Odes (Horace, Leconte de Lisle)/IV/14

La bibliothèque libre.
1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
◄  IV, 13 IV, 14 IV, 15   ►




Ode XIV. — À AUGUSTUS.


Comment, et par l’hommage de quels honneurs, les Pères et les Quirites éterniseront-ils, Augustus, la mémoire de tes vertus dans les fastes inscrits,

Ô toi, le plus grand des princes de la terre habitable que le soleil illumine ? Tu as montré récemment aux Vindéliciens non encore soumis à la puissance Latine

Ce que tu pouvais par Mars. Drusus a conduit tes soldats, et les Genaunes, race farouche, et les Breunes rapides, et les citadelles dressées sur les Alpes terribles.

Avec ardeur il les a renversés plus d’une fois. L’aîné des Nérons a bientôt livré un rude combat, et sous d’heureux auspices il a repoussé les Rhætes sauvages.

Il était beau à voir, tandis que, dans la lutte Martiale, il accablait de tant de coups ces poitrines vouées à une libre mort. Tel que l’Auster bouleversant les ondes indomptées,

Quand le chœur des Pléiades déchire les nuées, il enfonçait les bandes ennemies et poussait son cheval frémissant à travers les flammes.

Ainsi que roule l’Aufidus à forme de taureau qui borne le royaume de Daunus l’Appulien, quand il s’irrite et menace d’un déluge terrible les champs cultivés ;

Tel, Claudius a rompu d’un choc impétueux les phalanges couvertes de fer, renversant les rangs, des premiers aux derniers, et victorieux sans pertes,

À l’aide de tes soldats, de tes consuls et de tes Dieux. Car, en ce jour où Alexandréa suppliante t’ouvrit son port et son palais vides,

La fortune prospère a terminé, le troisième lustre, une guerre heureuse, ajoutant cet honneur désiré et cette gloire aux triomphes passés.

Le Cantabre non dompté avant toi, et le Mède, et l’Indien, et le Scythe vagabond, t’admirent, ô protection visible de l’Italia et de la dominatrice Roma !

Le Nilus qui cache ses sources, et l’Ister, et le rapide Tigris, et le monstrueux Océanus qui s’oppose en grondant aux Bretons lointains,

La terre de Gallia qui ne craint point la mort, et celle de la rude Ibéria, t’obéissent, et les Sygambres qui se réjouissent du carnage te révèrent en déposant les armes.