Nouvelles soirées canadiennes/Juil-Août 1883/04

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LES AQUEDUCS DE ROME ANCIENNE.



Quand on passe à travers la Campagne Romaine, on ne peut se défendre d’un profond sentiment de respect à la vue des ruines qu’on rencontre à chaque pas, restes d’une grandeur qui n’a jamais été surpassée, si tant est qu’elle ait jamais été égalée. Tous ces débris consacrés par le temps portent en eux-mêmes une poésie qui impressionne vivement l’esprit. Impossible, en les contemplant, de ne pas se reporter vers les siècles qui ont vu tant de magnificences. Les souvenirs vous assaillent en foule ; toutes les grandes figures dont l’histoire a enthousiasmé votre jeunesse se dressent devant vous entre ces monuments dont le moindre est une relique précieuse, et l’on oublie un instant le spectacle qu’on a sous les yeux pour revivre dans le passé glorieux qui a laissé, en s’en allant, tant de traces majestueuses. La pensée se prend à reconstruire ces temples, ces amphithéâtres, ces palais grandioses dont quelques-uns sont totalement ensevelis sous la poussière des siècles, et dont les autres sont encore en partie debout, malgré les assauts répétés du temps qui n’a pu les renverser tout à fait, mais dont l’œuvre de destruction se poursuit sans cesse et finira par triompher de leur force et de leur stabilité. Quand on songe à tant de splendeur anéantie, on ne peut s’empêcher de s’écrier, comme Massillon en présence du cercueil du grand roi : « Dieu seul est grand ! » Oui, Dieu seul est grand, et il y a plus de force et de durée dans la moindre de ses œuvres que dans toutes les œuvres humaines réunies. Cette plante frêle et délicate qui pousse sur les ruines de quelque amphithéâtre aux proportions colossales, elle existait, au moins en germe, dans les plantes de même espèce qui couvraient le sol au temps de la prospérité romaine. L’amphithéâtre s’est écroulé et la plante est toujours jeune. Ce principe de vie, ce souffle de Dieu, qui était porté sur les eaux au commencement, et qui vivifia le chaos, n’a pas cessé de flotter sur le monde ; il se transmet sans diminution, sans changement, sans interruption dans toutes les choses que Dieu a faites, mais les œuvres de l’homme ne durent qu’un jour, et c’est en vain qu’il cherche à leur donner la force qui brave les siècles, toutes portent en elles-mêmes un élément de faiblesse et de décadence, cause de leur ruine.

L’aspect de cette vaste plaine n’est pourtant pas aussi désolé qu’on pourrait se le figurer. Il y règne un certain mouvement, une vie à part qui lui donnent un cachet unique au monde.

De grands troupeaux de bœufs à demi-sauvages y paissent sous la garde de pasteurs au costume pittoresque, montés sur de petits chevaux, et ornés d’une grande lance qui les fait ressembler aux chevaliers du temps jadis. La vie pastorale prend ici le caractère grandiose des lieux, et quand vers la tombée du jour, vous voyez, passer au galop à travers les ruines ces grandes caravanes qu’on mène à la cité, les cris, le piétinement, le nuage de poussière qui s’élève, vous reportent encore involontairement au temps de Rome ancienne, et vous font penser à ces courses de chars, à ces combats dont les empereurs régalaient leurs sujets avides d’émotions. Ici tout est poésie, tout est souvenir, tout est enseignement, et il y aurait profanation à faire disparaître ces restes vénérables, pour lesquels quiconque a un peu d’élévation dans les idées et les sentiments, professe un véritable culte.

