; le cygne de Sulmone, Ovide.

    26. Plutôt effrontés que voluptueux.

    27. Ont peint vindicatifs…

    28.… qui eut son temple… (Voici donc la construction de la phrase entière : Tel l’arbitre souverain des dieux, plutôt libertins que voluptueux, qu’Hésiode et Ovide ont peints vindicatifs… tel, dis-je, l’arbitre souverain de ces dieux, qui eut son temple à Dodone, écrasa…)

  16. Vers 30.… l’auguste demeure, l’Olympe.
  17. Vers 33. Mais Jupiter se rit.
  18. Vers 35.… ce qu’à présent (ores) voit… (La force et l’harmonie imitative de ces derniers vers sont sans doute un ample dédommagement de l’obscurité et de l’entortillage des premiers. Ces défauts, au reste, et jusqu’à la parenthèse du second vers, paraissent imités d’Horace : voyez l’Ode Qualem ministrum.)
  19. Vers 37. Votre sang ne bouillonne-t-il pas ?
  20. Vers 38. (Clotilde, dans ce vers et les suivans, personnifie les armoiries des puissances liguées contre Charles VIII.)
  21. Vers 39. (Nous ignorons quelles puissances sont désignées par le Griffon, la Licorne et l’Ours blanc.)
  22. Vers 44. Le ciel ne vous aurait pas confié…
  23. Vers 45. Si, n’ayant qu’une vaine ressemblance avec vos ancêtres…
  24. Vers 47. … n’entendez-vous pas…
  25. Vers 49. (, déjà.)
  26. Vers 51. (Le pape Alexandre VI.)
  27. Vers 55. Les dieux…
  28. Vers 57. (Le marquis, et non pas le duc de Mantoue, comme le prétend M. de Surville ; plusieurs autres princes de la maison de Gonzague étaient aussi à cette bataille. Nous ne pouvons nous empêcher de citer ici une note de M. de Surville sur ce vers : « Lance, dit-il, est pris au figuré pour bataillon, ou plutôt escadron ». On a supposé que M. de Surville avait composé une partie des poésies attribuées à son aïeule. Qui croira que jamais ce chant royal ait été composé par celui qui le commentait de cette manière ?) Derraine, dernière.
  29. Vers 58. (Ludovic Sforze. La manière dont Clotilde amène ici son refrain nous parait également heureuse et poétique.)
  30. Vers 61. … en qui brillent la valeur…
  31. Vers 62. Du premier Charles (Charlemagne), qui, en dépit de l’empire grec…
  32. Vers 63. A l’empire… comme au royaume… (Reigne pour royaume, comme en latin regnum.)
  33. Vers 64. … leur première splendeur,
  34. Vers 65. Je t’offre… qui échappent…
  35. Antée, général de la Lybie, fils de Neptune et de la Terre, demeurait dans les déserts de son pays, où il attaquait tous les passans, et les faisait mourir, ayant fait vœu de bâtir un temple à Neptune avec des crânes d’hommes. Hercule combattit contre lui, et le jeta trois fois à terre, mais inutilement, parce que sa mère lui donnait de nouvelles forces chaque fois qu’il la touchait, de sorte qu’il se relevait avec plus de courage. Ce héros s’en étant aperçu, le prit, l’éleva en l’air, et l’étouffa en le pressant entre ses bras.
  36. Lorsqu’à son retour, après un an d’absence, je mis notre enfant dans ses bras. C’est pendant cette absence que Clotilde fit la romance que nous avons placée au Tome XIV, page 87.
  37. Vers 3. et 4. Issoient, naissaient. — Tous de garder.
  38. Vers 7. Frémoliir est un verbe que nous ne connaissons pas : sa signification dans cet endroit est facile à deviner.
  39. Vers 12, 13 et 14. Ce serait folie que d’espérer de la joie hors de ton souvenir. — Mais si tu reviens.
  40. Vers 20. Il semble qu’il manque ici un mot, tel qu’autrefois, auparavant, pour rendre un sens complet, tel que celui-ci : Or, avant la naissance de ce fils, si tu partais de ce triste rivage, le zéphir emportait, etc.
  41. Vers 22. N’avait pas coutume de les apaiser. (Blandir, du latin blandiri). Souloir a ici le même sens que dans l’épitaphe de La Fontaine :

    Deux parts en fit,’dont il soulait passer.

  42. Vers 25. Je me croirais enlevée entre les tiens. ( Cuider, croire ; tollir, de tollere.)
  43. Franc Gontier, paysan qui n’a rien à perdre.

    Un siècle avant Villon, on avait fait une petite pièce intitulée : Les Dits de Franc Gontier,’qui était un éloge de la vie pastorale. Villon répondit à cette pièce par celle-ci. Nous avons vu, de nos jours, deux pièces de poésie aussi sur le même sujet, le Mondain, et l’anti-Mondain, celle-ci de Piron ; l’autre, de Voltaire.

  44. lez, près.
  45. bien nattée, avec des nattes sous les pieds.
  46. attaintée, colorée.
  47. Les Bergers de la pièce à laquelle il répond.
  48. D’ail et de civette
  49. Mathon, lait caillé.
  50. Cette pièce ne se trouve pas dans la collection de ses œuvres : on en connaissait trois vers cités par Richelet. M. Chardon la Rochette, qui a publié, en 1811, l’Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, par Mathieu Marais, n’avait pu se la procurer. C’est à M. Barbier, savant bibliothécaire, que nous devons cette pièce.
  51. Cette ballade est connue sous le titre de ballade à caution : elle occupa beaucoup les esprits, quoique M.me Deshoulières se fût écartée des régles prescrites en donnant à la ballade quatre couplets au lieu de trois.