Odes (Horace, Mondot)/8

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Traduction par Jacques Mondot.
Poncelet (p. 21-22).
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à lydie.


Il reprend & se mocque de Sibaris
qui luy faict l’amour.

ODE VIII.



LAs ! dy moy ma belle Lydie
Par tous les Dieux ie te suplie,
Qui fait ainsi tant eslancer
À tes yeux d’amoureuses flesches
Tant de dards, de douces flamesches
Sibaris voulant offencer ?

Las ! que ne permets-tu, mignarde,
Qu’à son fait plus sage il regarde,
Qu’il ne s’arme d’vn luisant fer,
Qu’il n’aille encor, brauant, s’esbatre,
Et le sablon de son pied batre,
Et le trait de ses ans prouuer ?

Que n’arreste-il la puissance
Par le frein d’vn poulain de France
Qui va la terre poudroyant ?
Pourquoy craint-il les iaunes ondes
Du Tybre, & les eaux vagabondes,
Que n’est-il son bord costoyant.

Qui l’esmeut à prendre la fuite
Lors qu’il faut monstrer à la luite
Quel est le tendon & le nerf
De son bras, qu’est-ce qu’il ne dresse
De sa dextre main la rudesse
Plus-tost qu’estre d’Amour le serf ?

De Thetis la Nimphe argentine
Deesse de l’onde marine
Le filz d’Achille n’a ton veu
Pour fuir les assaux de Troye
Que des Grecs l’audace foudroye
D"vn habit feminin vestu ?