Parmi tous ces débris semés dans la campagne de Rome, il en est quelques-uns qui attirent surtout les regards par leur aspect grandiose et leur construction particulière. Ce sont de longues files d’arcades, tantôt à un seul étage, tantôt superposées, se dressant çà et là à des hauteurs parfois considérables, et laissant voir dans leur masse, les traces d’un ou de plusieurs conduits le plus souvent rectangulaires ou en plein-cintre. Ces ruines imposantes des anciens aqueducs romains présentent, dans leur mode de construction et dans la nature des matériaux mis en œuvre, des différences remarquables. « Les premiers construits, » dit M. Belgrand, dans son savant travail sur les aqueducs romains, « portent le caractère robuste des maçonneries des peuples primitifs des bons temps de la Grèce ; ils sont construits en pierre de taille simplement appareillée, mais ajustée avec précision. Les autres sont faits de matériaux plus petits, le plus souvent de briques. On voit que, dans l’intervalle qui a séparé la construction de ces deux séries d’aqueducs, les Romains étaient devenus maçons et qu’ils avaient compris », ajoute M. Belgrand « qu’avec de bons mortiers et de petits matériaux, on fait des ouvrages aussi solides qu’avec la pierre de taille et à beaucoup moins de frais. »

Ce ne fut que 442 ans après la fondation de Rome que fut construit le premier aqueduc. Jusque là les futurs maîtres du monde s’étaient contentés de l’eau du Tibre qui coulait à leur porte et de celle des sources qui jaillissaient en grand nombre à l’intérieur même de la ville.

Claudius Appius, constructeur de la célèbre Voie Appienne, fut chargé de surveiller les travaux de l’aqueduc qu’on appela de son nom l’Aqua Appia, et qui amenait à Rome l’eau de certaines sources encore visibles près du lieu nommé Rustica, sur la rive gauche de l’Anio, entre le 7e  et le 8e  milliaire de la Voie Prenestine. La longueur de ce conduit était de 11,190 pas romains, soit d’environ 10⅓ milles.

Il était tout entier sous terre, à l’exception d’une portion de 450 pieds de longueur supportée par des arcades ou des substructions.

Ce premier aqueduc ne fut bientôt plus suffisant, et l’on en bâtit successivement plusieurs autres.

Frontinus, curateur des eaux sous les empereurs Nerva et Trajan, nous apprend que, de son temps, ils étaient au nombre de neuf dont voici les noms dans l’ordre de date de leur construction : Anio Vetus, Marcia, Tépula, Julia, Virgo, Alsietina, Claudia et Anio Novus.

Procope qui, d’après le P. Aicher, fut conseiller adjoint de Bélisaire et suivit ce général en Italie vers l’an 500, en nomme cinq autres : Trajana, Severiana, Antoniana, Alexandria et Aureliana. Mais il paraît bien établi aujourd’hui que trois de ces derniers n’étaient que des branches détachées des aqueducs construits depuis longtemps. Ainsi Severiana n’était qu’une branche de Claudia alimentant les thermes de Septime Sévère, Antoniana se détachait de Marcia, pour se diriger vers les thermes de Caracalla, et Aureliana n’était qu’une simple dérivation de Trajana. Il n’y avait donc en réalité que deux nouveaux aqueducs au temps de Procope, Trajana et Hadriana. Ce dernier a été longtemps appelé à tort Alexandrina, mais M. Fabio Gori, ayant découvert, dans ces derniers temps, une inscription prouvant que cet aqueduc, commencé par Trajan, avait été terminé par Adrien, on lui restitua son vrai nom d’Hadriana. Cette erreur de Procope a donné lieu à des controverses qui ont duré jusqu’à nos jours entre les archéologues.

Le plus grand nombre des aqueducs dérivaient l’eau de sources situées à de grandes distances de la ville et à des altitudes considérables : ainsi Marcia avait une longueur de 57 milles, et sa source se trouvait à plus de 1000 pieds au-dessus de Rome. Au reste aucune ville au monde n’est aussi bien placée que la Ville Éternelle pour s’alimenter en eau de source, il en jaillit à chaque pas dans la campagne Romaine et dans la chaîne des Apennins. Chacune de ces eaux a des propriétés particulières qui les faisaient employer par les Romains à des usages différents. Il en fut ainsi au moins depuis le règne de l’empereur Nerva qui rendit un édit à cet effet. Ainsi l’eau de Marcia remarquable par sa fraîcheur et sa limpidité, fut réservée tout entière pour la boisson ; celle de l’Anio Vetus, qui était constamment trouble, fut destinée à l’arrosage des rues et aux emplois les plus vils.

