Odes (Horace, Mondot)/4
À P. SESTE
Exortation à viure au mõde ioyeuſement
puis que le printemps
aproche & qu’il nous
faut mourir.
ODE IIII.
e nous I’hyuer ſe depart
Comme d’vn benin regard
À ce iour
Fait son tour
Le Printemps gracieux
Plaiſant & delicieux
Dont on meyne
Hors l’arene
Des bateaux
Les monceaux
Sur les eaux.
Hors l’estable le troupeau
Fait (reprenant le coupeau
Des hauts monts)
Mille bonds :
Le laboureur vieillard
Esclaue au foyer cagnard
Qui ſommeille
Se reueille
En criant
L’Oriant
Va riant,
Les champs, les prés, leur esmail,
Plus riche que le corail
Du gel franc
N’est plus blanc,
Au pasle œil de la nuit
Venus les Nimphes conduit.
À la dance
Et brauant
Leur corps gent
Va mouuant
Ce pendant qu’en ſon manoir
Des Ciclopes le Dieu noir
Vulcan fait
Vn tiers trait
Or de ioye ondoyant
Vn beau Mirthe verdoyant,
Chacun porte
D’vne ſorte
Pour rondeau.
Le chapeau
De fleurs beau.
Parmy l’ombrage mouſſu
Ou ſur le tertre boſſu
Il nous faut
D’vn ton hault
Friſer mille chanſons
Au Dieu Faune en cent façons
Qu’on luy offre
Pour ſon offre
Le Cheureau
Ou la peau
D’vn aigneau
Le trait de la bleſme mort
Qui nous pourſuit & nous mord
Meſcontant,
Nous attend.
Et tous d’vn meſme pas
Nous fait rouler au treſpas :
La mort dompte
Et ſurmonte
Toutes gens
Et les ans
Des plus grands.
Le ſommaire de nos iours
Qui va finiſſant ſon cours
Ny permet
Qu’on puisse conceuoir
De maint âge vn doux espoir,
La nuict pasle
Nous deualle
Plein d’orgueil
Et de dueil
Au cercueil.
[illisible]