Odes (Horace, Leconte de Lisle)/I/37

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1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XXXVII. — À MES COMPAGNONS.


C’est maintenant qu’il faut boire, maintenant que d’un pied libre il faut frapper la terre, maintenant qu’il faut orner l’autel des Dieux de mets Saliens, compagnons !

Avant ce jour il n’était point permis de retirer le Cæcubium du cellier des aïeux, pendant qu’une Reine préparait la ruine insensée du Capitolium et les funérailles de l’Empire,

Avec un infâme troupeau d’hommes mutilés, espérant tout et ivre de sa bonne fortune ; mais sa fureur diminua

Quand une seule nef à peine s’échappa des flammes ; quand, ramenant à de vraies terreurs son esprit enflé par le vin Maréotique, Cæsar, tandis qu’elle volait loin de l’Italia,

La poursuivit de ses avirons, tel que l’épervier fait des molles colombes et du lièvre, chasseur rapide, dans les plaines de la neigeuse Hæmonia. Et il voulait enchaîner

Ce monstre fatal ; mais, cherchant à mourir plus noblement, elle ne trembla point devant l’épée comme une femme, et elle ne gagna point, sur sa flotte rapide, des bords inconnus.

Elle osa regarder d’un œil tranquille son palais renversé, manier courageusement des serpents irrités, afin que leur noir venin pénétrât son corps ;

Plus fière de mourir selon sa volonté, non comme une humble femme, et enviant aux nefs Liburniennes la gloire de la conduire, déchue, pour le triomphe superbe.