C’est ici le lieu de parler du soin que mettaient les Romains dans le choix de l’eau qu’ils buvaient. Bien que dépourvus des procédés d’analyse que nous employons aujourd’hui, ils savaient néanmoins se rendre compte des propriétés des différentes eaux dont les caractère physiques et les effets sur la santé de ceux qui en faisaient un usage constant leur fournissaient les indications nécessaires. Ils regardaient comme bonnes celles qui cuisaient bien les légumes, qui ne formaient pas, par le repos, des dépôts vaseux, qui ne laissaient pas, par l’ébullition, des incrustations adhérentes sur les parois des vases. Ils recherchaient de préférence les eaux limpides, fraîches, sans saveur ni odeur. Enfin ils les considéraient comme excellentes « si les habitants de la contrée étaient vigoureux et bien colorés, s’ils n’avaient pas les membres grêles et les yeux lippeux. » Ces propriétés, on le voit, sont encore celles que l’on recherche de nos jours dans les eaux qui doivent servir aux besoins de la vie.

On comprend facilement les précautions que prenaient les Romains pour obtenir des eaux naturellement pures et saines, quand on songe qu’ils ne connaissaient pas, selon toute apparence, l’art de les filtrer. C’est pour cela sans doute qu’ils repoussaient de la consommation les eaux de rivière qui sont pourtant préférables à toutes les autres en raison de la grande quantité d’air qu’elles tiennent en dissolution. Aujourd’hui que les procédés de filtration sont très perfectionnés, on les préfère généralement aux eaux de source qui en outre sont ordinairement plus dures. Mais comme je viens de le dire, les Romains ne connaissaient aucun de ces procédés. Ils cherchaient néanmoins à obtenir, pour leurs eaux les moins limpides, une espèce de clarification au moyen de réservoirs ou piscines que traversaient quelques uns de leurs aqueducs. Mais ces réservoirs étaient beaucoup trop petits, et les eaux y séjournaient trop peu de temps (une heure à peine) pour y abandonner autre chose que les corps grossiers qu’elles charriaient, tels que le sable et le gravier. Aussi devaient-elles en sortir toutes chargées encore des matières ténues qu’elles tenaient en suspension.

Le nombre des aqueducs romains a été diversement apprécié, comme nous l’avons vu plus haut, par les différents auteurs qui s’en sont occupés ; leur longueur et le volume d’eau qu’ils débitaient ont aussi donné lieu à des recherches sérieuses et à des discussions intéressantes. Il est certain aujourd’hui que, du temps des empereurs Nerva et Trajan, c’est-à-dire environ un demi siècle avant J. C., les aqueducs étaient au nombre de neuf, et des recherches faites récemment ont démontré que leur longueur collective était de 294,014 pas romains, soit de 270 milles environ. Rondelet avait porté leur débit total à 330 millions de gallons par 24 heures, mais il paraît que ce chiffre est très exagéré, et que la quantité d’eau distribuée par les neuf aqueducs ne pouvait être, au maximum, supérieure à 210 millions de gallons en 24 heures. C’est ce qui ressort d’une savante discussion sur cette matière publiée en 1875 par M. Belgrand, dans son travail déjà cité sur les aqueducs romains.

Mais toute cette eau n’était pas à la disposition de la population de Rome ; un quart environ était réservé à César, une autre proportion considérable était distribuée dans la campagne. De plus, à l’époque dont nous parlons, l’eau de trois des principaux aqueducs Marcia, Julia et Virgo était tout entière frauduleusement détournée au profit de quelques particuliers demeurant hors de la ville, bien qu’elle fut portée aux registres de l’état comme si elle eut été régulièrement distribuée. En un mot, toutes déductions faites, chaque citoyen ne recevait en moyenne que 66 gallons par 24 heures avant la réforme de Nerva, et 110 gallons après cette réforme qui fit cesser le gaspillage et quelques unes des fraudes pratiquées par les fontainiers aux dépens du public.

