Odes (Horace, Leconte de Lisle)/II/10

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1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode X. — À LICINIUS MURÉNA.


Tu vivras heureux, Licinius, si tu ne pousses pas toujours en haute mer, ou si, épouvanté de la tempête, tu ne serres pas de trop près la côte dangereuse.

Celui qui aime la médiocrité dorée évitera pour son repos les misères d’un toit délabré, et, dans sa sobriété, le palais qu’on envie.

Le pin élevé est plus souvent agité par les vents, et les hautes tours tombent d’une plus lourde chute, et les éclairs frappent le faîte des monts.

Un cœur bien préparé espère dans l’infortune et craint dans la prospérité. Jupiter chasse les hivers affreux et il les ramène aussi.

Si le présent est mauvais, l’avenir ne le sera pas. Parfois Apollo réveille la Muse muette de sa cithare, et il ne tend pas toujours son arc.

Sois ferme et courageux dans l’adversité, et réduis sagement tes voiles trop enflées par le vent propice.