Nuit piteuse aux amants, empierre, je te prie

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 235).


SONNET.

 
Nvict piteuse aux Amants, empierre ie te prie
 Mes membres renuerſez ſur ceſt huis inhumain,
 Retrenche de mon corps l’exterieur humain
 Et qu’vn degré muet ſoit l’hoſte de ma vie,
Afin que la rigueur de ma fiere Ennemie
 Ne trouue en me voyant ſuiet d’vn lendemain ;
 Qu’elle iette ſur moi & ſon œil & ſa main,
 Moins cruels, que ſon pied me foule ſans enuie :
Ou ramolli pour moi ſon cœur de diamant,
 Cœur plus mol que la cire au feu d’vn autre Amant,
 Amant qui foule aux pieds mon eſperance morte :
O ! verrai-ie iamais ſon front eſcarbouillé
 Par mon art furieux, & tout mon front ſouillé
 De ceruelle de ſang reſpandu sur la porte ?


A. D. V.