Ces chiffres représentent toute l’eau concédée aux particuliers et aux différents services publics. Au temps de Frontinus, les services se répartissaient comme suit : 19 camps, 39 théâtres, 591 pièces d’eau ou lacs et 94 établissements publics, qui n’étaient autre chose apparemment que des fontaines à l’usage du peuple. Ces fontaines coulaient nuit et jour et les plébéiens pauvres y venaient puiser l’eau qu’ils n’avaient pas dans leurs maisons.

Si l’on rapproche ces données de celles que publiait dernièrement un journal américain au sujet de l’aqueduc de New-York, on pourrait croire, au premier abord, que la métropole américaine est mieux alimentée que ne l’était Rome avant la réforme de Nerva ; mais quand on songe que l’industrie romaine était insignifiante comparée à l’industrie de New-York, on comprend qu’avec une distribution moyenne de 75 gallons par tête et par jour, les habitants de cette dernière ville se trouvent infiniment moins bien pourvus que ne l’étaient les Romains avec 66 gallons.

Lorsque le nouvel aqueduc de la rivière Croton sera construit, les New-Yorkais n’auront rien à envier, sous le rapport de l’approvisionnement d’eau, à aucune ville du monde, car ils auront alors à leur disposition toute celle qui tombe annuellement dans le bassin de la rivière, c’est-à-dire un volume représentant une consommation journalière de 250 millions de gallons. La population actuelle de la ville n’atteint pas un million et demi, et quand elle sera de deux millions, chaque habitant recevra encore 125 gallons en 24 heures, ce qui est énorme.

Le cadre de cet article ne me permet pas d’entrer dans les détails de la construction des aqueducs Romains, et du mode de distribution des eaux dans Rome, je me contenterai de faire ici quelques remarques qui me paraissent intéressantes.

J’ai déjà dit que presque tous les aqueducs étaient construits en petits matériaux ; seuls les trois plus anciens, Appia, Anio Vetus et Marcia sont en pierre de taille. Ils chevauchaient souvent les uns sur les autres, se séparaient, et se rejoignaient pour se séparer encore. Tous se composaient d’un radier en maçonnerie, de deux pieds-droits et d’une voûte ordinairement en plein cintre. Ils étaient construits si solidement qu’ils seraient restés debout quand même on leur aurait enlevé l’appui des terres qui les soutenaient.

La pente adoptée par les constructeurs des aqueducs étaient toujours fort exagérée. Vitruve la fixe au minimum à . Il est certain pourtant que sept des aqueducs qui existaient de son temps avait une pente moindre, bien qu’encore beaucoup trop forte. Il résultait de cette disposition que si les sources n’étaient pas très élevées, l’aqueduc débouchait dans la ville à une hauteur relativement petite et ne faisait pas tout le service qu’on aurait pu lui demander.

Supposons que la pente eût été fixée au minimum généralement adopté aujourd’hui, c’est-à-dire à , l’altitude d’arrivée de Virgo, par exemple, aurait été de 212 pieds 9 pouces, et son eau, qui est excellente, aurait pu être amenée à rez de chaussée presque partout, jusque sur le Mont Esquilin, la plus haute des collines romaines, dont l’altitude extrême est de 236 pieds 9 pouces, tandis qu’elle ne desservait et ne dessert encore que les points les plus bas de la ville, son altitude d’arrivée n’étant que de 34 pieds 3 pouces au-dessus du quai du Tibre.

Cette exagération de pente due sans doute à l’imperfection des instruments alors en usage, qui ne permettaient pas de faire un nivellement parfaitement exact, était un moyen simple et facile d’éviter les contrepentes, inadmissibles dans un aqueduc.

L’eau une fois arrivée à la ville, il s’agissait de la distribuer. De nos jours les tuyaux en partie à grand diamètre, et d’une force de résistance considérable, permettent de faire cette distribution par une canalisation peu compliquée. On fait déboucher l’aqueduc dans un grand réservoir d’où un certain nombre de conduites maîtresses amènent l’eau dans chaque quartier, puis se subdivisent aux carrefours en ramifications secondaires qui la portent dans toutes les rues. C’est de ces ramifications que partent les tuyaux qui conduisent l’eau dans les maisons.

Mais les Romains, qui ne connaissaient que les tuyaux en plomb et en poterie et à petit diamètre, n’avaient pas le choix du système, et force leur était de recourir aux châteaux d’eau qu’ils établissaient en grand nombre dans toutes les parties de la ville et que desservaient directement les aqueducs. De là l’eau était conduite à la résidence de l’usager jusque dans la cour intérieure, le cavaedium, où elle s’épanchait nuit et jour dans un grand bassin appelé l’Impluvium.

Le niveau des châteaux d’eau étant généralement peu élevé, il était très rare que l’on pût faire arriver l’eau aux étages supérieurs des maisons ; aussi maintenait-on généralement l’écoulement le plus près possible du sol, de façon à obtenir tout le volume d’eau concédé.

La négligence que les Romains apportaient dans l’entretien de leurs aqueducs faisait que le cours en était souvent interrompu : des fuites se manifestaient dans les arcades, qui, faute des réparations nécessaires tombaient en ruine ; les particuliers détournaient à leur profit l’eau qui s’échappait par ces fissures qu’ils ne se faisaient pas scrupule d’agrandir. Ces faits expliquent les nombreuses restaurations des aqueducs par les empereurs. Mais à mesure que l’autorité des souverains s’affaiblissait, l’administration des services publics devenait de plus en plus défectueuse et bientôt le plus grand nombre des aqueducs tomba en ruines. Puis vint l’invasion des barbares et, pendant plus de cent ans, l’histoire ne fait aucune mention de ces superbes monuments. Vers l’an 500 Théodoric les fit restaurer tous, mais de nouvelles hordes de Goths et de Burgondes se répandirent bientôt sur l’Italie et moins de cinquante ans après, le dernier qui se tint encore debout, Trajana, cessa d’apporter de l’eau à Rome.

Ce ne fut qu’en 776, c’est-à-dire après un intervalle de 200 ans que les papes entreprirent de les rétablir. Adrien Ier en restaura quatre, Trajana, Marcia, Claudia et Virgo, mais pendant la période troublée qui va du règne de ce pontife au XVe. siècle, ces aqueducs furent encore tellement négligés qu’ils cessèrent d’alimenter la ville éternelle.

Nicholas V, porté au trône pontifical en 1447, entreprit de réparer l’antique Virgo, qui avait moins souffert que les autres. On lui donna alors son nom moderne de la Vergine. Trente ans après l’aqueduc était encore en ruines et ce n’est que depuis 1570 que son cours n’a pas été interrompu.

En 1587, le pape Sixte-Quint construisit La Felice, qui conduit à Rome, par un tracé nouveau, les eaux autrefois dérivées par Hadriana. En 1609, Paul V restaura l’antique Trajana qui prit le nom d’Acqua Paola. Enfin le souverain pontife Pie IX ayant fait faire des recherches pour retrouver les sources perdues de Marcia, et ces recherches ayant été couronnées de succès, fit conduire ces belles eaux à Rome par un aqueduc de construction moderne, l’Acqua Pia, qui a été mis en service quelques jours seulement avant l’occupation de la ville par l’armée de l’Italie en 1870.

Malgré le titre de ce travail, j’ai cru devoir dire un mot des aqueducs de Rome moderne, qui, comme on l’a vu, se rattachent très-intimement aux anciens.

Pour terminer cette étude, encore fort incomplète, je donne ici un tableau des volumes d’eau débités en 24 heures par les quatre aqueducs qui alimentent la ville des papes,

La Virgine 13,349,080 gallons.
La Félice 14,894,665 
La Paola 16,674,430 
La Pia 16,655,720 

Total 31,573,890 gallons ou en nombres ronds, 31,574,000 gallons.

La population de Rome étant de 250,000 habitants, le volume d’eau distribués par tête et par jour est donc d’environ 126 gallons et l’on pourra ajouter encore à l’approvisionnement actuel plus de 11 millions de gallons par jour provenant des sources de la Pia, dont on n’utilise guère qu’un tiers de la portée totale.

Ernest Marceau.

Ottawa, 1er  août 1883.